AccueilAccueil  
  • Dernières imagesDernières images  
  • FAQFAQ  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • HOKA NO NIHON
    他の日本

    Depuis les premières ères de l'Humanité, des esprits invisibles n'ont cessé de hanter les Hommes. Ces apparitions étranges, ces fantômes lancinants, ces créatures spirituelles, sont appelés « yōkai » – des âmes n'ayant pu rejoindre l'au-delà à cause des remords de leur vie passée, développant des attraits monstrueux pour combler le vide qui les définit. Les shinigami, émissaires à la solde de la Soul Society, une organisation dissimulée dans les coulisses du Nihon, ont pour but de purifier ces démons, mais aussi les âmes humaines ancrées au monde réel, par le biais de leur zanpakutō (斬魄刀, litt. : épée trancheuse d'âme). Hélas, les conflits des Hommes engendrent le drame, et le drame engendre les remords ; d'où le cercle vicieux qui donne tant de travail aux passeurs de l'au-delà. La récente guerre civile de 150 ans baptisée Sen'yuu Sensō (戦友戦争, litt. : la Guerre des Frères d’Armes), ayant opposé les parties méridionale et septentrionale de l'archipel, a été une période critique favorisant l'apparition des yōkai, réveillant de vieux débats sur le rôle de la Soul Society quant à la protection de l'Humanité. Faut-il abandonner toute idée d'intervention, comme il est de rigueur de faire depuis la création de l'organisation, ou est-il grand temps de réguler les âmes humaines pour couper le mal à la racine ? Même dans la sphère spirituelle, la politique est en proie au schisme. Malgré la volonté du Concile Blanc, quelques Divisions de son armée commencent à changer de cap. Entre les yōkai démoniaques, et les puissants shinigami en faveur du changement, qui seront les plus dangereux pour l'Humanité ?
    Scribe.io
    Fondateur
    Mibuuuuu
    Administrateur
    Le Yotaicho
    Narrateur
    Le trètr
    Modérateur
    Le stagiaire
    Modérateur
    GSHEET PUBLIC
    Base de données HRP
    SSAoG
    Portal
    partenaire4
    partenaire4
    Derniers sujets
    (S3/S4) L'EllipseMar 14 Mar - 12:54Le Concile Blanc
    (S3/S4) Les PersonnagesMar 14 Mar - 12:52Le Concile Blanc
    (S3/S4) ChronologieMar 14 Mar - 12:46Le Concile Blanc
    8. Archives héroïquesMar 14 Mar - 12:43Le Concile Blanc
    Rencontre : En quête de réponseMar 14 Mar - 12:20Le Concile Blanc
    Rencontre : Croire en l'espoirMar 14 Mar - 12:14Le Concile Blanc
    Épisode n°14 : PromesseMar 14 Mar - 12:09Le Concile Blanc
    Épisode n°13 : Liens du sangMar 14 Mar - 12:02Le Concile Blanc
    Épisode n°12 : Retour aux sourcesMar 14 Mar - 11:54Le Concile Blanc
    Épisode n°11 : Nourrir les BlattesMar 14 Mar - 11:46Le Concile Blanc
    Épisode n°10 : Guerre froideMar 14 Mar - 11:34Le Concile Blanc
    Épisode n°9 : Qu'importe le flaconMar 14 Mar - 11:30Le Concile Blanc
    Épisode n°8 : AmbassadriceMar 14 Mar - 11:22Le Concile Blanc
    Épisode n°7 : Lâcher les chiensMar 14 Mar - 11:17Le Concile Blanc
    Épisode n°6 : Lignée héroïqueMar 14 Mar - 11:13Le Concile Blanc
    Épisode n°5 : Énergie verteMar 14 Mar - 11:07Le Concile Blanc
    Épisode n°4 : Première trahisonMar 14 Mar - 11:01Le Concile Blanc
    Épisode n°3 : Déplacer son FouMar 14 Mar - 10:53Le Concile Blanc
    Épisode n°2 : La BrècheMar 14 Mar - 10:48Le Concile Blanc
    Épisode n°1 : À la table du MaîtreMar 14 Mar - 10:42Le Concile Blanc
    -40%
    Le deal à ne pas rater :
    Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
    59.99 € 99.99 €
    Voir le deal

