Depuis le milieu d'après-midi, la brume s'est levée sur toute la colline. Lentement, le soleil a commencé à décliner. La luminosité baisse désormais sur la colline de Kintai et ses alentours. Déjà, de nombreux shinigmamis se sont regroupés sur ces terres maudites qui ont le don d'attirer, à chaque pleine lune, les âmes viciées du Nihon. Les autochtones, qui ont colonisé ce lieu où furent massacrés nombre d'Ebisu, ont malheureusement l'habitude de ce phénomène.

Ce qui est sur le point de se passer est pourtant tout sauf habituel. Pour la deuxième fois seulement de mémoire de shinigami, la lune sera ce soir vêtue d'une robe anormalement rouge. Rouge sang. Une teinte que tous devraient prendre comme un avertissement : cette nuit sera effroyable. Tout comme il y a plus de trois siècles, un massacre est sur le point d'avoir lieu sur ces terres. Reste à savoir qui en ressortira vainqueur.


Comme tous les autres shinigamis dépêchés sur le terrain, je participe d'arrache-pied aux derniers préparatifs. Le temps nous est compté, et nous nous affairons tous afin de profiter des dernières minutes de clarté avant que le soleil ne se couche totalement. Alors que les émissaires des autres divisions n'ont que le combat à venir en tête, mes comparses de la sixième division et moi-même devons encore régler et organiser les derniers détails.

Parmi ces dernières préoccupations se trouvent encore un bon lot d'amulettes sacrées qui n'ont pas été distribuées. Nombre de présents n'ont pas reçu la leur, ou ont affirmé ne pas en avoir besoin et ne pas croire en ces grigris. Tant pis pour eux. Quoi qu'il en soit, l'un de mes rôles avant que ne commence l'affrontement est de m'assurer qu'un maximum des nôtres portent la leur. Je distribue donc les caisses et les sacoches les contenant à droite et à gauche, avec l'aide de certains collègues. J'ai évidemment pour ma part déjà mon propre grigri sur moi depuis bien longtemps.



Alors que le jour décline, je me sens étrangement seule. Pour la première fois depuis quelques jours, je n'entends pas la voix d'Ishizumi Shina résonner dans mon esprit. Elle n'habite pas mon monde intérieur, ce soir. Pour éviter de l'abîmer, ou pire, j'ai laissé le shamisen auquel est lié son âme à l'Itsukushima-jinja. Je n'aurais jamais cru dire ça d'un esprit dont on croyait d'abord qu'elle voulait tous nous rendre fous mais, aussi bizarre que cela puisse paraître, elle me manque.

J'aurais bien eu besoin de sa présence et de ses mots toujours rassurants en ces instants. La pénombre commence à gagner les environs. Dans quelques minutes, tout au plus moins d'une heure, il fera nuit. Au loin, il est déjà possible de commencer à entendre les hurlements effroyablement caractéristiques des yōkai. Le moment fatidique approche. Nous en sortirons-nous tous indemnes ? Rien n'est moins sûr.

HRP, IMPORTANT:

Rappel de l'intitulé du contrat:

Était-ce la dernière fois que je voyais l’aurore ? Voir le soleil se lever pour la dernière fois ? Ne reverrais-je jamais la Lune argentée ? Au cas où, j’avais passé la nuit à la contempler depuis le toit du Temple Itsukushima. En me racontant se conte qui me hantait depuis des années…

“Un jour, il y a bien longtemps de cela, Taiyo-sama (Le Soleil)  alla voir Tsuki-sama (La Lune) et lui proposa de manger leurs enfants qui leur causaient bien des problèmes. Tsuki-sama accepta, mais trouvant qu’il serait horrible de manger ses propres enfants, il eut l’idée de manger ceux de Taiyo-sama, et que ce dernier mange les siens.

Chaque jour, Taiyo-sama mange les enfants que Tsuki-sama lui envoie. Cependant… Il ne s’agit pas des enfants lunaires, mais de ses propres enfants déguisés par Tsuki-sama !

Ainsi, Taiyou-sama a perdu tous ses enfants tandis que Tsuki-sama a préservé les siens. Nous pouvons les contempler dans les cieux lorsque la nuit tombe, accompagnant la Lune brillant dans le ciel obscur sous forme d’étoile. Alors que le jour, le Soleil reste seul…

La Légende raconte que lorsque Taiyo-sama s’est aperçu de la trahison de Tsuki-sama, il s’est lancé à sa poursuite, mais n’arrive pas à le rattraper. Encore aujourd’hui, il continue sa traque, rêvant de vengeance…”

Je me rappelle… Ce qui s’était passé ce soir-là… La lune était aussi rouge que le sang frais… Tous ces Yokais… Tous ces morts… Ceux que je n’avais pas pu protéger… Et, surtout, ce que j’avais vu : la vérité.



Je savais ce que cette lune rouge signifiait. Du moins, j’avais une idée d’où elle pouvait provenir. Oui, j’étais un survivant du dernier Hyakki Yakō. Et j’allais revivre ce cauchemar… Ces combats qui semblaient sans fin… Perdre ses camarades… Et surtout… Hikari…

« N’arrête jamais… de sourire... »

Comment sourire alors que le jour de ta mort se lève ? Et que la nuit de ton dernier soupire se rapproche ? Et puis… « La parade nocturne des 100 démons » n’avait rien de jovial. On parlait quand même de démon. De dé-mon. DE-MON. Vous n’avez rien de plus morbide comme fête ? … Non, en fait, ne répondez pas…

Depuis ce soir-là, depuis la mort d’Hikari, je n’avais plus qu’une idée en tête : changer le cycle des âmes. Ne plus avoir d’âme se changeant en Yokai qui causaient meurtre, destruction et désespoir. Mais, rien n’avait changé depuis la dernière fois. Si ce n’était que la guerre était terminée. Malheureusement, Hikari n’avait pas vécu assez longtemps sa vie de Shinigami pour le voir… Et je le regrettai.  

Cela depuis un bon moment que ma division, la Rokubantai, se préparait pour ce jour fatidique. Je pris l’un des allumettes que les membres avaient insufflés d’énergie spirituelle. Il était vrai que plusieurs Shinigami de d’autres Divisions ne croyaient pas en la chance, mais à la force brute. Personnellement, je ne perdais rien à en avoir une sur moi. Il ne fallait pas juste compter seulement sur elle, voilà tout. Toute la Rokubantai se chargeait des derniers préparatifs. Je restais sur mon toit, pendant ce temps, toujours perdue dans mes pensées, dans un coin. On m’avait informé que certains Shinigami ne voulait pas de ces allumettes… Eh bien, ça en fera plus pour d’autre.

L’on m’avait chargé de participer à cette mission, vu que j’avais survécu à la dernière et unique Lune de Sang. Était-ce devenu ma malédiction ? Sous prétexte que le ciel m’avait épargné ce soir-là, je devais recommencer tous les 100 ans jusqu’à ce que je crève ?

D’autres membres des autres divisions étaient venus nous aider. Ils se préparaient pour la bataille. C’était triste à dire, mais ils n’allaient pas tous survivre. Nul ne savait ce qui nous attend. Cependant, ils étaient sous ma responsabilité. J’aurai leur sang dans mes mains. Leur mort dans mon âme.
Maintenant, il ne restait qu’une heure avant que la lune se lève. Que le soleil se couche. Profiter de ses derniers rayons. Il était temps de rejoindre tout le monde. Lorsque les Shinigami se mirent en ligne, prêt à attendre le début des festivités morbides, je leur offris un petit discours.


Oui bon je n’avais pas précisé que ce que j’allais dire serait positif.


Je dégainais mon Zanpakuto.




« N’arrête jamais… de sourire... »

Immobile au milieu de la foule, tu regardes l’amulette que tu as pris et qui pend désormais autour de ton cou. La tenant d’une main, tu l’observes avec attention, la tourne et la retourne, comme pour tenter d’en trouver le sens, une indication qu’il ne s’agit pas là que de légendes et que celle-ci peut réellement vous aider. Parce qu’au final, tu ne sais pas trop ce que tu fais ici, ce que tu es censée faire ici. Ou enfin, si, tu sais, personne ne t’a largué ici sans te prévenir de ce qui allait venir, mais tu ne peux que te demander : pourquoi toi ? Pourquoi toi, simple recrue des Mandes-Tempêtes ? Parce que ton supérieur a vu du potentiel en toi ? Parce que tu es capable de prouesses avec le kido que certains n’auraient pas suspecté de toi ? Parce que la puissance de tes sorts est capable de concurrencer celle des plus hauts gradés de votre division ? Peu t’importe, en vrai. Tu sais juste que ça ne te plaît pas d’être ici.

Ça ne te plaît pas parce que c’est dangereux. Parce que tu peux y risquer ta vie, face à cette vague incessante de Yokai qui allait vous malmener des heures durant. Parce que tu ne veux pas perdre la vie, pas comme ça. Parce que tu n’as pas envie de perdre Chiyo, pas envie de ne plus pouvoir t’endormir en rêvant d’elle, de te réveiller en espérant qu’un jour prochain elle soit dans tes bras. Parce que tu ne veux pas mourir sans tout lui avoir dit de ce que tu ressentais, sans lui avoir exprimé tes questionnements aussi, de cette impression, parfois, que vous ne faisiez qu’une. Qu’il y avait elle, qu’il y avait toi et que, parfois, il y avait vous deux, impossible à dissocier, ta vision changeant pour te montrer cette chevelure de feu qui n’était pas la tienne.

Toujours au milieu de la foule, tu entends un homme prendre la parole. Naturellement, tu lèves ton regard de glace vers lui, les sourcils légèrement froncés dès lors qu’il commence son discours. Et tu ne peux pas t’empêcher de sentir la peur monter en toi, sentiment insidieux, désagréable, qui te glace le sang, cherche presque à te paralyser. C’était déjà le cas avant mais là, c’est pire.

Parce que soit tu allais mourir.
Soit tu allais en souffrir.

Alors tu l’écoutes sans en être rassurée et si tu sais très bien qu’il s’agit-là de la réalité de l’événement, tu ne peux pas t’empêcher de te dire qu’il y a sans doute de meilleures façons de dire les choses. De ne pas vous inciter à fuir avant même que les premiers yokais aient pointé le bout de leur nez. Et c’est aussi pour cette raison que tu te retrouves à marmonner dans ta barbe… - C’est du kaido, pour les barrières, abruti. Tu ne sais pas trop si quelques uns autour de toi ont pu t’entendre, mais lui était trop loin pour ça alors ça te suffisait. Ta main toujours sur ton talisman, tu en viens à le serrer dans ta main, le suppliant presque, silencieusement, qu’il te permette de survivre à cette soirée. Que ça te soit suffisant pour te protéger.

Assis au coin d'un arbre, j'admirais le paysage brumeux s'étendant en dessous de la colline de Kintai. Les derniers rayons ambrés de l'astre solaire se reflétaient par moment à travers les infimes gouttes d'eau en suspension dans l'air, donnant naissance par la même occasion à un spectacle naturel à couper le souffle. Malheureusement, ce paysage onirique ne tardera sans doute pas à être perverti par la parade funeste prévue cette nuit.

Yokai de tous genres, de toutes tailles et de toutes puissances s'apprêtaient à fouler le sol de Yamaguchi semant destruction et désastre dans leur sillage lugubre. Ainsi, nombreux étaient ceux s'étant portés volontaires afin de prêter main forte à la Rokubantai dans le but de défendre leur territoire si lourd d'histoire. Ma présence ici était beaucoup moins du volontariat, mais plus une nécessité pour garantir ma survie cette nuit. Quelle idée d'accompagner l'Officier Sano tout ça pour être laissé seul ici ?

Un soupir m'échappa lentement me faisant prendre conscience de l'agitation qui s'était emprise de mes mains. Le crépuscule était toujours d'actualité et une peur primale, instinctive m'animait déjà. La parade nocturne des 100 démons était, de ce que j'avais compris, un évènement assez commun ici. Cependant, une lune écarlate était attendue ce soir et cela ne signifiait absolument rien de bon.

Étais-je à la hauteur pour survivre ce soir ? Il le faudra bien, car cette terre qui n'est pas la mienne ne peut être mon tombeau. Ne serait ce que pour  représenter fièrement ma division ou pouvoir donner une réponse adéquate au Kaiin Kanzetsu, je me devais de survivre. Mes mains se calmaient. Oui, je serai de ceux qui se vanteront d'avoir repoussé les hordes infernales, ceux qui enterreront nos frères et sœurs qui tomberont aujourd'hui.

Cette nouvelle détermination trouvée, je quittai mon siège afin de récupérer l'une des amulettes distribuée par la Kaiin Araiguma, la saluant brièvement d'un signe de la tête, l'heure nétant pas pour l'instant aux retrouvailles et aux. Je ne croyais pas forcément à l'utilité de ces grigris cependant, si les experts du phénomène que nous affronteront ce soir ont pris le temps de les confectionner afin de protéger un maximum de personnes, j'étais prêt à placer ma confiance en ce porte-bonheur.

Je remarquai alors une foule s'amasser au centre du petit camp installé. Me plaçant au milieu, je reconnus très vite l 'orateur surtout par la crudité de ses propos. Le Joukan Masamune était un homme direct, franc et quelque peu impulsif, sans doute trop même, le souvenir de ses salutations lors de notre aventure au fin fond de Tottori toujours vif dans ma mémoire. Cependant, même s'il manquait sans doute de tact, ses propos étaient vrais et résonnaient dans mon cœur de Marche-Faille, le Joukan aurait sans doute pu trouver sa place dans la Yonbantai.

C'est alors qu'un léger murmure provenant de ma gauche me parvînt aux oreilles, celui-ci m'arrachant un vif ricanement. Son propriétaire n'était autre qu'un jeune femme aux cheveux argentés, l'appréhension de la nuit à venir visible à la manière dont elle tenait son talisman.

– Vous, moi et même cet "abruti" nous allons survivre à cette nuit. Ne reposez pas vos espoirs sur ce talisman, placez les plutôt sur vous-même, vos capacités et les autres shinigamis ici-présent. Qu'on le veuille ou non, ce soir, nous sommes tous dans le même bateau. S'il coule ou non repose uniquement sur nos épaules à tous.

En chuchotant assez fort pour être entendu par les personnes assez proches de nous, j'essayais ne serait-ce que de calmer mon homologue et les autres autour de nous. Je n'avais pas soudainement gagner le courage d'affronter la mort de face comme si de rien n'était, loin de là. Cependant, cette peur était une variable libre que nous aurons à dompter et sagement utiliser si nous voulons voir encore la lueur du soleil. La laisser nous dominer nous condamnait déjà.

Me voilà débarrasser de toutes mes amulettes. Bien que certains n'ont pas souhaité récupérer la leur, d'autres ont tenu à en obtenir deux pour compenser. Je n'ai pas la moindre idée de si les effets bénéfiques qu'elles renferment seront alors doublés, mais ça me permet au moins de ne pas en avoir qui traînent, donc ça m'arrange.


Les différents discours se font entendre puis s'achèvent un à un. Tandis que certains braves essaient de rassurer ceux qui les entourent, les autres ne manifestent que leur fatalité quant aux sorts qui attend un grand nombre d'entre nous, ou des menaces à l'encontre des éventuels déserteurs. Rien de bien réjouissant ni très encourageant.


Il n'y a malheureusement plus le temps de corriger le tir. Je le vois bien aisément sur les visages des senseurs qui nous entourent, ainsi qu'à leur attitude qui change alors subitement : le cauchemar a commencé. Et il risque bien de durer tout au long de cette longue, longue, nuit où règneront la peur, la violence et la mort.

Le temps n'est plus à la discussion ni à l'anticipation. Des hurlements de plus en plus proches résonnent aux alentours. Il m'est déjà impossible de distinguer s'il s'agit des cris combatifs -ou parfois déjà de douleur- des shinigamis qui ont engagé le combat, ou de ceux des yōkai qui ont lancé la charge contre la colline maudite.


En compagnie de bon nombre des autres shinigamis, nous partons en direction des premiers affrontements. Bien qu'il ne faille pas laisser la cité fortifiée sans surveillance, il ne faut pas non plus laisser tomber les nôtres au combat. Notre escouade se précipite donc sur les lieux, dans le but d'écraser par le nombre les yōkai les plus faibles qui ont mené l'assaut.

Sur place, le combat fait déjà rage et les premiers blessés tombent déjà. À ce rythme, les affrontement de cette nuit risquent bien d'être effroyables. Il ne m'en faut guère plus pour choisir de foncer à mon tour dans la bataille. Chargeant mon énergie spirituelle dans mes jambes et mes poings, je me rue avec tous les autres dans la bataille. De tous les côtés, les coups partent et sont échangés entre shinigamis et monstrueuses aberrations.

La nuit ne fait que commencer et pourtant, déjà, je sens la difficulté de combattre en lourde infériorité numérique. Ça risque d'être une longue, longue, nuit...

Bagarre:

Je vous l’avais dit, j’étais nul pour les discours. Dire la réalité des choses pouvait affaiblir les esprits faibles. Vous me trouvez dur ? C’était l’effet de cette lune rouge. Au fond, je ne m’étais toujours pas pardonné d’avoir survécu à cette nuit, il y avait 100 ans. D’avoir laissé mes amis, surtout Hikari, mourir. Je m’en voulais de ne pas respecter cette promesse que je m’étais fait, à savoir changer ce cycle des âmes. Au contraire, en devenant Officier, je la continuais à la faire tourner. Tout comme je le faisais, ce soir.

Lorsque je tenus l’amulette autour de mon cou, je me sentis alors apaisé. J’avais l’impression qu’Hikari était là, malgré tout. Du moins, qu’elle était tout près. J’avais une idée du pourquoi je ressentais cela. Ou alors, ce n’était que mon imagination qui me jouait des tours. Tout allait bien se passer. Je survivrai à cette nuit, coûte que coûte. Et je minimiserai les pertes.


Une voix parvint à mes oreilles, encore. Cela arrivait de plus en plus fréquemment, ces temps-ci. Je savais de qui il s’agissait, au fond de moi. Je l’avais déjà entendu, auparavant, sans exactement le comprendre. Cependant, je ne pris pas beaucoup d’attention là-dessus. Cela avait commencé. La lune écarlate brillait dans le ciel sombre. Et ils étaient déjà là.


Ce n’était pas une question de force ou de puissance, mais d’endurance. Passer toute la nuit à se battre n’était pas une sinécure. Heureusement pour nous, à la différence des humains, que nous n’avions pas un besoin vital de sommeil. Cependant, faire des efforts consommait notre énergie.
La bataille avait commencé. Je faisais partie d’une escouade qui était partie sur le front. Je ne voulais pas me cacher derrière les autres et me contenter de donner des ordres. J’anéantissais le menu fretin sans réfléchir, voyant encore une fois d’autres Shinigamis tombés, comme la dernière fois. Je ne me laissai pas déconcentrer par cela. J’aurai le temps de les pleurer demain, quand j’aurai survécu. Un par un, je fendais les masques des Yokais qui se trouvaient dans mon chemin.  

HRP a écrit:Vincent est au front avec son escouade en train de bousiller du Yokai avec les attraits Soldat et Duelliste
Le premier dialogue vient du Zanpakuto de Sora qui tente de communiquer avec lui intérieurement.

Tu peux les sentir avant même de les voir, un frisson d’effroi descendant le long de ton échine. L’homme à tes côtés cherche à te rassurer, ou pas, tu sais pas trop, ses mots pouvant sembler rassurant avant qu’il ne vienne poser sur tes frêles épaules plus de responsabilités que tu ne peux en assumer. - J’ai pas demandé à porter autant de responsabilités. T’as pas demandé à être ici non plus. T’as pas demandé à être Shinigami. Tout ça, ce n’était qu’une vaste blague, une réalité que tu ne voulais pas, qui te pesait plus qu’elle t’apportait de joie, t’empêchant de vivre cette petite vie tranquille que tu désirais tant.

Tu ne voulais pas être ici.
Tu voulais être ailleurs.

Dans ses bras.

Et pour ça, il te fallait survivre. Et rentre.
En vie.

Il vous fallait protéger les humains, le village, des Yokais. Et, pour ce fait, tu ne pouvais pas aller en première ligne. Tu t’avances, mais pas trop, ton regard balayant les environs pour voir les monstres qui s’approchaient de vous. Tu inspires profondément avant de te lancer dans un aria, te trouvant en seconde ligne, encore en sécurité, pour le moment. - Dégagez par-là ! Ta voix se levant alors que tu désignes devant toi. - Ô scintillement du conquérant qui nous guide vers l'aurore, je t'implore de prêter l'oreille à ma voix. Tu vois les gens se décaler alors que, pour ta part, tu essaies de voir où lancer ton sort. Là où les Yokais seraient plus nombreux. - Prière sacrée, soit tissée pour l'éternité. Tu te retrouves avec des petits cailloux dans ta main que tu lances vers l’avant.

- Hadō n°83 : Dai Kōzui ! Les cailloux prennent de l’ampleur, plus gros encore avant d’être propulsés dans tous les Yokais qui se trouvaient devant vous, chacun d’entre eux explosant dès lors qu’ils entrèrent en contact avec le sol. La soirée commence et, déjà, tu en es à utiliser un tel sort, à aller chercher tes connaissances les plus puissantes. Tu te doutes que la soirée allait être longue, difficile, éprouvante même, et tu espères rester presque en sécurité, ici, derrière la première ligne.

Je restais muet face à la réplique de la nivéenne. Non pas que sa réponse me déconcertai d'une quelconque manière, non loin de là. Je comprenais parfaitement sa réaction et je n'étais évidemment pas le seul, doute et crainte se mêlant dans les regards de plus d'un misérable autour de nous, le discours du Joukan n'ayant vraisemblablement pas aider à renforcer le moral des troupes. Néanmoins, le temps n'était plus à l'hésitation. Prêt ou pas, déterminé ou apeuré, l'heure était désormais à la survie de sa propre personne et de toutes celles autour de soi.

Les yeux vers un ciel aussi inquiétant que les récits sur les ténèbres infinies du Dangai, j'observai alors la lune briller d'une vive lueur écarlate rappelant le sang coulant dans nos veines et destiner à repeindre ce soir les recoins de cette colline. L'astre lugubre avait enfin fait son apparition suivit de près par les premiers cris gutturaux des immondices se dirigeant sur nous.

Le chaos venait d'entamer sa douce symphonie dissonante, son audience partagée entre la précipitation au coupe-gorge ou la simple désertion, ces deux chemins empestant la mort peu importe le choix. Étrangement, je me sentais plus calme que ce que j'avais prévu, sensation s'étant emparé de mon être depuis que j'avais posé le talisman de la Rokubantai autour de mon cou. Cependant, le temps d'introspection nécessaire pour dénicher la véritable origine de cette étape vers l'ataraxie était compté. Il fallait que j'agisse.

C'est alors que j'aperçus le Joukan à l'apparence juvénile se diriger vers le front, accompagné d'une véritable escouade de shinigamis que je décidai de rejoindre, aucune autre option n'étant immédiatement favorable au succès de notre mission. Kuzurichō en main, je me postai alors en première ligne usant de ma vélocité, de mon aisance à l'épée et de ma force surhumaine pour tenter de repousser et occire les ennemis les plus proches, ce genre de Yokai de bas niveau étant presque semblables à des insectes face au danger affronté il y a quelque temps au fin fond de la forêt de Tottori.

Haletant et profitant d'une simili-pause pour reprendre mon souffle, je me trouvai à quelques mètres du Masamune. Ainsi, parlant assez fort pour être entendu par quiconque pouvant réaliser ma future requête, je l'interpellai, la situation ne m'empêchant cependant pas de chahuter un peu l'Officier.

– Masamune-dono ! Joli discours tout à l'heure, c'était censé nous motiver ? Bref, pouvez-vous essayer de repérer les Yokai plus puissants s'il y en a ou les Hanseisū les plus proches ? Nous ne pouvons pas continuer ce combat d'attrition pour toujours, il faut essayer de se débarrasser des plus dangereux ou chercher à porter secours aux humains qui se font actuellement attaqués !

Résumé-baston:

Alors que je m'attendais à ce que cette nuit d'effroi gagne petit à petit en intensité au fur et à mesure que les heures s'écoulent, voilà qu'une escouade entière se jette à corps perdue dans une bataille fort heureusement gagner d'avance. Porter secours aux quelques collègues peu aguerris aurait pu ne pas présenter le moindre obstacle, s'il ne s'était pas subitement mis à pleuvoir des gros cailloux.

Malgré le danger venu du ciel que représentent ces roches, elles ont l'avantage d'achever sans peine les quelques yōkai restant. Et comme le sortillège ne visitt pas les shinigamis mais bien le groupe de monstres, il n'est pas si compliqué d'en esquiver les retombées de quelques bas. Le seul réel petit soucis vient de l'éclatement des différentes pierres et des gravillons ainsi projetés qui viennent parfois à peine écorcher ma peau. Fort heureusement rien de bien grave.

C'est alors que j'aperçois la dernière monstruosité en date. Une liquide noirâtre dont émergent tout un tas de petites créatures qui, malgré leur air presque inoffensif à première vue, dégagent en réalité une importante énergie spirituelle. Leur nombre est désormais bien plus important que précédent, et quelques coups rapides risquent bientôt de devenir insignifiants face à la horde qui menace de s'abattre sur la colline.


Joignant le geste à la parole, j'attrape le bras d'un blessé situé non-loin de moi, le passant autour de mes épaules pour l'aider à galoper en direction des hautes murailles de pierre d'Iwakuni. C'est en crapahutant avec lui que je continue d'exposer la suite de mon plan. Je ne pense en effet pas qu'évacuer les civils soit une solution adéquat alors qu'ils ont bâti une belle forteresse qu'il nous suffit d'exploiter et de défendre.



Combien de temps s'est déjà écoulé depuis qu'ont débuté les hostilités ? Suffisamment pour commencer à avoir l'espoir d'en sortir vivants, peut-être. Pas assez longtemps pour commencer à apercevoir les premières lueur du jour, malheureusement, c'est sûr.

En pénétrant l'enceinte de la ville, je dépose le blessé que je supportais au sol. Voilà encore un problème dont il va falloir nous occuper. Les blessés vont être nombreux, et bon nombre n'auront pas le loisir d'attendre le matin pour que l'on s'occupe d'eux. Y a-t-il quoi que ce soit de prévu de ce côté là ? Je ne le sais même pas. Je n'ai malheureusement pas fait partie de ceux qui ont élaboré les préparatifs et les stratégies de ce soir.

Tout ce que je sais, c'est que ça n'a pour l'instant pas l'air de très bien fonctionner. Peut-être ne sommes nous pas assez préparés, ou pas assez coordonnés. Ou peut-être que certains choses n'ont tout simplement pas été prévues. Quoi qu'il en soit, je ne peux pas rester plantée là à attendre et à réfléchir. Je retourne me ficher près de la grande porte par laquelle je suis entrée, pour laisser entrer mes collègues et affronter d'éventuels yōkai. J'espère que les autres groupes font de même aux niveaux de leurs portes respectives...

Bagarre:

La bataille suivait son cours. Je fonçai vers un premier Yokai de premier cercle. Ce dernier prit un gros bout de terre - créant ainsi un cratère - et me le lança dans la figure. Avec mon Asauchi, je le divisai en deux, qui s’écrasèrent derrière moi. Je relevai la lame pour fendre le masque de mon adversaire qui disparut. Je sentais avec mon sixième sens un autre venir vers moi. En me retournant, je lui jetai mon Zanpakuto, qui tournait sur lui-même, et le décapitai. Je fonçai sur mon arme plantée pour le récupérer. Entretemps, Kusanagi vint me demander une requête : déterminer où se trouvait les Yokais les plus forts et les plus faibles. En contrant l’attaque d’un autre Yokai, je lui répondis :


Je repoussai mon agresseur et lui fit une attaque transversale retournée sur le crâne. Un autre me rejoignit sur la droite. J’étais prêt à en découvre. Soudain, une pierre fonça droit sur nous et explosa à l’impact. Je me protégeais avec mon sabre, mais quelques débris effleuraient ma peau. Rien de grave. Mes pieds restaient plantés au sol, ne me faisant pas projeté par la puissance de l’impact. Quelle sort terrifiant… Qui était l’abruti qui l’avait jeté sans réfléchir ?! Bon, ma foi, au moins, cela avait diminué le nombre des Yokais.
Je courrai pour éviter de me farcir d’autres explosions. Lorsque, à ce moment-là, quelque chose d’inédit, qui ne s’était pas produit la dernière, eut lieu. Le ciel… il se déchirait. Et une sorte de liquide d’une noirceur profonde en coulait. Je pouvais le sentir… Ces Yokais… ils n’avaient rien à voir avec les premiers. Je répondis alors à Kusanagi avec ironie.




Si certains avaient décidé de retourner dans la cité pour s’occuper des blessés, d’autres continuaient de s’approcher de la colline pour faire face aux Yokais. La stratégie de Mukuge était bonne, il fallait le reconnaitre.


Je regardais ce qu’il se passait autour de moi. Le Kido avait provoqué un incendie. La colline était en feu. Des Shinigami qui courraient en portant des blessés sur leurs épaules. D’autres qui engageaient le combat. Je décidai de rester. Ma place était au premier rang. Je faisais confiance aux autres pour protéger les civils. Je fis un pas vers la colline quand, soudain, je vis une horde de Yokai s’attaquant à…


Non, cela ne pouvait être possible… Elle… Non, Sora, reprend toi. Hikari était morte. Elle n’était pas la seule fille à avoir des cheveux roux comme ça ! En tout cas, qui que ce soit, la personne était en danger.


Je courrai vers la horde de Yokai en prenant un deuxième Zanpakuto planté sur le sol et le lançai telle un boomerang sur eux, faisant attention à ne pas viser la fille. J’avais une impression de déjà-vu… Elle était dans le même état qu’Hikari la dernière fois ! Je ne voulais pas revivre ce cauchemar, hors de question de perdre encore une personne sous mes yeux… Et que cette lune me l’enlève encore une fois !
Mais était-ce vraiment elle ? Pour être sûr, j'utilisai mon sixième sens pour le vérifier...

Le chaos qui s'était estompé lors d'un court instant reprit de plus belle lorsqu'une infinité de roches surgit de l'arrière de nos rangs. L'accalmie précédente me permettant d'entendre l'agitation, je réussis in-extremis à esquiver l'attaque en m'écartant vers la gauche, certaines pierres m'effleurant cependant assez pour légèrement teinter de rouge ma tenue au niveau de ma cuisse droite. Des égratignures, rien de bien dramatique.

Néanmoins, ce moment d'inattention faillit me coûter cher lorsqu'une abomination se jeta sur moi, ses griffes acérées laissant dans leur sillage une légère trace écarlate sur mon bras gauche, atténuée uniquement par mes réflexes et mes muscles supérieurs à la moyenne. Je m'empressai alors d'occire la créature lorsque le ciel se fendit, une faille apparaissant au-dessus de nos têtes. Un liquide pâteux et obscur s'en échappait pour former de nouvelles monstruosités une fois le sol atteint. Mon compagnon me confirma d'emblée leur puissance supérieure au précédent, son sarcasme étant complètement perdu dans le sérieux de la situation.  

– Qu'est-ce que c'est que ça bordel ? Ça arrive souvent par chez vous ce genre de phénomènes ?

Plus surpris qu'embêté, le souvenir de Tottori me revînt en mémoire en guise de réponse personnelle. Le territoire des Parle-Esprits semblait receler de mystères aussi étranges que dangereux. Le bon côté de la chose, c'est qu'il ne semblait pas s'agir de faille du Dangai. En effet, la brèche sous nos yeux recrachait des Yokais au lieu de les attirer.

Autour de moi, mes compagnons commençaient se réfugier derrière l'enceinte fortifiée de la cité, encouragés par Araiguma-senpai et l'«autre». Une perspective fort tentante surtout que la fatigue commençant à s'installer au sein des troupes se faisait de plus en plus sentir chez tout le monde, moi y compris.

Cependant, abandonner nos postes dans un chaos total ne laisserait que plus de chances aux Yokais de percer nos lignes défensives. La retraite se devait donc d'être un minimum ordonnée. Et si aucun haut gradé ne le voyait, je me devais alors de le faire, ne serait-ce que pour ne pas gaspiller ma propre vie sur cette maudite colline.



Je me hissai alors sur un rocher légèrement en hauteur afin d'être visible par un maximum de shinigamis. Mon objectif ? Galvaniser les troupes malgré la présence de la plus jalouse des amantes tout autour de nous. Ainsi, je m'adressai à tous aussi fort que je le pouvais.

–  Soeurs et frères d'armes ! Nos camarades ont commencé à se réfugier dans la cité avec les blessés. Tout comme vous, il me tarde de les rejoindre au plus vite. Cependant ! Reculez maintenant signera non seulement notre arrêt de mort, mais aussi celui des civils et de nos blessés. Notre retraite se fera lorsque la seconde ligne aura atteint les murs. Jusque-là, nous avons le devoir... non l'obligation de repousser nos ennemis ! Que ce soit avec vos poings, vos asauchis ou vos dents, battez-vous jusqu'à la fin pour honorer tous ceux qui sont tombés à vos côtés ! Enragez-vous camarades ! Rugissez ! Et combattez jusqu'au bout !

Ses derniers prononcés, j'aperçus le Joukan Masamune s'avancer dans la horde d'abominations. Si je ne voyais pas moi aussi son objectif, je lui aurai définitivement coller l'étiquette d'imbécile. Néanmoins, son objectif était noble et prioriser la vie d'un maximum de troupe ne pouvait que nous être bénéfiques.

Poids allégé et pieds bien ancrés sur la roche, j'usai de ma force surhumaine pour me propulser en direction de l'Officier juvénile, le sabre levé des deux mains au-dessus de mes épaules pour délivrer un terrible coup à mon atterrissage au Yokai le plus proche et cela aussi fort que je le pouvais.

Résumé-baston:

Le pauvre asauchi sans maître que tu as lancé contre les monstruosité fait mouche et tue sur le coup l'un des monstres que tu visais. Il tombe au sol un peu plus loin, sans inquiéter outre mesure les yōkai restant contre elle. Bien vivants, et sans doute même un peu énervés par ton action, ils redoublent d'efforts pour achever la pauvre shinigami et passer à leur proie suivante.

Grâce à tes talents de senseur, tu te rends compte que la silhouette émet bel et bien la signature spirituelle d'une shinigami. Tes souvenirs sont un peu brouillés depuis le temps, et ta mémoire n'est peut-être pas digne de confiance à 100% dans cette situation qui te rappelle ton traumatisme, mais tu mettrais ta main à couper qu'il s'agit de la pression spirituelle d'Hikari.

Malgré ton intervention, la jeune femme aux cheveux rouges est toujours en bien mauvaise posture. Toujours en infériorité numérique, elle se fait une nouvelle fois blesser par un coup de griffe qu'elle n'a pas été en mesure de parer. Lancer des trucs ne suffira pas, il va falloir aller donner de ta personne pour l'aider convenablement : en effet, même si tu parvenais à abattre ses adversaires de loin, elle n'a clairement pas l'air en mesure de se déplacer d'elle-même après tout ça.

Pourquoi ?

Tu as l'impression d'avoir entendu quelque chose. Ce mot est arrivé à tes oreilles et pourtant, il n'y a personne derrière toi. À part un cadavre que tu viens de passer, et qui n'est clairement pas en mesure d'avoir émit le murmure que tu as entendu. Sans doute as-tu rêvé... Tu reprends ta route sans davantage t'en préoccuper, Asobizuki dans ta main, pendant quelques pas.

Pourquoi ?!

Encore. Bien plus clairement, cette fois. Il n'y a désormais plus place au doute. Tu es maintenant certain d'avoir bel et bien entendu quelque chose. Mais, étrangement, tu jurerais que la seconde voix n'était pas la même que la première. C'est à n'y rien comprendre. Es-tu en train de perdre la tête à cause de cette nuit cauchemardesque et traumatisante qui pèse sur les esprits de chacun ?

Traître. Lâche. Infidèle. Tu nous as abandonnés. Tu avais juré de nous protéger, et nous sommes morts à cause de toi.

Cette fois, tu es capable d'entendre une phrase entière. Sans bonjour ni politesse, voilà que ces voix t'accusent de leurs maux. Mais quelle est donc cette diablerie qui t'assaille désormais ?! Sont-ce les âmes des tombés au combats qui reviennent te hanter ? Encore une question qui restera pour l'instant sans réponse...

D'aucun aurait pu croire que ces deux-là avaient péri sous les coups des yōkai qu'ils ont dû affronter lors de cette nuit cauchemardesque. Il n'en est cependant rien - du moins pour l'instant. Parmi tous les émissaires des différentes divisions que l'on n'a pas vu depuis un petit moment désormais, les deux représentants des Premier-Nés se sont retrouvés isolés tous les deux, en mesure de ne compter que l'un sur l'autre. Bien trop en contrebas de la colline, ils sont dans l'incapacité de rejoindre la forteresse sans devoir au préalable affronter de bien trop nombreux yōkai.

Ils sont même en réalité bien plus proches des escouades chargées du périmètre large autour de la colline, qu'ils aperçoivent ou aident parfois durant leurs péripéties. Dans une position délicate et que personne ne leur envie, ils sont donc contraints de s'entraider pour survivre, parfois dans une position dos-à-dos très clichée mais toujours aussi stylée qui leur permet de grandement réduire leur angle mort. Les deux émissaires de la première division se battent comme des petits diables et ne laissent aucune chance aux monstres fort heureusement un peu faibles qui osent tenter leur chance contre eux.

Cela ne se voit peut-être pas plus haut sur la colline à proximité d'Iwakuni, tant certains se font malgré tout submerger par la vague des monstres, mais l'existence de ce genre de regroupements ça et là et l'action des groupes armés chargés de protégé le périmètre étendu sont en réalité une véritable bouffée d'air frais. Sans eux et sans leur bataille acharnée contre les yōkai égarés ou venant de bien plus loin dans Chūgoku, le nombre de démons envahissant la colline serait en effet bien plus élevé et il serait encore plus compliqué de les affronter.

Bien à l'abri derrière les murs de pierre de la cité fortifiée d'Iwakuni, j'ignore pour ma part en grande partie ce qui se déroule plus loin, en contrebas sur la colline. Les seules informations qui me parviennent sont les brides de témoignages rapportés par les shinigamis qui me rejoignent petit à petit et organisent avec moi la défense de ce bastion. Le premier groupe qui me rejoint semble être composé de nécromanciens aptes à l'utilisation du Kidō, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je leur intime alors l'ordre de se hisser sur les remparts afin de pouvoirs soutenir par leurs sortilèges nos frères d'armes encore aux prises avec les yōkai ou pour couvrir ceux qui essaieraient de se replier avec nous derrières les murailles.



Bien. Bien bien bien. À bien des égards, les choses ne se passent pas trop mal. Bien évidemment, de nombreux shinigamis ont malheureusement perdu la vie dans la bataille et tout ne se déroule pas au mieux, mais ça pourrait clairement être encore pire. Tandis que les nécromanciens entrés sont mon commandement se mettent en position et commencent même déjà à canarder le champ de bataille, je me détourne pour ma part afin d'essayer de m'occuper sommairement des premiers blessés qui nous sont amenés. Établir une zone capable d'accueillir et de prendre en charge les blessés me semble être une priorité absolue pour éviter d'avoir à compter davantage de décès.

Je ne possède malheureusement pas la moindre connaissance en médecine, et encore moins en Kaidō ce qui me serait pourtant d'une terrible utilité, mais en plus d'un siècle j'ai tout de même eu le temps d'apprendre à faire des bandages. Les tissus utilisés ne sont pas toujours les plus propres qui soit, mais je me dis que c'est mieux que rien et que de laisser à l'air libre. Et puis, des spécialistes pourront prendre le relais un peu plus tard, lorsqu'un ou deux médecins arriveront à leur tour à la forteresse.


Un ordre que les shinigamis qui rejoignent la forteresse risquent d'entendre à de nombreuses reprises tant je le répète à chacun des arrivants. En effet, si ces remparts représentent l'un de nos espoirs pour survivre à cette nuit cauchemardesque, les portes sont les clés de voûte qui permettent à ce bastion de faire son office. Si d'aventure les yōkai parvenaient à les passer, c'en serait probablement fini de nous.

Bagarre:

Un siècle… Un siècle que cette Lune Rouge hantait ma tête… Que je n’avais sans cesse me demander ce que c’était réellement… Quelle erreur j’avais pu commettre ce soir-là… Un siècle où je m’en voulais intérieurement à cause de ma faiblesse… Chaque jour, je respectais ma promesse de continuer de sourire malgré tout… Mais, pour être honnête, mon cœur était lourd. Elle faisait toujours partie de moi.

C’était pour cela que, à l’instant où je sentais que sa signature spirituelle me rappelait celle d’Hikari… pendant un instant… mon âme s’embrasa d’espoir.


Il y avait tant de questions que mon impatience sommait avoir les réponses maintenant. Mais, Hikari ou pas Hikari, cette rouquine était en danger. Je ne pouvais pas la laisser au main des Yokais ! Déjà, j’en avais vaincu un. Je doublais d’effort, tentant d’accélérer au-delà de mes limites, pour arriver au niveau des Yokais. Une fois fait, je criai :


Je tranchai le premier Yokai qui se trouvait devant moi. J’enchainai ensuite en m’occupant de celui qui tenait le bras d’Hikari, en coupant la main du monstre hideux, dont le corps commençait à s’embraser par des flammes bleues. Ensuite, je plantai au niveau du masque celui qui s’apprêtait à l’attaquer. Comme ils étaient nombreux, je les attaquai tous en même temps en tourbillonnant sur moi-même avec mon Zanpakuto embrasé, faisant attention à ne pas toucher Hikari... si c'était vraiment elle.

Attraits utilisés:

Que venait-il de se passer au juste ? Fendant sur ma proie tel un rapace, je m'attendais à heurter le sol avec fracas, la cible de mon assaut surpuissant réduite en charpie. À la place, me voici repoussé par l'un de ces démons formés par le liquide poisseux, mon atterrissage se faisant cependant en douceur aux côtés de mes alliés notamment grâce à ma maîtrise surnaturele de mon poids.

Que diable étaient donc ces créatures ? Et surtout depuis quand une âme corrompue apparaissait de nulle part ? Étaient-ce la nouvelle forme des victimes innocentes du carnage se déroulant sous le regard froid et cruel de l'astre lunaire ? Cependant, une chose n'était pas du tout logique. S'il s'agissait bien d'engeances démoniaques nouvellement formées comment expliquer leur déplacement inhabituel et surtout ce potentiel spirituel étonnement élevé pour des nouveaux nés ? L'on m'avait averti du cauchemar que serait cette nuit, néanmoins, les forces en jeu ce soir semblent beaucoup plus sinistres que ce que je pensais.

Mais l'heure n'était pas aux méditations, mais plutôt à l'action. Et de la façon dont mes troupes se sont stoppées en me voyant voltiger, il fallait reprendre le contrôle de cette bataille. Ainsi, par la familière incantation, je libérai la puissance cachée de ma trancheuse d'âmes avant de repousser du mieux que je pouvais les atrocités en voulant à ma vie.

– Engloutis, Kuzurichō !

Le sobriquet prononcé et le katana libéré, je m'empressai de tisser un amas conséquent de soie, une sphère aussi large que le tronc d'un jeune arbre se formais à la pointe de l'épée. Dès lors, je reculai un peu afin d'éviter tous becs, griffes et crocs puis j'augmentai le volume de ma voix afin d'être audible par tous les braves dont les cœurs ont résonné avec mes paroles.

– Ne vous découragez point frères et sœurs ! Vous ! Essayez de créer un chemin jusqu'au Joukan Masamune et aidez-le à repousser ces abominations et tâchez surtout de revenir en vie ! Les autres, avec moi ! Nous allons mettre fin à cette folie.

Alors, le piège se mit enfin en action. D'un mouvement fluide en direction des Yokais supérieurs, la sphère quitta mon arme avant de s'étendre en plein air de sorte à former un large voile épais de soie collante élastique, similaire à un grand filet de pêche n'épargnant aucun fretin sur son passage. Arrivant de face aux six êtres corrompus, le filet gênera sans doute leurs mouvements. Je tentai alors, dans une charge éclair supportée par mes muscles hors du commun des humains, une décapitation de l'un de ses Yokai. Ma lame recouverte d'une fine couche de soie tissée juste après la projection, j'espérais, si l'os se montrait trop résistant, profiter des particularités collante et élastique de ma soie pour acquérir un bouclier démoniaque.

Résumé-baston:

Les yōkai assez imprudents pour s'en prendre à ton amie ne font pas long feu face tes flammes. Une à une, les âmes viciées s'éteignent sous tes coups. Tu es une véritable providence pour Hikari, qui est fort mal en point.

Enfin sauvée des monstres qui la tourmentent, elle s'écroule dans tes bras, soudainement rattrapée par la fatigue et la gravité de ses blessures. Elle a clairement besoin à la fois de soins et de repos. Tu peux en effet te rendre compte qu'elle est si mal en point qu'une odeur de sang l'entoure.


Si tu la rattrapes lorsqu'elle s'effondre, tes mains se couvrent bien vite de la texture poisseuse du sang de la rouquine, t'alarmant sur l'urgence de la situation. Malgré tout, elle tend le visage vers le tien et tente d'atteindre tes lèvres avec les siennes.

Malgré ton invitation à la limite de la provocation, les voix qui perçaient jusqu'alors se taisent désormais. À la place, un vent sinistre se lève autour de toi. L'ambiance commence à devenir lugubre tandis que de mesquins ricanements d'outre-tombe se font entendre autour de toi.

Tu as alors la bonne idée d'utiliser la sensorialité pour déceler l'origine de ces voix qui te harcèlent. Tes yeux sont peut-être faillibles mais ton don ne saurait, lui, souffrir des défauts de la vue. C'est du moins ce que tu croyais. Avec la multitude d'âmes qui t'entourent, soldats comme défauts, et s'affrontent en changeant sans arrêt de position, impossible de déceler d'où proviennent ces voix.

Impossible ? Pas tout à fait. C'est bien en comparant ce que te renvoie ton don et ce que voient tes yeux que tu remarques ce qui cloche. Là, non loin de toi, alors que tu jurerais ne rien voir, tu décèles trois signatures spirituelles qui tournoient autour de toi. Il n'en faut pas plus pour que tu comprennes que ces trois énergies, bien qu'invisibles, ont définitivement quelque chose à voir avec le vent qui s'est levé.

Les deux vaillant guerriers n'ont que cesse de pourfendre les abominations qui croisent leur chemin. Égarés parmi les arbres qui parsèment la colline, ils peinent à retrouver leur chemin vers l'affrontement principal qui se tient à quelques centaines de mètres d'eux. Ils se dirigent même en réalité dans la direction opposée, malgré leur soif d'en découdre.

Vous deux ! Trainez pas là-bas, venez plutôt prêter main forte ici !!

Ils se font alpaguer par un autre groupe de shinigamis, qui ont grandement besoin d'aide. En effet, si la bataille qui fait rage à flanc de colline accapare toutes les attentions, les yōkai qui affluent de toute la province se font eux aussi de plus en plus nombreux. Si bien que plusieurs groupes chargés d'établir un périmètre étendu se voient obligés de battre en retraite vers la forteresse.

L'avantage, c'est que les groupes qui remontent en direction de la colline vont prendre les abominations déjà présentes en étaux et faciliter leur élimination. Le problème, c'est qu'il n'y aura dès à présent plus personne pour retenir les yōkai sauvages affluents de toute la région, attirés par l'odeur du son et des nombreuses âmes à dévorer.

Je commence à prendre conscience du poids qui repose sur les épaules des meneurs militaires et à subir le stress de ceux qui tiennent la vie de leurs soldats entre leurs mains. Et plutôt littéralement, dans mon cas. Les mains tachées de sang, je peine à bander convenablement les plaies du blessés sous ma responsable.


Je le sens, je le sais, la vie de l'homme dont je m'occupe ne tient plus qu'à un fil. Un fil que je ne suis pas capable de préserver. Adossé contre un mur, il grogne péniblement de douleur. Un râle si faible qu'on dirait un simple soupir. Je ne suis même pas certaine qu'il soit encore conscient.

Je ne peux plus rien pour lui, et je continue pourtant d'essayer. Je ne sais même pas ce que je devrais dire pour accompagner son départ. « Je suis désolée » ? Trop égocentrique. « Tu ne souffriras plus, désormais » ? Trop dramatique. « Tu ne mourras pas en vain » ? Je n'en sais en réalité encore rien.

Je reste donc silencieuse alors qu'il rend son dernier souffle. La panique et la culpabilité commencent à me gagner. Et si je ne parvenais a sauver personne d'autre ? Et si je n'étais pas capable de prendre en charge les autres blessés qui continuent d'affluer ? C'est même une certitude, je n'en suis pas capable. Et aucun des nécromanciens qui m'a pour l'instant rejointe non plus.


Ce n'est pas à eux d'assumer la tâche d'aller chercher de l'aide. Ils ont déjà bien assez de tâches à remplir et de responsabilités sur leurs épaules : si notre bastion tombe, c'est notre armée toute entière qui risque de péricliter. En tant que supérieure, il serait donc fort irresponsable de leur rajouter un nouveau fardeau.

Il serait également bien mal avisé de ne pas leur prêter main forte au front. Je n'ai par chance pas besoin de choisir entre aller chercher de l'aide et aider ma troupe. Tout en m'avançant vers les portes pour aider à leur défense et à l'accueil de ceux qui nous rejoignent, je récite l'aria d'un sortilège de kidō.


Le papillon, en bon pollinisateur, répandra mon information comme une traînée de poudre. Du moins, je l'espère. Mon message se veut concis et clair : « J'ai besoin de soigneurs et de gardes dans l'enceinte de la forteresse. Si vous êtes médecin ou que vos sortilèges peuvent être utiles à distance, rejoignez moi. Concentrons nos forces ! »

Ma tentative avait réussi. Les Yokais étaient consumés par les flammes bleuâtres de ma lame. Je me tournai vers Hikari. Il n’y avait pas à dire, en regardant de plus près, c’était bien elle. Le même regard. La même voix. Le même sourire. Je l’attrapai dans son effondrement. Son état était critique. Je restais sans voix. Les yeux écarquillés. Le choc et la surprise me paralysaient pendant un moment. Cette Lune de Sang. Longtemps, je m’étais toujours demandé si elle avait un lien avec le Havre des Esprits…

Dans mon entrave, Hikari profita pour vouloir m’embrasser. Je me laissais faire. Je… Non vous n’aurez aucun détail sur la sensation que cela procure d’entrer en contact des lèvres d’une autre avec les siennes. Juste, j’avais toujours cru que ça aurait le goût de la fraise. Ou du miel. Ou d’un mélange des deux. Bref. Pendant ce court instant, le temps autour de nous semblait s’être arrêté. Puis, soudain…



Surpris par ce cri, je reculais vite ma tête. A côté de moi se trouvait… WHAT THE FUCK ?! L’esprit frappeur de la dernière fois ! Non, attendez… Ne me dites pas que ce petit bonhomme squelettique avec un manteau à capuche bleu et un pantalon noir où il mettait ses mains dans ses poches était…


HANTEI ??????? Wow, alors l’esprit frappeur qui terrorisait les recrues de la Rokubantai était… MON PROPRE ZANPAKUTO ?! HAN LE SALAUD, J’Y CROIS PAS ?! Attendez… Je pouvais le comprend parfaitement, en plus ! Comment c’était possible ?! Ô, Kami-sama ! Qu’ais-je fais pour que vous ne m’épargniez pas un enchainement de choc ce soir ? Qu’ais-je donc bien pu faire ?
… Oh mon Dieu, je commençais à parler comme Jinkei. Bon ça va, je ne m’étais pas nommé à la troisième personne.




Il avait vraiment un côté creepy. Si jamais je survivais à cette soirée… je ne pense pas survivre à mon propre Zanpakuto. Mais, il avait raison. Hikari était dans un état critique. Je ne pouvais pas rester là à rien faire. J'utilisais les flammes sur elle et... Non, en effet, les flammes de Hantei n'étaient pas suffisant pour la soigner. Je devais l’emmener vers la cité. Hikari ou pas Hikari, il fallait la soigner. Et puis… Nous l’interrogerons quant à sa véritable nature. Avant l’aube. Si cela se trouve, la Lune Rouge était la raison de sa présence ici. Je la portai derrière mon dos, ses bras sur mes épaules et couru en direction de la cité. Je devais aller faire vite et éviter que les Yokais m’attaquaient. Je criai au Shinigami se trouvant autour de moi :


Pour le moment inutile de préciser que cette blessée était morte il y avait plus d’un siècle. Je n’étais plus le même. Avant, j’aurais sans doute affirmé qu’il s’agissait bien d’elle. Qu’elle n’avait aucune mauvaise intention. C’était notre alliée. Mais, maintenant… Place au doute. Même si ce baiser n’était pas si mal… Ma mère sera contente, j’ai enfin pécho ! Ah oui, c’est vrai, j’ai pas de mère… Merde !