Chuchotement de l’humanité. Agglomération de terre et de pierres. Réunification religieuse au Nord de la région de Shikoku. Un nouvel Hagakure (葉隠, littéralement « à l'ombre des feuilles ») se forme. Le Tojiki (陶磁器 « céramique ») rassemble le monde sous un même idéal. Les personnes à l’intellect éveillé répondent présent face aux messages codés. La province d’Awa devient lieu de renaissance. Les telluriens attendent ce pourquoi ils sont venus.

Des voiles rouges unis déchiquetés par le temps pendent aux murs fissurés. Des sculptures de porcelaine plus somptueuse les unes que les autres ornent chaque coin de la pièce. Des bancs en bois vernis sont alignés d’un côté de la salle pour accueillir de nombreuses personnes. Des jarres en terre cuite vernissée abritent diverses plantes de chaque côté de l'auditoire.

Les regards se tournent tous dans une même direction, celle d’un trône immaculé de l’autre côté de l’enceinte. Le rassemblement du Culte Tellurique, marquera-t-il un tournant dans l’ère actuelle ? L’humanité semble affectionner celui-ci tout particulièrement.

Le silence reprend son droit. Une tunique noire se dévoile. La marche hâtive et sereine de l’homme fait virevolter le voile derrière lui. Une hache tournoie dans le creux de sa main droite prouvant une dextérité à ne pas sous-estimer. Un autre homme s’installe sur le trône tourné dos à la foule. Le grand dossier cache l'entièreté de l’être humain venu s’asseoir. Silencieux et concentré, il attend son heure.

Les deux telluriens à proximité font face à la foule. L’un sur son trône retourné, l’autre debout face au peuple. La hache du bourreau cesse de tourner. Le temps se fige un instant. Manche du kimono remontée, l’avant-bras de l’homme sur le trône jaillit sur la droite, avant de le poser sur l’autel juste à côté. Le bellâtre reste silencieux derrière son assise. Il sait que son action vaudra mille mots et que son plaisir pour l’art se verra démultiplié aujourd’hui.

Le bourreau ganté attrape fermement le membre dévoilé à nu. L’arme se lève dans les airs. Les rayons du soleil pénètrent la pièce par les murs fissurés. Leurs reflets mettent en lumière le tranchant de la hache. La tension est palpable. Bruit de friction du gant en cuir contre le manche. L’étreinte se resserre. Coup vertical vers le bas. La lame affûtée cisaille net l’avant-bras. Projection d’éclats de bois. Hache plantée sur l’autel. Un cri de douleur étouffé synonyme d’aucun trucage. Le liquide rouge vif coule le long des pieds de la table. La matière absorbe quelque peu le fluide rougeâtre. Toute l’humanité retient son souffle. De quel genre d’art s'agit-il ?

Sous les yeux ébahis de tous les membres du culte face à l’action précédente, certains tombent dans les pommes par la suite. Le silence submergé par des cris de joie. Les bouches restent grandes ouvertes. Euphorie partagée, acceptation globale, incompréhension. Des mots, des phrases résonnent, faisant le gage d’acte divin ou surnaturel. Sentiments partagés par l’ensemble des telluriens. Aiment-ils que des membres soient découpés ? Pourquoi un tel engouement ? Sont-ils fous ? Pourquoi réagissent-ils comme cela ?

En effet, l’atmosphère change, la pression se relâche lorsque l’avant-bras du protagoniste repousse tel une queue de lézard arrachée. La main fraîchement apparue attrape le manche de la hache, avant de la déposer au pied de son trône signifiant que toute sa mobilité était revenue. D’un geste, il frappe la main meurtri roulant par terre...

Une nouvelle ère approche, une renaissance.