NARRATEUR

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Les dernières étoiles se sont éteintes – mais il est impossible de s’en rendre compte depuis que le Jiyuutaisha et le Seireitei ne font plus qu’un. Le ciel artificiel permet à tous d’oublier que dehors, c’est le chaos. Tu as déjà fait un choix, il y a plus d’un an, et tu connais la vérité. Par ta fidélité, tu as gagné ton passage pour l’autre côté. Le Seigneur du Jiyuutaisha joue à un jeu dangereux, à cheval entre deux camps. Tes pas te guident au travers de la cité volante, plusieurs nécromanciens te saluent avec respect – tous te connaissent à l’Académie à présent. En peu de temps, ton niveau a de loin dépassé celui de la plupart des gens d’ici.

Une convocation chez l’Apocryphe - rien d’anormal pour quelqu’un qui est aussi proche du pouvoir. Pourtant, alors que tu montes les marches qui te conduisent jusqu’à la salle du Conseil, quelque chose te mets la puce à l’oreille - il y a toujours eu des gardes, devant ce lieu, encore plus depuis la fusion des deux entités shinigami. Tu le sais, le maitre des lieux ne fait pas confiance aux Pères Fondateurs - il n’a jamais oublié leurs méthodes, et l’assassinat de sa fille.

La porte s’ouvre à ton arrivée, il s’agit de Shiragiku. La demoiselle, la seule avec son aïeul capable de rivaliser avec toi ici, s’incline avec son habituelle politesse.

SHIRAGIKU

— Ils vous attendent.

NARRATEUR

Tu ignorais que Ryoma serait de la partie – il est plutôt rare que vous soyez réuni tous les trois ensemble ces derniers temps - le régent s’occupant la plupart du temps de gérer les Jardins, en dessous. Une gestion d’ailleurs centrée autour d’une certaine taverne, ce qui ne semble pas déranger l’Apocryphe. A peine le seuil passé, la jeune femme clos la porte à ta suite, avant de, tu l’imagine, s’éloigner en direction de la cité.

L'APOCRYPHE

— Quelqu’un a demandé à vous voir, ma chère amie.

LE MAÎTRE

— Bonsoir, mademoiselle Bayushi. J’imagine que je peux dire que je me suis beaucoup écouté parler de vous. C’est un plaisir de vous rencontrer en personne.

KINEKO

Kineko s’était comme à son habitude parée de ses plus beaux atours, quand bien même tous ses atours pouvaient prétendre à ce titre tant la qualité de sa garde robe s’était démultipliée au même rythme que son influence. Nous n’avons pas le temps de nous attarder sur ses bijoux ou sa robe aujourd’hui cependant, elle avait rapidement comprit à l’activité du lieu qu’un invité de marque était présent aujourd’hui et s’était en conséquence présentée avec une posture et une expression neutre, politique, prête à voir un haut gradé d’une quelconque faction.

Elle était cependant bien loin d’imaginer que ce n’était pas un simple invité de marque, mais bien l'invité avec un grand L, celui qu’elle s’était maintes fois préparé psychologiquement à rencontrer en personne. Quand bien même de manière ironique, elle le connaissait déjà plutôt bien.

Elle se demanda cependant quel était le décorum approprié pour cette situation. Elle avait pris l’habitude de s’adapter aux préférences des différents invités, mais ici elle était tout de même assez perplexe, le vide avait-il seulement des normes de politesse propre ? Par défaut, une révérence typique du Nihon, respectueuse sans être servile, ferait amplement l’affaire.

“Bonsoir, c’est en effet un honneur que je ne m’attendais pas à recevoir si tôt que de me retrouver en votre présence. Je vous ai également beaucoup entendu parler de vous.”

Le trait d’esprit passé, la jeune femme redressa la tête pour gratifier ses interlocuteurs d’un sourire calme mais sincère. Plus à son aise que l’on aurait pu l’attendre en rencontrant un tel mystère vivant, Kineko enchaina rapidement sur une ouverture de conversation. Posant le regard sur l’Apocryphe et le Maître, elle s’exprima sans crainte.

