À quand remontait la dernière fois que tu étais remontée tout au nord du continent ? Cela faisait longtemps. Trop longtemps. Cela faisait tout aussi longtemps que tu n’avais pas eu de nouvelles de Yoh, ce dernier étant disparu en même temps que ta sœur. Tu avais tenté de la retrouver, les retrouver, pour que finalement ta route ne te ramène ici. Il était temps pour toi de te concentrer sur ce que l’avenir te réservait, sur ce que tu pouvais vivre au présent, plutôt que de chasser constamment un passé qui n’existait plus. Les secrets de ta mère auraient dû mourir avec cette dernière, Higanbana n’aurait jamais rien dû en savoir, parce qu’au final, tu aurais préféré ne jamais savoir ce qu’elle avait fait, tout ce qu’elle avait enseigné à son cher disciple.

Un épais manteau autour de tes épaules, tu le resserres alors que le vent souffle dedans, cherche à la balayer. Ton regard se pose alors sur la demoiselle qui se trouve à tes côtés, qui a dû, elle aussi, braver les intempéries pour te rejoindre au point de rendez-vous. - Maede Ichigo ? Tu inclines doucement la tête vers l’avant, la saluant poliment, avant de lui adresser un petit sourire. - Ko Sana. Tu te présentes, presque tentée d’ajouter ton grade alors que, finalement, ce dernier n’a plus son importance. N’existe plus. Tu as tiré un trait, pour le moment, sur ton grade d’officier lorsque tu as quitté la seconde division.

- Membre de la Panacée. Nouveau rôle, nouvelle division, chose qui te plaît autant que ça t’effraie, toujours assez incertaine lorsque tu te retrouves à devoir faire face à l’inconnu. - J’ignore si vous avez encore en tête ce que nous sommes supposés faire, mais j’ai une idée de comment on peut s’y prendre. J’ai un corps artificiel que je peux mettre pour entrer en contact avec les Ebisujins, ce qui pourrait nous permettre de suivre leur progression. En même temps, vous pourriez tenter de trouver où se cache celui qui tente de faire disparaître ce peuple. Malgré toi, tu prends les devants, peut-être de façon trop arrogante, ne cherchant toutefois pas à outrepasser ton rang. Les vieilles habitudes sont difficiles à faire taire et tu es autant tentée de protéger le peuple que d’éliminer le coupable, supposé prédateur qui ne tarderait pas à devenir votre proie.

Tu hoches doucement de la tête, ton sourire s’étirant très légèrement. - Alors vous pouvez vous contenter de Sana. Car tu n’as jamais aimé ton nom de famille, héritage que tu portais comme un fardeau, encore aujourd’hui. Plus encore aujourd’hui, même, alors que ton aînée était disparue et qu’une autre demoiselle s’était ajoutée à l’occasion. Un nom qui te pèse, t’écoeure, auquel tu ne voudrais plus avoir à faire. Tu poursuis alors avec ton idée, une suggestion que tu lui fais, en aucun cas une obligation, prête à l’écouter, à discuter, si elle avait autre chose à te proposer. Elle semble toutefois accepter ce que tu proposes et tu lui réponds donc à nouveau par un hochement de tête.

- Attendez. Avant qu’elle ne disparaisse à l’horizon. - S’il se passe quelque chose, je vous alerterai d’un sort. Tu ne savais pas encore lequel, juste que tu allais en utiliser un. Ça te semblait être le plus simple pour la contacter de loin, si le besoin se faisait sentir. - S’il y a une urgence, je parle. Autrement, je pense qu’on peut communiquer par Jigokucho ? Toi tu le peux, n’en sais rien pour elle, attend qu’elle confirme, ou propose autre chose, avant de la laisser partir et en faire de même.

Une fraction de seconde plus tard et tu te retrouves à manipuler ce corps devenu le tiens, tenue accessoire qui te permet d’interagir avec les humains. Tu refermes ton manteau un peu plus serré, ne souhaitant pas voir les basses températures venir abîmer le corps que tu avais mis tant de temps à perfectionner. Réalisation dont tu étais fière, création qui s’était avéré bien utile plus d’une fois. Tu t’approches, t’infiltres dans le village, tous prêts à partir. Tu sais que tu ne parviendras pas à te faire passer pour une Ebisujin, sans doute se montreraient-ils méfiants à ton égard, mais bon, il allait te falloir te montrer convaincante : que tu souhaitais les aider, pas leur causer du tort.

Pour le moment, tu parviens à te fondre dans la masse, capuche rabattue sur ta tête, ton regard passant sur tous ceux qui ont décidé d’entreprendre la longue route jusqu’à remonter sur leurs îles nordiques. La glace s’étend à perte de vue, se craque par endroit, ce qui ne te rassure pas spécialement mais tu dois composer avec le risque. Avant de passer à l’action ou d’entrer directement en contact avec quelqu’un, tu préfères bien analyser la situation. Qui se trouve où, à qui devrais-tu parler. Ce genre d’informations qui pourraient s’avérer importantes.

Depuis combien de temps exactement ne t’étais-tu pas retrouvé à exercer tes devoirs de Shinigami ? A l’échelle de la vie d’un nécromancien, ces mois passés loin de tes obligations n’étaient qu’un vulgaire battement de paupière, un infinitésimal morceau de ton existence qui, bientôt, serait oublier. Pourtant, ceux sur lesquels tu avais pris soin de garder un œil ces dernières décennies, les humains, étaient placés pour comprendre à quel point cette parcelle infime de ta longue vie était à même de chambouler tous les fondements de cette dernière.

Officiellement, ton absence était une retraite spirituelle on ne peut plus classique pour ceux qui, comme toi, se consacraient pleinement à la voie de la nécromancie. Un départ soudain, certes, mais qui paraissait naturel pour quiconque s’intéressait ne serait-ce qu’un minimum au Kidô. Les maîtres dans le besoin de se retrouver avec eux-mêmes, de se retrouver avec l’âme de leur zanpakuto également… Il s’agissait là d’une couverture classique au sein de la Soul Society. Une couverture que toi, tu avais choisi d’utiliser afin de poursuivre tes recherches sur cette terre interdite que ne parvenait toujours pas ne serait-ce qu’à effleurer du bout de doigts.

Un destin sévère te laissant plonger, petit à petit, dans cette folie du savoir, dans ce besoin vital de vérité, de découvertes. La discrétion était une part obligatoire de ta quête et malheureusement, cette incapacité à voguer librement au gré du vent te condamnait à demeurer sur place, sans espoir de rejoindre le courant.

Pourtant, cette errance était désormais derrière toi. Ce temps pendant lequel tu vagabondais dans le but de répondre à tes questions de toujours avait été vain et désormais, l’heure du retour était venue. Un retour qui ne serait pas de tout repos, visiblement. Ta retraite spirituelle ayant été rapidement mise à l’épreuve par tes supérieurs, t’affiliant immédiatement à une mission sur le territoire des Mande-Tempêtes. L’exode des Ebisujins était menacé et, tradition oblige, le péril qui planaient sur vos comparses devait être contrôlé et canalisé.

Tu avais été informé des renforts, deux shinigamis devant te rejoindre plus ou moins rapidement. Tu savais les conditions difficiles à pratiquer, encore plus pour quelqu’un n’ayant pas l’habitude du grand nord. Dans l’attente de leur venue, tu t’étais positionné en hauteur, t’offrant de quoi garder un œil sur tes protégés sans que ces derniers ne puissent déceler ton enveloppe spirituelle. Tu n’avais jamais été un très grand pisteur, encore moins sans l’aide de tes arcannes et de ce fait, ce point de vue stratégique te semblait parfaitement adéquat.

Pour ta part, tu n’étais vêtu que de ton long kimono, apparat classique pour quiconque étant capable de t’identifier. Eventail à la main, tu jouais de ce dernier afin de générer une légère brise venant souffler délicatement tes cheveux. L’environnement était encore calme, mais pour combien de temps ?  Tu espérais être rejoint par tes pairs avant que les choses ne se gâtent… Élaborer un plan d’action au milieu du tumulte, ce n’était jamais chose très aisée.

