Il faut plusieurs jours à la shinigami aux yeux écarlates pour parvenir jusqu'à la région de Chugoku qui se trouve sous la juridiction des Parle-Esprit. Quelques jours avant son départ, elle a envoyé un Jigokuchō à la Sixième Division pour lui faire part de son intention de rencontrer un officier ou un membre aguerri, demandant en même temps l'autorisation de rester sur place quelques jours.

La voilà maintenant dans la province d'Hiroshima, attendant patiemment devant les portes du sanctuaire d'Itsukushima le moment propice pour s'y glisser. Elle s'assoit à même le sol et pose délicatement son zanpakuto sur ses genoux.



La raison de la venue de la Joukan Hayate en ces terres n'est autre que l'apaisement d'une partie de ses craintes. Elle espère trouver auprès des maîtres de la voie de l'âme et de la communication avec les esprits des réponses à certaines de ses questions. Se débarrasser des troubles de l'âme lui permettrait de mieux se concentrer sur son travail et en même temps, peut-être, de se sentir mieux.

En tous cas, la shinigami aux yeux écarlates sait qu'elle ne peut pas tout gérer en même temps et qu'il faut bien commencer quelque part. Ce quelque part, ce sont ses problèmes d'ordre personnel qui pourraient bien empiéter sur la qualité de son travail. Posant son regard sur son zanpakuto, le reflet même de sa personne, elle l'interroge.



Comme toujours, Hakujou ne lui donne pas la moindre réponse. Kyoka se mord la lèvre inférieure. Elle est triste mais elle ressent aussi de la colère, un pincement au coeur. Qu'est-ce qui ne va pas avec elle ? Que fait-elle mal ? Elle lâche un soupir et, après une bonne heure d'attente, elle croit apercevoir la silhouette d'un confrère shinigami. Se levant et saisissant son zanpakuto, elle s'élance alors devant cette personne pour lui barrer la route avant de s'incliner respectueusement, poing appuyé contre la paume de sa main droite.

Je vous l’avais dit précédemment, mais il m’était déjà arrivé de recevoir des Shinigami qui voulaient que je leur donne nom de leur Zanpakuto. Pourquoi ? Parce que la plupart n’était pas patient. Ils voulaient choisir la voix la plus facile. Tout ce que l’on pouvait faire, nous, c’était de leur donner conseil, de les guider. Pas de donner leur nom de leur Zanpakuto pour utiliser leur pouvoir. N’avaient-ils donc jamais compris que le pouvoir du Zanpakuto était basé sur la relation avec l’âme du Asauchi et du Shinigami ?

Même moi, je n’avais jamais pu communiquer avec mon Zanpakuto. Son nom m’était naturellement venu à un moment où j’en avais le plus besoin. Mais, je vous raconterai cette histoire une autre fois. Je jouais tranquillement de la flute dans mon bureau, faisant une pause sur ma paperasse. S’il y avait bien une chose qui me ferait lâcher mon grade d’Officier, c’était bien la paperasse. Les Kaiins ne savaient pas la chance qu’ils avaient d’être libre comme l’air.


Sérieusement, je ne pouvais jamais être tranquille dans cette division ! Mon grade pour un instant de paix ! En plus, il avait interrompu ma mélodie… Enfin, si c’était une Joukan, je ne pouvais pas l’envoyer boulet. Ah oui, si c’était n’importe quel glandu, je l’aurai refilé à quelqu’un d’autre. J’inspirai un bon coup, rangeai ma flute dans ma ceinture et allai à l’entrée pour l’accueillir.


Le regard de son visage et sa position assise amenaient à penser qu’elle avait attendu là patiemment. Je me demandais depuis combien de temps… Vu sa carrure, elle semblait plus petite que moi. Et ses yeux étaient aussi écarlates que les miennes étaient bleus. Je m’assis en face d’elle et écoutai sa requête. Elle désirait, pour la citer, voir un maitre de la méditation pour communiquer avec les esprits, si j’avais bien compris. Une façon détournée pour me dire qu’elle voulait accéder à son monde intérieur pour discuter avec son Zanpakuto ?


Je laissai une pause avant de reprendre :

L'homme devant lequel elle s'incline n'est visiblement pas en disposition de répondre à ma requête et s'en retourne chercher son supérieur. Le coeur battant, telle une petite fille attendant l'heure tant attendue de déballer son cadeau, elle attend patiemment l'arrivée du spécialiste.



Un Joukan des Parle-Esprit. Kyoka l'observe pendant quelques instants. Il semble plus grand qu'elle et ses yeux bleus lui rappellent la couleur somptueuse du ciel d'été. Après une demi-seconde d'absence, la femme s'incline devant l'homme afin de le saluer et se présente, précisant le motif de sa visite.



Kyoka est quelque peu déçue d'entendre cela, mais elle ne peut se montrer capricieuse et exiger qu'on lui présente quelqu'un qui soit en mesure de débloquer sa situation. Elle est consciente que sa demande est égoïste. Ainsi, même s'il ne s'agit que d'éléments théoriques, elle est prête à écouter son interlocuteur Joukan et qui sait, peut-être pourront-il échanger autour de leur expérience.
Lorsque Sora demande à la femme ce qu'elle attend de son zanpakuto, celle-ci écarquille les yeux. A vrai dire, elle ne le sait pas elle-même. Peut-être cherche-t-elle à combler le vide dans son coeur... Sans doute, veut-elle que quelqu'un la conseille, la guide et partage son fardeau... Peut-être cherche-t-elle juste à devenir plus forte ?



Elle serre les poings et prend une grande inspiration. Ce n'est pas évident de formuler ce qu'elle désire, tout est si chaotique dans son esprit. Et puis, il n'est pas facile de reconnaître ses échecs, ses peurs et de s'ouvrir à autrui. Si la femme commence à s'exprimer d'une voix faible et tremblante, le visage tourné vers le sol, au fur et à mesure qu'elle enchaîne ses phrases, sa voix devient plus forte et elle redresse petit à petit son visage pour regarder son interlocuteur droit dans les yeux.



La Joukan prend sa tête entre ses mains, la secouant comme pour essayer de se remettre les idées en place.

J’écoutai attentivement la requête de ma consœur Joukan. Déjà, elle avait l’air d’avoir réalisé qu’elle ne pouvait pas réellement répondre à ma question. L’écarquillement de ses yeux le disait très bien. Ensuite, il m’expliqua que son Zanpakuto lui avait déjà parlé une fois pour lui donner son nom. Comme la plupart des Shinigami. J’en faisais partie, d’ailleurs. Enfin, il y en avait qui pouvait matérialiser leur avatar sans avoir le Shikai, d’autres pouvaient les voir dans leur monde intérieur.
Soudain, elle commençait à panique. Le doute l’avait amené à la panique. A vrai dire, je comprenais son sentiment. Cependant, j’étais là pour la rassurer et l’apaiser. Je me levai et posai ma main sur son épaule, histoire de la calmer.


Je pris une pause pour m’assoir avant de continuer :


En m’entendant dire tout cela, je me demandais si Hikari était déjà réincarnée en Zanpakuto. Pour le savoir, il faudrait aller au Havre des Esprits. Malheureusement, je n’avais pas encore la capacité pour y aller. A moins de mourir moi-même. Enfin, je devais d’abord m’occuper de Hayate.


Je ne voulais pas encore dire à haute voix que le nom que son Zanpakuto lui avait donné n’était probablement le bon. Mais, bon, chaque chose en son temps. Surtout qu’Hayate avait du mal à digérer que son Zanpakuto ne lui parlait plus…

Kyoka redresse la tête et plonge son regard écarlate dans les yeux bleus de son interlocuteur et guide, qui vient de s'approcher pour poser une main amicale sur l'épaule de la femme et la calmer.
Elle ferme les yeux quelques instants, se concentrant sur sa respiration et sur la voix de l'homme, essayent de se calmer. Elle rouvre les yeux subitement lorsque le shinigami de la sixième lui confie qu'il se trouve dans une situation similaire, un peu embarrassée, et s'interroge. Est-ce rare, au sein de cette division, d'être incapable de communiquer avec son Zanpakuto ? Ce sont des Parle-Esprit...  Si oui, elle songe qu'il doit se trouver dans une situation plus compliquée.



La Joukan du Troisième Oeil hoche la tête comme une enfant docile. Il est vrai que parfois, elle oublie que les Zanpakuto ont pu connaître un destin semblable au sien. Ce qu'elle a retenu c'est surtout qu'un Zanpakuto est le reflet de son shinigami, son âme-soeur d'une certaine façon. Elle ne comprend donc pas comment cela peut être si difficile de communiquer. Elle... elle n'a jamais cherché à comprendre ce qu'étaient les Zanpakuto et comment ils étaient conçus, elle sait juste que ce n'est pas un processus naturel, que c'est quelque chose qui a été instauré bien avant sa naissance.
Son regard se pose sur son asauchi qu'elle caresse du bout des doigts. L'interrogeant sur ce qu'il ressent peut ressentir. Mais évidemment, sa question reste une nouvelle fois sans réponse.



Lâchant un soupir, la shinigami se remémore ce jour pluvieux au sein de la province Nara. Elle et trois autres membres de la Troisième Division coursait un traître. Celui-ci, préparé, avait réussi à rejoindre ses amis embusqués dans une zone où la végétation est particulièrement dense. Et, un affrontement est survenu. En supériorité numérique, les forces ennemis avaient l'avantage.
L'Hayate craignait que ses compagnons périssent mais aussi que ce traître reste impuni. Elle a décidé de poursuivre le combat, demandant à ses compagnons d'aller chercher des renforts pendant qu'elle retiendrait l'ennemi, même si elle était déjà blessée. L'un est parti, les autres sont restés pour la soutenir. Et, à un moment donné, alors que le trio arrivait à bout, une sorte de grésillement a assailli son esprit. C'était extrêmement désagréable. Mais, au coeur de cette espèce de grésillement, elle a entendu l'écho un nom la frapper comme une révélation. Hakujou, le nom de son Zanpakuto. Cette révélation leur a valu une issue plus agréable que ce qu'elle aurait pu espérer.



Portant son regard sur son interlocuteur, elle marque une pause avant de reprendre :

Je l’avais réussi à la calmer. D’un côté, maintenant que j’y repense, peut-être que je n’aurai jamais dû la toucher. Il existait des personnes n’étant pas tactile. Heureusement qu’elle n’en faisait pas partie. J’écoutai alors son histoire. Hmmm… Oui… Je vois… Son Zanpakuto lui avait donné son nom alors qu’elle était en difficulté. Ce qui est déjà une bonne base. Hakujou avait au moins fait un premier pas vers elle. On lui donnant son nom, il ou elle lui avait permis de se protéger. C’était comme moi. Hantai m’avait donné son nom au moment où j’étais en danger. Depuis, je n’avais plus aucune nouvelle de lui. Je ne faisais qu’attendre patiemment qu’il venait à moi, sans trop le forcer.
Hayate se demandait s’il s’agissait d’un hasard et aussi voulait connaitre un moyen de bien communiquer avec son Zanpakuto.


Je pris une pause, le temps de réfléchir à ses autres questions. Elle avait fait référence à la matérialisation des âmes des Zanpakuto, me demandant si c’était le meilleur moyen de se lier avec lui sans le forcer.


Monde Intérieur que je ne réussissais toujours pas à accéder. Alors que j’avais beau méditer tous les jours pendant de longues heures. Je ne savais pas ce qui coinçait…

Même si l'officier Masamune ne semble pas en mesure de communiquer avec son Zanpakuto, il demeure un  fin connaisseur de la voie de l'âme et du fonctionnement de la relation entre un shinigami et son partenaire, livrant quelques conseils éclairés à l'officier Hayate. Il est... plus humain que nombre de shinigamis du Troisième Oeil, cela joue sans doute beaucoup dans l'apaisement de l'âme de la femme. Et pourtant, il demeure assez neutre, d'une certaine façon, ne s'avançant pas trop quant aux sentiments, pensées et intentions des Zanpakuto.



Un sourire furtif se dessine sur les lèvres de la Joukan. Elle espère que l'homme dit vrai et qu'il ne s'agit pas d'un hasard qu'elle ait entendu le nom de son Zanpakuto ce jour-là. Elle aimerait qu'Hakujou tienne ne serait-ce qu'un tout petit peu à elle. A cette pensée, une question lui traverse soudainement l'esprit, un détail auquel elle n'avait jamais songé jusqu'alors. Mais, avant de la poser, elle laisse l'homme poursuivre. Et, une nouvelle interrogation lui vient.
Kyoka se retient de rire. La voie du corps est tellement plus simple que la voie de l'âme. Elle n'apporte pas un cycle de questions sans fin, seul le talent, la santé et l'effort en impactent le développement.



La femme aux yeux écarlates ne comprend pas comment quelqu'un peut être capable de faire apparaître son Zanpakuto sans connaître son nom. Pourquoi le Zanpakuto accepterait de se montrer mais pas de donner son nom ? N'est-ce pas étrange ? Cependant, elle décide de laisser ça de côté, sentant qu'elle n'est pas de taille pour s'impliquer davantage dans la mécanique des Zanpakuto et ne souhaitant pas s'éloigner de la raison de sa venue.

Pour en revenir au monde intérieur, elle en a déjà entendu parlé, comme nombre de shinigamis. Mais, la spécialiste du contre-espionnage n'est jamais parvenue à y aller. Elle ignorait cependant qu'elle ne serait pas capable de comprendre les paroles de son binôme si elle parvenait à le rencontrer. Le comprendre sans parler la même langue, voici un autre élément qu'elle ne comprend pas. Pourquoi la voie de l'âme est-elle si difficile à saisir ?



La femme s'éclaircit la voix, après ce commentaire prononcé à voix basse, puis elle reprend la parole pour interroger le Joukan de la Sixième.



Si Hakujou a donné son nom afin de protéger sa shinigami, alors celle-ci se demande si cette douce chaleur qui l'enveloppe lorsqu'elle utilise son Shikai est en réalité son Zanpakuto qui la protège. Mais, dans ce cas, elle se demande ce que le froid qu'il génère représente et pourquoi il ne peut protéger que Kyoka.

Il m’arrivait d’oublier la réputation que l’on nous donnait, nous les Parles Esprits. D’un côté, je me foutais un peu, de savoir ce que l’on disait de nous. Pas au début, je l’admets. Il m’arrivait d’être irrité quand on se moquait de nous. Mais, avec le temps et grâce à plusieurs personne, comme Hikari et Tsukasa-Taisho, on finit par les oublier. Qu’importait ce que l’on disait de toi, tu ne pouvais pas plaire à tout le monde. D’autant plus que nous étions tous du même côté et que nous avions tous le même but. Si on laissait de côté les objectifs personnels. La Joukan Hayate me posa des questions supplémentaires concernant les Zanpakuto. Là, il fallait admettre, c’était trop précis, sa question…


Je devais être mal placé pour en parler vu que je n’avais jamais vu l’apparence de mon Zanpakuto. Aucune communication directe avec lui. D’autant plus que je ne parvenais toujours pas à accéder à mon Monde Intérieur. Mais, est-ce que je faisais vraiment un effort pour parler avec lui ? Moi-même je commençais à douter…



Puis soudain, j’eus une idée.


C’était ce que je faisais et franchement le résultat n’était pas celui que j’espérais…

La femme est légèrement déçue par cet aveu bien qu'elle se doute que même les plus grands spécialistes ne peuvent avoir réponse à tout. A vrai dire, Sora l'a déjà bien aidée en répondant à ses questions précédentes, lui permettant de croire que tout n'est pas perdu et qu'un simple changement de méthode ou qu'un peu de temps supplémentaire lui permettrait peut-être de renforcer sa relation avec son zanpakuto. Et ça, ce n'est pas rien même s'il avoue lui même que ses conseils peuvent être faux puisque chaque zanpakuto est différent et donc, que la meilleure méthode de communication pour l'un pourrait ne pas fonctionner avec l'autre.



La femme cille. Ce n'est pas une mauvaise idée, elle apprécie la solitude alors méditer n'est certainement pas un problème, d'autant plus que cela lui permettrait de se détendre un peu,  bien qu'elle se demande si c'est vraiment aussi simple que cela.



Kyoka marque une pause, prenant quelques instants pour réfléchir. En tous cas, même si la shinigami du Troisième Oeil doute qu'il suffise juste de méditer pour parvenir à entrer dans son monde intérieur, le ton et l'expression de son interlocuteur lui donnent envie d'y croire.



Puis, une fois une nouvelle réponse obtenue, elle décide de changer de sujet et de parler de quelque chose d'un peu plus personnel.



C'est plutôt rare que la femme aux yeux écarlates décide d'interroger ainsi quelqu'un en dehors d'une enquête. Elle aime conserver son jardin secret alors, elle veille généralement à laisser de l'espace aux personnes avec lesquelles elle échange. Néanmoins, elle est piquée par la curiosité.

Manquant de pratique, que cela soit pour parler avec les Zanpakuto ou pour la méditation, je n’étais qu’aucune aide. Je ne pouvais seulement faire de la théorie, en espérant que c’était suffisant pour tous ceux qui venaient demander de l’aide. Si je connaissais la langue des esprits… j’aurais pu communiquer avec son Zanpakuto. Enfin, si elle arrivait à matérialiser son avatar. Ce qui n’était pas le cas. Hayate avait l’air de penser que méditer était une chose facile.


Et j’en faisais partie. Puis elle me demandait si j’avais d’autre conseil à lui proposer. Je réfléchissais avant de lui répondre :


Puis, soudain elle changea de sujet. Je ne m’y attendais pas à celle-là. Pourquoi j’étais devenu Shinigami ? Parce que je m’étais fait repérer pour en devenir un, peut-être ? Enfin, c’était un bon départ. Peut-être qu’elle me posait cette question par déformation professionnelle ? Après tout, la Sanbantai était aussi spécialisée dans les interrogatoires. Enfin, je lui répondis, mes raisons n’étant pas tellement un secret.


Je lui épargnais plus de détail, vu que le reste était très personnel et que je ne tenais pas trop à en reparler. Certaines blessures devaient rester fermer. Et puis, je ne la connaissais pas assez pour me dévoiler davantage.

La femme ne comprend pas comment il peut y avoir de mauvaises et de bonnes méditations. Tout le monde ne médite pas de la même façon ? Qu'est-ce qui permet à l'un de réussir là où un autre échoue ? La voie de l'esprit est définitivement difficile à saisir. Mais soit, en acceptant de devenir shinigami, Kyoka n'a de toute façon pas choisi la voie la plus facile.  



Kyoka esquisse un sourire. C'est vrai que maintenant qu'il le dit, ça semble logique si bien que la Joukan de la Troisième se demande si Hakujou se refuse à lui parler parce qu'elle l'appelle afin qu'il discute avec elle mais aussi afin qu'il la conseille. Peut-être ne veut-il pas qu'elle lui envoie tous ses problèmes au visage. Peut-être devrait-elle essayer de se dompter elle-même et de trouver la paix intérieure avant de passer à une nouvelle étape.



La femme pose ainsi une toute dernière question sur les Zanpakuto avant d'aborder un sujet plus humain, qui s'éloigne du domaine de spécialité de chacun pour prendre davantage en compte la personne et chercher une certaine compréhension de l'homme de la Sixième.



Si, en tant que bonne élève Kyoka a hoché la tête lorsque l'homme lui a demandé si elle connaissait cette guerre, elle se rend vite compte qu'il n'est pas question de connaissances théoriques mais de vécu et, de suite, elle se sent quelque peu petite et insignifiante. Elle trouve cela triste qu'un enfant ait été forcé de recueillir des cadavres d'enfants, vraiment injuste et triste. Mais, d'une certaine façon, n'est-elle pas une enfant elle-même ?



Telle est la  réponse que la shinigami du Troisième Oeil apporte en gloussant. A vrai dire, dévoiler son âge lui importe peu, mais elle ne souhaite pas que ces histoires de cadavres et de guerre viennent gâcher ces instants qu'elle partage avec un officier d'une autre division.
Lorsque la question lui est retournée, la femme a presque honte de répondre si bien qu'une grimace se dessine sur son visage avant de se métamorphosé en sourire, presque désolé.

Comment donner plus d’information sur un sujet vaste tel que les Znapakuto ? Elle me donnait l’impression de vouloir des réponses précises. Ce qui ne m’étonnait pas, vu sa division. Un détail durant une mission avait son importance. Cependant, en spiritualité, il fallait accepter les réponses données, même vague. Accepter l’ignorance. Ne pas chercher à savoir tout. L’univers était constitué de mystère. Si certaines étaient vouées à être révélés, d’autres se devaient rester à jamais dans l’oubli.


Il fallait admettre, les Zanpakuto devrait être fournis avec une notice. Peut-être que cela m’épargnerait beaucoup de visite. Non je ne disais pas cela pour Kyoka. Au moins, si je pouvais l’apaiser à ce sujet… Après lui avoir révélé la raison pour laquelle j’étais devenu un Shinigami, elle répondit à ma question en donnant la sienne. Si aujourd’hui, elle désirait protéger la Soul Society, elle n’était pas devenue Shinigami par gaité de cœur. Je vois… Une âme venant du monde des vivants. Oublié son passé. Ce qu’elle était. Elle était vide à l’intérieur suite à sa venue ici. Elle avait accepté par défaut, pour donner une raison de son existence.



Chose qui m’arrivera sans doute un jour, si mon âme irait au Havre des Esprits. Après tout, même si nous étions éternels, nous restions mortels. Car la mort nous guettait toujours tant que notre âme restait sur Terre. Même si les Humains ne pouvaient pas nous voir, nous restions tout de même là. A les protéger. A les guider. Sans les influencer.

Concernant la génération de l'avatar d'un zanpakuto, l'homme est encore plus flou que pour expliquer comment rejoindre son propre monde intérieur. Encore une histoire de confiance et une absence de réponse précise. La femme est déçue bien qu'elle tâche de ne rien en montrer par respect pour son interlocuteur qui a su se montrer patient et bienveillant malgré ses multiples questions qui sont surement très pointues, même pour un spécialiste.



Kyoka penche la tête sur le côté, surprise. Elle n'a jamais pensé à chercher la vérité sur son passé. Pas une fois. Si les entités spirituelles ne se souviennent pas de leur vie antérieure, n'y a-t-il pas une raison ? Et puis, si c'était possible, n'en aurait-elle pas déjà entendu parlé ? Cependant, que ferait-elle de cette vie passée ? Et si ce n'est vraiment pas possible, comment pourrait-elle s'être souvenue de sa mort ? Elle passe une main dans sa frange, jouant avec ses cheveux tout en réfléchissant.



Elle cligne des yeux. C'est vrai qu'il existe des nés-âme. A l'inverse de Sora, la femme aurait tendance à se demander ce que cela fait de ne pas avoir de passé, de ne jamais avoir vraiment connu la faim et la soif et le sentiment d'accomplissement, de joie et se salvation qu'est se nourrir et s'abreuver lorsque notre corps crie famine. La shinigami du Troisième Oeil ne s'en souvient pas vraiment, mais il s'agit d'une sorte d'instinct qui l'habite.



Kyoka se gratte l'arrière du crâne, un peu embarrassée. Elle ne sait pas si elle a réussi à répondre à l'homme, tout ça semble déjà bien confus dans sa tête alors, ordonner et exprimer cela n'est pas bien facile.



Sa phrase est vague. La pugiliste a sauté une part de ses explications. Sa mort. Ses cauchemars. Sa douleur. Sa peine. Sa colère noire.

Encore une fois, mon écoute se reportait sur les dires de ma collègue. J’avais déjà entendu les témoignages concernant l’arrivé en tant qu’âme au Seireitei. Ce sentiment de vide. Comme si la vie que l’on avait mené était un long rêve auquel on ne se rappelait que de quelque vide. A l’époque, beaucoup d’enfant se rappelait la peur qu’ils ressentaient. Et de la tristesse. A cause de la guerre. Mais, Kyokai pense que c’était son instinct qui la liait à son passé. Je sentais que c’était difficile d’expliquer pour elle… pas à cause de son grattage de tête qui révélait son embarras. Bon ok, à cause de ça.

Elle souhaitait protéger la Soul Society. Ça, je l’avais compris. Mais, son idéal allait plus loin : terrasser les Yokai et le mal. Pour pas qu’il y ait d’autre personne comme elle. J’admets avoir aussi ce genre d’idéal. Annihiler les Yokais. Cependant, je ne pense pas que nos façons seraient communes. Elle enviait aussi les êtres comme moi. Ceux qui étaient nés en tant qu’âme. Personnellement, j’avais toujours envié ceux qui avaient eu une vie humaine. On enviait toujours ce qu’on n’était pas.
C’était alors qu’elle me demandait quel était mon but maintenant que la guerre était finie.


Je faisais attention à ne pas révéler mon véritable but étant de changer les règles. De changer le cycle des âmes. Ce monde… Cela ne pouvait plus durer. Bien que je jouasse le jeu et que j’allais affronter les Yokais. Même si je me disais qu’il y avait sans doute un autre moyen plus pacifique de les vaincre une bonne fois pour toute. Après tout, ce n’était pas leur faute s’ils étaient devenus comme ça. Je pris une pause et je souriais :

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La femme écoute les paroles de l'homme avec attention. Elle sent ses mots qu'il a vécu plus longtemps, elle sent une certaine sagesse et une aura apaisante émaner de lui. C'est assez étrange et fascinant en même temps. A-t-il déjà songé à servir de maître spirituel ? Sans doute que non, il semble trop humble pour cela.
Kyoka n'est pas une fanatique du cycle, elle reconnait son existence mais ne l'accepte pas tel quel. Elle n'accepte pas qu'il soit si violent et que rien ne puisse le changer. Elle n'accepte pas que des âmes soient incapables de trouver la paix et qu'elles soient torturées après même leur mort.



Elle se doute qu'il n'est juste pas possible de se débarrasser de tous les yokais, d'éliminer le mal mais, elle aimerait continuer à rêver jusqu'à ce que son corps cesse de fonctionner et que son âme rejoigne le Havre. Que serait la vie s'il n'était même pas permis de rêver ?
Le Joukan Masamune évoque sa spécialité, le sous-axe dont il s'occupe au sein de la Rokubantai. C'est assez curieux. Cela semble bien moins concret que les fonctions dont se charge la Sanbantai. Elle se demande ce qu'y trouvent les shinigami de la Rokubantai, elle se demande le sens d'un tel domaine de compétences.



Que se passe-t-il i les âmes ne sont pas accompagnées ? Comment sont-elles accompagnées ? Si Kyoka venait à mourir, serait-elle accompagnée jusqu'au Havre ? Elle secoue la tête. Pourquoi penser à la mort ? Ne serait-il pas mieux de songer à l'avenir ? On dit qu'une personne focalisée sr la victoire a plus de chance de l'emporter qu'une personne qui n'y songe pas. N'est-ce point pareil en ce qui concerne la vie et la mort ?



Kyoka est plutôt fière de ses fonctions même s'il n'est pas rare qu'on lui demande ce qu'elle fait en affaires intérieures et non pas en maîtrise du Hakuda.

Je l’entendais marmonner des interrogations uchroniques que je partageais depuis mon enfance. Un monde sans Shinigami et Yokai… C’était difficile à concevoir, vu qu’on le vivait. Honnêtement, je ne pense pas que cela serait si différent. Les gens naissent, grandissent, vivent, rient, pleurent, souffrent, affrontent des obstacles et meurent. C’était bien une chose qui était sûr et certain dans n’importe quel monde. Même si les règles changeaient.
Kyoka confia sa curiosité quant à mon sous axe.


Elle m’expliqua ensuite ses fonctions au sein de la Sanbantai, avec fierté. Gardienne des secrets et chasseuse d’espion. Un double rôle, mais complémentaire. Elle était vraiment fidèle à sa division et à la Soul Society. Plusieurs questions s’enchainaient dans ma tête. Laquelle poser en premier… Ah, je sais !


Je pris une pause et continuai.

Assister au rituel d'accompagnement des âmes... Voilà quelque chose qui plairait à la femme, elle est ravie d'entendre que la cérémonie est publique et que du moment qu'on la respecte on peut observer. Elle n'a jamais vraiment été plongée dans les traditions et cérémonies mais il est vrai que cela pourrait apporter une nouvelle dimension à sa vie et lui apporter comme un bol d'air frais. Peut-être que cela pourrait la purger peu à peu de ses démons que de s'intéresser à ce genre de pratiques qu'elle aurait jusqu'alors considéré comme des "artifices".

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Kyoka est étonnée par les questions de l'homme. Il semble vivre dans sa petite bulle. Il n'y a pas de mal à cela bien au contraire, cela trahit une âme pure et dénuée de mauvaises intentions. C'est tout à fait honorable même si cette naïveté pourrait être un problème à l'avenir, si la Soul Society venait à être corrompue par quelques âmes mal intentionnées. En tous cas, la Joukan est ravie de constater qu'il s'intéresse quelque peu au travail du Troisième Oeil et ne se trouve pas dans le jugement.



La brune marque une pause, observant le visage de son interlocuteur pour essayer d'en décrypter les expressions.



Lorsque l'on travaille dans le contre-espionnage, il ne faut pas partir du principe que tout le monde est bien intentionné. Il faut partir du principe que tout est possible, que n'importe qui pourrait être un espion et que ses motifs pourraient véritablement être tout et n'importe quoi.



C'est vrai lorsqu'on parle de capacité. Cependant, lorsque l'on parle de personnalité, d'intelligence et de loyauté surtout, le Troisième Oeil est plus regardant, surtout dans les affaires intérieures. Enfin, c'est ce que Kyoka aime à penser.



D'une certaine façon, Okuno-In est déjà un terrain d'entraînement... Un inconnu ou nouveau venu qui ne serait pas guidé aurait sans doute une chance de survivre bien basses...

Je restais attentif à ce que me racontait Kyoka. Ce qu’elle disait pouvait bien m’être utile, plus tard. Je connaissais juste de manière vaste l’utilité de la Sanbantai et c’était bien d’avoir plus de précisions sur leur capacités et leurs rôles au sein de la Soul Society. Donc, des Shinigami qui voulaient nuire à autrui pour diverse raison, comme un désaccord envers les méthodes du Concile, existaient réellement. Je n’en connaissais pas personnellement. Elle précisa aussi que le domaine de prédilection de la Sanbantai était le Hakuda. Ils avaient même un sous axe le concernant. Cependant, ils étaient ouverts à d’autre profil, comme les utilisateurs de Kido. Je peux en témoigner, Yozora, un Officier de la Sanbantai actuellement en mission secrète, faisait partie de l’un d’eux.


En tout cas, elle n’excellait pas, à l’heure actuelle, dans le Zanjutsu. L’art du Zanpakuto. Du moins, pas pour l’instant. Bon, on ne pouvait pas être spécialiste partout, non plus. Elle parlait ensuite d’apprentissage. Comme dans les autres divisions, du moins c’était ce que je pensais, les recrues pouvaient avoir des supérieurs qui les prenaient sous leurs ailes. Cela avait été mon cas, aussi. Cela me rappelait d’ailleurs un sujet qui avait été dit durant la réunion des Officiers.


Et je crois que je m’étais mis pratiquement tous les Officiers présents à dos ce jour-là. En même temps, je me faisais chier. C’était plus une guerre d’égo pour savoir qui criait le plus fort, avec la raison de la réunion qui était venue bien tard après une tension que l’investigateur n’avait pas su apaiser. D’autant plus que c’était pour nous faire venir afin de nous informer que des dispositions avaient été prise sur je ne sais plus quel sujet et qu’il fallait trouver un responsable. En somme, nous faire traverser un pays pour nous dire cela et ne pas débattre ou nous donner plus d’information sur des évènements récents qui semblaient mal vu le comportement de certaine personne… Bref.

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La femme aux yeux écarlates sourit. Comment pourrait-elle être spécialisée dans autre chose que le Hakuda ? A l'origine, elle était vide de tout souvenir, une véritable page blanche envoyée au sein du Troisième Oeil alors, elle a été obligée d'une certaine façon à cultiver son corps et à marcher sur cette voie si répandu dans cette division.



L'officier en charge du contre-espionnage ne voit pas comment elle pourrait possiblement c'en arrêter là dans la culture du corps. Elle ne voit pas non plus pourquoi elle devrait se restreindre de renforcer son lien avec son Zanpakuto, cette âme qui l'accompagne partout et qui accepte de lui prêter une partie de son pouvoir. Mais, au contraire, elle ne voit pas l'utilité d'apprendre plus de sortilèges ou de tenter de les rendre plus puissant, ce n'est pas quelque chose qui lui correspond. Et, les enchantements, la maîtrise du sabre et des trucs dans le genre, ce n'est vraiment pas quelque chose qui l'attire. Elle préfère la simplicité.

Une académie pour les shinigami en devenir est un projet intéressant aux yeux de la femme. Cela éviterait certainement des pertes inutiles, en assurant d'avoir des soldats de meilleure qualité et plus à même de travailler en équipe. Elle a eu des échos de ce projet bien que cela ne semble pas avoir avancé et qu'elle n'ait pas participé à la réunion. Kyoka aime bien le Joukan Masamune, il semble intelligent et relativement humble, les questions qu'il se pose sont intéressantes.



Elle marque une pose, portant sa main droite au niveau de son menton, prenant quelques instants pour réfléchir. La brune n'est pas sûre que ce qu'elle s'apprête à dire est pertinent ou réalisable, mais à première vue, cela lui semble être une idée intéressante, une espèce de compromis.



Enfin, de toute façon, ce genre de chose ne dépend pas d'elle... Alors, à quoi bon s'embêter à réfléchir à cela, sans doute que d'autres personnes y auront songé avant elle.