“Quand bien même je serais flattée d’apprendre que le simple fait de me rencontrer justifie une telle réunion au sommet, j’imagine qu’il existe une autre raison pour laquelle j’ai été appelée ici, n’est ce pas seigneur Kazuki ?”

LE MAÎTRE

L’étranger, derrière son masque, est indéchiffrable. Pourtant, il s’exprime d’une voix calme et posée, légèrement déformé par son second visage – dont la présence te met d’ailleurs très mal à l’aise. À chaque fois que tes yeux se posent sur l’acier froid qui couvre sa peau, il semble tenter de boire jusqu’à ton âme.

— Vous imaginez bien. En fait, j’ai besoin que vous me rendiez un service, mademoiselle. Il a été porté à mon attention que vous avez été particulièrement talentueuse quand il s’est agit de convaincre les ancêtres du San’In d’enterrer la hache de guerre avec le Jiyuutaisha.

Un léger blanc, le Maître et l’Apocryphe échangent un regard. Le second hoche légèrement la tête, puis l’Être suprême reprend.

— Mes plans ont changé, il existe un futur possible pour cet Univers. Une partie des Stern-Ritters et des Exarchi ne tarderont pas à unir leurs forces aux miennes, et j’aimerais vous avoir à mes côtés.

L'APOCRYPHE

— Le Jiyuutaisha est déjà une arche, une ambassade – et vous avez su tisser des liens avec le Favori du Concile. Tout comme notre petite fille. Je sais que vous saurez leur faire entendre raison.

LE MAÎTRE

— J’aimerais que vous poussiez les membres du Concile, par tous les moyens à votre disposition, à se ranger dans notre camp. Seule cette alliance peut encore nous donner une chance.

Il croise ses mains dans son dos, marquant un court repos avant de conclure.

— Il faudra les convaincre de sacrifier leur vie et leur bien le plus précieux. Car j’ai besoin de l’énergie du Trésor de l’Humanité pour tous nous sauver. Enfin, ceux qui seront encore en vie au moment du Crépuscule – je vous épargnerais l’horrible savoir qui est de connaitre votre destin dans ce conflit.

KINEKO

Kineko tente de conserver son calme malgré la présence du masque. Son instinct lui hurlait que quelque chose d’absolument terrifiant se trouvait bien trop proche. Cependant, si elle était incapable de masquer son stress, elle n’aurait jamais rien accomplit en tant qu’ambassadrice. Elle écouta donc calmement, laissant partir le sourire pour un regard dur de circonstance devant l’ampleur des propos. Elle se permit un rire sec et court avant de donner une première réponse.

“Il y a beaucoup à considérer…convaincre le Concile de se sacrifier dans le cadre de votre plan, rien que cela ?”

Elle prit une longue respiration, elle devait d’une part gagner du temps pour réfléchir et d’autre part évacuer un peu de tension. La pression qui venait de tomber sur elle se mélangeait assez mal avec celle passive générée par la présence du masque. Son esprit plus clair, elle réfléchit sérieusement à la perspective. Les phrases du maître étaient emplies d’implications, à tel point qu’elle devait s’y prendre point par point pour éviter de s’y perdre.

“Vous en êtes évidemment conscient, mais il y a une énorme différence entre leur demander de prendre un risque calculé aux bénéfices claires envers quelqu’un qui ne leur à causé que peu de tort malgré leurs différends et les convaincre de placer l’entièreté de leurs ressources entre les mains de ceux qui ont infligé parmi leurs plus sévères blessures.”

La dorée soupire puis passe sa main sur son menton, elle pense à tout ce qu’elle pourrait dire. En appeler à leurs fierté de protecteurs de l’humanité, les mettre en face de l’évidence de la fin qui approche, leur prouver qu’un scénario où ils sauvent le monde en restant seuls derrière leurs murs n’existe pas. Pourtant dans tous les cas le problème de la confiance était intact : comment convaincre le Concile que ce n’était pas simplement un piège ? Ce serait peut être la partie la plus difficile.
Enfin, si elle avait bien appris une chose ces dernières années, c'est que pour accomplir quoi que ce soit dans cet univers, il fallait partir du principe que rien n’est impossible. Les lèvres de la dorée retournèrent à leur position de sourire élégant, elle fit face à ses maîtres, déterminée.

“Si il existe un moyen de sauver cet univers, alors je ferai ce qu’il y a à faire, peu importe à quel point les probabilités de succès me paraissent infimes. Je serai de votre côté, je demande simplement que toutes les ressources et informations qui pourraient m’être utiles me soient données, j’imagine que c’était votre plan de toute manière.”

Elle replaça une mèche de cheveux unique qui s’était décalée lors de son mouvement précédent. Puis considéra la toute dernière information qui lui avait été donnée. Mourir à nouveau, en voilà une perspective intéressante. En tant que Shinigami, elle avait normalement des centaines d’années devant elle, mais à quoi bon si elle ne faisait rien de ce temps ? Elle avait déjà goûté à une mort où son existence avait pris fin avec le sourire satisfait de la victoire d’une gamine des rues sur le destin, il aurait été honteux de ne pas terminer une seconde vie de la même manière.

Malgré la pression, le sourire de la nécromancienne s'élargit, honnête et presque réconfortant envers l’homme qui gardait en lui le poids de la connaissance des noms de tous ceux qu’il avait déjà sacrifiés tout en sachant qu’il allait devoir recommencer.

"Pour ce qui est de ma conclusion. Le doute est bien plus toxique pour l’esprit humain que la connaissance de l’inévitable. Alors je partirai simplement du principe que je n’y survivrai pas et si je me trompe alors quelle belle surprise ce sera.”

LE MAÎTRE

— C’est une tâche compliquée – mais si elle ne l’était pas, je n’aurais pas fait appel à vous, mademoiselle Bayushi. Je suis sûr qu’ils comprendront que c’était nécessaire, s’ils m’écoutent. Je suis prêt à me rendre en personne au San’In.

Il écarte légèrement les bras, se voulant amical – son visage n’est qu’acier, c’est son seul moyen de trahir une émotion. L’imaginais-tu aussi humain après tant d’années, tant de vies ?

— Je suis heureux de ne pas m’être trompé à votre sujet, vous avez une grande âme. Je vous donnerais tous les arguments nécessaires, mon plan n’a jamais été de vous jeter dans la gueule du loup. Je sais quel risque vous prenez en acceptant de m’aider, et je vous assure que l’avenir ne vous réserve pas une mort certaine dans le feu du Sokyoku.

Tu ne peux que le croire sur parole, un acte de foi. Il fit un signe de main en direction de l’Apocryphe, l’invitant à prendre la suite.

L'APOCRYPHE

— Mon vieil ami Valar est venu me rendre visite. Il voulait quelques nouvelles sur les évènements de ces trois dernières années. J’ai préféré ne pas lui parler de mes liens avec le Maître des Prophètes pour le moment, mais il l’apprendra bien assez tôt. Il est un peu comme un deuxième père pour moi, il comprendra vite. Il m’a avoué quelque chose de très… Troublant. Sa mission a toujours été de créer les shinigami pour en arriver à ce jour précis…

LE MAÎTRE

— Et c’est Ianmyar, celui qui m’a offert sa capacité de vision, qui lui avait confié cette tâche. Par ricochet, cet Oracle m’a littéralement créé sans le vouloir.

L'APOCRYPHE

— Comme nous tous, en réalité. Et Valar nous a formé, entrainés…

LE MAÎTRE

— Sans eux, il n’y aurait ni Prophètes, ni Concile Blanc. Nous sommes tous leurs débiteurs – et nous allons enfin avoir l’occasion de payer notre dette. Expliquez tout cela au Concile Blanc, si vous arrivez à les convaincre, je leur montrerais ce que j’ai vu. Et s’ils refusent de m’écouter à cause de nos différents…

L’Être retira son masque de force, des tentacules s’attachant à son visage comme s’ils refusaient d’abandonner leur hôte. Son visage n’était plus qu’une silhouette sombre aux contours à peine lisibles, ainsi en allait-il aussi de son corps. Depuis longtemps, il n’était plus qu’une ombre sans vie - un reliquat de mille mondes passés. Pourtant, les traits de son visage de reformèrent, dessinant un air sévère facilement reconnaissable. Deux yeux presque aveugles et pourtant perçants, bientôt encadrés par une longue chevelure d’un blanc immaculé. Kichi Kazuki.

LE MAÎTRE

— Dites leurs qu’ils pardonneront bien une fois de plus le plus de jeune de leurs frères. Et qu’ils me doivent au moins ça. Ces vieux fous et moi même, nous avons fait notre temps.

KINEKO

La dorée écouta patiemment les paroles de ses maîtres. Certes l’un d’entre eux était couvert par une mystérieuse abomination, mais elle ne pouvait s’empêcher de voir en lui le même Kichi Kazuki qu’elle avait appris à connaître malgré sa position semi-divine rendant son humanité complexe à distinguer pour la plupart de ses connaissances. Aux yeux de la nécromanciennes, le maître n’était pas si différent de l’Apocryphe sur cet aspect, simplement forcé bien plus profondément dans la déshumanisation par les circonstances.

Ayant été prévenue de son identité avant de le rencontrer, elle était peut-être la seule personne dans cet univers qui avait d’abord vu l’homme avant d’avoir sa vision biaisée par la forme et le masque qu’il avait adopté. Ou peut-être est elle celle qui se fourvoie, et le masque était depuis longtemps devenu la véritable identité ? Peu importe à présent.

Elle emmagasine le savoir supplémentaire dont elle ne disposait pas encore, Valar ou Noctifer, l’un des représentants les plus éminents de la volonté du Nihon aurait donc volontairement créé les shinigamis, sous l’impulsion encore plus indirecte d’un membre de la nuit. Fascinant, si les factions disposaient de membre capable de réfléchir ainsi sur le long terme dans un but bénéfique pour tous, y avait-il encore de l’espoir ? Kineko hocha la tête d’un air entendu, puis avec un léger rictus, ironisa.

“J’ai le sentiment de passer beaucoup de temps à demander à vos frères de mettre vos différends de côté et vous pardonner dernièrement seigneur Kazuki.”

D’un fluide mouvement de poignet, la dorée saisit et déploie son éventail, fidèle compagnon de politique qui lui avait permis tanto de cacher ses tics, tanto d’exprimer subtilement ce que les mots ne disaient pas tant de fois. A la fois outil de dissimulation et symbole que la politicienne était prête à ouvrir la discussion avec quiconque il lui serait nécessaire de convaincre.
“Enfin, moi même je vous dois bien cela et de toute manière je suis bien d’accord : il est grand temps qu’ils acceptent que tout à une fin, même les plus grands héros et les plus hautes tours d'ivoire.”

La phrase n’avait pas été prononcée avec tristesse ou arrogante, simplement comme une vérité générale, d’un ton tranquille, calme. Elle savait que ce fait impliquait aussi le sacrifice du Maître, mais elle n’avait aucune pitié pour lui à ce sujet, au contraire, l’univers lui avait bien trop longtemps dénié la satisfaction d’une mort digne.

Après s’être éventée pour quelques mouvements, la dorée referma l’outil pour se tapoter le front via l'embout de fourrure. Une pose indiquant de toute évidence qu’elle se creusait les méninges pour réfléchir au plan d’action optimal.

“Bien, le processus sera complexe, mais je m'acquitte de cette tâche. La première étape, comme vous l’avez rappelé plus tôt, sera d’exploiter un maximum l’influence de leur Favoris. Je m’en vais donc de ce pas rendre une visite de courtoisie à Ryuzoji Genichiro, comme au bon vieux temps finalement. A moins bien sûr que vous ayez d’autres informations à ajouter dans l’immédiat ?”

À nouveau concentrée sur les deux hommes, Kineko tentait de ne pas fixer le visage du maître par politesse. Une ombre sans vie était un terme correct, et pourtant il était toujours là près à prolonger cette existence dans l’espoir de faire une différence. Devant une telle détermination, elle aurait été bien lâche de ne pas mettre sa vie en jeu également.

L'APOCRYPHE

Le Seigneur des lieux se fend d’un léger rire à ton commentaire, appuyant ton propos.

— Nous sommes un peu plus visionnaires, la cohabitation a toujours été un peu compliquée avec ces vieux monolithes. Ils sont durs à convaincre. Impossibles, même. Surtout depuis qu’ils ont lié leurs esprits – il faudra au moins la Fin de l’Univers et de l’humanité s’ils n’agissent pas pour les mettre en mouvement. C’est à cause de leur esprit de ruche, la moindre pensée dissidente est mise de côté. Je plaide coupable, ils en sont arrivés là à cause de mes… Fraques.

Une pointe de regret habille le regard du vieil homme, sans doute était-il plus jeune et persuadé d’avoir raison, à l’époque. Mais les membres du Concile, malgré leurs différents, partagent ses origines.

LE MAÎTRE

— Oui, ils comprendront que leur Fin est nécessaire. Ce ne sont pas des idiots - et ils ont toujours été prêts à tout pour protéger leurs précieux humains. Ce ne sera qu’un sacrifice de plus, nécessaire et consentit.

L'APOCRYPHE

— Je suis sûr que vous nous rendrez ce service à nouveau, avec succès. Contactez Genichiro, je demanderais à Shiragiku de vous aider si nécessaire.

LE MAÎTRE

— Dites-leur que l’humanité survivra à cette épreuve, je sais que vous allez réussir. Si le Favori des Pères demande à me rencontrer, informez-le que je suis prêt à y consentir.

KINEKO

Kineko écouta les deux hommes conclure leurs opinions. Un sourire aux lèvres alors que l’Apocryphe mentionnait son fameux passé. Elle se souvenait bien des actes de jeunesse de son maître et ne pouvait pas s’empêcher de comprendre le Concile, Kazuki avait prouvé que leurs pouvoirs pouvaient aisément mener à l'annihilation de l’humanité. Réaliser une chose pareille avait sans l’ombre d’un doute poussé le Concile à une politique de limitation, que ce soit avec les fameuses 100 formules ou les nombreuses autres règles imposées à leurs shinigamis et à eux même. Cependant, aujourd’hui alors que les pires dangers étaient à venir, ces limitations étaient devenues un fardeau que Kineko allait devoir les aider à retirer.

“Un esprit de ruche qui les enferme dans la stagnation…je vois.”

La dorée se retourne vers la porte avançant de quelques pas, prête à sortir.

“Un défi certes, mais un défi qui en vaut la chandelle. Je saurais me montrer digne de votre confiance. J’imagine que bien d’autres pièces doivent être mises en place pour que ce plan fonctionne. Vous pouvez vous y atteler avec la confiance que cette opération-ci sera un succès.”

Alors qu’elle arrivait devant les battants, la nécromancienne se retourne une dernière fois pour se fendre d’un sourire complice.

“Je suis impatiente de voir jusqu’où cette série d’évènements à laquelle même vous n’avez jamais assisté va nous mener seigneur Kichi.”

LE MAÎTRE

Alors que tu te dirige vers la sortie, tu notes que le visage du Maître perd ses traits et que ses cheveux s’effacent pour laisser place à une mince poussière noire qui se dissipe rapidement. Il a fourni un effort pour toi, mais sa réelle nature ressort : il n’est plus un homme ou un shinigami depuis bien longtemps.

Il s’apprête à remettre le masque, et les tentacules qui logent à l’intérieur se tendent dans sa direction, plongeant dans ce qui aurait dû être la chair de ses joues et de son front pour s’attacher à son être.

— Nous attendrons de vos nouvelles.

La porte se referme à ta suite.

Un regard sur le côté, une gêne, le Maître semble intrigué.

L'APOCRYPHE

— Un problème ?

LE MAÎTRE

— Un Prophète encore indispensable demande mon assistance, je dois te laisser.

Un dernier échange de regard avec son jumeau, puis il disparait.

SHIRAGIKU

Tu descends les marches, une silhouette t’attends un peu plus loin – Shiragiku, petite-fille et héritière de l’Apocryphe et du Maître, un sacré pédigré. De son habituelle voix douce, réservée et calme, elle t’apostrophe.

— Si vous pensez avoir besoin de monde aide pour quoi que ce soit, je suis à votre disposition.

La demoiselle joue avec ses doigts, tu la connais assez pour la sentir prise d’un profond malaise. Une personne qui compte beaucoup pour elle ne va pas tarder à apprendre qu’elle lui a toujours caché que son aïeul, dans une certaine mesure, est le shinigami le plus meurtrier de l’Univers.

KINEKO

Kineko assiste à la disparition de l’humanité du maître avec calme avant de s’incliner une dernière fois et de quitter la pièce. La dorée s’étire un instant la nuque en poussant un soupire. Elle sait qu’un immense travail l’attend, mais reste confiante en sa capacité à l’accomplir. Elle commence donc à descendre les marches, confiante, quand elle aperçoit une jeune femme qu’elle comptait justement chercher tôt ou tard.

La dorée sourit à Shiragiku, elle saisit très bien ce qui n’est pas dit dans cette conversation. Aussi se veut elle rassurante et confiante, si elle montrait le monde doute quant à leur capacité à convaincre Genichiro, l'inquiétude de Shiragiku n’en serait que augmentée.

Je compte, en effet, inviter Genichiro dans une salle privée pour discuter de ce sujet une fois pour toute. Et je suis certaine que votre présence sera bénéfique à cet échange.”

Kineko descend les dernières marches pour se rapprocher davantage de l’autre nécromancienne, comme pour rendre la phrase suivante plus personnelle. La politicienne se permet même de déposer une main rassurante sur celle agitée de la femme aux yeux cachés. Elle lui sourit à nouveau et ajoute à voix basse.

“C’est un homme intelligent qui a su voir l’intérêt à me laisser entrer en contact avec ces lieux alors qu’il était encore limité aux enseignements du Concile. Il saura faire la part des choses.”

Un pas en arrière accompagné d’un hochement de tête complice, Kineko se concentre à nouveau sur la tâche.

“Bien, il ne reste plus qu’à le contacter, je vais commencer par un papillon, en espérant qu’il ne soit pas allé se promener dans quelques lieux improbables.”

SHIRAGIKU

La demoiselle hoche la tête, se fendant d’un maigre sourire. Ses mains viennent serrer la tienne en retour, te confirmant l’anxiété que tu as déjà pu deviner. Comment s’en étonner, au vu de la situation. D’une voix faible, elle conclue.

— Alors vous pouvez compter sur ma présence.

Puis, sur un ton plus personnel.

— J’espère du fond du cœur que vous avez raison.

Ses yeux aveugles et masqués semblent se perdre dans le vide un bref instant, puis elle secoue la tête pour se reprendre.

— Ne trainons pas.

Le dés sont désormais lancés, tout repose sur le Concile, leur Favori - et ta prestation.