Ambiance festive, ruelles bondées, candeurs des artifices humains transposés dans cette partie de l’Edo inversé. En ces jours d'élections importantes, le Karyukai, monde des fleurs et des saules grouillait d’une activité florissante décuplée, milles merveilles désireux d'éveiller des souvenirs d’une vie passée. Une simple tirade sensorielle suffisait à enivrer l'appétit de l’âme en un florilèges de douceurs tourbillonnant dans cette fresque peinte à l’aquarelle, aux couleurs chatoyantes entremêlées. Mélodies endiablées des troubadours et leurs Shamisens, du défilé folkloriques de danseurs fous, de l’odeur du rôti émanant des stands de bouffe. De ces longues figures exotiques de Kamis filant au-dessus des têtes, orfèvreries emerveillantes de tissus et de broderies aux mouvements peu naturels et pourtant envoûtantes.

Une foule exaltée pour des ruelles envahies par la détente et l’amusement. Journée d’extase pour toute personne, tant militaire que simple réincarnation sous l’égide du Seireitei.

Et au milieu de ces têtes, défilait au loin une silhouette fantomatique observatrice, fugace présence onirique. Toujours en caval, toujours de ses habitudes à partir aux quatre coins du Nihon, le voici de retour, convoqué pour les élections comme tous ses confrères. Mais là, en cet instant précis, un seul désir faisait battre ce myocarde, fragment de deux êtres liés par des connexions difficiles à appréhender. Sans même la voir, sans même y penser, Ryujin pouvait sentir sa présence, le fait qu’elle soit en cet endroit et au moins en sécurité. Surtout depuis ces récents événements de par le Nihon. Hasegawa Yuriko, son âme-liée, depuis longtemps séparés de par ses traques aux Kamis spécifiques. Elle aussi sûrement sentait sa présence, automatiquement. Pourtant ce dernier ne cherchait pas à la localiser, n’usait d’aucun de ses talents de senseur. Pas de suite …





Posté devant un des organisateurs des festivités parmi la foule, l'éphèbe transmit une boîte de fabrication artisanale, aux contours travaillés. Orfèvrerie aux merveilleuses gravures d’or et d’argent azurée, il s’agissait là d’un cadeau contenant en son sein une flûte spéciale issue du même fabricant. Un petit cadeau, souvenir amené d’une autre région lors de ses missions en tant que traqueur de Kami. Flûte aux traits particuliers, différent de son Shikai mais d’une valeur surtout symbolique. Un petit mot aussi, glissé dedans, légende folklorique qui aurait servi à la confection de cette flûte. Amusante métaphore examinée plusieurs fois par Ryujin, qui irait sûrement décrocher un sourire chez la Parle-Esprit, histoire perdue parmi les âges. Cette flûte, serait-elle donc la fortune et la couronne de la fameuse impératrice ? Intrigante énigme.

Spoiler:

Ainsi fila son interlocuteur suite à salaire contre ce service, laissant l’officier seul, toujours perdu dans la foule, à inspirer un grand coup. Cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas vu, elle et lui. Mais surtout venait l’envie de jouer un peu, de lancer un petit défi qui irait rendre ces retrouvailles plus croustillantes. Faire durer un peu ce suspens et aussi, éveiller ce lien particulier qui les unissait. Une communication hors des mots, hors de la raison, hors des sens. Plus intime encore, d’émotions à émotions, sentiments à sentiments. Même lui ne comprenait pas l’essence de cette fusion alchimique. Mais s’y prêtait, aimait sa grande particularité. Elle aussi connaissait un peu ses habitudes, et comprendrait surement le défi en recevant son cadeau, la boite, bien que cela puisse la surprendre au départ.

Ne pas se retrouver par la sensorialité, ni par les arcanes des shinigamis. Juste par le ressenti, les émotions. Discussion onirique surpassant temps et espace. Au milieu de cette foule, au milieu de ces stands et ces activités, l’un et l’autre, deviner où, deviner comment.

De son coeur de dragon pulsant commençaient à émaner les premières vagues de sentiments destiné à Yuriko, au fil de ses pas d’une lenteur évasive, mains dans les poches. Un petit temps pour qu’elle eusse le temps de recevoir son bien et le message spécial ; Et peu à peu se profilait l’idée de sa présence, du défi taquin lui intimant de ne pas recourir à ses talents de senseurs, de se laisser guider au jeu. Petite complicité évasive, bonheur évident d’enfin la revoir mais aussi plaisir contenue et savouré de petit instant d’avancée à l’aveugle. Distant, éloigné l’un de l’autre, aux deux bouts de ces quartiers et pourtant si proches. D’âmes à âmes, de myocarde à myocarde.

Retrouve moi … Devine où je suis, ce qui m’entoure … Et du premier qui aura retrouvé l’autre aura gagné ce petit défi. Prête ?

Sourire en coin, mots défilant dans ses pensées pour lui-même sans qu’elle ne puisse les entendre ; Cela se traduisait plutôt en des émotions aux multiples teintes, de la sensation du manque à celle du suspens, de l’attractivité non prononcée. Il se mit à arpenter les différents plaisirs accordés par cette journée de fête, se perdant du regard et des sens à travers les formes et couleurs chatoyantes de ce qui l’entouraient, d’ici et là. Cela le changeait bien de la lutte contre les Yokaïs, du dangers des missions pour le paisible repos d’une journée légère. Et aussi de ces cauchemars hantant ses nuits et le tirant d’un repos réparateur … Fléau auquel le remède se trouvait non loin.

Garde relâchée, posture apprêté à la découverte, l’homme se perdit alors devant un stand de grillade aux multiples choix de viandes, parfait endroit pour assouvir sa faim carnassière. Du moins, évasivement, d’une simple brochette en amuse bouche. Car l’idée demeurait de faire ressentir à Yuriko ces choses volontairement, l’aiguiller et la pousser à le trouver. Plaisir, faim, odeur de rôtie, tout le bonheur et la satiété que pouvait offrir la simple entrée dans un tel stand. Et le gagnant dans cette histoire ? Car il la savait douée et forte dans la sensorialité, et pouvait à tout moment tomber sur elle. Ainsi, celui des deux qui trouveraient l’autre en premier aurait le droit à l’effet de surprise et d’un éventuel gage ou service dans sa poche … Affaire intéressante.

Pourtant, tout ne semblait pas si évident pour lui. Là, dans les méandres de son âme persistait un doute, une petite appréhension quant à ces retrouvailles. Pas dans le sens négatif du terme … Seulement, de ce qu’il ne s’avouait pas tant. Des réminiscences de ces premières rencontres, de ces nuits gâchées par ses visions d’une mort traumatique où membres et recrues intrigués firent appel à Yuriko. Il se demandait si cela pouvait être un fardeau pour elle. Ou si même lui aurait pu être un danger pour elle durant ces moments. Non … Impossible. Soupir entrelacé d’un regard subitement plus concentré et porté vers les cieux. Difficile pour un être solitaire de se rendre compte de la complexité d’un tel lien avec l’âme d’une autre personne.

Hrp: