NARRATEUR

https://www.youtube.com/watch?v=Q2evIg-aYw8

Noctifer avait déjà été enfermé dans la Prison lors que les deux moitiés du Favori s'étaient réunis. Réduit au silence pendant la fusion, et soumis à des entraves bien artificielles, le Gardien Tellurique ne pouvait plus se rendre compte de l'absence d'informations capitales en lui. Il avait, pour la plupart, convertit sa mémoire en souvenirs partagés, mais certains demeuraient imperceptibles. Jusqu'au jour où...

— Tiens bon, petit frère.

Un point chaud, en plein torse du nécromancien charmeur, réveilla de profonds sentiments en lui, mêlant amitié et loyauté. Le visage de son maître jadis enchaîné, puis libéré de ses millions de chaînes vorpales, se présenta dès lors au shinigami, ce qui ne manqua pas d'aiguillonner la curiosité de son reflet de l'Ordre Mnémonique. Ce faciès, cette image, collait parfaitement au paysage bien morne de l'île de Shikoku, que les conflits de la Troisième Marche avait littéralement plongé sous les eaux.

Et, sous ces eaux, justement, à des centaines de mètres de la surface, une chaleur bienveillante...

RYUZOJI GENICHIRO

Dans les effluves chaotiques de ces temps usés, les choix difficiles se succèdent, les uns après les autres. Amasser autant d’âme dans un espace si restreint devient un casse-tête permanent. Tes bureaux deviennent le théâtre d’apories suppliant leurs résolutions.

Alors que ton esprit vagabonde à travers les fils de ce destin aux mécanismes immuables, une chaleur profonde émerge de tes entrailles. Les viscères calcinés par un tel déferlement d’énergie, ta main saisit comme par réflexe un ouvrage que tu as délaissé depuis tant de temps. Les mémoires de Gakusha Segata. Réflexe incompris relevant de l'inconscient. Ton esprit hurle son désir de succomber à ce sentiment de quiétude. Sans comprendre, sans saisir les engrenages tournoyants, les opposés s’attirent. Tel un aimant subissant le champ de son confrère, ton corps s’anime, telle une marionnette d’un destin enraciné en toi.

Arpentant les terres désolées d’un Nihon ruiné par les sempiternels affrontements séculaires, l’île de Shikoku se dévoile devant tes prunelles aussi inquisitrices qu’égarées. La chaleur ne fait que croître, pulsant à travers le moindre lambeau de ce vaisseau organique. Tapis aquatique libérant une vérité enfoui dans son être. Une phrase t’échappe sans même que puisse te contrôler.

La chaleur de mon foyer… Elle m’avait manqué.

NARRATEUR

Rejoindre les profondeurs est un jeu d'enfant. Il suffit de quelques mots, couplé à un flux d'énergie spirituelle constant, et le corps du nécromancien émérite se protégea de tous les frasques d'un tel voyage sous-marin - qu'ils furent la noyade, ou bien l'écrasement de tous ses boyaux par immense pression provoquée. Sans problème, le Favori dévora la distance qui le séparait de son idylle, sa vive lueur commençant à lécher son regard, au loin.

Mais la racine n'était pas la seule ancre captant son attention ; sur son champ périphérique, zigzaguant çà et là, se terrait une créature colossale dont le comportement semblait indiquer la présence de son territoire. Une bête qui, des seules localisation et formes visibles, ressemblait beaucoup à une ancienne de rencontre de Bayushi Kineko - camarade nécromancienne.

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À l'approche du shinigami, le yōkai de haut cercle se mit aussitôt en chasse. Fusant comme une torpille dans ces bassins sans lumière, ses tentacules tissant des sillons d'air sous pression derrière eux, le « Kraken » - pourtant amputé de plusieurs membres - avait bien compris sa leçon, et se jeta à corps perdu contre cet agresseur de la surface.

— VOUS N'AUREZ JAMAIS CES RESTES !

Vingt mètres avec IMPACT.

RYUZOJI GENICHIRO

https://www.youtube.com/watch?v=xti_6Bzpa8A

Plongeon dans un abîme noirâtre pourtant si chaleureux. Le silence monacal pourrait rendre fou les plus sains d’esprit, mais la berceuse t'attirant en ces profondeurs continue de te murmurer d’une voix suave de poursuivre. Affiquet de l’auguste Nécromancien revêtue, la descente s'immisce sous ton énergie incandescente.

Véritable torpille sous-marine, le liquide se fend sous ton impulsion céleste de Nephilim. Le miel si accablant devient enfin tangible. La chaleur s’habille d’une lueur perçante dans ce dédale aqueux. Si près et pourtant si loin.

Paysage énergétique ébranlé. Une erreur, une anomalie. Tes pupilles galvanisées révèlent la fausse tranquillité de ces eaux troubles. Poteaux rose abattu, un prédateur rôde, prêt à se repaître des damnés voulant rejoindre ce phare apaisant.

Un cran d’arrêt pour observer et réagir à ce vulgaire assaut. Une réponse hautaine, digne d’un être trônant à la surface

Pathétique.

Avant d’être complété par un prédateur bien plus haut dans la chaîne alimentaire.

Tu as oublié ta misérable place dans notre hiérarchie, gardien. Ici demeure le parvis de mon foyer. Bientôt, ce péristyle se muera en un catafalque. Ma demeure sera ta dernière.

Pliant le temps à sa volonté, des arias entrecroisés dans une langue cryptique sont prononcés, tels des psaumes apocalyptiques. Un sortilège éclair nimbé du secret de l’Archimagie. Deux amas énergétiques naissent avant de s’étendre et s’entremêler dans un balai lumineux stupéfiant.La prépotence du Quantre-vingt quinzième sort de l’héritage de ton maître. Les javelots vrombissent dans un concert macabre avant de filer à une vitesse folle, lorsque le moment opportun se présente.

Un coup d'éclat démesuré. Un rappel, pour tous.

Le Gardien Tellurique regagne les terres de son devancier.

NARRATEUR

La différence de niveau était sans appel. Lointaine était l'époque où les shinigami avaient sué sang et eau pour ne serait-ce que repousser cette créature abyssale. Presque quatre ans plus tard, il suffisait d'un seul survivant de la Troisième Marche pour imposer sa volonté à l'engeance dérisoire du Nihon.

Un rideau d'obscurité.
Et puis, l'ultime estoc - orage apocalyptique.

Les profondeurs s'habillèrent de rouge et de noir. L'eau se mêla parfaitement à la quantité phénoménal de sang de la bête vaincue. Le sable du sol marin s'était joint à la fête, aussi, et chaque grain se baladait de manière erratique, telles les feuilles d'un arbre en pleine mue d'automne. Le Favori, lui, était serein. Devant lui, malgré l'obscurité et la couche opaque d'hémoglobine, capté par son troisième œil, une racine alléchante. Alors, elle apparut enfin...

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Une aura pesante la lovait, mais ça n'était rien pour Ryuzoji Genichiro. Au contraire ; cette présence l'invitait à s'approcher, à risquer de se brûler les doigts. Une chape de plomb démentielle, mais dont la douleur faisait office de piqûres d'humanité, aux vives sensations nécessaires. À chaque pas, le corps du shinigami semblait vouloir s'ouvrir de l'intérieur, se changer, se yōkaimorphoser, mais la sainte protection du San'in se fichait bien de cents mètres d'eau.

Je t'attends. Traverse la racine, élève. Et fais preuve de politesse.

RYUZOJI GENICHIRO

Boucher, Hydre et misérables globules blancs. Toutes ces engeances diaboliques te paraissent si lointaines, maintenues artificiellement en vie par le biais d’une cristallisation de ta mémoire. Aujourd’hui, tu surplombes ces créatures d’un temps où l’Humanité ne possédait qu’une épée émoussée. Le verdict est sans appel. Des coruscations aveuglantes germent, d’ici et là, dans le voilage d’obscurité où seul l’appel du maître bât dans un rythme effréné.

Gerbe de sang éructée dans une barbarie ahurissante. Explosion de la matière face à l’impérieuse magie d’un survivant d’une énième marche de trop. Le carmin vient nimber les profondeurs fuligineuses d’un spectacle d’une beauté rare. Captivé par cette valse des éléments à travers la mélopée de la lueur, tu remarques enfin ce pourquoi tu as sillonné ce qu’il reste du Nihon. Tel le sort primaire du Maître Corbeau, une racine d’anima apparaît, gorgée de vie, de douceur, de sève alléchante. Un bien beau manteau pour enrober un poison pour le corps.

Son étreinte est un délice amer, mettant les fibres organiques à rude épreuve. Pourtant, impossible de s’arrêter. Deux visions s’entrechoquent dans un balai silencieux intérieur. L’hôte daigne céder du terrain, comprenant que sa survie en dépend. Il sera le ciment cartilagineux pour maintenir cette carcasse à flot le temps qu’il faille, car il n’est pas seul. Malgré l’appel du Nihon, l’énergie formidable des Pères Fondateurs coule à travers leur Favori, lui offrant la bulle nécessaire pour résister. Merci, mes Pères

L’autre, héritier de ces lieux, sera le sauf-conduit pour enfin, le rencontrer.

Je vous rejoins, mon honorable maître.

Paupières voilant le paysage austère des abîmes, tu acceptes avec amour, tendresse, volonté l’enrobage épineux et suave de cette racine, prêt à te faire happer dans les entrailles de ce Nihon déchiré.

NARRATEUR

https://www.youtube.com/watch?v=gtVirHikldA

Le shinigami ne se fit pas happer par la racine. Au contraire, la transition fut douce, discrète, l'intrus de la surface transitionnant d'un plan à un autre sans en repérer leurs contours. Seule la présence étouffée du réseau télépathique du San'in conforta le Favori dans sa position souterraine, neuf couche d'énergie spirituelle le séparant des siens.

PATER

— ...

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NARRATEUR

Face à lui, un cocon mythique ne disait mot. Pulsant de timides battements - moteur d'un système archaïque de poussée et succion d'anima - le cœur de bois et d'ambre, tous deux dorés, ne pouvait mentir bien longtemps sur son existence. Si la vue ne suffisait pas à constater l'impensable, tout ce mécanisme tellurique dégueulait d'énergie spirituelle, au point d'irradier la pièce dans un océan de lumière aveuglante ; et, au travers des fragiles couches de mucus translucide, l'Hérétique pouvait deviner l'apparence de l'hôte prestigieux de ce Cercle primaire.

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NOCTIFER

— Bienvenue.

Un simple mot en guise d'accueil, et le Père des shinigami tendait ses bras à son prochain. Sa célèbre lame à la ceinture - le Trésor Sacré le plus brutal de la Trinité - n'avait rien à envier à l'énergie débordante de Pater en stase, derrière lui.

— Beaucoup de sang humain a tapissé ce Cercle. Te tenir debout devant Pater est un honneur qu'il te faut mériter. Fais ta révérence, je te prie, et nous parlerons des sujets de ton choix. Je n'aurai aucune barrière ; aucun secret.

RYUZOJI GENICHIRO

Délicieuses, enivrantes sont ces interactions avec l’anima bien décidé à t’emmener aux tréfonds de ces terres désolées. Temps et matière deviennent des concepts abstraits dans cette descente aux enfers pour les uns, au cœur de la vie elle-même pour les autres. Les contours de ton esprit succombent, ne laissant qu’un vaste paysage flou à ta portée. Mais encore et toujours, envers et contre tout, l’esprit de Ruche Immaculé t’enrobe de tout son aura. Qu’importe la distance, qu’importent les obstacles, les détracteurs, le phare des Primordiaux brillera toujours pour ses enfants.

Myocarde boisée débordant de vie. Les rouages organiques de ce monde se dévoilent à tes prunelles timides. Chef d’orchestre végétal, le cocon baigné dans l'opulence d’ambre, d’anima et d’or. Remous après remous, battement après battement, l’archaïque mécanique éprouve ses constituants dans cette usine du vivant. Tu peines à le croire, mais le compas énergétique de ton âme te hurle cette vérité. Jamais un tel amas d’énergie n’a été ressenti. Jamais tu ne t’es senti aussi vivant qu’aux côtés de cocon. Noyée dans une lumière si intense, la membrane laisse transparaître l’ultime preuve confirmant ce que tu savais déjà.

Tu es en présence du Divin de ce monde. Le seul, L’Unique. Susano’o

Accueilli par le professeur des Pères Fondateurs, tu observes une énergie tout aussi monstrueuse et démesurée résonnant à travers cet être du Jour et de la Nuit. Sans hésiter une seule seconde, tu déploies ton auguste affiquet avant de poser genou à terre, tête baissée, le sentiment de jouer dans une cour qui te surplombe largement.
Divin Susano’o. Vous m’honorez, moi, simple âme arpentant vos terres. Je ne mérite pas un tel privilège après les exactions des miens.

Intimidé par un tel déferlement énergétique, tu restes longtemps dans cette position, ne daignant pas affronter cet aquilon de puissance qui ne cesse de s’abattre sur toi. Maintenant, fermement, ta position, tes mots et cette révérence s’adressent aussi à l’Exarchus.

Je suis honoré de vous rencontrer en tant qu’âme complète, Seigneur Noctifer. J’espère me montrer assez digne pour qu’un tel présent me soit accordé.

Attendant un signe pour regagner de la hauteur, ton attention se focalise sur cette rivière de la connaissance enfin affluente.

La parole doit, en effet, émerger si nous voulons collectivement nous défaire du destin funeste qui nous attend.

Une hésitation. Une seconde de perte de contrôle face à l’omniprésente chape de plomb énergétique. Une occasion qu’il ne se priva pas de saisir.

Où étiez-vous pendant ces longues années, maître ?

NOCTIFER

— Dois-je commencer ma narration dès la fin de la Première Marche ? Ou mentionnes-tu mon absence de ces trois dernières années, depuis ma rencontre avec cette maudite Calamité ?

Les deux nécromanciens avaient tout leur temps ; et le Favori n'allait pas refuser de glaner davantage d'informations sur le passé de son maître, comme de l'Histoire du Nihon et de l'Univers. Ainsi, le Père des shinigami s'accorda le luxe de recommencer depuis le début.

— Lorsque j'ai rejoint les Exarchi après mon écrasante défaite, lors de la Première Marche, par soucis de conviction personnelle, mes nouveaux alliés n'étaient pas tous confiants en mon allégeance tellurique - pour ne pas dire aucun. Tenebrae, le Serpent, a utilisé le pouvoir de son Trésor Sacré pour m'enfermer dans une stase pendant plus de mille ans, dans laquelle je perdis peu à peu mes souvenirs... et mon libre-arbitre. Pendant ce laps de temps, j'ai réussi à rentrer en contact avec une certaine génération d'âmes supérieures qui allaient devenir les premiers shinigami - les Pères Fondateurs. Je leur ai appris à utiliser leur énergie spirituelle sous la forme d'aria afin d'abattre leurs ennemis, ce qui fit de moi le premier nécromancien du Nihon. Et, bien plus tard - cent cinquante ans après, pour être précis - ce fut votre ami Gakusha Segata qui me libéra de mon fardeau millénaire.

Un buffet d'informations en trop peu de temps de digestion.

— Quant à ces trois dernières années, qui en parurent durer dix fois plus de l'autre côté, j'étais enfermé dans la Prison d'Izanami - le repaire de toutes les voix du Vide, dont la seule volonté est de dévorer la moindre âme de l'Univers. J'ai utilisé mon propre Trésor Sacré afin de me frayer un chemin vers la liberté... et ce faisant, j'ai offert une faille exploitable aux créatures les plus dangereuses de notre temporalité.

À côté des deux nécromanciens, Pater ne bougeait guère. Enfermé dans sa cocon, il errait dans l'inconscience, épuisé.

NOCTIFER

— Tu te demandes sûrement pourquoi je t'ai appelé ici. Non, ce n'est pas un simple rendez-vous de courtoisie. En sortant de la Prison, comme je l'ai tout juste indiqué, j'ai accéléré la Fin des Fins. Si j'ai pu, durant ma stase éternelle, avoir l'étincelle de création du Seireitei, j'ose' croire que l'heure est à l'enlacement de nos racines profondes. Élevé au rang de prodige nécromancien, ayant mérité la confiance de tes pairs et pères, je fais appel à ta condition, Ryuzoji Genichiro, pour m'aider dans la tâche primordiale qui m'incombe : défendre le Nihon de nos véritables ennemis.

Noctifer croisa ses mains derrière son dos, l'esprit concentré.

— J'ai déjà eu un premier contact avec l'Apocryphe du Jiyuutaisha. Il est maintenant temps de convoquer la puissance sacrée du San'in afin de nous défendre des créatures de la Prison, qui bientôt grignoteront notre terre. Tu es, selon toute vraisemblance, le parfait pont entre nos deux mondes. Mais, pour cela, tu devras convaincre tes guides de me pardonner pour la Journée Sanglante. Favori ; qu'as-tu appris sur ce cataclysme ?

RYUZOJI GENICHIRO

Le loquet de cette boîte de Pandore venait de sauter. L'œuvre magnifique laisse le mécanisme basculer en arrière, déversant alors tant de secrets ancestraux sur les grands de ce monde. Fut un temps où ton âme aurait chaviré face à de telles choses, mais plus aujourd’hui. Les affres sur le chemin de ton existence ont forgé une armure adamantine, capable d’encaisser bien des choses, tant que l’espoir subsiste.

Sans interrompre, tu écoutes avec attention les paroles de L’Exarchus. Mentalement, bon nombre de vos questions est rayé de votre petite liste. Le Premier Nécromancien du Nihon aborde ce que tu désirais ausculter ; il connaît bien ces humains supérieurs, après tout. La mention de ton illustre homologue ne te laisse pas de marbre. Hésitant à intervenir, tu te restreins. Le lieu et le moment sont mal choisis pour raviver des souvenirs douloureux. Ce qui compte, c’est la volonté qu’il t’a transmise avant de rejoindre le Havre. Cette flamme inextinguible prête à calciner les ennemis du Nihon. Ton reflet se retrouve parfaitement dans ce lègue.

Le liant de toutes les entités Nihonjins. Hôte comme parasite. Monstre comme humain, unis sous le même étendard que tu brandiras face aux légions du Vide. La simple pensée sonne comme du miel à tes sens.

Me voilà rassuré, Vénérable Noctifer. Vos propos, je les ai tenus auprès de votre homologue Ǒcŭlus avant l’attaque de ces légionnaires de la Fin sur le Seireitei. Ce dernier m’avait prévenu que tous, parmi les vôtres, ne songeraient pas à un tel rapprochement. Je pense que malgré la situation, cette vérité demeure, d’autant plus après la Troisième Marche. Nos camps respectifs réclament vengeance et sang alors que nous avons vu les terres nous abritant se faire briser. Notre travail de tempérance sera conséquent, mais pas impossible.
Un bref sourire.

Le destin capricieux m’a offert la possibilité d’avoir un pied dans les deux mondes. Il est temps pour moi de jouer mon rôle. C'est sur ces termes que nous nous sommes mis d’accord, moi et moi.

L’affront des Capitaines… Quelque chose clochait.

Je n’ai appris que ce que l’Exarchus Ǒcŭlus a voulu me révéler. La Fracture du Statu Quo. Nos feus Capitaines ont pénétré le sol même que nous foulons pour s’accaparer le Divin et en faire une source de pouvoir intarissable nourrissant leurs ambitions. Sans votre ingérence, ces Shinigamis auraient sans doute vaincu. Pourtant, comme je l’avais dit jadis auprès d’Ǒcŭlus, cette exaction ressemble bien plus à une prise d’initiative aveuglée par l’arrogance qu’à un ordre de nos maîtres émancipés. Un hiatus entre leurs valeurs et ceux de nos feus Capitaines. Depuis leur sécession, les Régents de la Surface prônent la médiation. Leur doctrine est simple : Opposer une réaction tout en mesure. Ni céder de terrain, ni s’exposer inutilement. Peut-être est-ce la jeunesse et la naïveté de mon âme qui me pousse à penser de la sorte. Les Pères Fondateurs ont peut-être trouvé une faille qu’ils ont jugé bon d’exploiter pour glaner l’effet de surprise. Atteindre le Premier Cercle de la sorte n’est pas chose aisée…

Une main sur ton menton, tu réfléchis.

Des fragments demeurent manquants dans ce Jour du Coup Bas. Fragments que vous devez posséder sans nulle doute. Je vous en prie, Honorable Noctifer, éclairez mes zones d’ombres. Comme vous l’avez dit, cette Journée Sanglante représente la pierre angulaire de notre enlacement. Je me dois de connaître votre versant de ce jour pour l’amener auprès de mes Pères.

NOCTIFER

— Il existe des points d'ancrage dans notre réalité n'ayant aucune entrée sur aucun cahier de charge. La Journée Sanglante est l'un de ces banals évènements. De mon côté, jeune élève, cette version diminuée de moi n'avait d'yeux que pour la protection de son divin Pater, devant une horde de combattants aguerris ayant trouvé le moyen d'esquiver les protections naturelles du monde. À onze, ils sont arrivés devant ce même cocon, sabres dégainés ; et je me rappelle avoir été libéré et ordonné par Tenebrae pour ce moment précis, avant de recevoir les pleins pouvoirs du Nihon pour tous les annihiler. Corps et âme. Je crains de n'avoir fait montre d'aucune pitié.

Aucun sourire sur son visage. Aucune fierté. Aucune gêne.

— Je ne sais guère ce qu'il est advenu d'eux. J'ai perdu mes pouvoirs de Stern Ritter des éons en arrière, alors leur esprit a dû errer quelque part - une partie dans les profondeurs de nos Cercles, et une autre transformée en rare végétation de l'Enfer, toutes deux tranchées en des milliers de morceaux. Ce conflit, malgré son poids émotionnel, a été salvateur pour l'équilibre de notre monde. Depuis la création du Seireitei, les Pères Fondateurs ne semblaient avoir qu'une idée en tête : vaincre les yokai, démons invisibles, ainsi que la raison de leur existence. En subissant pareille défaite, ils ont compris qu'une cohabitation était nécessaire. Ou alors, qu'ils allaient devoir redoubler d'efforts pour éradiquer la vermine.

Le rythme cardiaque du cocon ne changea guère. Un parfait comas...

— Nous sommes tous des armes pour nos maîtres. Et, aujourd'hui, ces mêmes maîtres demeurent silencieux, car nous avons découvert qu'ils ne savent pas davantage de secrets que nous. Nous sommes tous au même point. Au même endroit. Au même instant. Le sacrifice du Sotaicho est regrettable, mais il a permis à la génération suivante de venir toucher du bout des doigts la nécessaire Divinité. Tu n'aurais jamais existé sans la Journée Sanglante.
https://www.youtube.com/watch?v=GGRn6OBCzCc

— Marchons à la surface.

Le Père des shinigami maugréa de rapides d'arias ; une racine tellurique apparut près des deux camarades et, brillant de ce même anima - inhérent aux cercles et aux Exarchi -, dévoilait le paysage sous les eaux de la région de Shikoku. Noctifer laissa le jeune Favori ouvrir la marche, avant de rejoindre à son tour les jadis hautes roches de l'île, maintenant à hauteur d'eau.

— Nous avons tous un rôle à jouer, mon élève. Parfois, le destin nous le souffle dans nos rêves. Parfois, nous le découvrons par l'expérience et la pratique. Parfois, un augure nous l'assure, effaçant tout doute. Parfois, nous mourrons, et l'accomplissons. Il m'est d'avis que le Sotaicho et ses Capitaines devaient sombrer, ce jour-là. Afin d'enterrer un conflit long de deux cent cinquante-huit ans.

Le nécromancien s'assit à même la roche, et contempla le ciel privé de toute étoile. Il se permit cependant de contemple le timide astre survivant au loin, dont la teinte blanchâtre avait déjà commencé à virer au carmin - d'une teinte néanmoins très diluée.

— Nous sommes tous des armes pour le destin. Et, un jour, tu seras certainement confronté au même sacrifice que tes pairs, afin de sauver le plus grand nombre. Si l'occasion te permet d'accomplir l'ultime acte en toute connaissance de cause, contente-toi de ce luxe.

RYUZOJI GENICHIRO

Silencieux. Une caractéristique qui ne vous définit nullement et pourtant. Les paroles de l’Exarchus tournent dans ton esprit, alors que tu l’accompagnes à la surface, sous le plafond ayant perdu toute sa couleur. Prenant place aux côtés du boucher de tes devanciers, ton mutisme se brise.

Vous avez… Raison.

Tu ne peux raisonner comme eux. Les Sans-Visages t’avaient prévenu. Certains pan de la conscience te sont inaccessibles, mais tu t’es élevé pour reconnaître, comprendre et apprendre.

Cause et conséquences. Sans votre réponse sanglante, les Pères Fondateurs n’auraient pas changé leurs postures. C’est celle-ci qui m’a interrogé, séduit et que j’ai prôné tout au long de mon existence. Sans cette médiation en speerspitze fer de lance, je n’aurais probablement jamais glané des rencontres avec l’Apocryphe, Ǒcŭlus, et même vous. Je suis bel et bien un enfant de la Journée Sanglante.

Un enfant d’abord perdu, ayant trouvé une cause noble à défendre. Un espoir sur lequel se reposer

Honorons alors la mémoire de tous nos frères et sœurs tombés au combat, qu’importent leurs allégeances, en accomplissant, à notre tour, le devoir qui nous incombe. Vie et Mort sont les deux faces d’une même pièce. L’un ne peut exister sans l’autre - l’autre ne peut exister sans l’un. Si céder l’anima qui coule en moi permet de sauver le plus grand nombre, je n’hésiterai pas une seule seconde à retourner mon sou. Je ne serais pas seulement satisfait, mais bel et bien fier d’avoir agi pour l’intérêt de toutes ces âmes innocentes et ignorantes des machinations cosmiques. Ma seconde vie est dédiée à leur protection depuis ses prémices. Mon pensum s’arrêtera sur l’estrade mortuaire.

Un enfant qui doit, maintenant, rappeler à ses Pères ce pourquoi tu te bats. Dans un élan, tu te lèves pour observer l’horizon, les vagues qui vont et viennent avant de s’écraser sur la roche, provoquant l’inéluctable érosion. Il est temps de stopper la corrosion de ce monde. Il est temps de dévier ce courant pour qu’il soit tien. Il est temps de devenir cette tempête capable de faire chavirer le destin.

Tout n’est pas noir, heureusement. Vous qui avez rencontré l’Apocryphe, vous connaissez la querelle profonde animant vos anciens élèves. Les Pères Fondateurs ont mis au second plan ces griefs, pour le bien commun, pour se concentrer sur une calamité bien plus grande. L’impartialité de l’Immaculé Conclave a trouvé sa limite.

Ta route est maintenant tracée.

Je prendrai l’auguste habit du Messager. Les Pères Fondateurs entendront votre voix à travers la mienne. La neutralité pendant un tel fléau ne m’apparaît que comme de la complicité. L'inamovible se mouvra sous mon impulsion.

Est-ce suffisant ?

Beaucoup de vos homologues exècrent les parasites que nous sommes. Certains rêvent d’un soupçon d'étincelle pour marcher sur ces habitants illicites de vos terres. Il n’a fallu que des soupçons pour que Chaos marche en direction du Seireitei. Cette alliance sera fragile, des deux côtés de la ligne. Quel sera donc votre rôle, Honorable Noctifer ? Que comptez-vous faire pour cimenter cet entremêlement de la surface et des entrailles ? Vous qui n’aviez pas la confiance de vos pairs, est-elle acquise, maintenant ? Ou bien, devrez-vous utiliser la prodigieuse énergie qui se dégage de votre arme pour mater les récalcitrants ?

NOCTIFER

— Les Exarchi me considèrent encore, aux dernières nouvelles, comme un parfait Champion. Je n'aurais jamais mérité Kusanagi no Tsurugi sinon. Tenebrae m'a privé de tous mes souvenirs, et a fait de moi la plus belle insulte à rétorquer aux Anges de l'Enfer.

Avec du recul, le Serpent avait le mot pour rire.

— Mais il semblerait que mon absence m'ait redonné quelques bribes de mémoire que je ne saurais partager ici. Des fragments de ma vie passée ; en tant que traître des miens, d'abord ; et même bien avant, lorsque je grandissais encore avec mes frères et sœurs.

Visiblement, cette information perturbait encore Noctifer. Son visage s'était brisé pendant un dixième de seconde.

— Je compte bien conserver mon Trésor Sacré pour protéger le Nihon. Dans un premier temps. Peut-être le potentiel sacré de cet artéfact - fragment de Totsuka no Tsurugi (十拳剣, litt. : « la Portée des Dix Mains ») d'Izanagi Lui-Même - servira ensuite un autre dessein. Mais... les shinigami, mon héritage, n'ont rien à craindre de Sa puissance. Au contraire ; j'aiderais volontiers le San'in au combat.

Noctifer dégaina son arme divine, et en admira le reflet, aux milles ondulations mystiques.

— Néanmoins, ma tâche primaire restera de défendre Pater. La tourmente de Tenebrae ne m'a toujours pas abandonné ; et je ne saurais quitter trop longtemps le Premier Cercle. Les Murmures d'Ovecn'thog ont sans doute profité de cette... faille.

Le Père des shinigami croisa le regard du Favori, et lorgna au-delà. Il cherchait à atteindre les Pères Fondateurs, toujours là quelque part, près de leurs Ombres, laissant traîner des oreilles indiscrètes pour protéger leur précieuse tour d'ivoire.

— Ne considérez pas les Exarchi comme une même vision. Tenebrae et Chăos resteront des ennemis à abattre. Ǒcŭlus et Sanguĭs pourraient être des alliés de taille. De ce que j'ai entendu, Călautĭca siège souvent au Jiyuutaisha. Et Făbĕr œuvre aux côtés de Héros humains.

RYUZOJI GENICHIRO

Je voulais savoir pourquoi il y a longtemps vous aviez quittés vos confrères et consœurs du Havre de l'Esprit pour rejoindre la cause de Pater, mais je garderai ces questionnements pour moi, dans ce cas.

L’existence séculaire de cet être semblait lui peser, encore. Ta quête d’information ne s'immiscera pas dans ce terreau, certes fertile, mais encore gangrené.

Je comprends. Vous aussi vous devez jouer votre rôle, comme nous tous. Personne ne peut s’y dérober. Si l’entente vient à se former, les miens prendront contact avec ces Exarchis prêts à se ranger pour le salut de notre monde. Je vous remercie, Honorable Noctifer.

L’affection de Noctifer pour ses élèves était palpable. Ce bref instant suffit à faire resurgir des paroles lointaines des sans-visages.

Jadis, vos élèves m’ont confié que leurs émancipations prennent racine dans leur découverte de votre but : faire des humains supérieurs un grand réservoir d’énergie spirituelle dans lequel puiser allègrement. À vous entendre, vous semblez chérir votre héritage ce qui semble dissonant avec les fondations de mes Pères. Était-ce là réellement votre but en élevant l’humanité vers sa condition de Shinigami ? N’avez-vous pas voulu interférer lorsque votre lègue a fait sécession ?

Une question qui te taraude, alors qu’au loin, dans cette voûte céleste au passé luxuriant, une nouvelle étoile s’éteint, dans un silence glaçant.

Ovecn'thog… Pardonnez ma méconnaissance, mais ce terme m'est inconnu. Il diffère de notre dialecte.

NOCTIFER

— Je me souviens n'avoir eu qu'un simple but, enfoui en moi, et autorisé par ma nouvelle famille : la création d'un nouveau Cercle artificiel en surface, d'une nouvelle couche, afin de protéger davantage le Nihon. Concevant, par la même occasion, mon propre petit jardin. Jadis - pour te répondre - ce fut cet amour pour le fruit maladroit de l'union des rebuts des Deux Peuples qui m'a convaincu de rester sur terre. Au vu de leurs origines, leur potentiel théorique était intéressant - et cela n'a pas manqué.

Une parfaite symbiose entre Bien et Mal. Chaud et Froid. Yin et Yang. Une somme des puissances.

— Lorsque les shinigami ont trouvé la force de prendre leur envol, j'ai été tiraillé entre surprise et fierté ; déception et amour. Par chance, cette indépendance n'allait pas à l'encontre de mon œuvre initiale. « Qu'ils construisent des merveilles en surface ; ce Onzième Cercle sera la première barrière contre les forces du Havre des Esprits. » Ainsi, Pater a décidé d'épargner cette civilisation émergeante, trop peu développée pour survivre à un affrontement intensif contre les forces telluriques. Puis, les Stern Ritters décidèrent d'aider eux aussi les humains, pensant que ces pantins sang-mêlé pouvaient servir d'avant-poste - à défaut de bastion à détruire. Hélas, j'avais les mains liées - littéralement.

Pendant la stase imposée par Tenebrae, Noctifer ne pouvait guère sortir des Cercles. Ce n'était que par les méditations, la foi, les rêves, qu'il communiquait exceptionnellement avec les sages de la surface.

— Ovecn'thog n'est autre que notre geôlier, pendant ces trente années de poursuite. Sa puissance, mêlée aux Murmures d'Izanami, s'est révélée supérieures à toutes attentes, au point d'en découvrir l'existence de Trésors Impies, égalant Kusanagi no Tsurugi. Il a creusé notre cerveau, et m'a poussé à utiliser mon glaive pour ébranler la frontière de la Prison. Nous entendrons bientôt reparler de lui.

RYUZOJI GENICHIRO

Frappe cinglante attaquant ton mésencéphale. L’amour pour ces humains, liant capable d’arracher un Chevalier de son culte. Inconcevable que de tels êtres puissent éprouver une quelconque émotion de cet acabit.

N’est-ce pas la vocation de tous les aïeuls ? Voir sa descendance grandir, s’élever et s'épanouir dans la voie qu’elle a décidée, par elle-même, en lui donnant les armes pour choisir et lutter pour ses valeurs.

Un sourire se fendit sur ton faciès.

Je ne vous imaginais pas si… Humain. Vos élèves ont, en sommes, hérité de votre amour pour ce peuple et pour son désir de l’éduquer, de rendre tangible son potentiel. Vous avez enfanté quelque chose de magnifique et je ne peux que partager mon amour pour ce fruit aux allures d’anomalie.

Il était unique. Un Stern-Ritter devenu Exarchus. Une singularité. Comme ces humains qu’il apprécie tant, il est, lui aussi, une anomalie.

Alors je dois me hâter. Votre sortie ne fait que rapprocher l’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et nous devons être prêts pour affronter ce cerbère et ces hordes. Permettez-moi de vous poser encore quelques questions avant de prendre congé.

Une interrogation sur cette Fin.

Vous qui toisez le divin, comprenez-vous les desseins de ce Maître catalyseur de la Fin ? Savez-vous pourquoi désire-t-il tant accélérer le trépas de notre univers ? Nous savons que cet être fut un Shinigami avant de prendre l’affiquet de l’Architecte du chaos. J’aimerais connaître son nom et son histoire, peut-être, comprendrions-nous plus facilement son plan, dans l’espoir de le contrecarrer.

Une interrogation sur vous.

Mon reflet vous était liés jusqu’à notre réunification. Ses souvenirs n’apparaissent qu’en bribes diffuses, floues. Comment est-il arrivé jusqu’à vous ? Quelle est son histoire, à ce moi que je ne connais que trop peu. Pourquoi lors de notre mort d’humain, nous nous sommes divisés ? Ce creux habite mon esprit depuis bien trop longtemps…

NOCTIFER

— Je crains ne pas avoir davantage d'informations à te confier sur ce Maître. Comme je me suis jadis ligué sous la bannière de la Vie, il est possible qu'un autre être ait préféré le potentiel destructeur de la Mort. Le seul point qui m'attriste est sa nature de shinigami, et donc ma part de responsabilité dans cette Fin des Fins. Une raison de plus, s'il en fallait une, de me rallier auprès de mes héritiers.

Une triste morale. Un fardeau séculaire. L'ironie du destin. Le Maître était-il destiné à naître coût que coût ?

— La mort n'est que successions d'anomalies. C'est un évènement traumatisant pour tous, ayant déjà conçu bien des monstruosités. La simple yōkaimorphose est contre-nature, bien qu'explicable. Il y a également une raison pour la conversion de certains animaux en animi. Mais qu'en est-il du déblocage du potentiel spirituel d'une nouvelle âme ? Cette part de hasard demeure non négligeable. Peut-être n'as-tu eu pas de chance en rendant ton dernier souffle. Tiraillé entre le fait de rester sur terre, et de rejoindre tes ancêtres, tu as...

Ou alors...

Une pensée fusa dans l'esprit de Valar. Et si, là aussi, Ianmyar avait joué de ses ficelles d'augure pour demander une faveur à Daeqirelle ? L'illumination n'arriva point à quitter les songes du nécromancien, qui retourna cette dernière dans tous les sens.

Peut-être, oui.

L'Exarchus se releva, en profitant pour épousseter ses braies.

— Tu en sauras certainement davantage. À l'orée de la Fin des Fins, les langues se délieront. Ou alors, la raison de ton schisme devra rester secrète, selon les responsables des occultes machinations. Tu pourras alors profiter de mon épaule, Ryuzoji Genichiro.

À nouveau, le Père des shinigami prononça de rapides arias ; à nouveau, une racine d'anima apparut devant lui.

— Cette voie tellurique te conduira devant le Seireitei. À moins que tu ne disposes d'autres parts d'ombre ?

RYUZOJI GENICHIRO

L’univers tend à s’équilibrer. Tant que des gardiens de la Vie émergeront, leur versant ne cessera de croître. Pourra-t-on, un jour, endiguer les engrenages de ce mécanisme cosmique ? Nébuleuse est la réponse, mais nous tenterons, encore et encore, jusqu’à l’obtenir.

Ombre omniprésente dans le sillon du vivant, la mort résiste à déverser la quintessence de ce qu’elle est. Même les êtres se rapprochant du divin ne peuvent distinguer avec netteté ce concept aux bordures floues.

Je tapirai, dans les tréfonds de mon esprit, l’attente à cette ultime réponse qu’est l'énigme de mon second souffle. Nous ne devons plus nous ancrer dans ce passé figé. Il nous faut regarder plus loin, dans ces horizons funestes. Ma quête de vérité est bien dérisoire à côté de ces joutes stellaires. Mon devoir accompli, je glanerai ces vérités avant, à mon tour, d'appartenir au passé. Vos mots ne se perdront pas, Honorable Noctifer.

Sous l’impulsion de l’occultiste, la Vie, dans toute sa splendeur, se courbe pour amener la racine à tes pieds - sauf-conduit pour rejoindre les tiens.

Je vous remercie pour tout, Noctifer. Je reviendrai en personne auprès de vous pour transmettre la réponse de mes Pères.

Humble révérence comme ponctuation. Le Messager, que tu es, regagne son foyer. Le pilier blanc et ses créateurs t’attendent pour redéfinir les règles de ce jeu sordide. Le ciment d’une alliance Nihonjin, prendra-t-il ?