Même si nos retrouvailles furent de courtes durées, j’observais le dos du Tranche-Cero quitter ces terres, un fin sourire satisfait sur mes lèvres. Il retournait chez lui, là où sa place se trouvait, dans le but de faire avancer ses propres plans. Quant à moi, je décidais de me tourner vers le centre névralgique de Kyushu, là où ma place de Panacéen se situe. Sur la route je pensais au passé, puis au futur à venir….

Mais c’est ce même passé qui me retrouve aujourd’hui, sous des traits bien familiers. Indiscernable parmi la nature qui nous entourait, je fixais cet homme au regard si clair, et pourtant si froid. Pour la première fois depuis un bon moment, j’ai peur. J’ai des frissons sous la peau rien qu’à me tenir près de lui, un appel sourd résonnant dans ma boîte crânienne alors que je sentais mon corps hurler au massacre. Cet homme n’était pas de ce monde, et je doutais même qu’il soit de cette réalité tout court.

Inspiration discrète, j’entends ses paroles me transpercer de toute part, comme prisonnier dans un piège de cristal. Ce qu’il disait, ce que je ressentais, ajoutés à ce que je pensais me souvenir… J’avais donc bien rencontré un homme, ce jour où j’ai plongé dans les ténèbres les plus profondes jamais connues. Et lorsqu’il me perce à jour, lorsqu’il dénonce mon existence toute entière, je sens mon estomac se tordre, avant qu’un rire nerveux n’échappe mes lèvres. Aussi bref que spontané. La main sur le zanpakuto, je serrais fermement le fourreau alors qu’une myriade de pensées fusaient dans mon esprit. Des questions, des hypothèses, des théories…

Le prix à payer pour Exister.



Je pensais avoir accepté les conséquences d’incarner un fragment du Roi Déchu, mais face au choix ultime, j’hésite. Me mordant le coin de la lèvre, j’inspire profondément, après avoir longuement réfléchi. Si je meurs, c’est terminé, il n’y aura pas de seconde chance. Et si j’accepte de sacrifier cette partie de moi, essentielle à mon existence, que deviendrais-je ? Le poids de cette question était écrasant…

Face à mon bourreau, je décide de poser un genou à terre, puis un second, afin de m’asseoir en kiza. Le doute dans mon regard s’effaçait, pour faire place à un feu bien plus brûlant que mon désir de tuer l’être venu d’ailleurs en face de moi.



Fuir n’a jamais été une option, mourir reviendrait à cracher sur la promesse faite à Giman-tekina Mizu, à mon frère d’armes Shikai, ainsi qu’à cet être que j’étais autrefois. Alors pour le futur… un sacrifice doit être fait.

Avec attention j’écoutais ce qu’il avait à dire, puisqu’il avait fait l’effort de me laisser parler. Même si rapidement je sens mon visage se crisper, mes phalanges palissant à cause de mes poings serrés, sans que je quitte du regard cet être si particulier. La ressemblance avec Mort était là, mais l’absence de son aura était déconcertante. J’avais l’impression de faire face à un humain… un être qui n’avait pas encore développé son énergie spirituelle. Mais c’était impossible, n’est-ce pas ? Puisqu’il était là, devant moi, à m’imposer un ultimatum. Trop de questions, supplantées par les quelques bribes de vérités qu’apportait l’homme mystérieux.

Mon monde était voué à disparaître, hu ? Au même titre que l’univers, et voilà que mystérieusement l’étincelle de la vie pouvait être sauvée en offrant le Nihon en tribut… Mais de quel Nihon parlait-il ? Du monde, ou de quelque chose plus profond encore ? Ce qu’il dit ne fait aucun sens à mes yeux, et pourtant je suis forcé de subir son regard, les informations qu’il possède mais qu’il ne décide pas de partager qu’au compte-goutte. Je fronce les sourcils lorsqu’il parle de destin, et de ma place dans cet échiquier défini à l’avance. Cette shinigami qui travaillait pour les humains disait qu’il fallait prendre son destin en main, oh comme j’aurais aimé que cela puisse être aussi simple…

Je fixe désormais le portail, une nouvelle dimension s’ouvrant à mes yeux. Une faille, mais pas vers le Dangai… Vers ailleurs, l’inconnu. Je déglutis avant de sortir la pression sur mon avant-bras, tiré de force par l’avatar de la Nuit avec qui je plongeais à travers le portail. Sans pouvoir adresser un regard derrière moi, je m’enfonçais dans ce qui ressemblait à un voyage. Un voyage sans retour.



Une terre sinueuse, blanche. Déserte. J’inspire profondément, avant d’avoir la sensation que ma respiration se bloque. Pas de bruit, pas de vent, pas de vie. J’entends les paroles de mon “guide”, mais j’ai l’impression d’être en décalage total avec la réalité. Un autre monde. Un Havre, pour les esprits. Un frisson me parcours le dos, alors que mes lèvres se séparent, laissant le choc s’imprimer sur mon visage.



J’arrivais à peine à croire que je puisse un jour poser cette question, alors qu’un souffle échappait mes lèvres, témoignant de mon statut d’âme vivante. Je fais un pas après l’autre, le poids s’accumulant sur mes épaules alors que mon zanpakuto est silencieux face à tout ça. Se souvenait-elle au moins de l’Enfer ? Et si j’ai pu arriver ici dans cet état… cela signifie que l’Enfer se situe au-delà du Dangai ? Je sens mes yeux se creuser alors que je suivais péniblement le blond qui ne battait même pas un cil pour ce décor si lugubre, si épuré, si… terrifiant.



Fallait-il remercier mon endurance supérieure à la moyenne pour me permettre d’aligner les quelques mots qui quittaient ma bouche, ou devais-je la maudire pour allonger ma souffrance dans ce lieu déprimant ? J’essayais de me concentrer sur le dos du guide, un pied après l’autre, tandis que mes pensées s’exprimaient à voix haute sans que je ne les contrôle.



Mes pas se stoppaient, en milieu de chemin, alors que je levais la tête vers le ciel sombre. Il n’y avait rien au-dessus de moi, pas même un nuage, pas même un soleil pour réchauffer ma peau. Peut-être était-ce le lieu qui voulait ça, mais je sentais une boule se former dans mon ventre, qui remontait jusqu’à ma gorge alors que je grinçais des dents. Tant de frustration.



Long soupir, avant que je ne reprenne la marche. Je sais ce que je voulais faire, mais je ne comprenais plus comment le faire. Ni si j’étais digne de le faire.

Un pas après l’autre, les souffles se succédant, tandis que je peinais à suivre l’homme venu d’ailleurs. Bien qu’il ne partageait pas son nom, il m’expliquait bien plus que ce que j’espérais. Enfin le voile sombre de l’ignorance se levait, quelques moments, pour laisser place à une salve d’informations choquantes. Cumulée à ma fatigue, ainsi qu’à l’érosion légère mais certaine de mon corps, une migraine sans pareille s’installait. Le simple fait de traiter ces informations était une peine supplémentaire, mais comment puis-je passer une telle opportunité ? De connaître enfin le point de vue de quelqu’un qui vient d’au-delà du Dangai.

Tant d’informations, sur ce monde, sur le rôle des Stern Ritters, sur un conflit qui dépasserait mon imagination… Et malgré le fait que je pourrais me méfier de ce qu’il me dit, après tout il a bien parlé de me tuer tout à l’heure, je ne ressentais pas le besoin de douter de lui. J’avais du mal à accepter certaines choses, comme ce ciel si sombre, si attristant, mais je ne doutais pas de l’absence de malveillance dans ses paroles. Peut-être qu’au final sa lassitude contagieuse n’était pas si étonnante, puisque plus les minutes passées, et plus je regrettais l’exercice de marcher sur cette terre. Morte.




Était-ce des tremblements de peur, ou bien ai-je été empoisonné par les sentiments sombres du démon en moi ? Le fait que le Nihon est un trésor de l’univers était surprenant… Non, le simple fait qu’un univers, remplis de mondes comme le mien mais qui étaient en train de mourir, était déjà un véritable choc. Le Stern Ritter parle de Créateurs, et de leur fils… Je sens de nouveau la migraine frapper, alors que je saisis un coin de mon visage, comme pour supporter le propre poids de mes pensées.



Je murmure ce que je savais des souvenirs bruts de Impĕrātŏr, ce fragment de mémoire aussi mystérieux que limité. Peut-être m’étais-je habitué à la douleur, puisque le temps était devenu une mesure relative, du fait que je remarquais à peine à partir de quand le profil d’un obélisque était visible. J’observe la structure depuis ma si petite existence, ma forme basique face à cette figure si haute, si solide. Si seule, aussi. Notre seul point commun. J’entends le chevalier aux boucles me rappeler de son objectif, à m’amener ici. J’esquissais du mieux que je le pouvais un sourire fatigué, alors que j’avais l’impression d’être à une véritable croisée des chemins. Et qu’au bout de plusieurs d’entre eux, un destin funeste m’attendait.

Aussi relatif le temps a pu me paraître jusqu’à présent, je sens l’éternité effiler petit à petit ma peau, mon énergie spirituelle convoitée. Même si je n’avais jamais rencontré une telle situation par le passé, en tant que médecin… non, en tant qu’être vivant je sentais qu’il ne me restait plus beaucoup de temps. Et enfin, face à moi se dressait une nouvelle figure : une femme. Une Stern Ritter. Tant de points communs avec mon guide… Dont le nom me força à tourner le regard vers lui.



Un simple souffle de plus qui échappait mes lèvres, alors que les deux chevaliers de l’Etoile discutaient entre eux. Ne m’attendant pas au contact dans mon dos, je manquais de trébucher devant le seul hôte du Havre des Esprits à des kilomètres à la ronde. Je décidais enfin de la regarder plus en détails, restant figé dans ses yeux clairs, lucides… Sages. Je soutiens son regard lunaire, mais cette gêne dans cet acte m’agitait profondément de l’intérieur. Pourquoi avais-je l’impression de faire si pâle figure face à elle ? Peut-être que, comme ils ne cessent de le répéter, quelque chose d’immonde se cache sous ma chaire…

Pour la deuxième fois en Enfer j’entends parler de pêché, est-ce finalement le moment dont parlait Mormaer ? Celui de mon Nouveau Départ ? Je fixais la créature, aussi belle qu’étrange à mes yeux, avant de balayer de mon esprit ce qu’ils attendaient de moi. J’inspirais doucement en fermant brièvement les yeux. Oh comme j’aimerais sentir la caresse du vent sur ma peau à ce moment précis, comme pour m’encourager dans cet instant difficile… Je rouvre légèrement mes prunelles, le regard tourné vers… ailleurs.



Décalant mon attention sur Daeqirelle, je sens la flamme de la vie en moi s’étioler. Je suis fatigué, de tout. Je me rends compte dans ces instants, qui pourraient être mes derniers, qu’il y avait tant de choses que j’ignorais. Tant de choses à faire, à espérer. Serrant les dents, j’admettais ce qui me pesait le plus sur le cœur, ce qui donnait du poids à mes sentiments.



Terre convoitée ou non, terrain de jeu pour des créatures trop puissantes, peu importe : jamais je ne détournerai mon regard de mon souhait. Protéger la vie, et accompagner la mort. Pour l'éternité.

La patronne des âmes, belle créature des étoiles, retournait habilement mes propres mots contre moi, même si je peinais à y comprendre la logique. Comme s’il y avait un simple parallèle sur notre pensée, deux lignes qui se cotoient sans jamais se toucher… Jusqu’à ce qu’elle approche ses mains de mon visage, son toucher délicat, soigné… Transcendantale. Mon environnement s’efface, tandis que je plonge dans ma mémoire, puis dans mes souvenirs profonds, jusqu’à effleurer les fragments d’un passé révolu et éparpillé sous le sable blanc. Un véritable voyage vers le passé, un retour aux origines, un suspens intenable…

J’entendais l’écho d’une flûte, venu des tréfonds de l’Enfer pendant que le rituel progressait, et que Daeqirelle récite les psaumes qui transformeront mon existence. Puis, ma conscience se déchire, se tord dans un typhon abyssal alors que j’ai l’impression de plonger dans un océan gelé, pour ouvrir les yeux sur l’ombre d’une silhouette restée à la surface… Cette ombre, c’est moi. Divisé en deux, Soejima Nobunaga au pluriel se fixaient l’un l’autre, prenant conscience de la nouvelle réalité qui se profilait sous leurs yeux. Une réalité bien tragique pour lui, ou pour moi ?

L’air que j’expire me parait aussi froid que le monde des morts, tout comme la lumière qui jaillissait du dos de la Stern Ritter. Des ailes belles, raffinées… mais froides. L’inverse total de l’énergie qui animait ma part tellurique, qui se débattait, qui maudissait les “bouchers”, puis qui retourna son venin contre moi. Je ne suis pas surpris, car j’avais déjà pris conscience de cette part sombre en moi. Lui et moi n’étions qu’un, nous formions Soejima Nobunaga comme un être à part entière. J’écoute la vérité qui sort d’entre les lèvres de la maîtresse des lieux, mais je ne me sens pas choqué par cette révélation. Puisque je venais de vivre en temps réel cette expérience unique, conséquente.

Je ferme les yeux, un instant, alors qu’un soupir s’échappe. J’écoute les paroles dangereuses de ma moitié, et je comprends que depuis longtemps cette part de moi avait été conquise par le fragment de l’Exarchis. Je pensais sincèrement n’avoir été qu’un avec Lui, qu’Il était Moi, qu’ensemble nous étions un Tout… Illusion, ou finalité potentielle ? Cette question n’avait plus lieu d’être, vu que la nature même de ce monde a décidé de condamner cette partie de moi. Cependant, dans un retour de force, une main jaillit du sable et s’agrippe à ma cheville. Une douleur intense traverse tous mes nerfs, jusqu’à me faire hurler tout en me faisant tomber par terre, ma propre main sur ma jambe. Le contact n’était pas long, mais j’entends encore sa voix se glisser dans ma tête, avant de s’effacer comme l’écho d’une pensée… Passagère, mais dangereuse.



Les doigts perdent en force, et ce qu’il restait de ma moitié disparaissait… Non, elle se transformait. Une véritable fleur écarlate naissait sur cette terre désolée, signe qu’un véritable changement a eu lieu ici… Et qu’il y avait un véritable intérêt pour les Stern Ritter de retrouver les fragments de Impĕrātŏr. Et de conquérir le jardin de Susano’o. Le visage fatigué, la sueur coulant sur les bords de mon visage alors que j’observais ma cheville, m’attendant à y avoir une brûlure. Même séparé, il prit la peine de poser sa marque sur moi… Une marque noire, ressemblant à des flammes sombres qui dansaient sur ma peau. Assis par terre, je reprenais mon souffle alors que les pensées se mélangeaient dans ma tête, comme si mon propre cerveau limitait tout le flot de révélations de se bousculer pour ne pas me détruire de l’intérieur.

Regard sur le sable à mes pieds, la mâchoire serrée, je finissais par me redresser lentement. J’étais libre. Enfin. Mais à quel prix ?



Je n’ai plus la force d’adresser un ultime sourire d’adieu à la dame des étoiles, tandis que je traînais mon corps malmené vers le portail que m’offrait mon guide. Peut-être que le temps s’écoulait différemment entre les deux mondes, ou peut-être avais-je passé une éternité dans le Havre des Esprits sans m’en rendre compte, mais arrivé au Nihon je remarquais qu’il faisait sombre. Le chant des criquets de Kyushu se faisait entendre, tandis que la brise fraîche caressait tendrement ma peau… J’ai l’impression de respirer, de retrouver un second souffle. Baignant dans l’embrasse de la nature, je prenais quelques secondes pour collecter mes pensées, avant de me retourner vers le chevalier de l’Etoile.




Un fin sourire sur mon visage, même s’il paraît discret, effacé. Je n’ai plus cette chaleur dans le regard, même si je continue de la chercher. Je tourne mon regard vers l’horizon, au-delà des monts de l’est, à la recherche de quelque chose.






Me coupant dans ma parole, j’entends la voix de Giman-tekina Mizu dans mon esprit, mon corps se tournant naturellement son invitation. À l’horizon, au-delà des arbres, au-delà des montagnes et des villes… Un rayon, puis un second, suivi d’un bain de lumière qui se révélait au monde. L’aube, la renaissance du soleil qui se lève à l’est, les couleurs prenant vie sous mes yeux alors que je sens son baiser sur ma peau, sa chaleur doucement m’enlacer… Je fixais cette lumière, si pure parmi les étoiles qui étaient sur le point de s’éteindre à l’avenir, me remémorant mes propres paroles qui sonnaient si étrangement à mes oreilles, et pourtant… Je ne pouvais empêcher les larmes de perler sur mon visage.



À cet instant précis, je comprends ce que j’ai perdu.

J’épie malgré moi la conversation entre les deux chevaliers stellaires, les différents noms donnés ne tombant pas dans l’oreille d’un sourd. Tenebrae, Valar… Pater. Mormaer avait beau l’avoir dit sur un ton aussi glaciale que le sable qui caressait nos pieds, dans mon esprit j’avais une étrange sensation… Comme si je pensais à parent lointain, perdu. Le Roi Déchu ne faisait plus partie de moi, mais son passage laissa une trace sur moi : autant sur ma mémoire que sur mon corps. Je sens encore la chaleur me déranger la cheville, alors que j’attendais qu’une chose : quitter ce décor morbide.

Retour dans le Nihon, je ne peux m’empêcher d’observer le ciel et de poser la question : était-ce vraiment une illusion ? Quel était le plan des Exarchi ? Comment en étions-nous arrivés là … Tiraillé par ces questions, malgré le masque neutre que je portais désormais sur mon visage, je ne pouvais qu’être surpris face aux paroles du Stern Ritter. Était-il… en train d’exprimer son désir profond de retrouver le Havre des Esprits ? Pour la première fois durant notre brève rencontre, j’avais l’impression d’entrevoir une part de ses sentiments. Comme pour la surprise et l’inquiétude de Daeqirelle pour son frère, on dirait bien que les Enfants Nuits n’étaient pas dénués de sentiments…

Le Havre des Esprits est aux Stern Ritters ce que le Nihon est aux Exarchi. Et moi, me voilà avec un pied dans les deux mondes. Je fermais les yeux un long moment, ne serait-ce que pour imaginer à quoi pouvait bien ressembler l’empire végétal des chevaliers de l’Étoile. Mais seule l’image d’un Enfer désertique et repoussant parasite mes pensées, me poussant à fuir avec dégoût cette pensée. Si un fragment d’Exarchus n’a pu ramener qu’une fleur, alors jusqu’où iraient les Stern Ritters pour ressusciter leur terre ?



Je ne ressentais pas le besoin de dissimuler mes interrogations auprès de Mormaer, sa sagesse pouvait devenir une des clés de lecture qui me permettrait d’apprécier ce nouveau départ. Je ne pouvais plus craindre qu’un démon en moi s’éveille… et pourtant, je sens ce vide en moi. Cette partie arrachée, qui valait bien plus à mes yeux que le simple fragment d’Impĕrātŏr. Ma chaleur, la source de mes désirs, mon impulsivité, voire mon humanité…

Le Stern Ritter propose un échange en bonne et due forme, je sens ma mâchoire se crisper, comme si à ce moment-là j’aurais dû sourire à la tournure des événements. Les paroles de Shikai étaient donc vraies, Mormaer connaissait un moyen de sublimer les zanpakutos. Il existerait donc un stade supérieur au Bankai, qui est l’un des symboles les plus influents parmi les shinigamis. Comme à son habitude, l’esprit à l’intérieur de mon sabre ne réagit pas plus que ça, me laissant totalement maître de mon destin, et de mes choix. Les choses seraient plus simples si je n’avais pas à décider… Et pourtant, ce serait une grave erreur de remettre ces décisions entre les mains d’un autre.





Passant la main sur mon sabre, je dégainais légèrement ma lame pour observer mon reflet sur son tranchant, remarquant les pupilles écarlate aussi claires que deux joyaux.





Peut-être que ces mots étaient destinés à Mormaer, ou à Giman-tekina Mizu, ou à moi-même… Peu importe, aujourd’hui je ne suis pas mort. Je peux encore voir le soleil se coucher, et la lune se refléter sur l’océan. Je suis en vie.