Dans les contrées reculées d'hokkaido sommeillent des bêtes dans les plateaux enneigés. Ces derniers temps l’activité des Yokai dans la région reprends du pas sur le calme froid des montagnes habitées par les descendants Ebisu, origine contestée, peuple bafoué, je connais l’histoire que l’on raconte et n’ait que faire de leur appartenance, les humains sont mortels et ne vivent que peu de choses intéressantes, ce qui m'attire ici n’est point la bonté d’âme et l’empathie, je suis ici pour m’écarter et m’éloigner du seireitei, les shinigami. Prendre du recul sur ma situation tout en effaçant des Yokai d’une zone définie. Le paysage me donne l’impression d’être un peu chez moi à sa façon, j’apprécie le froid mordant et le bruit de la neige sous mes pas.

Je ne cesse de penser depuis mon retour à cette mélodie qui me trotte en tête, revenant à chaque fois que je ne pense à rien, frappant contre mes tempes à longueur de journée, elle m’est familière et je ne sais d'où elle vient. Mon esprit me dit Dangai, mais ma raison trouve cela impossible. Peut-être avais-je été rendu fou par ces voix qui m’avaient creusé l’esprit, des pièces du puzzle de ma mémoire manquent et je n’ai aucune réponse à toutes mes interrogations. D'où ma frustration générale, alors je m’éloigne et je prends des distances sur la vie de shinigami banale à la soul society pour prendre des vacances dans le grand froid. Chasse au Yokai accompagné d’un gars qui voulait prendre la mission au même moment que moi. On s’est presque mis sur la gueule pour savoir qui la prenait pour au final y aller à deux.

Avant de partir j’ai quand même proposé de se manger un truc ensemble, allant moi même chasser du gibier, une envie de ne pas me faire d’ennemis, mais surtout d’enfin socialiser, depuis que je me sentais mieux avec moi-même, depuis cette libération, ce combat et cette expédition m’avaient changé. Je ne savais dire pourquoi mais un poids s’est effacé depuis que je me suis accepté pour ce que j’étais, pour ce que je voulais. Je tends une broche en bois avec un morceau de sanglier à Jomei, un gars spécial comme on en fait pas. Tout ce qui est différent me va, mais ce type sort vraiment des normes.



J’avais déjà entamé le travail d’éclaireur, dans une grotte non loin sommeil un bon gros Yokai, surement de second cercle, je ne sais s’il est entouré, mais j’ai capté l’antre. Il possède un mode de fonctionnement unique, un Yokai herbivore, cas unique mais relevant clairement d’une capacité spéciale. Je ne sais comment il fait, mais il survit sans autre chose que de la verdure et des petits animaux. Et je ne serais venu le chasser s’il ne détruisait pas la faune et la flore des alentours, pouvant en l’espace d’une ou deux semaines, presque se faire une forêt entière. Des arbres centenaires disparaissent du jour au lendemain, ça ne le fait pas. On nous a demandé de stopper entièrement ce qui provoque cela et je me demande s’il n’est pas accompagné.




Dis-je satisfait, repas terminé, je me relève et m’étire de tout mon long, craquant les muscles de mon dos et de ma nuque, finissant sur mes phalanges. J’active mes capacités de sensorialité, la chasse peut réellement commencer et je m’élance à pleine vitesse, fendant le sol sous mes pas, on est pas trop loin de la grotte. On se rapproche de plus en plus, et de moins en moins la description de ce qu’on nous avait expliqué colle au prospectus de mission. Les arbres que l'on passe n’ont pas été dévorés, il n’y a ni trace de morsure, ni marques qui prouvent qu’ils ont été arrachés. En fait, la vue même du délit à la nature était certainement capable d’en faire vriller plus d’un.

Alors que l’on arrive à la grotte, qui n’est pas petite, mais possède une entrée immense, je comprends ce phénomène, le Yokai que l’on avait en face de nous était en fait un amalgame de tous ces arbres qu’il arrachait, prenant en puissance de jour en jour via un processus unique d’absorption. Une taille démesurée pour un humanoïde de verdure nous toisant depuis la canopée gelée. Nous ne sommes que des petits chiots face à telle démesure.



Ouais je ne suis vraiment pas du genre à penser à comment combattre des yokai, j’ai l’habitude de foncer dans le tas, mais là vu la situation et le fait que je ne sois pas seul, je demande à mon camarade son avis. Je pense qu’il a peut-être déjà un truc en tête. Enfin je prie et j’espère. Parce que sinon on va vite finir broyés, écrasés et consumés par le vilain de la forêt là. Ce combat s’annonce comme un bon défi de coopération. Voyons voir ce que je peux faire en équipe. Titan de verdure contre un duo qui veut se faire cette chose en solo, qu’est ce qui peut mal tourner ?