    Épisode n°1 : À la table du Maître
    LE MAÎTRE

    Le noir absolu, le calme parfait. Le Maître des Prophètes méditait, en paix, dans l’endroit le plus reculé de l’Univers. Un lieu qui ne laissait rien sortir, mais qui absorbait tout - une singularité. D’ici, il pouvait suivre l’avancement de son plan sans que jamais personne ne remonte sa trace. Ses ordres passaient tous par un seul être, son messager. Malgré sa puissance, avec l’expérience, l’homme avait appris à être méfiant.

    Ce monde n’était pas comme les autres, il avait agit plus que de coutume. Et à présent, même lui avançait à l’aveugle. Le temps lui avait fait oublier cette sensation d’égarement, de perdition. Comme il plaignait toutes ses pauvres âmes qui avançaient encore, pleine d’espoir, vers leur inéluctable Fin. Il avait tenté, pauvres malheureux. Il avait tenté tant de fois, en vain. Depuis sa première vie, jusqu’à perdre une fois de trop ceux qui se battaient à ses côtés.

    Mais pour la première fois, il doutait. Il avait changé tant de choses… Et si ? Non, il n’y avait aucune chance. La lassitude le frappa - il vécu bien plus longtemps que les dieux, peut-être trop, pour un simple homme. Une lueur d’énergie le tira de sa torpeur, une étincelle de vie qui n’avait rien à faire aux alentours de son domaine. Il n’eut aucune peine à reconnaitre l’énergie des deux êtres qui venaient à sa rencontre. Comment avaient-ils pu le retrouver ?

    Il se releva calmement, et déjà, le pouvoir grondait en lui - le masque lui susurra quelques mots.

    {ನಿನ್ನ ಅಂತ್ಯ ಹತ್ತಿರವಾದಂತೆ ತೋರುತ್ತಿದೆ ಗೆಳೆಯ.}

    Le Maître ignora les paroles de son ami, plissant les yeux pour observer ses invités indésirables, qui eux, n’étaient pas encore capable de le voir. Une seule personne était capable de retrouver sa trace, et il lui était biologiquement impossible de le trahir. Lui avaient-t-ils soustrait de force l’information ? Non, Ozevkar aurait dévasté son propre esprit plutôt que de le trahir. Et il n’avait pas ressentir une quelconque souffrance émaner de son Apôtre.

    {Que deux…
    }

    Trop peu pour s’en prendre à lui et les arrivants n’étaient guère parmi les plus puissants combattants - son messager ne les aurait pas conduit ici sans une bonne raison. Tendant la main, il fractura sa prison afin de laisser l'improbable duo pénétrer dans son antre.

    — Ianmyar, Ǒcŭlus, je gage que vous n’êtes pas encore suicidaires - que faites vous ici.

    Quelque chose le troubla, une sensation dérangeante…

    https://www.youtube.com/watch?v=RS8kvH9Q_2g

    IANMYAR

    https://www.youtube.com/watch?v=Zjyqg97lj3w

    L'an 1 de ce qu'il sera appelé troisième ère. Cinquième solstice hivernal.

    Des années se sont écoulées depuis la décision de Mère. Des années de recherche, d'errance, d'espoir, de contemplation, de fantasmes, de dénis. Dix, nous étions ; dix créatures parfaites nées de l'énergie débordante d'une entité extraordinaire, créée par l'explosion des étoiles. Dix fragments. Dix vestiges. Dix mondes creux partageant la même appétence pour le salut de l'Univers, comme du papier à musique réglé par les fins doigts d'un Dieu omniscient.

    Très vite, nous avons compris que la lutte était caduque. Mes frères et mes sœurs ont néanmoins combattu - en vain - mais vaillamment, contre tous les murmures de la Prison d'Izanami. Sa froide enveloppe ne cessait de s'étendre, recouvrant les débris de la Création à jamais. Et puis, le prévisible se produit. Les parasites conscients décidèrent d'affronter le Destin, de conjurer le sort, d'arborer fièrement la futilité de leur vie. Le Fils comme égérie d'une trame arrachée - le Soleil Levant.

    Valar. Noryarus. Carran. Yinjor. Valwenys.
    Erberos. Sylric. Daeqirelle. Mormaer. Ianmyar.


    Passé et futur se confondent. Au milieu des fils d'or se tient l'immensité des choix, et le reflet de son unique dénouement. Le Speerspitze défigure déjà les courbes blanches du Silbern. À l'aube de l'éternelle Lune Rouge, les âmes des martyrs, carburant nécessaire, sont happés dans la machine. Son créateur ne saurait lui survivre trop longtemps, participant à une longue liste de morts programmées. L'héritier aux cheveux noirs de jais, impuissant, aculé dans une solitude très probable, utilisera le Yasakani no Magatama, offrant à l'Univers le dernier souffle de vie des Stern Ritters. Alors, nous tomberons. Ma sœur. Mon frère revenu, pourtant isolé dans l'horrible Prison. Et puis, je rendrai à mon tour mon étincelle de Création.

    Pendant des éons, j'ai rêvé de cet avenir. Et pourtant...

    OCULUS

    https://www.youtube.com/watch?v=dedMP7eda2E

    Ainsi, nous avons trouvé l'esprit tortionnaire responsable de la folie des anges. Quelle diablerie. Jamais je n'aurais crû possible tel miracle ; mais il semblerait que Ianmyar ait plus d'un engrenage dans ses systèmes. Parler de milliards de milliards de visions potentielles, probables, au profane terre-à-terre que je suis aurait pu en effrayer plus d'un, mais je me félicite d'avoir pu croire en telles psalmodies d'un prophète sans le sou.

    Ozevkar n'a pas été facile à trouver. Ce spécimen fort particulier avait le don de se faufiler dans les plus sombres des crevasses du Dangai - et Pater sait que je m'y perds, avec ces fenêtres de temps dilaté. Si mon feu frère Impĕrātŏr, paix à son âme, me voyait pactiser avec telle saloperie de l'Enfer, il retournerait sans doute dans sa tombe.

    — Doit-on vous appeler « Maître » ? de céans, du moins. J'aurais apprécié un décor plus raffiné pour cette humble rencontre. Le choix des... tapisseries... laissent à désirer.

    Des yeux, des ténèbres, une présence envahissante. Avec plus de chaleur, j'y retrouverais le Manoir.

    — Nulle volonté suicidaire, Maître, dis-je avec révérence. Il y a bien assez de menaces au pays pour ne pas le chercher à l'étranger, si loin des nôtres. Mais... vous devriez écouter ce qu'a à dire mon collaborateur. Maître.

    LE MAÎTRE

    L’Oracle préférait rester muet, soit. Les sens du Maître le scrutaient, méfiant - mais la pointe d’humour d’Ǒcŭlus eut le mérite de détendre subitement l'atmosphère.

    — Je n’avais pas prévu de recevoir de la visite, Exarchus.

    Il marqua une courte pause, était-il temps ? Non, pas encore.

    — Maître sera de circonstance pour l’instant, si vous pouvez souffrir de me gratifier de ce titre. Je suis désolé pour vous, il semblerait que vous ayez encore échoué à empêcher les votres de s’entretuer.

    D’un geste de la main, il fit signe à Ianmyar de s’engager.

    — Je vous écoute. Vous avez pris la peine de venir ici, je suis prêt à vous accorder de mon temps. Mais ne trainez pas, les derniers mondes sont en train de s’éteindre.

    IANMYAR

    https://www.youtube.com/watch?v=h3DvqSX0JQY

    — Du temps, nous en avons tous. Et ces mondes n'ont jamais eu aucun autre destin que de sombrer.

    L'inévitabilité du Froid Mordant. Le son entêtant du clocher qui se balance, avant la rupture du mécanisme éreinté.

    En bien des égards, nous autres Stern Ritters partageons le pessimisme des Prophètes du Vide. Le regard plongé dans l'abîme, nous prévoyons ce qu'il y aura de pire afin de mieux le combattre - de face, ou par la ruse. Mais le Maître s'interpelle. Peut-être ai-je déjà tenté - dans l'une de ses existences parallèles - de contacter directement le seigneur de ces hérauts. Lui seul saura me répondre, une fois ma prémonition contée. N'est-ce qu'un énième tour de manège ? Une insignifiante tentative de ma part d'essayer de changer la donne ? Non... J'ai senti sa surprise. Sa curiosité. Son... envie. Ça ne pouvait être qu'un masque. Cet avenir, là, soudain, qui a éclairé les ténèbres de l'inconnu, brillait par son existence unique.

    — Jamais je n'ai pu vous vaincre. Jamais je ne l'ai vu - même en écorchant la réalité pour me réconforter l'âme. Votre opération est bien huilée. Le trépas de l'Univers est inévitable. Alors, pourquoi continuer ? Pourquoi combattre l'invincible, et faire le deuil de ses frères et sœurs, si le bout du chemin demeure inchangé ? Ce discours, vous avez dû déjà l'entendre. C'est le constat que toute âme raisonnée devrait embrasser. La Prison s'ouvrira. Qu'on le veuille ou non. Alors...

    Je détache une fiole de Reishi de ma ceinture, la débouchonne. Un fin filet d'énergie pure convulse dans la marée d'anti-matière environnante. Pourtant, je la protège ; la couve ; fais d'elle le canevas de mon témoignage. Devant nous, la représentation de la clé de voûte de mon rêve : le Miroir de Tenebrae.

    — Ce vol. Ce larcin. Ce coup de génie...

    Le Corbeau rechigne à acquiescer. Mais son corps n'a pas besoin de parler.

    — Il nous a offert le salut.

    OCULUS

    — Ce que l'augure essaye de communiquer avec ses palabres occultes et ô combien nimbées de mystère, c'est qu'une nouvelle fin s'est offerte à une poignée d'avenirs. Une nouvelle fin commune, douce-amère, digne d'une fable du premier âge, où les sacrifices ne sont pas vains. Mais cela... je ne peux vraiment le savoir, après tout.

    J'ai peut-être vendu mon âme en diable, en acceptant de courir le Dangai en la compagnie d'Ianmyar. Mais le jeu, à mes yeux, en vaut la chandelle. Il y a quelque chose de beau dans cette chasse au trèfle à quatre feuilles - cette aiguille dans la boîte de foin qu'est la myriade de fins probables de l'Univers. Quelque chose que des mots ne pourraient jamais décrire.

    — Il semblerait donc que vous ayez débloqué la situation en nous volant ce Trésor Sacré. Un Trésor qui, dans les bonnes mains - aïe - , est susceptible de refermer une bonne fois pour toutes le garde-manger de Grand-Mère-Nuit.

    LE MAÎTRE

    Le Maître connaissait la puissance des visions du Stern-Ritter, il avait déjà rencontré l’Explorateur des futurs à de nombreuses reprises. Et si ce dernier avait réussi à convaincre le plus sage des Exarchus, il ne pouvait pas s’agir d’un piège. Le rusé Corbeau n’était pas adepte des missions suicides - et leur simple venu ici, si cela venait à se savoir, ferait d’eux des parias pour leurs camps respectifs. Un danger bien trop grand.

    — C’est la première fois qu’au cours de l’une de nos rencontres, je vous entends avoir de l’espoir, Ianmyar. C’est vous même qui m’avez fait comprendre, itération après itération, qu’il était toujours trop tard pour agir et que nous étions condamnés.

    Il se souvenait du jour où il avait compris que le seul moyen de tout changer était de briser les règles à la racine. Il avait vécu tant de vies pour trouver une solution, en vain.

    — Vous vous trompez sur un point, cependant. Votre frère a déjà cédé une fois aux manipulations d’Ovecn'thog. Depuis les entrailles de la Prison, Valar a déchainé une première fois le pouvoir de Kusanagi no Tsurugi, et il ne devrait pas tarder à achever son oeuvre. Dans moin d’un an, Izanami sera libre. Et tout sera terminé pour cette réalité.

    Le doute, à nouveau. Son regard se posa sur Ǒcŭlus. Oui, il s’agissait bien de la première fois qu’il réussissait à dérober le précieux Miroir. Si tous pensait que son but avait été de précipiter la Troisième Marche, c’est qu’ils ignoraient tout de son plan. Qu’importait le nombre de Trésors dans les mains de chaque camp, au final, ils s’entretuaient stupidement à chaque fois. Lui comptait s’en servir pour éradiquer le mal à la racine.
    — Je connais les pouvoirs du Miroir, je l’ai étudié. Mais il faudrait une énergie démentielle pour refermer la Prison. Tout cela pour gagner quelques petits siècles de répit. Les choses ont été conçues ainsi, cet Univers est condamné.

    Après tant d’essai, il était convaincu que les choses ne pouvaient être changées qu’à l’origine. À la création de tout. Il n’y avait qu’un temps pour briser le Destin, ensuite, tous ne pouvaient que subir. Soudain, il réalisa.

    — Dans votre vision, dans ce futur bercé d’espoir, quel est l’unique chemin vers le salut ?

    IANMYAR

    Ainsi le moment est déjà venu. Je pensais cet avenir plus lointain, mais force est de constater que les rouages du temps disposent toujours de secrets pour moi. Comme prévu, mes deux frères finissent par se libérer de leur Prison, convoquant la Foudre de la Mère sur l'Univers impuissant. Hélas, c'est le prix à payer pour concrétiser le rai d'espoir que j'ai vu.

    — Trois Trésors Sacrés. Trois Trésors Impies. La Mémoire du San'In. Et le Fils et la Fille rassemblés.

    Tout ce qu'il y a de plus puissant et parfait sur la toile du cosmos afin de faire pencher la balance du divin de notre côté. Le Maître n'est pas surpris par mes dires. Peut-être même son plan se rapprochait de la capture de toutes les Anomalies du Dangai.

    — Vous allez mourir, Maître. Comme nous tous. Mais votre chute conduira au salut des héros.

    Je jette un regard à Oculus. Il dodeline de la tête, sans un mot. Lui a déjà compris que ça n'était plus son combat.

    — Laissez-moi vérifier les futurs.

    Mes ailes se déploient. Bleu azur, envahissantes, comme elles m'ont été offertes à ma création. Un spectacle anodin que peu d'entités ont eu l'occasion de jalouser.

    https://images-wixmp-ed30a86b8c4ca887773594c2.wixmp.com/i/4c92e245-8a52-47ce-8ce9-2c6b91e124ff/d4igkwp-cc74f4e3-8588-4c12-b709-8d13f5ed30eb.jpg

    — Vollständig.

    Des chemins se sont éteints. D'autres se sont embrasés. Mais parmi l'infini des possibilités, un seul filin intéresse mon art, luisant dans la pénombre comme le Havre des Esprits.

    — Nous devons nous rassembler, Maître. Toutes factions confondues. Et, une fois nos talents coordonnés, exigeront le sacrifice de vos Prophètes pour se rendre de l'Autre Côté. Eux seuls peuvent vous succéder dans votre tâche.

    OCULUS

    Utiliser un futur incertain pour parler de l'ouverture de la Prison de mauvais goût. Ce déferlement d'énergie ne peut mentir à personne - surtout pas à un adepte de l'anima tel que moi, ayant tant tenu la jambe à Noctifer pour étudier son Trésor. Je le sens. Le "pire" n'est pas à venir. Il est déjà en train de s'offrir à notre... Présent ?

    — Veuillez excuser la présence de ces yeux, Maître. Même si je gage que votre corps de métier vous a familiarisé avec.

    Il est certain qu'Il me voit sous ma véritable apparence, derrière mes faux semblants. C'est presque réconfortant, de ne pas devoir se cacher devant ses pairs.

    — Des shinigami s'approchent de la Prison, à bord d'un...

    ... d'un navire ? Étrange moyen de locomotion. Mais nous ne sommes pas tous des anges en armure.

    — Tiens. Ce bon vieux Capitaine des ivrognes. Toujours là où on ne s'attend pas.

    Je fixe un point vide dans le néant et traverse son immensité. Voilà donc le point de non-retour, celui arrachant du sacro-saint temps à un sablier déjà brisé.

    — Ainsi, il va nous falloir convenir d'un arrangement. Trois ennemis jurés autour d'une table ronde... Je me demande si vous aviez prévu un tel dénouement, collaborateurs.

    LE MAÎTRE

    Les premières paroles d'Ianmyar faisaient bien plus écho à son plan que ce que dernier aurait pu l’imaginer. Sept Trésors, deux Dieux. Oui, le Maître avait parfaitement orchestré son prochain passage, avec ses fidèles - mais l’annonce de sa mort lui imposa un lourd silence. Lui, mourir ? Il avait déjà tant de fois échappé à la Fin, ce n’était pour lui qu’une formalité. Comment pouvait-il mourir ? Pourtant, il savait au fond de lui que l’Oracle ne mentait jamais, il le connaissait bien. Il n’existait pourtant aucun être capable de l’affronter directement encore en état - sauf un. Non, impossible. Une trahison ? Une embuscade en surnombre ? Pire encore, cela impliquait que son plan d’origine était destiné à l’échec.

    L’idée l’intrigua, lui arrachant un frisson.

    Le Maître regarda les ailes d’azur se déployer, retenant le masque qui lui hurlait de se nourrir de cette énergie débordante.

    Ses Prophètes, ses doux enfants, ses créations. C’est donc ainsi qu’il avait changé les choses dans ce monde. Son existence brisait les règles, il était une anomalie - mais sa plus belle réussite, son réel défi lancé à la Création était ceux qu’il avait influencé au fil des années. Des abominations de la nature, des êtres encore vivants et pourtant chargés de l’énergie de la Fin - des êtres capables de briser les lois élémentaires de l’Univers.

    D’un signe de la main, le Seigneur des lieux autorisa le Corbeau à pratiquer son art. Il avait vu bien trop d’horreurs pour être effrayé par la réelle apparence d’Ǒcŭlus, qui pourtant, aurait hanté le sommeil de nombreux shinigami.

    — J’ai demandé le payement d’une vieille dette afin d’envoyer Ryoma les récupérer. Mon Gardien m’a avertit pour la première fêlure, je savais qu’ils ne tarderaient pas à s’en sortir. Je ne pouvais pas laisser Kusanagi no Tsurugi entre de mauvaises mains.

    Les choses avaient changé, le Maître avançait à l’aveugle, aussi égaré que les autres. Un doute le tiraillait, il n’avait aucune assurance que son plan fonctionnerait - mais l’espoir d’Ianmyar avait réanimé en lui une flamme ardente. Car sans le savoir, le Stern-Ritter touchait du bout des doigts les contours de son plan d’origine. S’était-il trompé ? Devait il le mettre en œuvre dans cette réalité ? Le marionnettiste n’avait jamais imaginé pouvoir le faire aussi tardivement.

    — Imaginons que je sois prêt à accepter votre offre, à abandonner mon plan d’origine pour tenter de sauver votre Univers plutôt que le suivant… Vous êtes bien conscients des sacrifices qu’il faudra consentir dans vos familles respectives ? Beaucoup n’accepterons jamais. Ce sera la guerre civile.

    Son esprit adaptait déjà ses plans à cette nouvelle réalité, tissant une nouvelle toile qui pouvait lui permettre de sauver cette itération - oui, les révélations de Ianmyar lui avaient ouvert les yeux sur ce qu’il avait déjà accomplit. Mais sa prochaine mort, s’il empruntait cette voie, le taraudait.

    {Je n’avais guère prévu de survivre, de toute façon…}

    Il avait tant de gens à rejoindre dans l’oubli. Relevant la tête, il se fendit d’un léger sourire à peine discernable derrière son masque - voilà des éons qu’il ne se l’était plus autorisé.

    — Non, Corbeau. Je n’avais rien prévu de tout cela.

    OCULUS

    — Une guerre civile ? Mais voyons, Maître, c'est déjà le cas.

    Il n'y a pas besoin de s'allier avec le Mal pour effacer l'intégrité des liens du sang. L'homme est un loup pour l'homme ; et l'homme a été créé sur la base des Exarchi et des Stern Ritters. Autant dire que l'homme n'est pas gâté, en matière de santé mentale.

    — Et ce depuis la première apparition du clan infernal. Au sein du Nihon, d'apparence si unie et résistance, se cache un terreau de désordre, d'envie, de pulsions. Pourquoi Tenebrae aurait perdu son temps avec ce bon vieux Noctifer, sinon pour asseoir son autorité sur ses frères ? Pourquoi Impĕrātŏr a-t-il été laissé pour compte lors de la Première Marche ? Et je ne serais point capable - grand bien m'y ferait - de couper l'herbe sous le pied d'Ianmyar en dévoilant les écarts des siens...

    Seule la chape de plomb de Pater et Mater maintenait ces deux colonies en rang. Et puis, un beau jour, avec le temps et l'usure, les fils des marionnettistes se coupent ; alors renaissent enfin les pantins de reishi et de bois...

    — J'ai fait le tour de mon existence.

    Oh... quel soulagement.
    J'aurais dû me l'avouer plus tôt.

    — Mais j'ai demandé à ce très cordial Ianmyar de ne pas divulgâcher ma propre chute, en échange de ma compagnie ci-présente. Mes dernières heures ne seraient plus aussi... grisantes ? Cette parenthèse fermée, nous sommes bien conscients de l'épreuve que sera de rallier les condamnés de ce monde à une mort... disons rapprochée de quelques mois.

    IANMYAR

    https://www.youtube.com/watch?v=mkz1ZKETmcM

    — De surcroît, nous n'avons pas besoin de tout le monde. J'irai même jusqu'à appuyer que seule une poignée très spécifique est nécessaire pour accomplir cette vision. Quatre personnes. Quatre visages récurrents dans l'invasion de probabilités que m'a conféré le vol du Miroir.

    Le Reishi de ma fiole en argent vibre sous la pression du Trou Noir. Pourtant, il réussit à former peu à peu la silhouette de ces clés de voûte. Voilà les fruits encore accrochés à la branche après la ruée du troupeau d'éléphants.

    — Le reste, s'ils survivent, profiteront d'un luxe dont les Dieux sont exempts. Je ne sais guère quelle foi accordiez-vous à votre plan initial, mais je vous assure, en mon âme et conscience, que jamais pareille vision ne s'était offerte à mon Vollständig depuis son apparition. Maître. Non... Sheblharon. Je suis prêt à offrir au Salut de l'Univers - jadis ennemi juré - un plongeon dans les lignes temporelles pour en décrypter les secrets.

    Je tends mes deux mains à Sheblharon. Elles brillent, infusé d'un Reishi en pleine résonance. Soumise en pâture à la Fin Insatiable, ma précieuse énergie profite de son dernier sursis de calme.

    — Lisez en moi. Quitte à en perdre mes yeux. Je sais aujourd'hui que seule cette destinée pourra nous éviter l'oubli. Ma mission existentielle, après vous avoir transmis ce flambeau, sera terminée.

    LE MAÎTRE

    https://www.youtube.com/watch?v=HuRq4695Gf4

    — Les enfants du Nihon finissent toujours par s’unir trop tard, et quand ils sont trop peu nombreux et trop faibles pour encore avoir le moindre impact. Je l’ai constaté un bon nombre de fois, Ǒcŭlus.

    Les mots du Corbeau résonnèrent en lui - comme il le comprenait. Comment pouvait-il encore se battre, d’ailleurs ? Au fond de lui, il le savait : la haine contre l’ordre imposé et injuste de l’Univers était son principal moteur.

    {Moi aussi, je n’attends que de pouvoir me reposer.}

    Il ne voulait pas laisser transparaitre sa faiblesse, aussi, il garda pour lui sa réflexion. Son attention se reporta sur l’Oracle, puis sur les quelques formes qui venait de se former sous ses yeux. Il aurait pu citer les noms de ces quatre êtres, mais ce n’était pas nécessaire. Le visage de plusieurs d’entre eux lui réchauffa le cœur - son sacrifice ne serait pas vain si les autres pouvaient vivre.

    — J’ai trop longtemps regardé derrière moi, Ianmyar. Montrez moi l’avenir.

    Le Seigneur glissa ses mains dans celles du Stern-Ritter, puis laissa leurs énergies se croiser. Dévorante, la sienne absorba avec violence celle de l’Ange. Ses yeux s’illuminèrent et de larges ailes se déployèrent dans son dos. Alors que son regard se perdit en direction de la Prison, il murmura.
    — Vollständig.

    Si son don à lui, de vivre à travers les réalités, était déjà hors du commun - le pouvoir d’Ianmyar, capable de calculer une infinité de possibilités, de voir les futurs probables et impossibles, le dépassait complètement. Mais maintenant, il voyait. Sa mort, et l’utilité qu’elle aurait. Des trahisons, mais elles devaient avoir lieu.

    {C’est donc ainsi que vous voyez le monde, Oracle.}

    {J’ai été aveuglé par mon objectif…}

    La puissance de son Trésor dévorait les pouvoirs de sa malheureuse victime avec bien trop de voracité pour que son porteur puisse l’épargner pleinement - mais il n’était pas encore temps pour l’Ange de se reposer. Le Maître brisa le contact et déposa la paume de sa main droite sur son visage - cette dernière se mit alors à dégager une énergie démentielle.

    — Merci pour ce don, fils de Tsukuyomi. Mon aide vous est acquise, mais nous savons tous les deux qu’il n’est pas encore temps pour vous de nous abandonner. Ralliez les êtres ailés et sauvez la. Les miens vous aideront.

    L’énergie de trois âme-mondes infusa brutalement le Stern-Ritter, le Masque hurlant sa colère de se voir ainsi ponctionner. Ianmyar avait beaucoup à faire - la force brute compenserait la perte de sa double vue.

    IANMYAR

    Un pouvoir brutal, effroyable, contre qui je luttais depuis des éons - et pourtant... que j'assimile comme s'il m'avait lover dès le premier instant. Combattre le Froid par le Froid. N'était-ce qu'un crédo guerrier, ou une vérité terrée bien plus profondément ? Sinon, comment le Maître aurait pu se marier avec mon offrande avec une telle perfection ?

    — Je vous remercie pour votre clémence, Maître. En effet, mon rôle n'est pas tout à fait terminer. Mais je dois d'abord me rendre auprès de la pièce maîtresse de ce plan : le Fou.

    OCULUS

    — Je suis Reisender !

    IANMYAR

    — Pourquoi cette imitation, Ǒcŭlus ?

    OCULUS

    — Je pensais que c'était de bon ton. Pauvre de moi ! Une petite boutade pour réchauffer l'atmosphère, après les effusions glaciales de votre échange contre-nature. Voyez cette errance comme un hommage en mon cher frère disparu, que dis-je, abattu par les griffes de votre clan vampirique. Quoi qu'il en soit, comptez sur ma fervente participation pour préparer le terrain, de mon côté. J'attendrai patiemment le son des trompettes, à votre retour.

    IANMYAR

    Alors, Valar, tu es enfin des nôtres...
    Vas-tu au moins te souvenir de notre promesse ?
    J'espère que ton rôle n'a pas émoussé ta lame.
    Même si, depuis le début, c'était un prix à payer.


    LE MAÎTRE

    Reisender, un nom qui ne lui était pas étranger. Le Maître hocha la tête, il était temps de mettre un terme à cette réunion.

    — Faites ce que vous avez à faire, nous nous retrouverons en temps voulu. Il va falloir convaincre le Concile Blanc de nous suivre, voilà une œuvre qui promet d’être difficile - mais nous y arriverons, ou tout est perdu.
    Le Concile Blanc
    Compte Administrateur Grade : Père Fondateur
    Compte Administrateur Père Fondateur
    Le Concile Blanc
    Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum