Il est facile de considérer les choses comme acquises. Malgré les épreuves, on ne s'attend jamais à tomber plus bas – par espoir humain, ou simple refus de la réalité. Le monde est déjà en piteux état ; il ne peut être davantage brisé. Mon existence est chaotique ; comment pourrait-on faire pire ? Et pourtant, dans ce flou relatif que sont vos vies, un évènement céleste ne manqua pas de vous rappeler votre insignifiance. Le Nihon, cette minuscule boule perdue dans un Dangai infini, était menacé par l'Ailleurs, par l'Au-Delà, par tout ce qui existe çà et là, et nulle part à la fois.

Ça avait commencé par de lointaines silhouettes, repérées par les érudits de la quatrième division. Des rochers errants, en perdition, se dirigeant droit vers le ciel du monde des hommes. Leur taille était modeste – trop pour représenter le moindre danger pour la vie qui s'y prélasse. Face à ce spectacle extraordinaire, les experts de la société spirituelle dévorèrent l'information, telle une lune de sang n'arrivant qu'une fois par siècle. Ces projectiles menaçants allaient-ils percuter le Nihon pour y imposer un ample cratère ? Ou, au contraire, son atmosphère protectrice allait-elle réduire cette caillasse en poussière par la seule friction, tel que cela avait été observé ?

Les prochains jours ne manquèrent pas de dévoiler le résultat de cette entreprise : les météorites s'enflammèrent de concert et, devenues étoiles filantes, se volatilisèrent en plein vol, ravissant les pupilles des nombreux spectateurs en cette nuit étoilée. Le Néant offrait ce paysage idyllique, jouant sur l'instinct de survie de son audience pour la faire vibrer en plein cœur.




Plus de peur que de mal ; finalement, l'époque n'était pas si terrible. La plupart des âmes civiles du Seireitei rentrèrent chez elles guillerettes, contentes d'avoir assisté à cet évènement singulier, marquant ce jour symbolique de leur longue éternité d'une pierre blanche. Pourtant, dans les coulisses de cette menace planétaire tuée dans l'œuf, une personne toute particulière s'intéressait de très près à cette mystérieuse pluie, et surtout, à son origine contre-nature.



La convocation était sans équivoque. Ikeda Takumi, Lieutenant émérite des Marche-Faille et figure de référence du Dangai, appelait ses soldats les plus féroces à le rejoindre au quartier-général de la quatrième, ce bâtiment d'ivoire, carré et blanc, intégralement fait en sekkiseki. Sur cette missive, il n'y avait aucune formule de politesse ou de flou ; seulement l'urgente nécessité d'assister à sa prise de parole, sous peine de subir ses foudres, multipliées au centuple.

Une telle marque d'autorité pouvait surprendre les Marche-Failles – ces mercenaires réprouvés à qui l'on a donné peu à peu des responsabilités, et pour certains, une chance de rédemption. Ikeda Takumi lui-même n'avait pas l'habitude de jouer ce rôle de général répresseur, préférant la solitude de Dangai à la compagnie de ses hommes sanguins. Mais, au vu de ses informations, l'on ne parlait plus d'un joli spectacle pour briser l'ennui des âmes immortelles du Seireitei.

Au sommet de sa liste furent invités @Furukawa Koto, @Kanzetsu Shikai mais aussi @"Sano Suenobu" et @Kusanagi Seigen, récemment bannis de l'Armée Invisible. Son pragmatisme transcendait son amour des règles, et la récente affiliation envers la Nuit de ses anciens Officiers pouvait faire pencher la balance du côté de la vie. L'Œil de Démon n'espérait pas spécialement les convaincre de répondre à sa requête, mais il était primordial d'au moins envoyer cette bouteille.


Son œil droit était grand ouvert, si rouge, scrutant les environs et le Grand Tout à défaut de vos organismes. Il semblait si à l'aise ; une impression certaine d'être immunisé à toute surprise.



Régulièrement, vous rendiez visite à votre homologue Mort, mais aussi votre sœur et maîtresse Valwenys, sur votre planète et centre d'entraînement qu'était devenu Ojniøz. À ses côtés, vous en appreniez davantage sur votre nature, sur votre place dans ce monde, et sur votre rôle à jouer. Au fil des lunes, votre corps s'était transformé ; vous aviez abandonné votre ancienne apparence pour devenir angélique – de véritables hérauts célestes, dont la seule vue ravissait les fidèles. À chaque combat, vous gagniez en aisance, découvrant une forme physique exemplaire. Parfois, vous vous battiez jours et nuits sans aucun répit, enchaînant pic de puissance et rythme serein pour tenir la cadence. Les agents du Vide, eux, ne connaissaient pas le repos ; il vous était donc primordial de sacrifier à jamais ce défaut de l'humanité pour effleurer à votre sacrement.


Valwenys fit apparaître d'une fioles d'argent entre ses doigts, et les jeta en cloche vers ses deux frères. Vous aviez déjà l'habitude de consommer ces breuvages particuliers – étant ni plus ni moins le sang bleu de votre sœur. Cela vous avait permis d'embrasser votre nouvelle nature.




Un portail apparut soudain à vos côtés. Derrière son contour éthéré, d'un azur caractéristique à l'énergie spirituelle contenue en toute chose, deux auras familières vous parvinrent – sans pour autant reconnaître leurs figures. Leur beauté vous frappa net. Du fait de votre longue expérience militaire, vous aviez pu sillonner le Nihon en long et en large, et contempler des choses agréables, mais ces deux hommes possédaient une rare beauté, au point de vous couper dans votre élan.

Ikeda Takumi ouvrit son deuxième œil, d'un azur aussi pur que le contour du portail venant de disparaître, et inspecta les deux étrangers – avant d'enfin afficher un sourire satisfait.

L’ambiance est lourde et pesante, je ne sais comment, l'embryon de shinigami que je suis, aurait pu m’incruster dans un groupe attitré “élite”. Je ne suis qu’un illustre inconnu sachant frapper et résister aux influences. Je pense qu’au final c’est tout ce qui était nécessaire, je ne suis là que pour être un bouclier de chair et j’en assume mon rôle, je ne ressens le frisson du défi que devant ce qui peut me causer ma fin, ce qui peut causer notre fin.

Parce que je n’ai de vrai but, je lutte pour les déchus, en leur nom. Accompagné de shinigamis reconnus de ma division, je marche en silence, une lame sans nom à ma ceinture, une lame que j’ai refusé de dompter, je suis peut être même un paria chez les paria pour cette raison. Je ferme la marche, je n’ai d’intérêt de me mettre devant, j’ai et je souhaite toujours agir sans réellement me montrer, le nom et l’influence ne m’intéresse pas, le renom, créer une dynastie, quand j’aurai des choses à défendre. Pour l’instant, durant cette expédition, ce sera un rendez-vous avec ma détermination.

Une épreuve corsée pour tester ma résolution, mortels sont les risques, élevée est mon envie de participer. Je compte bien honorer la place qui m’a été offerte. Qui sait, peut-être découvrir des choses. Et en parlant de découvrir des choses, des êtres célestes nous apparaissent. Jadis Seigen et Sano, désormais Myoken et Reisender. Autrefois shinigamis, ils donnent l’impression d’avoir transcendé leur cocon corporel de shinigami, se détachant de la pauvre masse de moutons suivant aveuglément les 10 bergers.

Finalement, c’est ce genre de personne que je respecte, ils se sont imposés et ont fait des choix qu’ils trouvaient juste, par dessus la loi des doyens. Ils sont même appelés à nous aider face à la menace du froid. Sacré ironie. Scrutés par l'œil de démon, les cavaliers de la fin entrent en scène, je suis content au final de ne pas être la cible de l'attention de tous, c'est ce genre de détail qui compte à mes yeux, j'agirai plus facilement dans l'ombre des célébrités, ceux qui sont reconnus à vue. Je ne peux citer une personne qui me connais vraiment ou avec qui j'ai pu tisser des liens, c'est un avantage en soit, ça me permet de passer inaperçu, me permet de prendre énormément de dégâts sans que les gens s'en rendent compte.

Cependant j'en doute réellement, si la menace dont on nous a parlé est telle quelle, ce genre de chose ne fait pas dans la dentelle et ne cherche pas à atteindre en premier des personnes précises. Surtout que j'agis d'habitude en première ligne, l'habitude ne changera pas. Désormais je dois me faire au fait que je peux mourir à tout moment durant ce voyage. Mon objectif est d'éviter les pertes dans nos rangs. Objectif arrogant, en présumant que chaque personne ici est moins forte ou fais des erreurs. Alors qu'il est très probable que je sois de loin le plus faible. Je ne m'en fais pas. C'est une mentalité à garder peu importe mes alliés.

Je ne salue personne, je me fais petit et observe du blanc de mes yeux. De ma stature, je n’ai pas l’air d’un combattant solide ou puissant, je ne suis pas une géante armoire à glace. Et pourtant, cet univers m’a doté d’un magnifique déguisement. Seul ceux qui s'amusent à lire la pression spirituelle émanée et contrôlée peuvent savoir, je ne les trompe pas le moins du monde. Je prendrai la parole un court instant, ne prononçant que quelques mots faibles d’intonation, comme si je me parlais à moi même. Nous approchons du départ.

Fiche technique:

À présent des êtres frôlant la perfection, mon frère et moi-même étions devenus bien plus que ce que nous étions il y a quelques mois. Chrysalides devenues monarques, officiers devenus parias, notre nouvelle identité était aussi particulière qu'ironique. Et pourtant, mon choix était fait : endiguer l'avancée du Vide  et mettre un terme à cette menace universelle ; voilà l'éternelle et inébranlable part de cet être partageant à présent les noms de Seigen et Myoken.

La vie entre Ojniøz et le pittoresque temple d'Awa se révélait être une expérience plus relaxante comparée au quotidien de shinigami. Certes l'entraînement pousse les limites de mon corps à des seuils dont j'ignorais moi-même l'existence. Plus fort, plus rapide, plus endurant, les bénédictions de la Nuit étaient légion. Mais malgré cette accalmie exploitée jusqu'à son acmé, les couleurs oniriques du ciel de la planète perdaient pour moi jour après jour de leur fantaisie. Je craignais la stagnation, les limites de ce qu'il m'était possible d'atteindre ici me semblant de plus en plus proches. Ainsi, lorsque que Valwenys finit par nous ouvrir la voie pour notre première mission en tant que Cavalier de la Fin, je sentis l'adrénaline couler à flot dans mon organisme, l'anticipation de ce jour tant attendu étant à son paroxysme.

Attrapant à la volée la fiole lancée dans ma direction, je lui adressais quelques mots avant de traverser le portique cosmique.



Seuil franchi, ma vision s'ajusta à un décor plus que familier. Tapis de cet albe si caractéristique, les murs du QG de la Yonbantai était resté inchangé depuis mon départ. Devant moi, d'anciens frères et sœurs d'arme s'extasiaient de ma nouvelle apparence alors que je les scrutais à mon tour. Fantôme d'un sourire amusé décorant mon faciès, une voix familière s'éleva du chaos attirant alors mon attention.



M'adressant alors à la division sans cibler un destinataire particulier, je continuais.





Ces derniers mots prononcés, mon expression se fit sévère, presque glaciale alors que mon regard se tourna vers un unique shinigami :  @Kanzetsu Shikai. Contrairement à Reisender, je n'étais point aussi enclin au pardon, surtout venant d'une personne pour qui j'avais tant d'estime. Cependant, le temps des rétributions n'était pas encore arrivé. Redirigeant une dernière fois mon attention vers la Yonbantai, je m'apprêtais à mettre fin à mon monologue.

Attraits:

Équipement:

Drôle de retrouvailles. Plus que jamais, la Quatrième était divisée. D'un côté, les deux Cavaliers de la Fin en maraude ; de l'autre, un shinigami commençant à côtoyer les Prophètes du Maître ; enfin, des Marche-Failles fidèles n'ayant pas encore osé sortir des sentiers battus. Mais peut-être était-ce cela, le code génétique de la quatrième division. Des hommes que tout séparait, mais qui luttaient néanmoins de concert pour surpasser n'importe quel danger. Des rebuts ; des traîtres ; des hérétiques ; des déchets. Des originaux ; des boucs émissaires ; des fidèles ; des héros.



Dans l'ombre du quartier-général de la quatrième division, le Candidat du Consortium s'extirpa de sa cachette pour faire une entrée fracassante. Accompagné de quatre Officiers, dont chacun portait un large sac à dos, Ando Suemoto fit une révérence respectueuse aux soldats héroïques prêts à accomplir cette mission suicide, avant de leur présenter leur cadeau et panacée.


Un long blanc s'imposa dans la discussion. Un rôle crucial ? Le ton de la tête du Consortium était bien trop sombre et pessimiste pour vous rassurer. Pourtant, vous aviez l'habitude. Vous étiez des Marche-Failles. Des agents dispensables. Des soldats profitant de leur seconde chance.


Les sbires de Suemoto déposèrent un sac à dos devant vos pieds. Un mécanisme était visible, ainsi qu'une sorte de compte à rebours. En analysant le contenu du sac à dos, l'on pouvait deviner la forme caractéristique d'explosifs du Consortium, préparés pour l'occasion. Un amalgame de poudre noire, insufflée d'énergie spirituelle. Mais pourquoi impliquer cette puissance de feu ?






Ikeda Takumi vous inspecta à nouveau. Sur son visage, un fin sourire, né de sa fierté pour les siens. Après tout ce temps, et contre toute attente, des boutures avaient réussi à prospérer au sein du terreau maudit de la quatrième division. Un projet du Concile Blanc mené à bien.

Visage sévère et regard draconien, je dévisageais celui que j'appelais autrefois mon frère. Pardonné de l'ire de Reisender, Kanzetsu Shikai semblait penser que ses mots avaient un quelconque effet positif sur mon opinion à son égard. Pire encore, l'audace d'assimiler notre relation à une fraternité m'horripilait au plus au point. Celui qui se tenait devant moi n'était que l'ombre de l'homme que j'ai connu... Non, ce n'est pas tout à fait exact. Il est exactement le même, le temps et les épreuves n'ont fait que révéler sa véritable nature...



Calme après la tempête, une expression neutre prit la place de la colère froide, les traits de mon faciès angélique perdant de leur sévérité. J'observais alors l'arrivée en trombe du lieutenant de la seconde division, mon attention se focalisant plus sur les explications suivant son apparition.

Menace naturelle, il se pourrait bien, ce genre d'évènements étaient déjà arrivés au fil de l'histoire. Mais cette ampleur, et surtout, ce timing. J'avais un mauvais pressentiment. Détruire un corps céleste en plein mouvement était une chose, le faire alors que celui-ci est le fruit des machinations d'une entité capable d'un tel exploit en était une autre.

Je ne réagis pas lorsqu'il fut temps de se répartir les présents mortels de la seconde division. Je n'avais pas les capacités de m'encombrer avec de telles charges, ce qui sembla être le cas de bien des Marches-Failles. Inconsciemment, je me tournais vers la seule personne capable de transporter les explosifs, mon frère Reisender, qui s'attelait déjà à la tâche. Étonnement, peu s'opposèrent à son action, un signe de la confiance que le reste de la division avait toujours pour nous je l'espère.

Mon attention se porta alors sur le discours quelque peu résolu de Koto.

Silence, pression et risque mortel sont les mots du jour, personne ici n’est vraiment détendu, la tension se ressent facilement. Il n’y a aucune sûreté, pas de garantie de revenir, c’est la première fois que je me lance dans tel projet et moi même qui d’habitude maintiens cette mentalité hédoniste presque suicidaire, je ne suis pas dans l’envie immédiate de mourir face aux atrocités du froid. La présence des anciens officiers ne me rassure pas plus, en fait c’était presque l’effet contraire, si les supérieurs font appel à des gens qu’eux même voient comme des traîtres aux shinigamis, alors je ne suis pas rassuré sur nos chances de bien nous en sortir.

Salutations faites, l’un des cavaliers de la fin se tourne vers nous, la quatrième et nous salue, est content de nous revoir bien portant, je ne l’ai pas vraiment connu, donc aucune réaction claire de ma part, si ce n’est que je suis intéressé, il semble y avoir différent entre lui et Shikai. Je me demande pourquoi, je ne connais réellement aucun des deux donc cela m’est complètement indifférent. Seule chose qui anime ma curiosité est pourquoi seulement lui, qu’avait il fait pour s’attirer les foudres de quelqu’un qui paraissait si bienveillant.

Il finit enfin par aborder ce que tout le monde pensait et ressentait tout bas. L’appréhension de cette expédition qui pourra à tout moment virer en tragédie théâtrale. Je ne m’attendais à rien mais je suis quand même déçu, il ne dit pas des choses qu’on ne sait pas, un discours classique. “Levez vous face aux menaces tel des bons soldats de la quatrième.” Comme si les gens sélectionnés jusqu'ici allaient décider de faire fausse. Ici, se prouveront ceux qui en veulent le plus, ceux qui ont la hargne de défendre leurs terres face aux dites “horreurs inconnues” du dangai.

Le lieutenant n’a pas l’air plus touché que cela par le discours, enfin ce n’est pas comme s’il était un homme émotif de base alors bon. Sors ensuite des ombres un autre lieutenant, des représentants du consortium étaient aux aguets, attendant le signal d’Ikeda pour se montrer avec ses shinigamis. Ce n’est pas tous les jours que nous sommes salués par des gradés d’une autre division en tant que représentants de la quatrième alors j’en profite, il dit des choses qui font plaisir à entendre, on a beau ne pas être considérés comme des membres “fidèles”, mais la vérité est là, personne n’a un rôle aussi mentalement dur que la yonbantai. Nombre de déchus tombent de voyages en voyages dans les sentiers du dangai et succombent aux voix, qui d’autres que des parias pour accomplir une tâche aussi suicidaire au quotidien. Sans ces parias, il n’y aurait personne pour parcourir les étendues froides.

