Cela faisait quelques jours que je prenais une petite pause au QG.  Comme le disait le fameux dicton, "après avoir fait le tour du Nihon tout ce qu'on veut, c'est être à la maison". Malheureusement, mes fidèles compagnons Iemichi et Junpei étant absents, je me retrouvai la plupart du temps seul, les autres recrues étant pour la plupart occupées.

Je profitai alors avec ses petites vacances pour parfaire ma maîtrise de l'épée, mon duel contre le Samurai masqué m'ayant permis de faire mes preuves, il fallait dorénavant repousser mes limites.  Ainsi, tous les jours, mes pieds foulaient le seuil de la porte de la salle d'entraînement tandis que mes mains se parsemaient de cloques et autres petites gênes occasionnées par des exercices beaucoup trop prolongés.

Cependant, je ne sentais aucun progrès. Il est vrai que physiquement je me sentais beaucoup plus en forme, mais mon aisance en zanjutsu ne semblait pas avoir bougé d'un poil. La seule façon de surmonter cette étape serait sans doute de tester mes capacités contre un réel adversaire, mais qui ?

Ces idées en tête, je traversai le hall au même moment qu'une jeune femme avec que j'ai pu rencontrer lors du récent rite de passage des recrues de la division.  Furukawa Koto était une shinigami quelque peu particulière. D'après Junpei qui avait eu l'occasion de la côtoyer un peu plus longtemps que moi , celle-ci préférerait largement passer son temps à la poursuite de plaisirs simples. Aspirations peu particulières au sein de la Yonbantai, l'Officier Sano étant sans doute le représentant le plus éminent de cette façon de penser. Néanmoins, tout comme le Joukan, la brune méritait sa place, ses performances lors du rite étant un témoignage qui valait mille mots.

Léger sourire amical aux lèvres, je décidai de l'approcher, notre dernière et unique rencontre remontant à quelque temps déjà. Un regard dans les yeux suivi d'un hochement de tête en guise de salutations, j'enclenchai la discussion.

– Furukawa-san, content de te voir. Comment vas-tu depuis le rite ?

Spoiler:

J'haussai les sourcils.  Le geste inattendu de mon homologue avait interrompu toutes réponses verbales de ma part, mes jambes suivant d'ores et déjà le mouvement de traction de la jeune femme. De notre première rencontre et collaboration, j'en avais dressé le portrait d'une personne relativement directe et terre-à-terre, cependant je ne pensais pas avoir autant raison à son sujet.

Sa main toujours sur mon bras, je reconnaissais petit à petit les couloirs que nous empruntions  au point de pouvoir dès maintenant deviner notre direction. Une sensation de déjà-vu me traversa les pensées, en voyant les murs si particuliers menant à la salle d'entraînement. Je laissai s'échapper un léger soupir en baissant la tête. Était-ce ma destinée d'être amener de force à cet endroit à chaque fois que je tombe sur un autre Marche-Faille ? Heureusement qu'une session d'entraînement faisait partie de mon programme du jour...

– Euh oui oui j'ai bien accès à mon shikai.

Je regardai sa main. Le contact ne me gênai pas vraiment, mais s'entraîner dans cette position allait sans doute se révéler complexe. Laissant s'échapper un ricanement cette fois-ci, je repris mon intervention d'un ton amusé.

– Si je ne m'abuse Furukawa-san, votre requête ne nécessite pas l'immobilisation de mon bras n'est-ce pas ?

Question quelque peu rhétorique, car je me libérai doucement de l'emprise de la shinigami juste après, puis je pris en charge notre petite marche jusqu'à la salle d'entraînement, le parfum si particulier mêlant essence de bois, sueur et sang séché nous parvenant brusquement au nez à l'ouverture des portes. Le seuil franchi, je m'avançai de quelques mètres avant de faire volte-face, prenant soin de m'installer en face de ma sœur d'arme.

– Vous savez, vous êtes la seconde personne à m'avoir traîné jusqu'ici pour un petit échauffement. J'espère juste que cette fois-ci je ne finirai pas alité pendant plusieurs semaines.

Ces derniers mots prononcés, je portai ma main droite à mon tsuba avant de dégainer ma lame puis, les jambes bien ancrées au sol et écartées, j'adoptai une garde caractéristique du kendo, la Sha no Kamae. Les deux mains sur mon arme, je la tenais ainsi à ma droite de sorte qu'elle soit parallèle à l'axe formé par mes membres inférieurs. Je posai alors mon regard sur celui de la brune.

– Yosh Furukawa-san, je suis prêt !

Un sourire amusé. Ce fut la seule réponse à la mise en garde de la shinigami. Un entraînement sans contraintes, cela m'arrangeait, mais j'aimerai éviter de finir dans le même état que la dernière fois si possible, les semaines passées au lit passant difficilement vite.

En parlant de vitesse, la Furukawa avait d'ores et déjà prononcé ce qui était vraisemblablement la formule de libération de son zanpakuto, l'arme disparaissant au contact de sa main pour ne laisser que le tsuba. À la place, des gouttelettes se formaient peu à peu à la place de la lame puis telles la rosée du matin trouvant peu à peu son chemin vers la rivière la plus proche, les gouttes se rejoignaient pour former une espèce d'amas aqueux flottant tout autour de la silhouette de la brune, un filin le reliant au manche de son arme.

– Engloutis, Kuzurichō !

Suivant l'exemple de ma consoeur, je prononçai le patronyme de mon âme-soeur, mon tsuba se prenant la forme d'ailes de papillons surmontées de mandibules, le tout accompagné de ma fidèle poche de soie. Les yeux toujours sur mon adversaire, l'eau l'entourant se remodela afin de former la base d'une arme d'hast qu'elle finalisa d'un mouvement de la main afin de former un simili-naginata aqueux qui, malgré ses composants d'apparence inoffensifs avait pourtant l'air d'être plus qu'efficace pour ôter une vie.

Étant l'instigatrice de cet affrontement, je décidai de laisser la première offensive à la brune, son envie de tester les limites de son lien avec son arme étant plus que visible dans son regard. Et elle ne perdait pas de temps. Son naginata tournant dans tous les sens autour d'elle, elle me chargea à l'aide d'une rapidité remarquable, mais qui semblait inférieure à ce que je pourrais atteindre. Elle avait l'avantage de la portée, il fallait donc que je la réduise le plus vite possible.

Cependant, camoufler la véritable nature de son attaque se révélait être une véritable gêne pour mes plans, sa tactique m'obligeant à attendre l'inévitable coup sur le qui-vive. Se manifestant par un coup horizontal fluide visant mon torse, je fis de mon mieux pour l'esquiver à la dernière minute en faisant un pas rapide en arrière, la lame aqueuse lacérant cependant mes vêtements, mais aussi ma peau, laissant derrière elle une légère traînée écarlate et une entaille peu profonde.

C'était à mon tour de jouer désormais. Immédiatement après mon esquive, je profitais de la position légèrement surélevée de l'arme adverse pour alléger mon poids et baisser rapidement mon centre de gravité avant de m'élancer moi-aussi à toute vitesse vers mon adversaire, mes mains et mon arme toujours en position Sha. La ridicule distance nous séparant parcourue, mon poids revînt à la normale alors que je tentai de percuter d'un mouvement d'épaule la jeune femme, usant de ma force surhumaine.  

Résumé-baston:

Ma petite contre-attaque avait fonctionné, cependant l'habilité de mon adversaire avait grandement diminué ses effets. Versatilité et ingéniosité, un mélange plus qu'efficace duquel je me servais depuis ma nouvelle vie et qui était utilisé contre moi depuis bien longtemps. On dirait que je vais devoir moi aussi passer aux choses sérieuses, ne serait-ce par respect pour mon homologue.

Alors que la Furukawa remaniait la forme de son arme, je tissais une épaisse couche de soie recouvrant l'entièreté de ma lame, la taille du katana gagnant environ quinze centimètres supplémentaires. Mon plan se dessinait de plus en plus clairement dans mon esprit, la manœuvre serait une première pour moi, mais pourrait se révéler être une tactique intéressante au corps à corps contre des ennemis exploitant leur vitesse.

La brune décida alors de m'attaquer avec à l'aide d'un fouet nouvellement formé par son zanpakutō, les coups vifs fondant de tous les côtés alors que mon adversaire tournoyait autour de moi. Assaut que je tentai d'éviter pour du mieux que je pouvais, notamment en allégeant mon poids afin de rendre plus graciles mes mouvements. Malheureusement, je surestimai mon adresse, quelques lacérations se frayant un chemin ci et là sur mon corps, suivies de légers éclats écarlates. Rien de très grave en somme pour mes muscles développés, mais continuer ainsi risquerait de vite devenir pénible.

Cependant, le supplice me permis petit à petit de confirmer une théorie cruciale au déroulement de ce face-à-face : la jeune femme était moins rapide que moi. En situation de combat ordinaire, bien que désavantageux cet écart pouvait être compensé par d'autres talents et tactiques mais, étrangement, mon opposante avait choisi de miser sur cet aspect de son arsenal où je lui étais supérieur. Il était temps de le lui rappeler.

– Vous semblez oublier quelque chose Furukawa-san. Ce jeu de vélocité, nous pouvons le jouer à deux !

Usant de ma rapidité supérieure, je me plaçai sur la trajectoire de la brune, un peu sur sa droite. Son combo ne pouvant plus être aussi efficace à une si courte distance, je m'emparai alors de mon arme de mes deux mains. Côté non tranchant de la lame en direction de mon adversaire, je délivrai un coup horizontal d'une force surhumaine en direction de son flanc. Le mouvement s'effectuant de l'extérieur vers l'intérieur, je comptais sur l'excroissance de soie collante afin d'obtenir une maîtrise sur les mouvements de la Furukawa. Si ma tentative fonctionnais, je comptais surenchérir en levant mon arme d'un mouvement sec vers le haut, l'élasticité de ma soie entrant alors en action afin de projeter la jeune femme contre le dit plafond.