Je fends le sol à pleine vitesse de ma vélocité surhumaine et dégaine ma. . . ouais mes poings en gros. Je prends appui sur un rocher et bondit en hauteur, je surplombe les démons et atterrit pied-bouche dans le groupe de Yokai, apparemment agacés que je vienne déranger une bagarre en famille.

Je ne suis pas là pour jouer avec la nourriture, d’habitude j’aurais pris la température et me serait amusé à tester des trucs marrants pour passer le temps, mais ici j’ai un collègue à entraîner et tester. J’esquive froidement les pauvres essais de coups à mon encontre quand en fait je me rends compte que. . . bah ils n’ont pas encore la force de réellement être des menaces, des griffes et des entailles, des bleus et marques, ce n’est rien. Les frappes sont brutales mais chirurgicales, le massacre est précis, les têtes roulent et les monstres partent visiter les enfer et la soul society en ticket aller simple. Un, deux, trois, quatre, cinq. Le compte est bon, j’essuie la souillure de mes mains, m’étire et m’élance, mon travail ne fait que commencer, voyons voir comment l’autre se débrouille de son côté.

Le Yokai géant:

Cylindre d’acier spirituel dévoilé, j’avais aucune vergogne à pointer un paria de la pire espèce comme moi du bout de mon flingue. Panique instantanée dans l’un des rez-de-chaussées de la 4ème, avec les quelques têtards à lunettes qui ont deux ou trois neurones nécessaires pour faire tourner l’administration de ce taudis qu’est cette division. Ça fait marrer deux trois randoms qui espèrent voir une bagarre, mais le ton se hausse naturellement entre l’albinos et moi pour au final que notre ego prenne le dessus et qu’on décide de la faire à deux, aucun ne voulant faire un pas en arrière.

Quelle journée de merde.

Je sens le vent froid passer entre mes vêtements, caressant le métal sur ma peau et me rappelant à chaque instant que ce corps n’est plus ce qu’il était. Même si on a fini par combler tous les trous de mon corps, même si on a retiré le mauvais pour mettre du meilleur, ça reste du rafistolage. Mes cicatrices sont toujours présentes, elles sont toujours aussi profondes. Je pense que rien ne pourra combler ces plaies d’une vie antérieure… S’il y en a qui croient que la mort c’est la fin d’une vie, attendez que je leur mette mon poing dans la gueule. Quand on devient une gueule cassée, c’est encore pire que de crever en tant qu’humain pour renaître en tant qu’âme. Pourquoi ? Parce qu’on garde nos souvenirs, dans notre petite tête. J’ai toujours eu la gâchette facile, et la seule chose qui m’empêche de me tirer une balle c’est parce qu’il y a toujours une meilleure cible devant moi. Là, dehors, les démons traînent. À foutre en l’air la vie de quelqu’un d’autre. Une âme errante, un shinigami, un humain. Peu importe. Tant qu’il y aura quelqu’un à victimiser, les Yokai seront là.

Et mon arme sera pointée sur leur nuque.

Mais aujourd’hui est un jour spécial, dans la vie misérable d’un traqueur de monstres. Pour une fois je ferme ma gueule et je suis calmement le nain de jardin à travers les bois enneigés. C’est rare que je monte autant vers le nord, les conditions sont rudes pour quiconque déciderait de s’installer par ici. Pas le meilleur territoire de chasse pour un démon en appétit. Mais il reste des braves gars qui malgré la pénibilité de l’endroit décident de rester. J’ai longtemps observé les humains pendant mes traques, parce que pour connaître mes cibles il fallait bien que je me renseigne sur leur nourriture. Malgré leur vie éphémère, ils s’accrochent à des choses que je ne comprends pas, ou que je ne peux plus comprendre. Traditions, origines, attachement à un lieu, religion… Donnez leur un semblant de raison, et ils s’y accrocheront.

Parce que c’est tout ce qu’ils savent faire.

Brochette de viande en main, je scrute du regard le jeunot avec appréhension, acceptant lentement l’offre avant de commencer à baisser les quelques bandages sur mon visage pour laisser apparaître les énormes sillons tracés sur ma gueule cassée. La seule chose qui a été ressoudée avec une aiguille, ce sont mes lèvres, mais le reste des balafres est resté tel quel, alors que je mâchais férocement dans ce steak juteux sans faire de manière. Il était bizarre, ce Utsuro. J’ai remarqué ces tiques au fur et à mesure qu’on progressait, toujours à se gratter la tête de temps à autre. Réflexe professionnel de ma part, là où je voyais à travers lui la marque d’un passage risqué au Dangai, récemment. Mon petit doigt me dit qu’il est pas tout seul dans sa tête, mais qui peut le blâmer ? Certainement pas moi. Je vais pas faire le mec qui cherche à mettre une cible au moindre connard qu’on a envoyé dans les étoiles et que, comme par hasard, il revient avec quelques circuits endommagés. Assumer votre putain d’hypocrisie, Seireitei de mes couilles. Entre deux mâchouilles, je brise mon mutisme sans réellement avoir donné de signe avant-coureur :



Sans réel sarcasme, je lâchais ma remarque alors que je me surprenais moi-même à gober de plus en plus vite la chair de ce truc. Un environnement rude, Hokkaido ? Si ça permet de donner des steaks de cette qualité alors je dis oui, rendons cet environnement imbuvable. La dure réalité de ma remarque c’est que j’ai même pas dit ça pour le rabaisser ou quoi, parce que dans les faits ça a l’air d’être un bon pisteur, avec un minimum de tête sur les épaules… Et j’ai vu la façon dont il bougeait, l’état de ses mains, son regard. Ce mec est un véritable chasseur, comme moi. Sauf qu’il a l’air de privilégier le contact, là où moi je m’écarte de plus en plus pour exterminer à distance. Diamétralement opposé, et pourtant plein de détails en lui qui me font penser à moi. Bah, ce ne sont que des détails. Le soleil était encore dans le ciel, et il était temps de passer au plat de résistance.

On remonte rapidement la piste de la bête qui saccage le décor sur son passage. Partout où elle passe, la végétation y passe. Sacré mutation du côté des dévoreurs d’âmes, ça doit faire jouir les gars de Kyushu qui émettaient des théories comme quoi l’énergie spirituelle existait partout, en quantité différente, même dans la nature. Bah voilà ce que ça donne : un géant d’écorce qui avoisine bien les 10 mètres. Putain d’erreur de la nature, si on me demande mon avis. En tout cas Utsuro me demande le mien, du moins si j’ai un plan. Passant le périmètre au peigne fin avec mon détecteur d’énergie, je prenais conscience des bestiaux à traverser avant d’atteindre le titan de bois, et me contente de dégainer ma machette.


Ma cape rouge se soulevant, les réacteurs sur mes membres inférieurs et supérieurs s’activent et je me propulse vers l’avant, suivant comme une ombre l’initiative du Marche faille qui s’enfonce dans les rangs ennemis pour briser les premiers qu’il rencontre. Aucune subtilité, aucune surprise de ce côté-là… jusqu’à ce que je remarque qu’il laisse deux trois mobs passer au travers de ses pinces, son regard portait vers l’arrière… Oh le fils de…


Plusieurs lignes se tracent sur les silhouettes des Yokai me faisant face, avant que la seconde d’après ils volent en apéricubes sanglants, secouant ma machette dans le vide pour faire voler le sang, alors que je glissais littéralement sur la surface blanche sous nos pieds grâce aux réacteurs dans mes jambes. Les corps sans vie de leurs potes attisent les sens des autres démons, qui rentrent dans une espèce de frénésie qui les pousse à nous sauter dessus. Passant ma main sur mon asauchi à ma ceinture, je dégaine la lame pour frapper dans deux directions opposées et réaliser une véritable danse mortelle au milieu des crocs des monstres. Ils ne sont que le menu fretin, mais laisse un mecton trainer dans ton dos pendant que tu t’attaques à un gros bestiau, et c’est comme si tu signais ton arrêt de mort. Donc non, je n’ai aucune pitié pour ces sales races.

Un rugissement puissant balaye la neige devant les racines de la grosse cible, ayant enfin remarqué notre présence alors qu’il levait deux extrémités au-dessus de sa tête, l’intention plutôt évidente.


Appuyant sur mes jambes, je faisais fonctionner ma vélocité couplée à mes prothèses pour rapidement me déplacer et contourner le démon géant, évitant de peu sa puissante attaque descendante qui ravageait la terre à ses pieds et qui soulevait de véritables plaques de pierre. Si je me prends le moindre coup de ce genre, c’est fini pour moi. Depuis ma position, ayant atteint quelques dizaines de mètres derrière la créature, je restais prêt à réagir à la moindre action pendant que je réfléchissais à un moyen de descendre ce truc. Réfléchis Jomei… il y a toujours une faille dans chaque système. Ce monstre ne peut pas être parfait. Il me faut juste trouver le petit craquement dans la surface de cette bête pour trouver son point faible.

Mais avec les poings seuls d’Utsuro ce sera pas suffisant, j’aime pas devoir baby-sitter des gens mais ma meilleure chance de réussir cette mission c’est de m’assurer qu’il crève pas comme un con, alors j’active une de mes runes sur ma main pour faire apparaître une longue chaîne de fer, que je jetais dans la direction que le nain entreprenait après son esquive - s’il était pas assez idiot pour rester sur place et encaisser les coups du monstre.


La danse risque d’être longue cette fois-ci.

Résumé :

Survis 5 minutes et je trouve comment le descendre, le mot d’ordre était la survie pure et simple jusqu’à ce qu’on ait une solution à cette chose. Je lève la tête et remarque quelque chose de simple et frappant, quelque chose qui aurait dû me marquer au premier coup d'œil. Mais mes infos de base étaient erronées, ce monstre est un troisième cercle et non un second, ce n’est pas une mission de routine ni une ballade de santé, il tiendra bien plus longtemps et pose un réel risque pour notre survie. Alors que je pense aux risques et à la possibilité d’un combat dantesque contre un géant enneigé, des frissons parcourent le long de mon échine.

Je finis de nettoyer la petite troupe rapprochée du géant et me retourne un instant pour constater le travail de mon collègue, aucune pitié pour les yokai, il n’en reste pas un debout pour aller raconter notre massacre à ses frères. Seulement le moment de trop, l’inaction du géant m’avait permit de tranquillement m’occuper de ses petits cousins, mais il n’avait très certainement pas apprécié le spectacle du moins sanglant présenté par ce duo improvisé, mais qui pourtant va tenter de se trouver une synergie.

J’entends derrière moi les craquements du Yokai géant et une sorte de râle sylvestre mélangé à un cri, un frisson me traverse la nuque, ce n’est pas cette fois du plaisir, c’est la mort elle même qui vient toquer à ma porte, j’avais fait erreur, pensant que se taille le rendrait lent, mais ses coups partaient un peu trop vite à mon coup et mon esquive ne serait pas assez que pour éviter entièrement le coup. J’entends Jomei et le bruit d’une chaîne, ma rédemption. Je l’attrape et me sert de celle-ci pour me replacer derrière les immenses amalgames de racines lui servant de pieds. Mon regard croise celui de mon allié et le remercie d’un mouvement de tête. Alors que je ressens le métal et observe l’enfant titan de la forêt se tenant devant moi, une idée me traverse pour le tenir en haleine.



Alors que j’entoure mon poing droit de la chaîne, le géant réarme ses poings immenses je fais tournoyer mon nouvel objet de combat et le lance en direction du dos de la cible, l’objet finissant par s’accrocher dans le corps plein de cavités du Yokai. Un sourire maniaque sur le visage et l’énergie se met à briller autour de moi, je ne le contrôle pas, c’est juste que je prenais du plaisir à m’imaginer lui arracher le dos d’une traite en concentrant ma force toute entière. Le temps passe au ralenti alors que le géant se tourne vers moi, mais je n’allais pas lui laisser l’honneur de tenter quoi que ce soit. Je tire de toutes mes forces la chaîne accrochée au Yokai et lui fait perdre brutalement l’équilibre. Tombant sur le dos, je sprint droit vers sa tête tel un prédateur vers le point le plus sensible de sa proie.

Seulement dans l’adrénaline du moment, me laissant emporter par l’énergie et la puissance affluant en mes poings, je ne m'étais pas demandé si ce Yokai avait un pouvoir qu’il pourrait utiliser. J’étais trop occupé à venir marteler sa pauvre tête, commençant à creuser dans l’écorce. “Ses bras ne bougent pas, c'est une bonne occasion !” me disais-je fièrement dans ma tête.

J’approchais trop dangereusement de son cœur et il commençait à paniquer.



Stoppé dans mon élan, mon visage passe de la fierté à la terreur alors que j’active instinctivement mon gardien de plomb. Un mur de lianes s’était levé et lacère la zone tout autour de sa tête puis trace un dôme autour de moi pour tenter de m’enfermer. Je devais tenter de passer au travers, je me suis fourré dans un sacré pétrin, rester là dedans c’est signer mon arrêt de mort certain. Et alors ? Si je creuse le cœur avant lui ou que Jomei trouve un moyen de m'aider, c'est banco. Jomei pouvait l’entendre.



Le bruit de mes coups, je mitraille tel une gatling la tête du Yokai pendant qu’il me fouette de toutes parts, non, vous ne vous trompez pas de chaîne de télévision un dimanche soir, ceci est bien un combat au sommet que je tente de gagner. La couche d’énergie spirituelle qui me protège ne me couvrira pas bien longtemps. Peut-être assez pour mon allié ?

”Résumé”: