Grondante, envahissante, le groupe de Yokai hurlait d’une manière singulière, mais qui n’était pas étrangère au Chasseur. De son œil avisé et empli d’expérience du terrain, il observa en mouvement tout ce qui pouvait aider à anticiper leurs mouvements, tout en comptant sur l’aide précieuse d’Izumi, qui prit la parole d’une manière qui fit hausser le sourcil au Borgne. La magie, comme aimait appeler Ryo tous ces phénomènes qui se différenciaient de la voie du sabre, ne cessaient de l’impressionner. Une voix si cristalline et claire dans son esprit que chacun de ses mots en furent assimilés par le combattant qui guettait la moindre faille pour se jeter sur le restant des bestioles à portée pour les lacérer comme il le fallait.



Un brin de plaisanterie et de gaieté dans un moment aussi chaotique. Détendre l’atmosphère un instant, avant de revenir aux choses sérieuses. La Belette venait de répondre d’une manière claire, et qui n’étonna pas le Marche-Faille, bien trop habitué aux comportements de Yokais vautrés sur la vitre d’une faille pour ne pas comprendre ce qui se tramait sous leurs yeux. Une faille béante, assez imposante en tout cas pour que Ryo garde un œil sur cette dernière et surtout, l’objectif primaire était de retrouver l’origine, l’objet ou l’être qui était intimement rattaché à cette faille pour la refermer aussi vite que possible.



Un air et une intonation sérieuse et inhabituelle venant de l’éternel optimiste de la Quatrième Division. Pourtant il avait ces sueurs froides qui ne lui indiquaient rien de bon, aussi proche des voix qui guettèrent ces moments pour s’exprimer dans le Nihon, attirant à elles âmes et volontés, dans la danse macabre de l’obscurité. Dans ce contexte dangereux, il ne put s’empêcher de s’assurer que ses compagnons et surtout l’appât, phare spirituel se portait au mieux pour foncer, la conscience légère alors que l’animal Officier s’illustra.

Sous les yeux de Ryo se dessina une occasion en Or, pour lui qui guettait les mouvements de ce groupe imposant de Yokais. Huit têtes à couper, prisonnières d’un déluge de compétences illustrées par des chaînes imposantes, une faille s’ouvrit à lui, d’une manière assez visible pour foncer, sans même attendre l’alerte du Maître d’Orchestre.


Fléchissement des genoux, entonnant le nom libéré de son Zanpakuto, au milieu de ce petit village reculé, au milieu du danger et dans ces quelques instants décisifs où le problème devait être réglé, le Shinigami n’hésita pas. Une manœuvre qu’il n’avait jamais tenté autre part que dans les bois qu’il prenait comme refuge pour s’entraîner à l’abri des regards, bien loin des Bars qui l’accueillaient si souvent. L’effort, le sang versé sur la terre du Nihon, la volonté de faire mieux et de se battre. Une flamme naquit dans le regard de Ryo, tandis que l’atmosphère changea autour de lui. Vibrante, la lame fit gronder les atomes dans l’air autour de l’Epéiste, augmentant graduellement son énergie spirituelle, assez vite pour lui permettre de déployer sa charge, pas assez pour détourner l’attention du groupe, agglutiné.

Libérant toute son explosivité, toute sa hargne et toute sa vitesse en oubliant ce principe d’images rémanentes qu’il venait à peine de maîtriser, Ryo concentra tout ce dynamisme en une seule ligne droite, une flèche qui, décochée n’avait qu’une direction, une cible groupée à abattre. Le Zanpakuto fendit l’air devant lui, vibrations l’entourant et lui permettant d’accélérer au-delà encore de ses limites, il sauta dans un ultime élan, portant sa lame bien haut, prête à trancher en un flash.




Une frappe éclair, une danse aérienne dans laquelle huit têtes volèrent, jusqu’à lors prisonnières d’un solide étau et prises par surprise, le ballet proposé par le Borgne leur fut mortel. Les vibrations fissurant alors les quelques murs rudimentaires aux alentours cessèrent progressivement tandis que le sabreur rengainait ses lames dans leurs fourreaux.

Inhabitué, le corps du Shinigami infligea immédiatement sa rétribution au corps fatigué, faisant plier le genou à l’homme aux cheveux d’émeraude. Néanmoins, il était bien vivant et avait pu contribuer cette fois, faisant front aux fantômes du passé, et de son impuissance face aux dangers qui eurent menacées une fois l’ensemble du Nihon.



Malaise, une sensation qui demeurait cependant au beau fixe. Des profondeurs de la Nuit, ces voix insoutenables persistaient. Des voix qui eurent le temps d’élargir leur influence à mesure que la Faille eut le temps de s’agrandir graduellement. Il fallait agir et vite, avant que le pire ne se produise. Le chant faussement mélodieux parvint déjà à un stade où il s’insinua dans les habitations des âmes innocentes, encore endormies. Il ne fallait encore qu’un rien pour que ces dernières, à la manière des Yokais, ne soient attirées par l’obscurité grandissante.