Enfin il dit ce que l’on veut entendre parce qu’au fond, il sait que nombre d’entre nous ne reviendrons pas, nous n’avons pas les faveurs de dame Chance, ceux qui reviendront seront plus des miraculés que des héros. Les sbires du consortium dépose des sacs devant nous, le poids de ceux est comment dire.. handicapant. C’est le mot. Si l’on doit se déplacer et combattre avec cela, je ne donne pas cher de ma peau. Des explosifs, au moins ce serait utile, je ne sais pas m’en servir par contre. Je ne sais pas s’il y a des explications avec cela, mais j’espère que l’on pourra m’éclairer.

Ils parlent de la pluie d’étoile filante, tout le monde écoute la conversation entre les deux lieutenants, criminel ou accidentel ? On ne saurait dire, mais nous sommes ceux dont c’est le rôle de vérifier, l’une des seules choses que j’apprécie au final dans mon rôle imposé de shinigami. Je suis utile à d’autres personnes que les 10 vieux. Un sourire se dessine sur le visage marqué par le temps de notre lieutenant. Un sentiment de fierté me traverse ? Je ne saurais dire, ce qui m’était auparavant étrangé m'apparaît évident, même si je ne connais personne ici, ça aura été un honneur.

Et quand je pensais être encombré d’explosifs, Reisender viens nous sauver la mise, utilisant ses runes pour les stocker. Dieu merci, je ne me suis pas entraîné pour combattre avec une charge très lourde sur mon dos. Je le remercie en m’abaissant poliment alors qu’il vient récupérer ma charge. Je reprends un peu foi en ma survie concernant cette mission suicide. Avec cela en moins, je pourrai me battre normalement. Enfin avec encore un autre malus qui est que je ne peux me battre à plein potentiel dans le dangai. Il n’y a pas assez d'énergie pour utiliser mon style de combat. Décidément tout se rassemble pour me durcir la tâche.

Et je n’étais pas le seul à être crispé durant ces discours et discussions, une voix qui pensait la même que moi vient à m’adresser la parole, je regarde d’abord à gauche puis à droite. On m’adresse la parole ? Oui. C’est une première pour moi. C’était Furukawa, il ne la connaissait seulement de nom, une autre membre de sa division, qui avait clairement l’air d’être aussi à l’aise que lui depuis tout à l’heure.



Et pensant la même chose que moi au même instant, Koto s’exprime sur ce que disait le cavalier Reisender. La démotivation était son point fort apparemment. Je lâche un léger rire nerveux à l’intervention de Koto, elle marque un point. Tout le monde savait que ce qu’on ira voir voudra nous prendre la vie. Alors à quoi bon tenter de nous démotiver encore plus. Elle dit ce que l’on pensait tout bas, j'acquiesçais à ses paroles sans m’exprimer, pas besoin d’un perroquet pour confirmer ce qu’elle venait de dire.

Enfin Shikai détendit l’atmosphère à son tour, rassurant ses collègues qu’en tant qu’officier il risquera sa vie pour nous tous. Je me sens plutôt bien entouré au final, en y réfléchissant j’ai des alliés puissants. Je vois et ressent de l’espoir en entendant ses paroles. Effaçant rapidement la gêne bizarre installée par les paroles démotivantes de Reisender, ce n’est pas contre lui, mais ce n’est pas avec ce genre de paroles que l’on lance une expédition.

Et voilà que ça recommence, alors que je m’imaginais déjà partir avec une escouade plus détendue, l’autre cavalier se met à décrire à quel point il déteste notre officier. Je ne sais pas ce qu’à fait Shikai pour se faire détester à ce point par Seigen - Myoken, mais c’est quelque chose. Je soupire à l’entente des chamailleries, je ne dois pas être le seul à ne pas vouloir entendre cela.

Mais ça continue, et cette fois au différent de son collègue, sa réponse à Koto est vraiment intéressante, parce qu’elle partage un peu une mentalité similaire à la mienne. Mourir n’est pas un souci si c’est fait au combat. Il explique que nous devons aussi trouver un vrai sens à notre existence, choisir son destin. Je verrai bien. Si je survis à cette mission, peut-être que j’y penserai.

Difficile de penser à la moindre cohésion au sein de cette escouade hétéroclite. Entre fidèles Marche-Failles et déviants Cavaliers de la Fin, les uns et les autres essayaient de parler une même langue, en vain : trop de rancœur avait été instillée dans leur vocabulaire. Après ces brèves présentations et retrouvailles, ce fut le traître Reisender qui offrit le loisir à son groupe d'avoir les bras libres, avalant les quatre explosifs dans ses amples runes. Une maîtrise qui allait apporter de précieuses secondes à la phalange suicidaire, alors que l'heure du départ approchait.


Le Lieutenant du Consortium fit ses adieux, et rebroussa chemin vers le quartier-général de la quatrième division, pour enfin retrouver ses propres laboratoires, par-delà le Senkaimon, accompagné de ses serviteurs, qui portaient jusqu'alors les différents sac-à-dos. Dès lors, les shinigami devinrent seuls, face à face, ensemble ou contre tous. Il n'y avait que l'Œil du Démon pour les surveiller, voire les réprimander. Mais le cœur n'était clairement pas à l'ouvrage.

Après s'être dirigé vers le Grand Vide, Ikeda Takumi prit appui sur le sol blanc de la base stellaire, et fusa vers ce royaume infini que tant d'âmes avaient appris à craindre, révérer.



Le Lieutenant se déplaçait à une vitesse correcte (Vélocité, T1/Corps), mais il était évident qu'il tenait la bride de ses chevaux pour ne semer personne. Le chemin de faille sous ses pieds, bien que translucide, pouvait néanmoins être repéré sur de nombreux mètres devant soi, permettant au groupe entier de deviner la route à suivre pour les secondes à venir. Parfois, il y avait des trous ; mais un simple saut permettait d'enjamber ces minces obstacles, avant de reprendre sa quête.


Vingt minutes. Vingt minutes de course implacable au sein d'un biome de pression insoutenable. Par chance, le chemin de faille avait dirigé l'escouade vers l'emplacement de l'astéroïde en mouvement, sans grand changement de trajectoire. Par chance, le chemin de faille avait protégé les shinigami de l'influence asphyxiante du Grand Vide et de ses Voix. Pourtant, il suffisait de regarder par-dessus son épaule pour voir la silhouette du cube d'albâtre s'éloigner davantage, jusqu'à disparaître. Sur le Nihon, vingt minutes n'auraient jamais suffi à semer un point d'intérêt de la sorte. Mais dans le Dangai, aux règles physiques dérogées quant à l'espace-temps, qui pouvait dire quelle distance l'on pouvait parcourir en si peu de temps ? Le Nihon lui-même n'était plus dans le champ de vision de l'escouade de Takumi. Tant de mondes s'étaient enchaînés, au sein d'un référentiel alternatif capable d'ébranler bien des esprits. Les shinigami avaient-ils gagné en rapidité avec l'échauffement, au point d'enchaîner de nombreuses années-lumière en une seule bascule de clepsydre ? En toute logique, non. Mais les sens n'étaient plus dignes de confiance, ici haut. Alors, ces vingt minutes en parurent quarante ; soixante ; cent-vingt. La fatigue commençait à poindre pour certains, tandis que les Stern Ritters en devenir restaient de marbre, doués d'un second souffle perpétuel. Jusqu'où aller ? Jusqu'où chercher cet astéroïde si lointain ? Y avait-il au moins la moindre menace pour le Nihon ?


L'œil rouge du Démon regardait partout à la fois. Le Nagaime était-il responsable de l'aisance du Lieutenant au sein de l'espace infini ? Peut-être une énième utilisation d'un arcane légendaire autour duquel de nombreuses théories gravitaient, et qu'Ikeda Takumi maîtrisait.





D'un pas assuré, le Lieutenant des Marche-Faille ignora la bretelle menant à la première voie, et se dirigea vers un cul-de-sac bien visible. Selon toute vraisemblance, il n'avait pas froid aux yeux. Mais qui pouvait en dire autant ? Qui avait pu éprouver l'ambiance malsaine du Vide, et oser y retourner de son plein gré ? Seuls des songes lancinants allaient récompenser les têtes brûlées. Pourtant, il fallait faire un choix, et vite. Cet astéroïde n'allait pas attendre ses destructeurs. Et...


Soudain, Ikeda Takumi abandonna son plan, et sauta en contrebas, dans une verticalité horrifiante. Pourtant, il avait vu quelque chose. Mais encore fallait-il être assez réactif, ou doué d'intuition, pour palier l'effet de surprise et suivre le Lieutenant à la trace. Celui-ci chuta, chuta, chuta – encore et encore. En proie à une gravité illogique, son corps lourd accéléra, jusqu'à disparaître du champ de vision de ses compagnons. Puis il réapparut au loin. Là-bas. Au fameux carrefour des deux voies qu'il avait tantôt cité, et expliqué. Sans le moindre hématome.

Le temps des tergiversations touchait enfin à son terme, la sortie de scène de l'ingénieux Fukutaicho servant à la fois de conclusion au premier acte quelque peu tumultueux de cette expédition et de lever de rideau sur un nouvel horizon aux proportions cataclysmiques.

Petit à petit, l'odeur de l'appréhension se faisait de plus en plus grisante, comme si la tension dans l'air du cube d'ivoire était tangible, le calme avant l'orage. Tous gardés sous silence par l'ampleur de la tâche qui nous avait été incombée, nous attendions patiemment, tels les camarades d'une âme fraichement arrachée au monde des vivants. Soudain, aussi fulgurant qu'imprévisible, l'éclair frappa enfin, la chasse venait de commencer.  

Sans perdre plus d'un souffle pour quelques lexies futiles et malvenues, je m'élançai à mon tour dans le sillage du possesseur du Nagaime, ma vélocité égalant la sienne de sorte à rester au même niveau que lui (Vélocité, T1 Corps). Sauts, enjambées et bifurcations s'enchaînèrent pendant des secondes qui elles-mêmes laissèrent place à d'interminables minutes. Un simple regard en arrière confirmait déjà que les espérances de vie de certains diminuaient à petit feu, le pas des moins expérimentés se faisant de plus en plus lourd à mesure que leur calvaire s'éternisait.

Pour ma part, cette escapade n'était qu'une promenade de santé. Ma condition de fils nocturne me permettait de courir sur des durées quasi indéterminées, mais outre ce corps exceptionnel, le Dangai était presque comme un second foyer pour moi, ses contraintes étant devenues de simples constantes d'un environnement auquel j'appartenais (Enfant-Nuit, T3 Corps ; Engel, Ascension I).  

Puis, au bout d'une vingtaine de minutes, nous firent finalement halte, le chemin alors utilisé se révélant à présent obsolète. À notre tête, l'Ikeda faisait l'inventaire des possibilités s'offrant à nous. La sécurité d'un long chemin de faille à franchir à toute vitesse ou l'incertitude que représentait un itinéraire au sein de l'Infini cosmique, à la merci de ses dangers et folies. Fut un temps, ce choix aurait pu se révéler cornélien pour moi, mais cette chenille avait depuis bien longtemps gagner de magnifiques ailes. Ainsi, mon choix se porta sur...

Soudainement, le Fukutaicho de la Yonbantai perçu quelque chose qui échappa à mon attention. Cadeau ou malédiction astral, une faille s'ouvrit subitement sous nos yeux, trop vite pour que je puisse réagir à temps. S'y engouffrant sans perdre de temps, Ikeda Tatsumi apparu quelques mètres abstraits plus loin sans aucune égratignure laissant derrière lui un nouveau chemin pour les plus réactifs, un trou de ver éphémère qui se refermait aussi vite qu'il n'était apparu.  

Je n'étais pas aussi réactif que lui, malheureusement, ainsi, mon attention se reporta sur mon choix initial. Gardant le silence, je n'accordai qu'un simple hochement de tête en direction du gros de cette escouade suicidaire avant de marcher d'un pas assuré vers les côtés du chemin stellaire. Un pas puis un second et puis plus rien. Je venais de me jeter à la merci du Vide infini alors que les règles de la physique se distordaient tout autour de moi, des sensations indescriptibles m'assaillant sans répit. Néanmoins, mon cœur était serein, corps et esprit étaient au-dessus de ce supplice et au milieu de ce chaos, Mère veillait sur moi (Enfant-Nuit, T3 Corps).

Ainsi commence l’expédition suicide, l’oeil du démon en pointe et Utsuro la Frappe dans les coureurs en fermeture. J’aurais bien aimé avoir pu m’entraîner davantage avant d’entamer telle mission, mais je n’avais pas même eu le temps de m’y préparer mentalement. Tout s’était fait très vite, j’étais la dernière addition à cette mission périlleuse, une odyssée qui, au moindre accroc, passera au rang de tragédie pour les moins affûtés. À peine lancé, le lieutenant bridait déjà son rythme pour coller à ceux de la division, c’était clair que s’il était seul, le chemin vers l'astéroïde ce serait fait plus rapidement. Je l’ai déjà vu en exercice, une vitesse supérieure à celle qui démontre ici est un jeu d’enfant pour lui.

Seulement nous ne sommes pas tous ici de grands coureurs, si l'on veut de la diversité dans les talents, on doit couper à l'homogénéité du groupe et s’adapter aux autres. Je resterai donc derrière s’il y a quiconque en besoin de soutien tant soit-il mental que physique. Je suis d’autant résilient que résilié, les voix je les connais et je reconnais une situation ou je suis fini et l’inverse. Même si je ne suis pas le plus résistant mentalement, je suis assez têtu et borné pour faire face un peu plus aux voix. J’arrive même à les écouter sereinement dans mes meilleures phases.

Vingt-minutes, quarante minutes, une heure, une heure et demie. Je ne peux plus faire confiance à ma perception du temps, je suis déphasé, mes repères temporels s’effacent quand je traverse ces immensités célestes. C’est dans ces moments-là, que je me retrouve avec moi-même et m'auto-convainc.

“Je n’ai nul besoin du temps, je n’ai nul besoin de ce repère futile. Suis le peloton et ta survie est assurée.”

Simple mantra que je me répétais en mon fort intérieur, le vide stellaire me martèle le corps, la meilleure image est celle d’une enclume. Je ne suis quasiment pas atteint physiquement, mais un marteau cogne, un marteau fait résonner de puissants sons en toi. C’est la longueur qui fait que ces sons peuvent te briser. Ils fonctionnent d’une et une seule manière, celle de forcer jusqu’à ce que l’esprit craque. Même lorsque l’on est habitué à devenir un château fort mental, les voix frappent au même endroit constamment. Créant tout d’abord une légère interstice et creusant le chemin du doute et du questionnement, grandissant sinueusement avec le temps, parce qu’ici, dans ces espaces interminables, le temps semble s’écouler à un rythme qui n’est plus humain, la droite devient courbe et se dessine de manière erratique, perdant toute logique et sens.

Je commence à me perdre dans mes pensées alors que les décors se créent et s’effacent, je ne les entendait même pas au début, mais ce que je croyais être le bruit de mes pas, se transforme petit à petit en fine voix tentant de se faire entendre. Cette fine voix, je fais tout mon possible pour l’ignorer et m’écouter moi même, me parler est donc plus important que de vérifier si j’ai même l’endurance de continuer. Céder son mental revient à tout céder à ces charlatans.

Notre maison est bien loin et je me réveille d’un état second lorsque j’entends la voix de mon lieutenant. On s’arrête alors et contemple deux échappées. L’une simple mais longue, demandant vitesse de déplacement. L’autre courte mais demandant une résistance mentale digne d’un marcheur du vide. Une torture de courte durée pour une arrivée simple. Le choix était tout tracé. Le chemin court est fait pour moi, la torture mentale ça réveille si c’est de courte durée, un chemin long et simple ça ramollit le cerveau, partie de moi qui sera le plus éveillé durant ce passage sous le feu ardent des voix du vide.

Et alors que je me rapprochais pour suivre de près le lieutenant Takumi, le même réflexe physique me parcourut que lui, Shikai et moi. Mon corps réagit avant mon esprit, base des bases qui faisait le pilier de mon style de combat et je fonds en piqué vers la faille tel un aigle chassant sa proie, disparaissant en un instant, abandonnant le reste de mon escouade. Le défi était trop distrayant que pour ne pas suivre ce portail aguicheur.

À la sortie de la faille, des émotions s'affichent enfin sur mon visage et montrent que j’aime moi aussi jouer. Un sourire carnassier en demandant plus. Mais avant d’en demander plus, je regarde autour de moi et contemple, si je suis bien accompagné de mon officier et de mon lieutenant. Je serais en très fâcheuse posture si ce portail nous avait séparés en trois chemins. Une mort presque assurée en somme.

Résumé:

Fiche technique:

Il n'avait fallu que trop peu de temps au Dangai pour séparer les shinigami en trois groupes distincts. Selon les aptitudes de chacun, l'on préférait tantôt se baigner dans le Vide, tantôt suivre un long chemin de faille pour feinter son esprit de marcher sur un sol tangible, tantôt se jeter corps et âme dans une faille à la destination inconnue. Mais les explorateurs stellaires ne pouvaient pas se permettre de prendre une pause. Là-bas, un astéroïde devait être mâté. Là-bas, leur cible ne cessait de se rapprocher du Nihon pour causer des dégâts irréparables.



Deux passeurs d'âme suivirent la voie la plus longue. Un long chemin de faille comme tant d'autres, aux parois translucides mais palpables, zigzaguant çà et là jusqu'à l'objectif chéri. Une promenade d'enfants comparé à l'épreuve lancinante d'une traversée du Vide, mais qui avait au moins le mérite d'augmenter ses chances de survie. Pourtant, lorsque @Reisender et @Furukawa Koto commencèrent à emprunter cette avenue, le sort décida d'envenimer leur course.

De multiples météores percutèrent le chemin de faille. Des dizaines. Des centaines. Des milliers. Seconde après seconde, impact après impact, la route perdit des morceaux, perdant alors son intégrité au Grand Vide. Vulnérable, le sauf-conduit perdit en sécurité mentale, obligeant ses hôtes à parfois goûter aux influences néfastes du Dangai, alors qu'il était dorénavant nécessaire de faire des bonds dans le vide, ou de rattraper sa prise lors d'un mauvais pas sur un sol friable.

Entre esquive de ce déluge de projectiles et poursuite implacable de la course, les deux shinigami ne pouvaient définitivement plus battre en retraite. Déjà, la route parcourue s'effaçait dans leur sillage, les météores semblant prendre les deux explorateurs pour cible. Mais le Dangai n'a pas vraiment de conscience, après tout. Ça ne pouvait pas être possible. Seulement une coïncidence.





Le Lieutenant avait décidé au dernier moment d'abandonner cette traversée, mais ça n'impressionnait pas @Kusanagi Seigen qui, sans aucune once de peur – son baptême du feu ayant déjà été fait –, se jeta dans le Grand Vide. Comme lors de son séjour dans l'errance infinie aux côtés de Mort, la même étreinte s'empara de lui, les froides et malsaines influences du Dangai s'incarnant en lui pour essayer de l'abattre – en vain. Le Cavalier de la Fin avait offert sa fidélité à Tsukuyomi, et Mère récompensait son Fils en le protégeant des dangers de la Nuit.

Pourtant, une erreur se greffa dans l'équation. Les Voix de la Nuit se multiplièrent, mais à défaut d'attaquer à tour de rôle, se rassemblèrent pour tenter une brèche. Ou alors n'était-ce qu'une seule Voix qui s'en prenait au pauvre électron libre virevoltant dans l'espace silencieux ? Une voix, un son, une information, s'infiltra dans l'esprit même du Cavalier de la Fin pour mettre sa résilience à l'épreuve. Mis à mal, le cerveau du shinigami transforma ce trop plein d'informations en un signal visuel chaotique, telle une multitude d'ondes surmenant leur cible sans relâche.

Un torrent d'émotions négatives s'éprirent de l'explorateur solitaire. Pendant de trop longues secondes, la présence de Tsukuyomi semblait si faible, si lointaine, si fade, qu'abandonner aurait été rassurant. Seul avec sa seule volonté, le Cavalier de la Fin devait surmonter ses fantômes, et tenir bon – juste assez pour atteindre l'autre bord. Mais la route semblait interminable.





Le Lieutenant avait plus d'un tour dans son sac ; plus d'une corde à son arc. Au dernier moment, il avait prédit l'apparition de cette faille d'un nouveau genre, et n'avait pas hésité une seule seconde pour s'y engouffrer, rapidement suivi par @Kanzetsu Shikai et @Sanzu Utsuro, avant que la voie ne disparût à nouveau. À peine une seconde d'ouverture, pour une expérience extraordinaire dont une existence entière ne saurait tarir. Et pour cause, peu d'élus pouvaient y prétendre.

Au sein des règles strictes de l'espace-temps, ces tunnels étaient de parfaites anomalies. Des chemins dans les chemins ; des conduits entre les mondes ; un Dangai pour le Dangai. Le Vide absolu. Là où Mort et Vie ne sont rien, et tout à la fois. Un royaume parfait, vierge, défectueux, complet, chaotique et ordonné. D'innombrables lueurs apparurent sur le champ de vision déformé des explorateurs suicidaires, pour autant de portes de sortie accessibles à tout moment. Mais où ces brèches pouvaient-elles mener ? Ailleurs dans le Dangai ? Ailleurs dans le temps, passé, futur ou présent ? Ou ailleurs... ailleurs, là où Père et Mère ne sauraient mettre les pieds ?


Évidemment, les ondes sonores n'avaient plus leur place en ce lieu sacré. Trop lentes, elles subissaient la pression de ce couloir bizarre avant de s'écraser impuissantes contre les tympans des passeurs d'âme. Alors, le Lieutenant se déporta brusquement sur la droit pour s'effondrer sur une bille de lumière bien particulière – une parmi des millions. Avant de réapparaître dehors, en un seul morceau, en compagnie des deux shinigami l'ayant évidemment suivi.

Takumi Fukutaisho, comment avez-vous pu ressentir cette ouverture de faille si profonde ? Est-ce là les prouesses d’un Enfant Nuit aguerri ? Ou est-ce grâce à cet œil écarlate qui a fait votre réputation au sein de l’armée invisible ?

L'Officier Kanzetsu Shikai, se remettant de ses émotions, s'enquit à lui poser ces questions. Tous les membres de l'escouade ayant rejoint le carrefour, ils purent reprendre la route au même rythme, et profiter de l'échange pour crever le temps. Par chance, cela allait être amusant.


Un sourire amical vint rassurer le Trancheur de Cero quant à l'ironie du Lieutenant. Ses rapports sociaux n'avaient jamais été son point fort – et il aimait brandir le second degré à l'usure.


Et en effet, l'objectif apparaissait déjà devant vous, au loin – mais que valait la distance, après tout, dans le Dangai ? Un astéroïde, comme on vous l'avait promis, et décrit. Un astéroïde en pleine course, dans le Grand Vide, là-bas, s'approchant doucement, ou rapidement, qu'en saviez-vous. Un astéroïde d'une dizaine de mètres... si les règles de distance étaient bel et bien respectées. Mais n'aviez-vous pas appris que non, justement ? À mesure que vous parcouriez le chemin de faille longiligne, vos doutes s'épaissirent, et en créèrent davantage. Les dix mètres d'envergure se transformaient en cents... voire en centaines de mètres n'ayant qu'un seul et même objectif.

D'abord, ce fut la perte des repères visuels. Les ténèbres,  amantes jalouses et affamées, ne laissaient passer absolument aucun écart aux règles de leur royaume. Couleur, forme, simple et pure lumière stellaire, rien n'échappait à leur joug terrible. Puis, ce fut au tour des repères auditifs. Le son, normalement mélodie de la vie et du chaos, se transformait ici en symphonie maléfique poussant l'esprit à ne souhaiter qu'une seule et unique chose, la surdité. Phonèmes de la Folie elle-même, je doute fort de ma capacité à restituer par des mots les horreurs que mon ouïe percevait et pourtant, le silence qui suivit fut bien pire. Absence totale de sens, je voguais aveugle, sourd et muet au gré de ses flots impartiaux dans leur sadisme, seul ou presque, ma foi en mes capacités et la présence maternelle de ma Déesse pour seuls compagnons.

Seul, je le croyais tout du moins, mais la réalité était tout autre. Autrefois, j'identifiais les Voix du Dangai comme une émanation de Mère, un chœur dans lequel elle choisissait par moments de se manifester. Avec le temps, je compris que ce phénomène ne dépendait en rien d'elle, ce n'était qu'un médium qu'elle utilisait pour contacter ceux qui voulaient bien prêter l'oreille. Mais ça ce n'était pas Mère, ça ne pouvait l'être, car sa présence se faisait de moins en moins tangible. Non, ces voix, cette voix était tout autre, si grotesque que son existence même est un affront contre l'Univers lui-même, un avatar d'une psychose universelle dont les racines s'enfonçaient dans le voile de la réalité.





J'ouvris doucement les yeux, tandis que j'aperçus des mistrals soulever ci et là poussières et roches en tout genre, un paysage pathétique, semblable à celui de Draha. Autour de moi, la ruine s'étendait dans toutes les directions, cicatrice éternelle d'un monde meurtri où l'astre solaire lui-même se faisait dévorer par un amas répugnant de ténèbres, les planètes placées sur son orbite plongées dans un état perpétuel d'éclipse en attendant la Fin imminente de l'existence.



Il n'y avait aucun signe reconnaissable, aucune inscription quelconque à décoder, aucune consigne laissée par les misérables victimes du cataclysme. Et pourtant, tout au fond de moi je le savais : vision d'horreur ou prémonitoire, le Nihon, devenu martyr, s'étendait sous mes pieds. Cette simple traversée du Vide m'aurait-elle piégée hors du temps ? Myocarde meurtri, je me résolus à parcourir ce désert, avancer voilà tout ce qu'il me restait. Mais une chose clochait, je ne sentais rien, ni chaleur, ni le poids de la gravité, ni le vent sur mon corps. Seule ma vision était conservée là où tous mes autres sens étaient convenablement endormis.

C'est alors que, comme pour empêcher mon encéphale de se reposer, il apparut. Ailes d'ébènes fièrement déployées, armure semblable à un châsse vivant, sombre tel le fin fond du Cosmos, il descendit des cieux, un ange déchu parmi les déchus, sa proie se reflétant dans ses iris vermillons, deux traces d'ichor aussi merveilleuses que répugnantes illuminant un casque rappelant un oiseau de proie maléfique. La simple vision d'un tel être m'emplit d'une ire qui n'avait que pour seule égale mon exécration. Car oui, je reconnaissais ce faucon noir, oiseau de mauvais augure, et lui aussi me reconnaissait tout simplement, après tout, nous n'étions que les deux faces d'une même pièce.



Non, il n'était plutôt qu'une version pervertie de moi, un catalyseur de l'entropie qui ne pouvait être mon égal. Se posant devant moi, il osa ouvrir sa bouche infecte.



Ses mots ne reçurent que pour seule réponse un long silence. Puis, trouvant au fond de moi l'énergie nécessaire, je lui répondis enfin.







Incapable de me retenir plus longtemps, je m'esclaffais à vive voix, un mélange hilarant de confusion et de honte voilant immédiatement le faciès de cet alter-ego poussait mon fou rire à son paroxysme. La chose derrière tout ce cirque me sous-estimait-elle tant ? Un monde aussi sec sans chaleur, ni vent ni rien ? Mon visage repris alors ses traits habituels, sauf pour mon regard draconien qui dévisageait cette autocaricature. Je le regardais lui c'est vrai mais ma vue était portée bien plus loin.



En effet, s'il y avait bien une partie de mon être qui était imperturbable, c'était bien mon esprit. Tant d'heures passées sous la supervision de Mère à renforcer mon âme, tant d'heures à rafiner mon mental et ma détermination. Ce genre d'attaques étaient futiles (Enfant-Nuit, T3 Corps). Je ne savais pas si mon aggresseur était conscient ou juste un mécanisme de l'Univers, s'il s'agissait d'un être empli de malice ou simplement une chose sans distinction de la morale. Mais une chose était certaine : dans mon esprit, rien ne pouvait m'atteindre. Il était temps de mettre fin à cette supercherie.

Détermination infaillible, celle-ci prit la forme de deux gigantesques ailes de lumières dont le rayonnement balaie les ténèbres environnantes, perçant cette illusion qui m'emprisonnait depuis bien trop longtemps. Vision autrefois eschatologique, elle s'illuminait de milles feux, les appendices dans mon dos brûlant tels deux soleils impitoyables la fabrique même de cette réalité factice.


Impuissant, l'être ténèbreux s'immobilisa, paralysé par son impuissance face à ma résolution avant de disparaître dans la lumière aveuglante. Très vite, même l'astre éclipsé disparut me laissant seul dans un monde d'albe qui s'effondrait à son tour pour laisser place à la sortie de ce chemin infinissable.


Sans plus tarder, je m'y engouffrais, mes sens retrouvant petit à petit les repères les faisant fonctionner. Non loin de moi, j'aperçus le reste de l'escouade. Le supplice était enfin fini.

M'approchant du reste du groupe je remarquais la taille astronomique de la pierre céleste. Cette chose était bien plus grosse que ce à quoi je m'attendais. Nihon autrefois menacé de perdre une de ses régions, c'était à présent l'intégralité de la planète qui était en jeu. Fronçant les sourcils, je m'adressais alors au Lieutenant, ma voix assez forte pour être entendu par le reste du groupe.