Le bruit de la fine pluie retentissait contre les toits du temple de Hiroshima. Une pluie conduisant les gens à rester à l'intérieur, profitant de l'espace assez large couvert pour se vouer au culte qu'il soit d'une divinité mortelle, ou bien de l'Enma-Daiō. La nature prenait dans certains cas le dessus sur ceux qui en foulait les terres, mettant en péril certaines des activités que les âmes humaines avaient prévue — valable aussi pour les shinigamis, bien que pour Ren, la pluie ne changeait en rien ses activités, mais en ce jour, elle avait l'envie de rester à l'intérieur, et pour une bonne raison.

Sans l'âme, le corps n'aurait pas de sentiment ; et sans le corps, l'âme n'aurait pas de sensations. Pourtant, était-ce réellement un corps qui composait l'enveloppe charnelle des Shinigamis ? Les Zanpakutôs avaient-ils ainsi des sensations, eux qui ne possèdent pas cette enveloppe ? De nombreuses questions trottaient dans la tête de l'ingénue dont les pas la conduisait le long des couloirs du temple qui servait de repère aux Shinigami de la sixième division, ce temple fréquenté tout autant par les vivants que les morts, si bien que cette harmonie ne semblaient pas vue d'un oeil très apprécié des autres divisions n'y comprenant rien. Loin était le temps où Yamaeikō Ren nécessitait de la compagnie d'un ainé pour arpenter les couloirs de ce temple sans prendre peur ou bien être angoissée.

Yamaeikō Ren, bien que simple kaiin de cette division, restait une aînée pour nombreux de ses camarades, parfois même plus haut gradé comme son ami Yûgo, qui bien que récent dans cette division, était élevé au grade d’officier. Mais Ren n’était en rien pressée, et tous le savait. La patience est la clé de tous les accomplissements et les mérites que l’on peut s’attribuer, la Polyglotte en était doté d’une très grande — une qualité sans doute. Ses yeux d’éther balayaient le long couloir dans lequel elle marchait à pas lent, de façon à sentir l’air frotter contre son épiderme et ainsi ressentir cette forte mysticité qui émanait de cet endroit où sa division s’était établie. C’est néanmoins après quelques mètres parcouru qu’elle fit coulisser l’une des portes menant à une pièce, réservée vraisemblablement à une certaine partie des Shinigami de cette division dont elle faisait théoriquement partie puisqu’elle entrait sans soucis. Un endroit plutôt bien agencé avec de quoi se documenter tout comme des pièces plutôt calmes, elles destinées à la méditation.

La communication spirituelle. Voie empruntée par l’ingénue, et par de nombreux autres membres de sa division. Là était son nom et le mot à mettre sur le but des agissements de l’ingénue en venant ici même, à Hiroshima. Ses mains effleuraient les divers morceaux de papier qui contenaient les notes de ses camarades, jetant un coup d'œil intéressé. Un sourcil arqué témoignait tout de même d’une perturbation dans son esprit d’immaculée, visiblement, elle n’avait pas connaissance de ces documents ci, ou du moins, elle n'avait pas prit l'attention qu'il fallait pour les observer, après tout, ça n'était vraisemblablement pas son domaine d'étude — qui, par ailleurs, est particulièrement tourné vers la pratique plutôt que la théorie. Si certains des membres de cet axe étudiaient et écrivaient, Ren préférait mettre à l'oeuvre ses talents afin d'approfondir les liens lui permettant de se lier aux autres âmes, zanpakutô comme shinigami. Car pour elle, la communication spirituelle n'était pas basée que sur la compréhension des zanpakutô et des yōkais, mais aussi sur celle des shinigamis eux même. Etait-il possible de communiquer entre deux esprits de shinigami ? Voir d'entrer dans une sorte de symbiose, aussi infime soit-elle ?

Comprehension. Assimilation.
Symbiose. Harmonie. Âme-soeur.

Peut-être bien. Répondit son esprit à une question que nul n’avait posé, son regard flottait ainsi dans le vide de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Après tout, il n’était pas rare que la Polyglotte puisse entendre une quelconque voix lui susurrer des mots à l’oreille, après tout, elle parlait aux esprits. Ce regard divaguant reprit rapidement pour cible les divers écrits dispersés ici et là. Les papiers toujours entre ses doigts fins, elle s'était attablée pour lire ce qui ressemblaient à des notes prisent à la va-vite, sûrement par quelqu'un qui est passionné au vu du gribouillis que le papier contenait.

C'était dans la pure solitude que Ren étudiait ainsi ce que son axe accomplissait.
Une solitude bien vite rompue par l'apparition d'une autre énergie spirituelle cette fois ci bien réelle.

Ses doigts fins parcouraient les tranches de papier qui composaient les documents qu'elle était en train de lire d'un oeil intéressé. Une concentration certaine, à tel point que le monde alentour n'était plus que arrière-plan pour la shinigami. Ses boucles blondes caressait son visage alors qu'elle était penchée par dessus ce bureau sur lequel elle avait prit place, assise sur la table en ayant prit soin de dégager cette dernière de la paperasse qui y était étalée, ses tibias étaient croisés entre eux — ce qui n'était pas le cas de ses jambes ou de ses genoux. Les feuilles étaient disposées sur ces derniers, étalée pour que Ren ait une vision d'ensemble de ce qui ressemblait de près ou de loin à des notes, une simple ébauche à un travail final qui n'était visiblement pas terminé. Mais son étude avait été perturbée par une présence extérieure qui se rapprochait de plus en plus de l'endroit où elle s'était établi. Normal d'une certaine manière puisque cet endroit était un lieu d'étude pour tous ceux de son axe, mais Ren n'était pas tellement habituée à croiser quiconque ici, du moins, pas à ce moment ci de la journée. Ses lèvres bougent de quelques millimètres bien qu'aucun son ne sorte, une habitude chez la femme qui s'y prenait de cette manière pour parler avec ceux que l'on ne voit pas.

Reportant son index vers sa lèvre inférieure, elle caresse cette dernière sans véritablement faire attention à qui était entré ou non dans la pièce, bien qu'elle sentait cette présence plus ou moins connue. Dans le silence complet, dur d'être encore plus silencieux que l'atmosphère qui nous entoure, ainsi, il s'était rapidement fait repérer, néanmoins, Ren ne daigna lui offrir un regard ou bien un mot, après tout, elle n'engage que très peu la conversation et préfère répondre plutôt que de trouver un sujet de discussion. Son oreille siffla alors que le son de la voix de l'éphèbe atteignit cette dernière, lui offrant un léger frisson dans la nuque alors que sa présence n'était pas onirique mais bel et bien réelle. La question fut sans réponse pendant quelques secondes, de quoi imposer un lourd silence après les mots de l'homme avant que la Polyglotte se décide à répondre avec sa voix toujours aussi monotone qu'à son habitude.



Une réponse digne de sa personne. Quiconque connaissait Yamaeikō Ren devrait s'attendre à ce genre de réponse vague. Mais Izumi avait néanmoins réussi à bénéficier d'une réponse précise dans l'abstrait qu'elle dégageait. Elle n'avait pas détourné son regard sur lui, passant de feuilles en feuilles sans plus réellement les lire mais simplement en y jetant un coup d'oeil bref. Peut-être étais-ce les écrits de son interlocuteur ? La question ne lui était même pas venue en tête, et sans confirmation de sa part, elle ne le demanderait pas. Après de longue secondes à observer ces feuilles, ses pupilles d'ether se déposent finalement dans celles de l'homme, observant les traits de son visage et ses pupilles carmin qui semblait témoigner d'une aisance inexistante. Yamaeikō Ren avait ce don de perturber ceux avec qui elle parlait, du moins, la plupart, bien que certains apprécient sa présence et son comportement, d'autres restent plutôt perplexe quant à ses idéaux et cette façon qu'elle a de placer une atmosphère pesante.

Son visage ne laissait transparaître aucune expression particulière, mis à part peut-être le désintérêt mais quiconque la côtoie sait que ça n'est que son air habituel. Elle n'avait l'air ni heureuse, ni mélancolique ou tout autre chose, ses mains néanmoins trahissait quelque chose puisque malgré son arrêt dans sa lecture pour observer l'homme, elles, continuaient de bouger et de trifouiller les feuilles sans réellement savoir ce qu'elles faisaient. Soudain, elle reprirent leur calme et se stoppèrent, préférant ranger ces papiers en les replaçant correctement, tapant le paquet sur les cuisses de la shinigami afin de les aligner — toujours en fixant son interlocuteur. Cette aisance à faire diverses choses sans perdre son sang froid ou sans se déconcentrer lui était bien propre, et cette assurance semblait parfois un peu effrontée bien que dans le cas présent, rien ne témoignait d'une insolence envers l'homme, juste une curiosité.