Tu observes les murs, les jardins et les salles qui défilent alors que tu avances dans des couloirs toujours plus longs. L’architecture et la décoration de ce bâtiment n’avaient pas grand-chose à voir avec ce que l’on pouvait voir dans le reste de la ville. Ne souffrant ni des affres de la pauvreté ni des fastes d’une richesse décomplexée, ce temple avait en tout point l’air d’un lieu religieux des plus normaux, si l’on mettait de côté sa démesure qui trahissait son importance. Et pourtant, combien étaient ceux qui arpentaient les lieux sans être motivés par de quelconques ambitions politiques?
Ton regard se pose sur le jeune homme qui a hérité de la corvée de te guider jusqu’à son lieutenant, avec lequel tu as rendez-vous. A-t-il rejoint cette division pour se consacrer au kido ou pour être au plus proche du concil blanc? Tu le scrutes de bas en haut alors qu’il ouvre la marche avec un ou deux mètres d’avance. Sa posture mal assurée, sa tenue légèrement desserrée et son air tendu trahissent qu’il n’est là que depuis peu. Tu presses légèrement le pas pour te mettre à son niveau, ce qui le surprend un peu.
O-où allez-vous? Suivez-moi je vous p-prie.
Je voulais juste pas être derrière.
Le silence retombe entre vous alors qu’il t’emmène jusque devant une porte fermée. Il toque. Aucune réponse. Ton guide te regarde, l’air un peu perdu avant de se redonner un semblant de contenance.
Le l-lieutenant Ryuzoji devrait b-bientôt revenir.
Haussant légèrement les épaules alors que t’acceptes l’idée de devoir attendre, tu commences à prendre en pitié le pauvre gars qui ne sait visiblement pas quoi dire de plus alors que la situation le met mal à l’aise. Tu décides de couper l’herbe sous le pied du silence gênant qui menace de venir s’installer entre vous.
Vous êtes nouveau dans le coin, non?
O-oui, je suis arrivé il y a deux semaines.
Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire mais vous devriez vous détendre un peu. Vous m’avez amené au bon endroit, c’est pas votre faute si votre lieutenant s’est absenté.
Ouai, on repassera pour la détente hein. Tu t’appuies nonchalamment contre le mur alors qu’il reste droit comme un piquet . Bah, autant continuer le small talk, ça occupera ton temps et limitera ses gesticulations de personne trop tendue pour la sérénité de leur entourage immédiat.
Vos premiers jours ici se passent bien?
Ça doit vous faire bizarre d’être soudain entouré de plein de nouvelles personnes.
Tu lui souris gentiment. Vu le bestiau, tu aurais sorti que l’eau mouille et que le feu brûle que ça aurait été moins évident.
Je me rappelle de mes premiers jours dans ma division. Le plus bizarre avait été d’être entouré de livres, revues et textes alors que je ne savais pas encore lire.
La discussion, ou le monologue anti-blanc gênant, se poursuit durant quelques minutes, sans que tu ne réussisses à tirer grand-chose d’intéressant concernant sa division ou lui-même. En même temps, il venait d’arriver, il n’y avait donc pas grand-chose à tirer pour commencer. Peut-être était-ce pour ça qu’ils l’ont choisi pour escorter un membre de la Corneille d’ailleurs. Si c’était le cas, c’était malin. En tout cas, tu n’avais plus qu’à attendre l’arrivée de la véritable raison de ta venue.