Résumé-baston:

Un bruit lourd. Mon adversaire venait de heurter le plafond de la salle d'entraînement, ma stratégie avait donc fonctionné. M'attendant à la chute inévitable de la brune, je décollai ma soie de sa personne. Cependant, ce qui suivit me rappela à la place une situation dans laquelle j'avais moi-même jouer le rôle de protagoniste toute comme Furukawa-san. La voyant prendre douloureusement appui contre le plafond vers lequel elle avait été projetée, j'esquissai un sourire nostalgique et presque de fierté. En effet, grâce à sa position le plan de la jeune femme  était très clair. Cependant, je n'allais pas me laisse faire aussi facilement.

Lame pointée plus ou moins au supposé point d'atterrissage de la Furukawa, j'apposai la fibre recouvrant mon arme sur le sol afin de créer une sorte de "flaque" de soie collante que j'agrandis en tissant un surplus de soie. L'entreprise terminée, je reculai très vite vers l'arrière, la position de mon adversaire suggérant une simple attaque à courte portée. Si tout se passer comme prévu, l'atterrissage brutal, fruit de sa détermination, qu'elle allait subir neutralisera ses jambes ou, du moins, limitera grandement ses prochains mouvements.

Si tout se passer évidemment comme prévu. Cependant, mes prédictions étaient quelques peu erronées. En effet, au dernier moment de sa chute la Furukawa me prit de court par une attaque en diagonale à la portée surprenante. Instinct entrant immédiatement en action, je m'écartai brusquement en pivotant d'Ouest au Sud dans l'espoir d'être épargné par l'assaut aqueux, la lame allongée du nodachi ne m'oubliant pourtant pas en laissant dans son sillage une vilaine lacération sur mon avant-bras gauche. Giclée carmin et vêtement souillée, la plaie qui nécessitera sans doute quelques points de sutures m'arracha une grimace de douleur. Coupure assez profonde pour rendre l'utilisation de mon bras gauche pénible, elle ne m'empêchera point de riposter au moment où la brune touchera le sol.

Et quelle riposte. Optant pour une contre-attaque immédiate, je me rapprochais alors de ma cible à toute vitesse avant de terminer ma précédente rotation, côté non tranchant de mon katana ciblant son abdomen pour un coup dévastateur de l'extérieur vers l'intérieur mêlant forces centripète et surhumaine. Le coup risquait d'être violent s'il touchait et même dans l'éventualité ou celui-ci manquait sa cible, ma flaque de soie me garantirait sans doute la réussite de la prochaine offensive, du moins si cette manœuvre avait fonctionné.

Résumé-baston:

Hargne infaillible ou simple folie guerrière, la shinigami réorienta ma lame préférant sacrifier son membre sans doute broyé sous le choc surhumain plutôt qu'abandonner. Ce geste me rappela d'ailleurs l'agressivité dont elle avait fait preuve lors de notre rite de passage, féroce tel un fauve affamé, acculé dans ses derniers retranchements : une véritable tigresse. Admirable les prouesses et l'ingéniosité dont elle faisait preuve, cependant son impulsivité risquait de lui coûter cher à l'avenir.  Elle me rappelait énormément Kanzetsu-san dans ce sens.

Ne lâchant rien, celle-ci tenta une contre-attaque de son arme démesurée à une seule main visant mon tronc. Grave erreur que de sous-estimer le désavantage de la grande lame aqueuse à si courte portée. Je réagis alors à cette nouvelle offensive en l'esquivant de sorte à me retrouver dans le dos de mon adversaire tout en plaçant ma trancheuse d'âme sur la trajectoire du nodachi au cas où la course de celui-ci atteignait ma position.

Afin de mettre un terme définitif à notre entraînement, je plaçais ensuite la pointe de mon katana contre le dos de la Furukawa, à ma merci, signe d'une victoire certaine,  puis je rengainais l'arme qui se scella immédiatement, les fils de soie se dissolvant en conséquence. À présent libérée, je lui tendis la main tout en la félicitant.

– Beau combat ! Tu t'es bien débattue Furukawa-san. Je dois dire que je ne m'attendais pas à autant de polyvalence de la part de ta trancheuse d'âme. Tu as su l'utiliser savamment. Maintenant, je te propose d'aller traiter nos plaies avant qu'elles ne s'infectent, qu'en dis-tu ?

En effet, même si je pouvais me tenir encore debout, dire que ce combat ne m'a pas laissé de séquelles serait un mensonge énorme. Bien que la victoire m'ait été accordé, elle fut payée par un tribut de sang et de chaire qui devait vite être soignés, situation  encore plus flagrante pour la brune.

Résumé-baston: