Épisode n°2 : La Brèche
Épisode n°2 : La Brèche - Mar 14 Mar - 10:48
RYOMA
Ryoma observait de loin ce qu’on lui avait décrit comme étant la Prison. Il n’avait jamais tenu à la voir de ses propres yeux, basique instinct de survie. Au gouvernail de son navire hors du commun, il avait décidé de prendre le risque de se rendre ici seul - mais plusieurs nécromanciens avaient insisté pour l’accompagner. Même tous ensemble, ils étaient trop insignifiants pour le gardien des lieux. Du moins, il l’espérait. Au loin, à peine visible, errait un rocher stérile sur lequel trônait un immense pilier d'Améthyste. Les ordres étaient clairs, ne s’y approcher sous aucun prétexte. Pourtant bravache, le pirate ne comptait pas désobéir à cet ordre.
Il y avait une brèche béant sur le côté de l’immense sphère noire - l’ancien capitaine savait qu’en temps normal, lui et ses gars auraient déjà été rendu fou par les voix qui devaient s’en échapper. Heureusement, les nombreux sorts qui protégeaient le bâtiment avaient été renforcés pour l’occasion.
{Cette épée est vraiment capable d’ébrécher la Prison forgée des mains du Créa-}
Une lame de lumière fendit la première marque, perpendiculairement, crevant la prison comme un ballon remplit d’eau, qui repris cependant sa forme après avoir recraché deux minuscules silhouettes. Ryoma le savait, le mal était fait et le mur, irrémédiablement fragilisé.
— Aux grappins ! Interdiction d’utiliser le moindre sort qui pourrait nous faire repérer. Les pires créatures des l’Univers ne vont pas tarder à sortir par cette brèche, ne les encourageons pas à venir plus tôt que prévu en servant d’appâts.
Le Nécromancien n’aimait pas l’idée de se priver de leur meilleur atout, mais s’ils devenaient une cible, ils étaient tous perdus. Usant des trois barres qui permettaient de diriger le bateau sur tous les axes, il approcha avec prudence de ce qui se dessinait de plus en plus comme étant des corps inertes.
— Ne trainons pas, on récupère ces deux là et on met les voiles.
L’équipage s’activa, récupérant les deux êtres à peine conscients. Trois ans. Ils avaient résisté trois ans dans l’endroit le plus horrible de l’Univers. Quels genre de monstres ces deux là pouvaient-ils être pour réussir un pareil exploit. Même s’ils étaient trop à bout de force pour être des menaces, le Capitaine ne tenait pas à mettre son équipage en danger. Il s’approcha des deux corps qui avaient été allongés sur le pont, observant le duo si reconnaissable.
— Noctifer, Mormaer ? Je suis un ami de l’Apocryphe, Kichi Kazuki. Je vous ramène à la maison.
Un cri psychique perça les barrières du navire, figeant tous les nécromanciens. La bête venait de réaliser que malgré le succès de son plan, elle était en train de perdre ses deux jouets favoris. Ses serviteurs ne tarderaient pas à prendre en chasse les effrontés sauveteurs. Poussant sa volonté dans ses retranchements, Ryoma marcha péniblement jusqu’à la manette qui contrôlait la poussée du bâtiment. Pressant les moteurs à fond, il régla le cap avant de s’effondrer contre les gouvernails, un épais liquide noir s’écoulant de ses narines, de son nez et de ses yeux.
Pendant ce temps, à l’autre bout de l’Univers, sur les restes du Nihon, un oisillon piaillait en regardant le ciel.
MORMAER
https://www.youtube.com/watch?v=GQc92nHJtWU
Enfin...
Combien de temps, déjà ? Un, deux... trois... cinq... dix... ? Ianmyar, je commence à comprendre la détresse dans laquelle Mère t'a plongé. Trop d'années se sont écoulées, là-bas. J'en suis incapable de compter sur mes doigts. Je peine à rester debout, alors comment garder l'esprit clair ? Mon corps ne fait qu'un avec le pont du navire. Je lutte, traîne, lave le bois de mon sang séché, telle la limace que je suis devenu. Devant moi, les pieds de l'homme qui nous a sauvé : Sakamoto Ryōma. Je ne sais guère si je dois les lui baiser, ou si la simple prouesse de ne pas m'écrouler demeure un compliment suffisant. Je veille à ranger mon arme auprès de moi, à ma ceinture, improvisant un fourreau de Reishi, et me retourne sur le dos.
Tout le monde s'agite, telles des fourmis affolées. Derrière nous, le tortionnaire de notre existence. Il nous prend en piste ; ouvre la gueule afin de ne faire qu'une bouchée de nous ; mais ce navire improbable a de l'énergie spirituelle en poupe.
Mon regard flou verrouille le Dangai, et je n'y vois aucun détail. Aucune étoile. Aucun champ de vie. Seulement un miasme noir à l'absence absolue de contraste. Sommes-nous véritablement sorti de cette Prison, ou n'est-ce qu'un énième cauchemar pour ronger notre résilience ? Je n'y vois plus clair. J'ai besoin de fermer les yeux. Juste un instant...
— Valar...
NOCTIFER
— Tiens bon, petit frère.
Mormaer a bien tenu. Je lui dois au moins cet aveu. Lui qui cherchait depuis tout petit la raison de son existence l'a semble-t-il effleuré en marchant sur mes pas. S'il n'avait pas manié la seconde moitié de Kusanagi no Tsurugi à mes côtés pour repousser la Bête, nous ne serions pas là aujourd'hui. Mais cela n'est pas pourtant pas la fin de cet acte. Tant de secrets se sont révélés à mon amnésie durant ces trente dernières années ; je dois survivre une décennie de plus pour exaucer la volonté d'Ianmyar.
— Tenez bon, shinigami. Vous avez en vous tout ce qu'il faut pour résister à cette engeance.
Et je parle en connaissance de cause.
— Je dois récupérer ça, Aube Rouge.
La lame de Mormaer quitte son fourreau qui venir épouser la mienne. Les deux morceaux brillent d'un éclat pur, jalousé par la fusion de deux étoiles, avant de se réformer en un Trésor unique.
— Écoutez bien cet aria, marins du Dangai, car il sauvera votre capitaine. Prononcez-le en chœur, afin de chasser à jamais les murmures d'Ovecn'thog !
Paradisiaque auréole. Robe de milliers d'éons. Pourfendeuse de l'instable. Inquisitrice de bruit blanc. Tes vestiges convoquent la partition traduite en ce centième de langue. Opposition acharnée se brise contre la barrière de l'union.
— Kaido : Tentai Gaka no Henpukyanbasu (天体画家のヘンプキャンバス, litt. : toile de chanvre du peintre céleste) !
Mes détracteurs retiendront que j'ai utilisé, par deux fois, l'Épée coupeuse d'herbe, mais l'évidence me fait avouer avoir été contrôlé par cette créature dimensionnelle. Son pouvoir est effroyable. Tous nos tiraillements étaient d'un vrai poétique - que seul un être humain aurait pu ressentir puis retransmettre. La puissance brute de la Vie, couplée à la ruse du Vide.
RYOMA
https://www.youtube.com/watch?v=GQc92nHJtWU
Il ne fallut pas longtemps aux nécromanciens à peine remis pour suivre les instructions de l’Exarchus. Un chœur de voix s’éleva, prononçant d’une seule voix l’aria que venait d’inventer l’ultime seigneur de la nécromancie.
— Paradisiaque auréole. Robe de milliers d'éons. Pourfendeuse de l'instable. Inquisitrice de bruit blanc. Tes vestiges convoquent la partition traduite en ce centième de langue. Opposition acharnée se brise contre la barrière de l'union. Kaido : Tentai Gaka no Henpukyanbasu !
Un voile se tissa autour du navire, sous les yeux médusé des nécromanciens qui ne réalisait pas encore l’exploit de l’étranger, qui venait de se servir d’eux comme d’amplificateurs pour compenser ses forces éreintées par la Prison.
Subitement, les voix se turent - et une toux violente en provenance du gouvernail révéla à tous que le Capitaine du Messager Astral était toujours de ce monde. Ryoma se redressa, épongeant le sang qui nimbait son visage d’un revers maladroit du poignet avant de reprendre les commandes de son bâtiment.
RYOMA
— Merci, Noctifer. Ce fils de putain était en train de me touiller la cervelle. Il ne va pas tarder à nous envoyer ses limiers, on ferait mieux de ne pas trainer ici.
La trajectoire était bonne, le pirate n’avait qu’à pousser un peu plus les capacités de son navire pour prendre de l’avance sur leurs poursuivants.
— On a besoin de plus de puissance, activez-vous !
Les mages posèrent tous genoux à terre, déposant le plat de leurs mains sur le pont pour infuser le navire de leur énergie spirituelle. Subitement, le Messager Astral prit de la vitesse. Ryoma quitta la barre, puis retourna aux côtés des deux frères en se nettoyant l’oreille à l'aide de son auriculaire, évacuant l’épais liquide noir qui obstruait son audition.
— Il est encore en vie ?
Demanda-t-il en indiquant du menton Mormaer, qui semblait à peine conscient.
— On m’a demandé de vous conduire au Jiyuutaisha. Il est sur le Nihon, désormais. Pas d’objection ?
Le Pirate savait qu’il ne pourrait pas contraindre l’Exarchus, même dans un pareil état de faiblesse - aussi, il préférait s’assurer de sa coopération.
MORMAER
— ...
NOCTIFER
— Excusez mon frère, il doit encore se remettre de ses émotions. L'air n'étais pas aussi frais, là-dedans. Mais... oui. Cela ne se voit pas, mais les Stern Ritters possèdent un état assez quantique. Soit ils existent en tant qu'amas de Reishi ; soit ils disparaissent, emportés par le Havre des Esprits.
MORMAER
— Le Nihon. Est-il toujours intègre ? Le Dangai est bien plus inhospitalier qu'il ne l'était avant notre disparition. Puis-je vous demander... combien de temps nous nous sommes éclipsés ?
NOCTIFER
— Pas d'objection, non. J'ai des comptes à rendre avec ma seconde famille ; et celle que j'ai créé a attendu bien trop longtemps l'attention de leur père pour que je leur fasse davantage défaut.
MORMAER
Les invocations d'Ovecn'thog ne cessent de nous poursuivre. Par chance, ce formidable vaisseau les sème à vue d'œil, comme de sensorialité. En revanche, viendra un futur proche où nous devrons les arrêter. Ici... ou là-bas, sur le Nihon. Sont-ils au moins capables de se défendre d'un nouvel assaut, après l'attaque de Calamité ?
Je me relève - lentement. Un shinigami me tend une poigne inébranlable pour m'aider à me tenir debout. D'un bref geste de la tête, je le remercie mille fois. Même les anges peuvent s'abaisser à la reconnaissance des rebuts.
— Je vous en prie, Capitaine, dîtes-moi que vous avez de quoi soulager ce fichtre mal de crâne...
Peut-être est-ce la pire blessure qu'il m'ait été obligé. L'amputation de mon bras contre l'Hydre Tenebrae n'avait de fardeau que sa perte physique. Je sens que notre geôlier m'a ôté quelque chose, là-haut. Ou, à l'inverse, m'a rajouté un sournois parasite.
NOCTIFER
— À propos, shinigami, comment se porte Kichi Kazuki ? J'ai toujours apprécié son envie de briser les codes.
RYOMA
Ryoma grogna, puis secoua la tête. Il s’attendait à devoir leur expliquer la situation, mais n’aimait pas l’idée. Aussi, il fut aussi direct et concis que possible.
— Ça fait trois ans que vous êtes enfermés là-dedans. Le Jiyuutaisha et le Seireitei ont unis leurs forces et ils s'en sortent… Quant au Nihon, il est ravagé. La Troisième Marche a eu lieu, fracassant les forces des uns et des autres. Il y a au moins un Exarchus de mort, et trois Stern-Ritters. Le Havre est dans un sale état, Sylric a prit de force le pouvoir pour se l’approprier et la Mère-Nuit est muette. Pater ne répond plus non plus, des âmes mondes se sont réfugiés près de lui et des créatures du Vide dévorent les humains et les yokai qui trainent encore à la surface, en plus de tenter de pénétrer les Cercles. Bref… C’est la merde, et pas qu’un peu.
Le Pirate récupéra une gourde qu’il avait à sa ceinture pour la tendre à Mormaer, continuant sur un ton plus léger.
RYOMA
— Une création récente d’un jeune Stern-Ritter, capable de même assommer un Ange comme vous, ça devrait aider.
Une fois les mains libre, il récupéra un cigare dans une petite boite à sa ceinture. Par courtoisie, il en proposa aux deux demi-dieux qui étaient sur son pont.
— Kazuki se porte bien, il vous transmet ses amitiés. C’est lui qui m’a demandé de venir vous chercher. Il a accepté d’aider le Concile parce que la situation l’imposait mais ce n’est pas de bonne grâce. Il n’a jamais pardonné ces vieux assassins pour la mort de sa fille.
Pressant une bague contre le pied de chaise qu'il venait de glisser entre ses lèvres, il alluma ce dernier d'un simple contact, toussant en direction du pont pour évacuer quelques derniers glaires sanguinolents.
— Cet enfoiré va me le payer.
Le Régent n'avait pas hésité, par le passé, à déclencher une guerre civile de plus d'un siècle par vengeance - le rejeton du Vide était désormais tout en haut de sa liste.
MORMAER
— Voyons voir...
Je pose mes lèvres sur ma gourde et-
— Wow. Ça a du goût. Un Stern Ritter, vous dites ? Ce serait pas Erberos, par hasard ? Je peux bien m'autoriser un peu de répit ; goûtons également à cet enroulé de tabac... Je vous accompagne volontiers.
NOCTIFER
https://www.youtube.com/watch?v=I0pUCSKVMX8
Je refuse poliment l'offre du shinigami de la main.
— Amitiés partagées.
Trois ans se sont écoulés de ce côté-là, alors. Dur de concevoir pareil étirement temporel, mais force est de constater que je manquais de repère. Trois ans - une fenêtre suffisamment grande pour bouleverser l'ordre séculaire du Nihon.
— Nous allons devoir rejoindre l'équation... et faire pencher la balance du bon côté.
Je jette un regard à Mormaer.
MORMAER
Ainsi, la trêve est terminée ? Je sais déjà ce qu'il pense. J'ai passé des siècles et des siècles à essayer de le trouver, de le libérer, et de le convaincre de revenir dans nos rangs, mais l'étincelle dans ses yeux m'interdit de lui demander. Ai-je fait tout cela pour rien ? Ai-je erré éternellement sur le monde du soleil levant pour me confronter à un refus primaire ?
NOCTIFER
— Je me souviens encore l'aube de la Première Marche. Ianmyar, inquiet, m'a demandé en privé. Il se torturait les doigts, peu fier ni droit, une bombe sur les lèvres, prête à m'être livrée...
MORMAER
— Valar. Mère a besoin de toi...
NOCTIFER
— Non.
Mère n'a jamais compté.
Tous le comprendront bientôt.
— Je me souviens... de tant de choses...
Je sature mes bronches de l'air artificiel du pavillon. Un grave sourire arrache mon faciès.
— La vie est si ironique. Vous en rendez-vous compte ?
MORMAER
J'avale une énième gorgée d'élixir. Le bout de mes doigts picote, doucement.
— Shinigami. Qui sont les trois Stern Ritters tombés au combat ?
RYOMA
— Je n’aurais pas qualifié Erberos de petit nouveau. Celui-ci s’appel Kagero Ryo. Brauer, dans votre langue.
Il aurait voulu rajouter de sauvage, mais il préférait éviter de se mettre à dos un Stern-Ritter aussi amical, il n’en croisait pas tous les jours. Enfin si, à la Taverne… Il pressa sa bague contre le roulé qu’avait choisi l’Ange, que celui-ci puisse en profiter à ses côtés. Le Capitaine resta muet et interdit un petit moment, on lui avait expliqué la sempiternelle histoire des deux frères - et il ne préférait pas s’en mêler.
Certes, il tiqua sur les mots de l’Exarchus. Il ne comprenait pas encore tout, mais tel n’était pas son rôle. Il avait troqué son obéissance contre un passage de l’autre côté, sain et sauf. Tirant sur son cigare, il répondit, se fendant d’un sourire.
— De façon générale, elle l’est souvent, oui. Mais je ne suis pas sûr de vous suivre Noctifer. J’ai l’impression que vous découvert un truc pendant vos trois ans de calvaire, mais j’imagine que ce n’est pas à moi de l’entendre en premier.
RYOMA
Ryoma reporta son attention sur son désormais camarade, quémandant la gourde d’un signe de main pour en dérober quelques gorgées, avant de répondre.
— La première ligne, les plus combattifs qui étaient encore présents après votre disparition. Carran en envahissant le neuvième Cercle, Yinjor en attaquant les Prophètes et Valwenys en défendant Ojniøz contre ces derniers - d’ailleurs, nous avons recueillit les Valkyris, les Cavaliers survivants et les jeunes Stern-Ritter au Jiyuutaisha.
Puis il ajouta à l’intention du Père des shinigami.
— De votre côté, c’est le gardien du dixième Cercle qui est tombé.
NOCTIFER
— Fābŭla ? Je pensais qu'il allait tous nous survivre. Qu'a-t-il bien pu se passer pour l'aculer autant dos au mur... avait-il trouvé quelque chose à protéger ?
Je m'approche de Mormaer et lui pose une main sur son épaule glacée. Il relève la tête faiblement - broyé par la fatigue et le poids des mauvaises nouvelles.
— Ne gâchons pas cette journée dans les larmes. Demain, nous ferons le deuil de nos frères.
MORMAER
— Nous ne sommes plus qu'une poignée. Notre mission est caduque. Le Havre va...
NOCTIFER
— Avant de prendre la moindre décision, nous avons besoin d'en apprendre plus sur ces trois dernières années. Peut-être le créateur du Codex trouvera le temps de me recevoir pour échanger ?
Je demande la gourde du shinigami d'une main tendue.
— En hommage à la tradition des hybrides - buvons, amis.
RYOMA
— Je ne connais pas les détails de la mort de Fābŭla, j’imagine qu’il faudra demander aux votres directement.
Ryoma porta une nouvelle fois la gourde à ses lèvres, avant de la passer à Noctifer - un dernier hommage pour tous les morts. L’Ange semblait plutôt mal digérer les nouvelles, et le Pirate ne pouvait que le comprendre. Les pertes, Sylric qui déraillait… Il y avait de quoi perdre la foi.
— Kazuki ne refusera pas une rencontre avec un vieil ami, j’en suis sûr. Sinon, il ne m’aurait pas envoyé vous chercher.
Le Capitaine jetta un oeil sur son cadran - ils fonçaient droit vers le Nihon. Il n’était guère le meilleur pour ça, mais tenta malgré tout sa chance.
— Il y a beaucoup de jeunes Stern-Ritters qui attendent un guide, Mormaer. Ne vous laissez pas abattre, je vous conduirais à eux à notre arrivée. En attendant, vous devriez tous les deux récupérer des forces. Vous en aurez rapidement besoin…
Du moins, il le supposait. Ryoma connaissait les liens entre Noctifer et son Seigneur, mais il ne comprenait malgré tout pas pourquoi on l’avait envoyé ici pour sauver ces deux là. M’enfin, il n’avait jamais aimé les plans compliqué, de toute façon.
— Putain d’Univers…
Souffla-t-il pour lui même.
Ryoma observait de loin ce qu’on lui avait décrit comme étant la Prison. Il n’avait jamais tenu à la voir de ses propres yeux, basique instinct de survie. Au gouvernail de son navire hors du commun, il avait décidé de prendre le risque de se rendre ici seul - mais plusieurs nécromanciens avaient insisté pour l’accompagner. Même tous ensemble, ils étaient trop insignifiants pour le gardien des lieux. Du moins, il l’espérait. Au loin, à peine visible, errait un rocher stérile sur lequel trônait un immense pilier d'Améthyste. Les ordres étaient clairs, ne s’y approcher sous aucun prétexte. Pourtant bravache, le pirate ne comptait pas désobéir à cet ordre.
Il y avait une brèche béant sur le côté de l’immense sphère noire - l’ancien capitaine savait qu’en temps normal, lui et ses gars auraient déjà été rendu fou par les voix qui devaient s’en échapper. Heureusement, les nombreux sorts qui protégeaient le bâtiment avaient été renforcés pour l’occasion.
{Cette épée est vraiment capable d’ébrécher la Prison forgée des mains du Créa-}
Une lame de lumière fendit la première marque, perpendiculairement, crevant la prison comme un ballon remplit d’eau, qui repris cependant sa forme après avoir recraché deux minuscules silhouettes. Ryoma le savait, le mal était fait et le mur, irrémédiablement fragilisé.
— Aux grappins ! Interdiction d’utiliser le moindre sort qui pourrait nous faire repérer. Les pires créatures des l’Univers ne vont pas tarder à sortir par cette brèche, ne les encourageons pas à venir plus tôt que prévu en servant d’appâts.
Le Nécromancien n’aimait pas l’idée de se priver de leur meilleur atout, mais s’ils devenaient une cible, ils étaient tous perdus. Usant des trois barres qui permettaient de diriger le bateau sur tous les axes, il approcha avec prudence de ce qui se dessinait de plus en plus comme étant des corps inertes.
— Ne trainons pas, on récupère ces deux là et on met les voiles.
L’équipage s’activa, récupérant les deux êtres à peine conscients. Trois ans. Ils avaient résisté trois ans dans l’endroit le plus horrible de l’Univers. Quels genre de monstres ces deux là pouvaient-ils être pour réussir un pareil exploit. Même s’ils étaient trop à bout de force pour être des menaces, le Capitaine ne tenait pas à mettre son équipage en danger. Il s’approcha des deux corps qui avaient été allongés sur le pont, observant le duo si reconnaissable.
— Noctifer, Mormaer ? Je suis un ami de l’Apocryphe, Kichi Kazuki. Je vous ramène à la maison.
Un cri psychique perça les barrières du navire, figeant tous les nécromanciens. La bête venait de réaliser que malgré le succès de son plan, elle était en train de perdre ses deux jouets favoris. Ses serviteurs ne tarderaient pas à prendre en chasse les effrontés sauveteurs. Poussant sa volonté dans ses retranchements, Ryoma marcha péniblement jusqu’à la manette qui contrôlait la poussée du bâtiment. Pressant les moteurs à fond, il régla le cap avant de s’effondrer contre les gouvernails, un épais liquide noir s’écoulant de ses narines, de son nez et de ses yeux.
Pendant ce temps, à l’autre bout de l’Univers, sur les restes du Nihon, un oisillon piaillait en regardant le ciel.
MORMAER
https://www.youtube.com/watch?v=GQc92nHJtWU
Enfin...
Combien de temps, déjà ? Un, deux... trois... cinq... dix... ? Ianmyar, je commence à comprendre la détresse dans laquelle Mère t'a plongé. Trop d'années se sont écoulées, là-bas. J'en suis incapable de compter sur mes doigts. Je peine à rester debout, alors comment garder l'esprit clair ? Mon corps ne fait qu'un avec le pont du navire. Je lutte, traîne, lave le bois de mon sang séché, telle la limace que je suis devenu. Devant moi, les pieds de l'homme qui nous a sauvé : Sakamoto Ryōma. Je ne sais guère si je dois les lui baiser, ou si la simple prouesse de ne pas m'écrouler demeure un compliment suffisant. Je veille à ranger mon arme auprès de moi, à ma ceinture, improvisant un fourreau de Reishi, et me retourne sur le dos.
Tout le monde s'agite, telles des fourmis affolées. Derrière nous, le tortionnaire de notre existence. Il nous prend en piste ; ouvre la gueule afin de ne faire qu'une bouchée de nous ; mais ce navire improbable a de l'énergie spirituelle en poupe.
Mon regard flou verrouille le Dangai, et je n'y vois aucun détail. Aucune étoile. Aucun champ de vie. Seulement un miasme noir à l'absence absolue de contraste. Sommes-nous véritablement sorti de cette Prison, ou n'est-ce qu'un énième cauchemar pour ronger notre résilience ? Je n'y vois plus clair. J'ai besoin de fermer les yeux. Juste un instant...
— Valar...
NOCTIFER
— Tiens bon, petit frère.
Mormaer a bien tenu. Je lui dois au moins cet aveu. Lui qui cherchait depuis tout petit la raison de son existence l'a semble-t-il effleuré en marchant sur mes pas. S'il n'avait pas manié la seconde moitié de Kusanagi no Tsurugi à mes côtés pour repousser la Bête, nous ne serions pas là aujourd'hui. Mais cela n'est pas pourtant pas la fin de cet acte. Tant de secrets se sont révélés à mon amnésie durant ces trente dernières années ; je dois survivre une décennie de plus pour exaucer la volonté d'Ianmyar.
— Tenez bon, shinigami. Vous avez en vous tout ce qu'il faut pour résister à cette engeance.
Et je parle en connaissance de cause.
— Je dois récupérer ça, Aube Rouge.
La lame de Mormaer quitte son fourreau qui venir épouser la mienne. Les deux morceaux brillent d'un éclat pur, jalousé par la fusion de deux étoiles, avant de se réformer en un Trésor unique.
— Écoutez bien cet aria, marins du Dangai, car il sauvera votre capitaine. Prononcez-le en chœur, afin de chasser à jamais les murmures d'Ovecn'thog !
Paradisiaque auréole. Robe de milliers d'éons. Pourfendeuse de l'instable. Inquisitrice de bruit blanc. Tes vestiges convoquent la partition traduite en ce centième de langue. Opposition acharnée se brise contre la barrière de l'union.
— Kaido : Tentai Gaka no Henpukyanbasu (天体画家のヘンプキャンバス, litt. : toile de chanvre du peintre céleste) !
Mes détracteurs retiendront que j'ai utilisé, par deux fois, l'Épée coupeuse d'herbe, mais l'évidence me fait avouer avoir été contrôlé par cette créature dimensionnelle. Son pouvoir est effroyable. Tous nos tiraillements étaient d'un vrai poétique - que seul un être humain aurait pu ressentir puis retransmettre. La puissance brute de la Vie, couplée à la ruse du Vide.
RYOMA
https://www.youtube.com/watch?v=GQc92nHJtWU
Il ne fallut pas longtemps aux nécromanciens à peine remis pour suivre les instructions de l’Exarchus. Un chœur de voix s’éleva, prononçant d’une seule voix l’aria que venait d’inventer l’ultime seigneur de la nécromancie.
— Paradisiaque auréole. Robe de milliers d'éons. Pourfendeuse de l'instable. Inquisitrice de bruit blanc. Tes vestiges convoquent la partition traduite en ce centième de langue. Opposition acharnée se brise contre la barrière de l'union. Kaido : Tentai Gaka no Henpukyanbasu !
Un voile se tissa autour du navire, sous les yeux médusé des nécromanciens qui ne réalisait pas encore l’exploit de l’étranger, qui venait de se servir d’eux comme d’amplificateurs pour compenser ses forces éreintées par la Prison.
Subitement, les voix se turent - et une toux violente en provenance du gouvernail révéla à tous que le Capitaine du Messager Astral était toujours de ce monde. Ryoma se redressa, épongeant le sang qui nimbait son visage d’un revers maladroit du poignet avant de reprendre les commandes de son bâtiment.
RYOMA
— Merci, Noctifer. Ce fils de putain était en train de me touiller la cervelle. Il ne va pas tarder à nous envoyer ses limiers, on ferait mieux de ne pas trainer ici.
La trajectoire était bonne, le pirate n’avait qu’à pousser un peu plus les capacités de son navire pour prendre de l’avance sur leurs poursuivants.
— On a besoin de plus de puissance, activez-vous !
Les mages posèrent tous genoux à terre, déposant le plat de leurs mains sur le pont pour infuser le navire de leur énergie spirituelle. Subitement, le Messager Astral prit de la vitesse. Ryoma quitta la barre, puis retourna aux côtés des deux frères en se nettoyant l’oreille à l'aide de son auriculaire, évacuant l’épais liquide noir qui obstruait son audition.
— Il est encore en vie ?
Demanda-t-il en indiquant du menton Mormaer, qui semblait à peine conscient.
— On m’a demandé de vous conduire au Jiyuutaisha. Il est sur le Nihon, désormais. Pas d’objection ?
Le Pirate savait qu’il ne pourrait pas contraindre l’Exarchus, même dans un pareil état de faiblesse - aussi, il préférait s’assurer de sa coopération.
MORMAER
— ...
NOCTIFER
— Excusez mon frère, il doit encore se remettre de ses émotions. L'air n'étais pas aussi frais, là-dedans. Mais... oui. Cela ne se voit pas, mais les Stern Ritters possèdent un état assez quantique. Soit ils existent en tant qu'amas de Reishi ; soit ils disparaissent, emportés par le Havre des Esprits.
MORMAER
— Le Nihon. Est-il toujours intègre ? Le Dangai est bien plus inhospitalier qu'il ne l'était avant notre disparition. Puis-je vous demander... combien de temps nous nous sommes éclipsés ?
NOCTIFER
— Pas d'objection, non. J'ai des comptes à rendre avec ma seconde famille ; et celle que j'ai créé a attendu bien trop longtemps l'attention de leur père pour que je leur fasse davantage défaut.
MORMAER
Les invocations d'Ovecn'thog ne cessent de nous poursuivre. Par chance, ce formidable vaisseau les sème à vue d'œil, comme de sensorialité. En revanche, viendra un futur proche où nous devrons les arrêter. Ici... ou là-bas, sur le Nihon. Sont-ils au moins capables de se défendre d'un nouvel assaut, après l'attaque de Calamité ?
Je me relève - lentement. Un shinigami me tend une poigne inébranlable pour m'aider à me tenir debout. D'un bref geste de la tête, je le remercie mille fois. Même les anges peuvent s'abaisser à la reconnaissance des rebuts.
— Je vous en prie, Capitaine, dîtes-moi que vous avez de quoi soulager ce fichtre mal de crâne...
Peut-être est-ce la pire blessure qu'il m'ait été obligé. L'amputation de mon bras contre l'Hydre Tenebrae n'avait de fardeau que sa perte physique. Je sens que notre geôlier m'a ôté quelque chose, là-haut. Ou, à l'inverse, m'a rajouté un sournois parasite.
NOCTIFER
— À propos, shinigami, comment se porte Kichi Kazuki ? J'ai toujours apprécié son envie de briser les codes.
RYOMA
Ryoma grogna, puis secoua la tête. Il s’attendait à devoir leur expliquer la situation, mais n’aimait pas l’idée. Aussi, il fut aussi direct et concis que possible.
— Ça fait trois ans que vous êtes enfermés là-dedans. Le Jiyuutaisha et le Seireitei ont unis leurs forces et ils s'en sortent… Quant au Nihon, il est ravagé. La Troisième Marche a eu lieu, fracassant les forces des uns et des autres. Il y a au moins un Exarchus de mort, et trois Stern-Ritters. Le Havre est dans un sale état, Sylric a prit de force le pouvoir pour se l’approprier et la Mère-Nuit est muette. Pater ne répond plus non plus, des âmes mondes se sont réfugiés près de lui et des créatures du Vide dévorent les humains et les yokai qui trainent encore à la surface, en plus de tenter de pénétrer les Cercles. Bref… C’est la merde, et pas qu’un peu.
Le Pirate récupéra une gourde qu’il avait à sa ceinture pour la tendre à Mormaer, continuant sur un ton plus léger.
RYOMA
— Une création récente d’un jeune Stern-Ritter, capable de même assommer un Ange comme vous, ça devrait aider.
Une fois les mains libre, il récupéra un cigare dans une petite boite à sa ceinture. Par courtoisie, il en proposa aux deux demi-dieux qui étaient sur son pont.
— Kazuki se porte bien, il vous transmet ses amitiés. C’est lui qui m’a demandé de venir vous chercher. Il a accepté d’aider le Concile parce que la situation l’imposait mais ce n’est pas de bonne grâce. Il n’a jamais pardonné ces vieux assassins pour la mort de sa fille.
Pressant une bague contre le pied de chaise qu'il venait de glisser entre ses lèvres, il alluma ce dernier d'un simple contact, toussant en direction du pont pour évacuer quelques derniers glaires sanguinolents.
— Cet enfoiré va me le payer.
Le Régent n'avait pas hésité, par le passé, à déclencher une guerre civile de plus d'un siècle par vengeance - le rejeton du Vide était désormais tout en haut de sa liste.
MORMAER
— Voyons voir...
Je pose mes lèvres sur ma gourde et-
— Wow. Ça a du goût. Un Stern Ritter, vous dites ? Ce serait pas Erberos, par hasard ? Je peux bien m'autoriser un peu de répit ; goûtons également à cet enroulé de tabac... Je vous accompagne volontiers.
NOCTIFER
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Je refuse poliment l'offre du shinigami de la main.
— Amitiés partagées.
Trois ans se sont écoulés de ce côté-là, alors. Dur de concevoir pareil étirement temporel, mais force est de constater que je manquais de repère. Trois ans - une fenêtre suffisamment grande pour bouleverser l'ordre séculaire du Nihon.
— Nous allons devoir rejoindre l'équation... et faire pencher la balance du bon côté.
Je jette un regard à Mormaer.
MORMAER
Ainsi, la trêve est terminée ? Je sais déjà ce qu'il pense. J'ai passé des siècles et des siècles à essayer de le trouver, de le libérer, et de le convaincre de revenir dans nos rangs, mais l'étincelle dans ses yeux m'interdit de lui demander. Ai-je fait tout cela pour rien ? Ai-je erré éternellement sur le monde du soleil levant pour me confronter à un refus primaire ?
NOCTIFER
— Je me souviens encore l'aube de la Première Marche. Ianmyar, inquiet, m'a demandé en privé. Il se torturait les doigts, peu fier ni droit, une bombe sur les lèvres, prête à m'être livrée...
MORMAER
— Valar. Mère a besoin de toi...
NOCTIFER
— Non.
Mère n'a jamais compté.
Tous le comprendront bientôt.
— Je me souviens... de tant de choses...
Je sature mes bronches de l'air artificiel du pavillon. Un grave sourire arrache mon faciès.
— La vie est si ironique. Vous en rendez-vous compte ?
MORMAER
J'avale une énième gorgée d'élixir. Le bout de mes doigts picote, doucement.
— Shinigami. Qui sont les trois Stern Ritters tombés au combat ?
RYOMA
— Je n’aurais pas qualifié Erberos de petit nouveau. Celui-ci s’appel Kagero Ryo. Brauer, dans votre langue.
Il aurait voulu rajouter de sauvage, mais il préférait éviter de se mettre à dos un Stern-Ritter aussi amical, il n’en croisait pas tous les jours. Enfin si, à la Taverne… Il pressa sa bague contre le roulé qu’avait choisi l’Ange, que celui-ci puisse en profiter à ses côtés. Le Capitaine resta muet et interdit un petit moment, on lui avait expliqué la sempiternelle histoire des deux frères - et il ne préférait pas s’en mêler.
Certes, il tiqua sur les mots de l’Exarchus. Il ne comprenait pas encore tout, mais tel n’était pas son rôle. Il avait troqué son obéissance contre un passage de l’autre côté, sain et sauf. Tirant sur son cigare, il répondit, se fendant d’un sourire.
— De façon générale, elle l’est souvent, oui. Mais je ne suis pas sûr de vous suivre Noctifer. J’ai l’impression que vous découvert un truc pendant vos trois ans de calvaire, mais j’imagine que ce n’est pas à moi de l’entendre en premier.
RYOMA
Ryoma reporta son attention sur son désormais camarade, quémandant la gourde d’un signe de main pour en dérober quelques gorgées, avant de répondre.
— La première ligne, les plus combattifs qui étaient encore présents après votre disparition. Carran en envahissant le neuvième Cercle, Yinjor en attaquant les Prophètes et Valwenys en défendant Ojniøz contre ces derniers - d’ailleurs, nous avons recueillit les Valkyris, les Cavaliers survivants et les jeunes Stern-Ritter au Jiyuutaisha.
Puis il ajouta à l’intention du Père des shinigami.
— De votre côté, c’est le gardien du dixième Cercle qui est tombé.
NOCTIFER
— Fābŭla ? Je pensais qu'il allait tous nous survivre. Qu'a-t-il bien pu se passer pour l'aculer autant dos au mur... avait-il trouvé quelque chose à protéger ?
Je m'approche de Mormaer et lui pose une main sur son épaule glacée. Il relève la tête faiblement - broyé par la fatigue et le poids des mauvaises nouvelles.
— Ne gâchons pas cette journée dans les larmes. Demain, nous ferons le deuil de nos frères.
MORMAER
— Nous ne sommes plus qu'une poignée. Notre mission est caduque. Le Havre va...
NOCTIFER
— Avant de prendre la moindre décision, nous avons besoin d'en apprendre plus sur ces trois dernières années. Peut-être le créateur du Codex trouvera le temps de me recevoir pour échanger ?
Je demande la gourde du shinigami d'une main tendue.
— En hommage à la tradition des hybrides - buvons, amis.
RYOMA
— Je ne connais pas les détails de la mort de Fābŭla, j’imagine qu’il faudra demander aux votres directement.
Ryoma porta une nouvelle fois la gourde à ses lèvres, avant de la passer à Noctifer - un dernier hommage pour tous les morts. L’Ange semblait plutôt mal digérer les nouvelles, et le Pirate ne pouvait que le comprendre. Les pertes, Sylric qui déraillait… Il y avait de quoi perdre la foi.
— Kazuki ne refusera pas une rencontre avec un vieil ami, j’en suis sûr. Sinon, il ne m’aurait pas envoyé vous chercher.
Le Capitaine jetta un oeil sur son cadran - ils fonçaient droit vers le Nihon. Il n’était guère le meilleur pour ça, mais tenta malgré tout sa chance.
— Il y a beaucoup de jeunes Stern-Ritters qui attendent un guide, Mormaer. Ne vous laissez pas abattre, je vous conduirais à eux à notre arrivée. En attendant, vous devriez tous les deux récupérer des forces. Vous en aurez rapidement besoin…
Du moins, il le supposait. Ryoma connaissait les liens entre Noctifer et son Seigneur, mais il ne comprenait malgré tout pas pourquoi on l’avait envoyé ici pour sauver ces deux là. M’enfin, il n’avait jamais aimé les plans compliqué, de toute façon.
— Putain d’Univers…
Souffla-t-il pour lui même.
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