On en était rendu là. Rendu où ? À regarder les membres qui n’appartenaient pas à une escouade déjà. C’était barbant de devoir éplucher ça, mais pour mon escouade, je n’avais pas vraiment le choix, j’avais une ouverture – à comprendre qu’on avait perdu quelqu’un – et c’était triste, oui, mais j’étais l’officier en charge et c’était mon travail de recruter un remplacement. Tiens … Celle-là semble pas mal, ouais mais … non. Je tournai une feuille, baillant à me donner une crampe dans la mâchoire. C’était le côté le moins agréable du travail, mais ça ne changeait pas que c’était un peu une nécessité, si on partait au front en manquant de gens, on avait l’air con et on risquait notre peau. Je n’allais pas risquer inutilement des mecs que j’appréciais.

Ah … Hasegawa Yuriko … pas mal, pas mal du tout. Bon, c’était décidé ! J’allais la mettre à l’essaie et voir ce que ça donnerait. Enfin, si elle voulait tenter de travailler avec nous. Je n’étais pas con non plus, je n’allais pas la forcer, ça aurait créer des tensions inutiles et donc servit à rien de recruter.


Trouver la demoiselle n’avait pas été facile, pas du tout, mais la voilà un peu plus loin. Du moins … c’était ce qu’on m’avait dit. Maintenant, suffisait de l’approcher, gentiment, de pas lui faire peur ou de la dégoûter au premier regard.

J’eus du mal à pas rire en pensant à ça. J’avais le visage peint en blanc, les lèvres du même rouge que celui des mes vêtement, du fard à paupière du même ton et deux points noir sur les joues … Ça promettait. En vrai, si ma tête risquait de provoquer le rejet, mieux valait maintenant que plus tard. Après tout, ça finirait mal si elle avait quelque chose contre moi une fois qu’on serait parti sur le terrain … Enfin, ce n’était pas que je m’en faisais, juste que j’anticipais, disons que se ne serait pas la première fois.

Donc, c’était le temps de l’approcher. Bondissant agilement sur mes pieds, je m’approchai d’elle avec autant de grâce que le permettait mon corps effilé avant de me planter devant, sourire au visage, main dans le dos, un peu penché vers l’avant et une mine des plus intéressé au visage.


J’avais la voix un peu perchée pour mon genre officiel – c’était un peu drôle parce que ça faisait qu’on me confondait encore plus souvent pour une femme – un peu nasillarde aussi, mais rien de trop grave, j’osais espérer.

Maintenant que je la rencontrais, je réalisais que Yuriko était du genre sérieux. Un peu trop sérieux. Sa voix était du genre calme, elle avait l’air bien plus élégante que ce que j’avais imaginé. C’était un peu désemparant. Je veux dire … Je ne cachais pas que j’aimais détonner, mais à côté d’elle ça paraissait presque déplacé … Enfin, j’allais pas arrêter d’être moi pour ça. Au moins, je pouvais me vanter d’avoir son attention et c’était tout ce qui comptait pour l’heure.

Sa réaction m’amusa franchement et son choix de vocabulaire ouvrait la porte toute grande pour que je me permettre de chipoter pour un rien. Ce fut donc avec un ton espiègle que je lui dit, retenant mon rire :


Si mes paroles semblaient traduire une certaine tristesse ou déception, mon visage indiquait tout le contraire alors que je sourirais jusqu’aux oreille. Dans sa formalité elle proposa de me suivre dans mon bureau si c’était quelque chose concernant la division. L’instant d’une seconde et demi, je fus presque déçu, mais une petite voix dans ma tête me souffla : ‘’mais tu t’imaginais quoi en te présentant comme un officier ?''

Je lui fis donc signe de me suivre, indiquant avec ma main de me suivre alors que je lui répondais de vive voix :


Heureusement, le trajet n’était pas bien long. Je voulais garder un peu de mystère sur le contenu de la discussion qui allait venir, mais d’un côté, je me disais qu’elle devait quand même avoir une idée de ce don il s’agissait. Enfin, dans les grandes lignes.

Alors que je franchissais la porte de mon bureau, révélant une pièce relativement sobre malgré mon apparence exubérante, je brisais mon silence :


Je n’attendis pas sa réponse avant de me saisir de ma théière et de commencer à préparer l’eau. Si elle regardait sur mon bureau, elle verrait bien que j’avais tout laissé mes papiers désordonnés, dont la feuille ou j’avais son nom d’écrit. Je n’étais pas cachotier et surtout, aussitôt que j’avais pris ma décision, j’avais tout laissé tomber ce que je faisais pour aller la trouver immédiatement, donc en un seul regard c’était facile de deviner.