Finalement, tu t’avances et t’arrêtes auprès d’un homme, la capuche toujours sur la tête tandis qu’il pose son regard sur toi. - Je suis désolée… Doucement, jeu d’acteur que tu veux convainquant alors que tes prunelles rougeoyantes se posent sur lui. - Je m’apprêtais à explorer tout le continent et on m’a parlé des îles nordiques, que l’on peut atteindre à cette saison et je me demandais donc… Moment de pause tandis que tu observes tout autour de toi, tous ces Ebisujins qui remontaient vers le nord sans avoir réellement conscience des menaces qui les entouraient. Était-ce faute de leur énergie spirituelle supérieure à la normale que les Yokais s’intéressaient davantage à eux ? Peut-être bien. Pas que ce soit réellement important, ta seule tâche à l’heure actuelle étant de les protéger.

- Si je pouvais faire une partie du voyage avec vous ? Tu le vois froncer des sourcils, te détailler de haut en bas et tu en profites donc pour lever les mains, au cas où s’il se sentait menacé par ta présence. - Vous savez que la saison n’est pas idéale pour ça ? L’hiver n’est pas encore totalement terminé et la glace est dangereuse. Tu secoues de la tête, esquissant un petit sourire tandis que tu peux voir du coin de l’oeil un papillon des enfers se posant par la suite sur ton épaule.

Tu te retrouves donc partagée entre ta discussion et le papillon, préférant te concentrer sur ce rôle que tu cherches à endosser plutôt que le message de ce dernier. Du renfort, d’accord, qui, tu n’en as aucune idée. - Je vous promets que vous n’aurez pas à prendre soin de moi, je sais m’en sortir. Je souhaite seulement ne plus voyager seule. Nouveau sourire avant qu’il accepte, te permettant ainsi de les suivre à la trace et donc, de ce fait, de pouvoir prévenir ta collègue si quoi que ce soit venait à arriver, s’ils se retrouvaient soudainement en danger.

Tu fais donc un bout de chemin avec eux, parfois te détachant du groupe, parfois discutant avec l’un d’entre eux, avant que finalement ton regard ne se porte sur ce pont pris d’assaut, là où tu penses y apercevoir ta collègue. - Que pensez-vous de s’arrêter pour manger ? Une question adressée en toute innocence tandis qu’ils te regardent un peu de travers. - Il paraît qu’un corps sous-alimenté est plus sensible au froid… Suggestion que tu leur fais. - Puis ça nous évite de nous arrêter alors qu’il va commencer à faire plus sombre. Comme si tu étais membre du groupe, finalement. Tu n’as aucune idée de l’état de ta collègue mais, n’ayant pas encore reçu de papillon des enfers, tu attends, ne souhaitant pas briser ta couverture maintenant.

Tu attends et tu as aussi espoir que les Mande-Tempêtes ne vous aient pas envoyé un incompétent en renfort.

C’est probablement le fait que tu connaisses le trajet théorique des Ebisujin qui t’a permis de prendre de l’avance, quoiqu’il en soit, tu peux te targuer, du haut de ton perchoir, de pouvoir constater l’avancement du groupe de mortels au loin. Un point de vue de choix grâce auquel tu peux faire office de tour de contrôle, guettant les environs et jaugeant les lieux risquant le plus de voir apparaître un Yokai. Seul hic dans tout ça ? Et bien, tu n’es toujours pas mis en contact avec tes acolytes du jour. Deux partenaires de mission, c’est ce que le quartier général des Mande-Tempêtes t’as transmis et pour l’heure, tu ne vois ni l’un, ni l’autre.

La première hypothèse qui te vient en tête est également la plus logique : probablement se sont-ils faufilés au sein du groupe d’humains pour les suivre plus aisément. Après tout, sans connaître l’itinéraire précis des cibles à protéger, cette stratégie était certainement la plus évidente. Réfléchissant un instant, tu te grattes le menton, puis la tempe, grimaçant au fur et à mesure que ta réflexion s’éternise. Dois-tu les rejoindre ? Patienter ici jusqu’à devoir changement de point de contrôle ? Après tout, tu es sans aucun doute mieux placé pour agir sur un assaillant que tes théoriques alliés qui se trouvent au milieu du troupeau…

Tu n’as pas vraiment le temps de réfléchir davantage, ta vigilance est mise à l’épreuve assez rapidement et voilà que l’écarlate de tes iris se pose sur le contrebas, vers ce pont jonché de Yokais immatures. La scène requiert une parcelle de ton attention, te disant bien qu’un groupe de monstruosités aussi faibles ne devrait pas poser le moindre problème au bon déroulement de votre mission, cependant, à la périphérie de ton champ visuel, tu remarques la présence d’un autre soldat de l’Armée Invisible.

La distance est trop importante pour intervenir de ta position et ton esprit de déduction te fait te dire qu’il s’agit probablement de l’une de tes collègues du jour. D’un bond, tu t’élances dans le vide, sentant ta carcasse chuter à vitesse grand V, le sol se rapprochant rapidement et l’aire de combat sur laquelle danse l’autre nécromancienne également.

« À l'ombre du piédestal surgit l'espoir. Hommes et esprits côtoient les trente-six vues immortelles. Hadō n°28 : Kiryuu ! » Proche d’un atterrissage mortel, tu fais apparaître vortex ascendant qui vient ralentir ta plongée pour te faire poser délicatement le pied au sol. « Setsu Byakurai. » Un éclair blanc s’échappe de ton doigt pour venir pourfendre la bête à l’origine de la blessure de ta partenaire. Puisqu’en effet, tu n’as pas pu intervenir assez rapidement pour la prémunir des égratignures causées par les serres acérées de vos ennemis. « Higure Yoh, officier des Mande-Tempêtes. Pardonnez-moi pour le retard. » Tu dégaines ton sabre avant de libérer l’esprit de ton Zanpakuto. « Hydrate, Ochimizu. » Il ne faut qu’une seconde à ta lame pour prendre la forme d’une gourde pleine que tu balances en direction de la blanche. « Je n’ai pas pu vous protéger, mais je peux au moins vous soigner. » En effet, ton Shikai permettant de recouvrer de ce genre de plaies, tu adresses un petit sourire à ton interlocutrice, plus chaleureux que le froid mordant qui tempère la zone. « L’idéal serait de nous débarrasser de ces indésirables sans détruire le pont, il s’agit d’un point stratégique de repli des Ebisujin lorsque l’avancée devient trop périlleuse. » De toute façon, l’adversité des Yokais face à vous te semble dérisoire, à deux, vous ne devriez avoir aucun mal à vous en débarrasser et ce, sans dépenser trop d’énergie.

« Êtes-vous seule ? Avez-vous été séparés de votre duo par une attaque ? » Après tout, le quartier général ne t’avait-il pas informé de la présence de deux autres shinigamis ? S’ils étaient tombés dans un piège et que quelqu’un avait été laissé en arrière, les choses allaient peut-être se compliquer…

Spoiler:

La pause imposée, tu as une fraction de seconde pour réfléchir, court moment durant lequel les Ebisujins ne te portent plus attention. Tu t’appuies donc contre un grand rocher après qu’un autre ait annoncé à tous qu’ils reprendraient la marche sous peu, mais que, d’ici-là, ils pouvaient prendre un peu de temps pour manger et reposer leurs jambes. Il allait te falloir retourner rapidement à ce corps, cependant, pour le moment, tu quittes cette fausse enveloppe charnelle, plus facile ainsi de te mouvoir sans attirer leur attention. Rapidement, tu te précipites pour rejoindre le pont, là où se trouvait ton acolyte de la journée, mais pas que.

Ton coeur rate un battement et tu te figes, croyant presque faire face à un mirage. Et si ce n’était pas l’urgence de la situation te rappelant à l’ordre, tu serais peut-être restée ainsi figée de longues secondes supplémentaires, ton regard rivé sur celui que tu ne croyais pas revoir. Pas maintenant. Peut-être même pas jamais. - Tout va bien ?! Haussant la voix pour que la demoiselle puisse t’entendre.

Ton regard quitte l’homme pour se poser sur le pont actuellement fragilisé, qui menace de s’effondrer si victime de nouvelles attaques. - J’ai une idée ! Mais il faudrait qu’un de vous deux puisse aller habiter mon corps artificiel. Que tu avais laissé auprès des Ebisujins. L’un ou l’autre, peu importe, tant que le corps ne restait pas abandonné, sans vie appuyé contre un rocher. - Main divine blanche, pourvue de salut, enferme-les dans un cercueil frais et limpide. Tu traces sur le sol, de façon très large pour couvrir une grande surface, une rune que tu avais appris à maîtriser. - Kaidō n°38 : Ryūzenkou ! Une partie du pont désormais solidifier, tu t’avances sur celui-ci, laissant à tes deux autres partenaires la tâche de se charger des Yokais.

- Ça n’est pas parfait mais ça devrait être suffisant pour que le pont tienne, le temps que le peuple le traverse. Car cet exercice, tu le répètes à quelques reprises, espaçant les runes sur le pont pour pouvoir y insuffler de ton énergie spirituelle. Tu n’étais pas certaine de si ce serait réellement suffisant, cependant, tu n’avais pas de meilleures idées à l’instant, cherchant seulement à solidifier la structure assez, et ce, pour assez longtemps. Le temps qu’ils traversent et que la chute ne soit plus un problème, que ce même endroit ne soit plus une menace pour les Ebisujins, souhaitant éviter que ce chemin devienne leur tombeau.

Une collègue de la troisième division, donc. Tu te grattes un peu la tempe, en pleines réflexions intérieures, tu n’as pas intérêt à faire de vagues dès ton retour si tu ne veux pas te retrouver avec une enquête sur le dos… Mais bon, ce n’est de toute façon pas le bon moment pour penser à tout ça. Ochimizu dans les mains du membre du Troisième Œil, tu rives ton attention sur le fameux pont qui s’avère désormais être votre priorité numéro une. Un passage clé du parcours des Ebisujins qu’il est inconcevable de perdre aussi tôt dans leur périple.

Les adversaires qui vous font face ne sont pas du tout une menace, à dire vrai, même en étant plus nombreux, tu ne verrais pas la moindre difficulté à les éliminer et ce, encore plus avec l’aide de la demoiselle qui brandit fièrement son Zanpakuto. Non, le véritable problème est bel et bien de combattre sans affaiblir davantage le pont qui, pour de multiples raisons, parait déjà au bord de la rupture.

La bonne nouvelle, c’est que le troisième membre de votre groupe n’est pas en danger, ce qui vous laisse à chacun plus de temps pour réfléchir. D’un coup d’un seul, les trois Yokais s’étant manifestés se retrouvent déchirés par la lame de la pâle demoiselle et une intervention inattendue survient au beau milieu de cette scène d’affrontement. Quand on parle du loup, on en voit la queue. Sauf que cette fois, il s’agit d’une louve. Une louve que tu connais bien, une louve que tu n’espérais pas croiser ici, pas croiser comme ça. Tes yeux croisent ceux de Sana et pendant une seconde, le cours du temps est suspendu. Pendant un instant, tu te vois lui expliquer maintes et maintes choses. Pendant un instant, tu te dis que tout va bien se passer… Mais l’illusion ne perdure pas.

Détournant les yeux vers Ichigo, tu lui adresses un petit sourire un peu forcé aux vues de la situation : « Je te laisse la couvrir. » D’un bond, puis un autre, tu rejoins cet endroit que la jeune Kô vient de quitter, tout ça pour récupérer son Gigai, profitant de la pause du groupe d’humains pour prendre de l’avance et ouvrir discrètement la marche, tentant de rejoindre les deux entités spirituelles le plus rapidement possible.

Evidemment, le plus rapidement possible avec de telles jambes, ça n’offre pas un résultat glorieux. Mais l’important est là, te voilà face aux deux demoiselles, dans un corps identique à celui de l’une d’entre elle… Corps que tu quittes avant de le rattraper, évitant qu’il ne s’écrase dans la neige. « Ton corps est très… peu pratique. » Sans en préciser les raisons évidentes, t’évitant mauvaise réputation auprès de la shinigami de la troisième.

« On a perdu beaucoup de temp à ramener ce corps ici. La pause des Ebisujins sera bientôt terminée. » Avec un peu plus de sérieux cette fois. Un coup d’œil vers le pont te suffit à remarquer qu’il parait à même de supporter le passage de la troupe. « Si un Yokai apparaît pendant la traversée de la banquise, ils n’y réchapperont pas. » Surtout aux vues des intempéries enregistrées dernièrement. « J’imagine que l’on va devoir nettoyer la mer de glace avant qu’ils ne nous rejoignent. Vous êtes aptes au combat ? » Tu as déjà vu la plus pâle des deux femmes bien capables de brandir ses armes, en revanche, et sans douter du professionnalisme de Sana, tu t’inquiètes de sa capacité à se concentrer en ta présence. « Sana ? »

Spoiler:

S’il y avait bien une chose à laquelle tu n’avais pas été préparée, c’était l’arrivée de Yoh. Yoh qui était parti, sans rien dire. Yoh qui t’avait abandonné. Yoh qui n’avait même pas daigné te faire ses adieux. Parce que ça en était pas, finalement ? Tu soupirs, secoues la tête, ça n’a pas son importance, pas ici, pas maintenant. Pas alors que la vie de tout un peuple est en jeu. T’efforçant donc de te montrer professionnelle, tu t’assures que la membre de la troisième division se porte bien avant de te concentrer sur le pont, laissant aussi savoir que ton corps artificiel serait à récupérer. Tu aurais presque espéré que la personne s’en emparant continue de jouer le jeu auprès des Ebisujins, vous permettant ainsi de les suivre de plus près, mais peut-être n’avais-tu pas été assez explicite dans ta demande, déjà occupée à renforcer le pont là où tu le pouvais.

- Tu ne trouveras pas mieux. Concernant le corps du corps artificiel. Et ça il le sait, que tes talents sur la question ne sont plus à prouver. C’est toutefois les commentaires de ta coéquipière qui attire ton attention, légère grimace apparaissant sur tes traits avant de redevenir impassible. Était-ce si évident que ça, que vous vous connaissiez ? Le mot amourette ne te plaît pas, faisant réagir ton coeur qui rate un battement, comme à chaque fois qu’il revenait à ton esprit depuis son départ. - Il n’y aura aucun problème. Que tu affirmes de ton côté, te contentant de porter tes prunelles carmins sur la silhouette du Mande-Tempêtes. Vous étiez deux adultes responsables, deux Shinigamis respectés, alors pas de raison que ça aille mal. Si ?

- C’est une bonne idée. Que tu dis à Ichigo, ne relevant même pas celle de Yoh. Attrapant ton Gigai, tu le fais disparaître dans une rune qui apparaît sous forme de tatouage sur ton corps. - Je vais m’occuper de les attirer plus loin. Tant pis que ça plaise ou pas, ce qui ne serait sans doute pas le cas pour l’officier. Ce n’était pas comme si tu lui laissais réellement le choix, de toute façon. - Ça devrait leur faire gagner un peu de temps. Dernier regard vers eux avant de partir plus loin, tes pas foulant le sol tandis que tu t’éloignes du pont, le plus possible, semblant vouloir monter la montagne pour que le peuple humain ne soit pas menacé.

Prenant position, tu observes tout autour de toi. - Sous les cadavres et la terre, l’âme pleure. De tes armes se libèrent de tes runes, une dizaine de lances qui tournent tout autour de toi tandis que trois boucliers viennent te protéger, en plus de ton armure recouvrant ton corps. - Ses larmes noient les ennemis de la providence. Kaidō n°14 : Oobanburumai ! Le sort est lancé, tous peuvent sentir ton énergie spirituelle, celle-ci se faisant plus forte, plus présente, pour attirer la menace vers toi. Le danger était évident, pour ta personne, et tu espérais silencieusement ne pas attirer de trop gros poissons, sans quoi ta situation pouvait rapidement devenir précaire.