Tasse de thé en main, paisiblement installé sur un haut tabouret, l'ancien shinigami patientait. Cela faisait longtemps qu'il attendait ce moment. L'occasion de faire ses preuves, de montrer sa nouvelle nature. Il avait quitté le Sereitei en tant qu'hybride, animal fraîchement évolué. Pourtant la silhouette se tenant aux côtés d'Ada n'avait rien à envier à l'humanité.
Cadeau de son père, dès les premiers instants de sa transcendance, il ne songea jamais à revenir en arrière. Tout comme il avait définitivement quitté l'Armée invisible, il ne prenait plus la peine de lorgner sur le passé. Des bibliothèques d'Ǒcŭlus aux terres martiales de l'Egide, il avait forgé son corps comme son âme. Surpasser les doutes, enterrer la faiblesse, l'enfant fragile avait enfin mûri. Lorsqu'Ada signala l'arrivée du Destin, se fut un Gardien tellurique qui ouvrit les yeux.

Racine baignée de l'essence de la guerre, Sanguĭs apparût, et il n'était pas seul. Des silhouettes humaines, des auras célestes, deux shinigamis trônaient à ses côtés. Sourcil arqué, Shin'ichi ne cachait pas sa surprise. Il s'était toujours douté qu'il y avait d'autres gardiens, mais c'était bien la première fois qu'il en rencontrait.
Finissant la tisane, puis sautant de son piédestal, l'encapuché s'avança. Main levée, un sourire se lisant dans l'ombre de son couvre-chef, il démontra par la même occasion que malgré sa nouvelle apparence, il n'avait rien perdu de sa chaleur.



Enthousiasme sincère, l'Animus ressemblait en cela bien plus à Fābŭla  qu'à son géniteur. S'il ne partageait pas, pour l'instant, la cruauté du masqué, il avait son talent pour réchauffer l'atmosphère. Il savait toutefois quand rentrer dans les rangs. Et alors que l'Exarchus prit la parole, il se plaça aux côtés des autres, prenant soin de rester à proximité d'Akoru. Elle avait certes démontré une étonnante résilience, Shin'ichi se sentait tout de même un tantinet responsable.

Souffle coupé.

Il s'attendait pourtant à ces mots. Incarnation du guerrier, gardien de l'honneur des Maîtres du Nihon, Sanguis ne se perdait jamais en tribulations. Toutefois le chemin qu'il dévoila… Une absence totale d'Anima, de vie, et une chaleur aux antipodes de la douce étreinte du Nihon. De par sa nature, Shin'ichi s'était toujours senti à l'aise au sein de l'Arbre monde, alors d'où venait cette soudaine frayeur ?
Question stupide, car un autre endroit activait immédiatement son instinct. Un lieu ou l'énergie spirituelle s'effaçait, et où la vie elle-même se dissipait. Un lieux dont le froid, à l'instar de cette chaleur morbide, consumait l'espoir.



Du vide ? S'eut-été la fin de son marmonnement, si l'Egide n'eut pas continué son explication. Reprenant un peu de consistance, l'Animus n'ôta toutefois plus ses yeux de cette racine. Non, cela ne pouvait pas être le Dangai, pas avec cette chaleur… Mais comment était ce possible ? Shin'ichi savait pourtant que chaque cercle était unique, seulement comment imaginer cela ?
Réaction martiale du chevalier, question pragmatique de la scientifique, pourquoi était il le seul perturbé par cette apparition ? Sourire, puis rire à peine étouffé, on ne transcendait pas si aisément le passé. Reconnaissant les traces de son ancienne nature, il ne put que s'en amuser. Oui, il s'agissait de quelque chose de différent, seulement n'était ce pas là le but ? Prouver sa valeur ne se ferait pas devant une simple tasse de thé.



Hésitation dissipée, Shin'ichi attendit la fin des préparations d'Akoru, puis lui attrapa la main.



Allégresse retrouvée, il déploya au même moment sa bulle spirituelle. Shakonmaku sans doute ridicule pour les géants ici présents, il n'avait aucun doute que, là où ils iraient, ça ne serait pas de trop. Des pas décidés, un signe de main presque enfantin envers Ada, et les voila en face de la dite racine. Une chaleur infernale, cette même absence de vie si caractéristique du Vide, les entrailles de l'Animus se tordaient de douleur.
Pourtant il leva la main, profonde inspiration, il ferma un instant les yeux, puis attrapa ce chemin vers la destinée. Plus question de faire marche arrière.

Tu te tenais aux côtés de Sanguĭs ainsi qu’Ashiya, Gardien tellurique rencontré précédemment lors de ton arrivée dans les cercles du Nihon. Transporté par une racine sanglante, tu débarquais avec eux dans l’enceinte d’un monastère. Laissant Sanguĭs prendre la parole, tu touchais Son masque. Apaisé, tu observais les alentours.

Des visages, inconnus et pourtant. Monsieur Sanguĭs, qu’elle l’appelait. Étrange. Elle parlait trop. Pourtant, ton regard se portait plus sur son collègue se trouvant à ses côtés. Shin’ichi ? Pas possible. Le Shin’ichi que tu connaissais n’était qu’un animal chétif et apeuré. Affiché pleurant aux pieds du Lieutenant Terui. Impossible.

Enfin, ici n’était pas le sujet.



Répondais-tu sans détour. Pourtant, une phrase prononcée par Shin’ichi éveillait davantage ton attention. Force et honneur. Décidément, tu ne t’attendais pas à être replongé dans le passé pareillement aujourd’hui. Que devait penser Kengen de ta trahison ? Pourtant, tu trouvais aux côtés de l’Exarchi ce que tu cherchais depuis longtemps.

Cherchant par ailleurs son approbation du regard, tu t’avançais en direction de la racine noire qui avait fait son apparition au centre de votre groupe. Une main après l’autre, tu te saisissais de Son masque, lui chuchotant de répondre présent lorsque cela allait être nécessaire.



Disais-tu avant d’enfiler celui-ci. Parcouru d’un frisson imperceptible, tu remettais en place toutes tes articulations avant de t’avancer aux près des autres. Cherchant le regard de Shin’ichi, tu répondais à sa tirade de tout à l’heure.



Quoi qu’il arrivait de l’autre côté, tu étais prêt. Même à mourir.

Depuis cette nuit, la gemme ne cesse de scintiller, de l’appeler l’empêchant de penser à autre chose qu’à cette lueur ambrée. Heureusement pour elle, l’étrange pierre se fait discrète et n’alerte en rien le maître de cette maison, Yûgo la trouve tout simplement laide et insignifiante, heureusement qu’il ne l’a pas prise dans sa main, elle est chaude, vivante… Il se serait sans doute douté de quelque chose. Ashara résiste toujours à son influence, son appel plus insistants. « Que me veux-tu, roche de malheur ? Que cherches-tu à faire ? » Frustrée, à bout de patience, la femme ignore combien de temps encore elle résistera à sa voix. Mais aussi, pour combien de temps son époux la trouverait toujours aussi insignifiante. Il serait sans doute plus sage de la garder sur elle le temps de savoir ce qu’il en est.

Entre ses bouquins, ses notes et ses essais, Ashara ne pense plus à l’ambre qui la suit partout depuis quelques jours, jusqu’à qu’une présence familière vienne la rejoindre dans cet arbre creux qui lui sert de repère. Ses yokais ne s’affolent pas, ils restent détendus et en retrait, ils le reconnaissent. La femme lève les yeux. Sa posture fière, les marques sur tout son corps, son regard aussi clair et brûlant que l’étrange gemme…




Son expérience en la matière quant à toutes sortes de manipulations lui a presque fait perdre cette opportunité, heureusement que son maître la connaît bien. C’est donc grâce à lui qu’Ashara se retrouve dans les cercles. Une invitation des plus… Particulières, mais aussi honorables. En fait, l’ambre était une invitation pour la convier à cet évènement. Son retard se fait bien entendu remarquer, arrivant par l’une de ces racines, la femme fait face à un petit commité et un visage masqué. Une Yokai et un… Exarchus ? La shinigami plis les genoux en inclinant la tête devant lui en guise de respect.



Il y a quelques visages qui ne lui sont pas inconnus, sans pour autant être des connaissances. Donc, il y a plus de shinigamis impliqués dans ce genre d’endroit qu’on ne le croit. En soit, ce n’est pas ce qui rassure la noble. Des langues fourchues de plus quant à ses… Centres d’intérêts, mais bon si Kagai l’avait invité personnellement à se rendre dans les cercles, alors la sorcière n’a rien à craindre de ces individus… Sauf si, l’un d’entre eux refuse l’invitation. Une invitation dans cette racine desséchée et fumante… Rien de très invitant en réalité, mais le prologue de l’épreuve quant à lui est bien plus intriguant, excitant.

La femme jette un coup d’œil aux autres candidats, il ne semble pas y avoir d’hésitant dans la place. Parfait, alors elle n’a rien à craindre de personne ici quant à leur silence sur leur présence dans les cercles. Ne voyant aucune raison de refuser cette racine, la femme s’y aventure donc sans tourner la tête comme tous les autres. La chaleur qui en émane est de plus en plus lourde, presque insupportable. Ashara se croit presque dans une fournaise, ce qui en réalité n’en est pas vraiment différent. En arrivant à l’autre bout de cette racine calcinée, le petit essaim de shinigamis se retrouve dans un désert volcanique. Des roches fumantes, de la lave, de la fumée partout. « Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ? » Se demande la sorcière en regardant autour d’elle avec ses iris glacés jurant affreusement avec le décor.

Devant eux, une silhouette semble se dessiner à travers la fumée au loin, le groupe se dirige donc vers lui, plus ils s’en approchent, plus son apparence lui devient plus claire. Son cœur se met à battre plus rapidement, impossible de se tromper, c’est bien lui. Les veinures noires sur son corps, et cet œil perçant, aucun doute. Ashara reste pourtant calme et silencieuse à travers les autres invités malgré l’envie de lui faire honneur, chose qu’elle fera plus tard. La femme ne le quitte pas des yeux. Il est donc le maître de jeu et cet endroit serait donc… Si elle se fit au prologue de l’exarchus… Ils sont dans une arène. Mais quel genre d’arène ? Il n’y a ni créature, ni monstre, ils ne sont que tous les cinq…

Kagai lance des pierres en l’air, la femme attrape la sienne pour la regarder. « Numéro 4. » La sorcière cogite un instant puis regarde les autres participants autour d’elle avant de relever les yeux vers son maître. La shinigami range la pierre dans son décolleté et se pince les lèvres, retient celle du bas entre ses dents. « Un petit combat de gladiateurs ? » pense-t-elle sur le coup.  

Aspiration de la racine, une expérience qui même pour notre Bourgeon d'anima restait peu plaisante. D'autant lorsque le chemin emprunté empestait l'enfer. Ah oui, en cela il ne fut point déçu. Atterrissage en douceur, paysage apocalyptique, à peine incarné dans ce monde de braise que l'Animus défaillit. Genoux droit tombant au sol, sa main libre couvrit brutalement sa face, tandis que la poigne envers Akoru s'intensifia.
Maudite chaleur griffant la peau, l'air ardent semblait chargé d'épines, prélevant son du sur chaque respiration. Même la pierre qui accueillit sa chute lui voulait du mal. L'avertissement de Sanguis lui revint soudainement à l'esprit.



Une phrase parfaitement audible qui n'avait cependant aucun destinataire. Abandonner le chaton dépité. Tout d'abord il devait calmer sa respiration. Se faisant, des lueurs bleutés l'entourèrent. Magie des runes, des lanières s'enroulèrent autour de ses bras, de ses jambes, de tout son corps. Couleur du cuir, reflet de l'ivoire, une armure s'incarna dans la chair même des Yokaï, multiples bandes de Sekkiseki enlaçant l'Artisan.
La chaleur du Nihon réaffirma sa détermination, et après une longue expiration, le jeune homme se releva. Léger sourire aux lèvres, il se permit un signe de tête rassurant à ses compagnons.

Aller de l'avant, ils ne semblaient pas vraiment avoir le choix, pourtant quel être sain d'esprit avançait sans but dans la géhenne ? Heureusement une silhouette se dévoila, une silhouette suivit d'un discours. Goyuu Kagai ? Sa signature spirituelle rappelait l'humanité, son physique par contre…



Réponse simple et directe, renvoyer la politesse. Pourtant, malgré son sourire, il était clair que Shin'ichi se méfiait du fameux Maître de jeux. Ceci dit il se trouvait dans un Cercle, aussi désagréable fût-il, et l'Egide n'était pas du genre à ce perdre en farces ou jeux d'esprit.
Pierre lancée, l'Animus lâcha donc la main de sa compagne pour saisir le cailloux. Simple coïncidence ou message caché, il semblait cependant qu'à partir d'ici, la coopération aurait des limites. Jetant un coup d'œil sur le projectile, le Gardien prit note de son numéro, puis reposa ses iris sur ses compagnons d'infortune.



Un encouragement sincère, ils étaient après tous dans le même camps. D'un bond agile il se posa à l'endroit désigné. Sa respiration encore malhabile s'adaptait lentement, il n'était clairement pas à ses aises, mais c'était le but non ?
Joignant ses mains derrières son dos, l'Animus posa ses yeux dorés sur l'autochtone. Lueur de défi dans le regard, la curiosité enfantine de Fābŭla combinée à la sagacité d'Ǒcŭlus.

Bien que l'exploration d'un endroit inconnu soit une perspective excitante, Akoru ne peut s'empêcher de ressentir un peu d'appréhension face à la gravité environnante et à la détermination qu'elle peut lire dans certains regards. La retardataire ne fait pas exception d'ailleurs. 

A en croire la musculature... ou le charisme qui émane des autres invités et l'air sérieux du fameux Sanguis, les choses s'annoncent ardentes. Un petit conseil n'aurait pas été de trop dans cette situation aux multiples inconnues. Mais bon. On fait avec ce qu'on a, pas vrai ?

Haussement des épaules, soupir résigné, léger secouement de tête. La jeune femme se dit que ses réglages par défaut devraient faire l'affaire. A défaut de précisions spécifiques, autant privilégier la polyvalence. Sans faire attendre Shin'ichi plus longtemps, Akoru se laisse mener par la main de ce dernier vers la racine étrange, non sans un sourire amusé.

"Bien sûr ! Je te suis, ô guide."

Blague à part, elle a tout intérêt à ne pas le lâcher de sitôt si leur destination est aussi terrible que ce qu'il n'y paraît. Déjà qu'il est difficile pour la miraculée de tenir bon au sein du monastère, alors dans les profondeurs du Nihon... la pression doit être tout bonnement insupportable.

Et pour cause... Aussitôt arrivée, elle goûte à une sensation désagréable de déjà vu tandis que son corps ne lui obéit pas à sa convenance. Une sensation de lourdeur, un air étouffant. 

"Ah ouaaais... En effet, c'est -kgh... oppressant."

Serrant les poings et pliant légèrement les genoux, la jeune femme sent la poigne de Shin'ichi se resserrer sur sa main. Lui aussi semble passer un mauvais moment. Pourtant, lui non plus ne se résout pas à tomber. Suivant son exemple, Akoru se mordille légèrement la lèvre inférieure en résistant de toutes ses forces à la pression de ce plan impitoyable. C'est seulement une fois qu'elle s'est plus ou moins habituée à ces conditions qu'elle prend le temps d'observer les alentours plus attentivement. 

Impressionnée par le décor, un petit sifflement s'échappe de ses lèvres. Certes, le voyage à bord de la racine fut trop court pour l'étudier en détail. Cependant, il a le mérite d'avoir donné un avant goût de leur destination : un terrain volcanique. L'endroit de vacances rêvé si on aime les régions chaleureuses, c'est certain. Contrairement à la pression, la température importante ne déplaît pas à la shinigami. La chaleur qui les entoure lui fait penser à une forge ardente. Par ailleurs, une étendue de glace aurait bien plus dérangé l'achromate. 

Scrutant le terrain avec une certaine fascination, Akoru en oublierait presque la raison de sa présence. Heureusement, un maître de cérémonie enthousiaste les interpelle. Goyuu Kagai... Ce nom lui est inconnu mais sonne familier. Sans doute une célébrité du coin. Serait-il un Exarchus ? Un gardien ? 

Pensive, elle se dirige vers la paroi rocheuse indiquée. Écraseur d'insectes, dit-il. Si Chiyo avait été là, l'ingénieure n'aurait pu s'empêcher de lâcher un commentaire sur la question. Seulement, elle n'est pas présente. Donc... l'heure est à la survie et non aux plaisanteries.

En sautant légèrement, elle parvient à attraper une pierre entre ses mains gantées. Soudain, la pression redouble d'intensité tandis que son voisin se met à bouger avant de tous les encourager. Un coup d'œil rapide sur le caillou de ce dernier suffit à comprendre son geste. Chacun doit se focaliser sur sa propre survie à présent. Autrement dit, elle ne peut plus compter sur la protection des autres et avaler une pilule maintenant est hors de question. Si un effet secondaire néfaste se manifeste une fois son tour venu, ce serait problématique. Quelle plaie. Cela dit, malgré une respiration saccadée, elle lève un pouce en l'air dans la direction du participant numéro 1.

"...Bonne chance à toi aussi, Shin."

Il est fort rare de voir la scientifique désinvolte aussi sérieuse. Son sourire habituel a laissé place à une mine ferme trahissant sa concentration. Une inspection du projectile qu'elle a attrapé auparavant lui indique qu'il s'agit d'une pierre ordinaire. Un simple caillou. Ce qui retient son regard, c'est ce qui est écrit dessus. Un simple chiffre. Le numéro 2.

L'épreuve serait-elle un tournoi éliminatoire ? Non, les participants sont au nombre de 5. A moins qu'un chanceux ne se batte pas ou qu'un malchanceux doive livrer deux batailles de suite, le nombre impair de participants pose problème. 

Peut-être un nombre d'ennemis à vaincre ou un délai à respecter ? Plutôt bon signe pour elle, si c'est le cas. Cependant, vu que la... chance n'est pas l'un de ses meilleurs atouts, ce doit être autre chose.

Peut-être que chaque numéro correspond à un chemin ou à un type d'épreuve ? Possible, mais il n'y a pas de panneau affichant de numéro dans le coin. Sauf preuve contraire, rien ne peut confirmer ou invalider cette hypothèse pour l'instant. 

 Ou alors...

"J'ai choppé le numéro 2. Hé hé... Drôle de coïncidence."

La Deuxième Division. Telle était son ancienne maison. Son ancienne définition même. A combien de reprises les gens l'ont mal jugée en raison de son affiliation au Consortium ? Aaah, quelle belle ironie du sort que de tomber sur le 2. Souriante, Akoru relève la tête pour chercher leur futur tortionnaire du regard... pas facile d'y voir quelque chose de net avec toute cette fumée. D'une voix assurée mais sans présomption, la fourmi s'adresse au superviseur.

"Hey, monsieur l'exterminateur ! "

Le terme "examinateur" aurait peut-être été plus approprié. Mais le lapsus est plutôt cohérent.

"Je m'appelle Akoru et j'aurais une question pour toi. En quoi consiste cette épreuve concrètement ?"

Mise en scène intimidante et numéro à part, la jeune femme éprouve le besoin compulsif de savoir ce qui se prépare. Pas pour se rassurer ou se préparer, non. Par impatience ? Loin de là. Elle veut juste connaître la vérité pour satisfaire sa curiosité. Après tout, c'est la curiosité qui l'a amenée au Nihon en premier lieu. Même si toute vérité n'est pas bonne à entendre...

HRP:

De feu. De la lave. De la chaleur à peine supportable. Cela vous rappelait volontiers des souvenirs. Flammĕŏlus était céans chez lui, ou presque. La pression du lieu de te faisait te sentir un peu mal à l’aise, mais rien que tu ne pouvais contenir pour l’instant.

Ton regard se posait tout autour de toi, guettant le moindre indice sur ce qui vous attendait ici. Rien. Pas-grand-chose à te mettre sous la dent si ce n’était une silhouette à peine visible, posée sur une roche à quelques pas de vous.

Suivant le groupuscule, vous avanciez prudemment jusqu’à vous approcher de votre hôte. Du moins, c’était comme ça qu’il se présentait à vous. « Maître du Jeu » et « destructeur d’insecte comme nous ». Intéressant. Un rictus satisfait s’affichait sur ton visage masqué. Tu étais prêt à en découdre avec n’importe qui ou n’importe quoi. Tu n’avais pas peur. Lui non plus.

Kagai, comme il se prénommait, s’excitait davantage. Explosions coordonnées avec ses faits et gestes, il vous envoyait sur vos roches respectives tout en vous lançant une pierre numérotée. Intéressant. Tu te demandais bien ce que cet énergumène pouvait vous concocter.

Remuant la pierre que tu venais de ramasser, tu en contemplais le numéro. Cinq. Tss. Pas ton chiffre fétiche. Mais tu n'en avais cure. Rangeant celui-ci dans une des sacoches de ton équipement, tu te mettais en place.

Certains parlaient trop, d’autres vous souhaitait bonne chance. Toi. Tu attendais en silence, du moins d’apparence. Tu voulais en apprendre plus sur Lui et tu voulais apprendre à Le maîtriser encore mieux. Car dans l'immédiat, tu arrivais exclusivement à le contenir, l’invoquer et te battre grâce à lui. Pourtant, ta technique était loin d’être maîtrisée. Il te fallait de l’entraînement. Et quoi de mieux que de la lave pour Le Boucher.

Fier Titan, accompagné de ton compère de lave, tu te tenais debout sur ta roche. Prêt à en découdre avec n’importe qui.

Silhouette humaine certes, mais tempérament bestiale. Si jusqu'alors les entités parlantes du Nihon marquèrent leur différence avec le reste des Yokaïs, ce Goyuu renouait parfaitement avec le cliché. Irascibilité, penchant pour la destruction, il était désormais évident pour l'ancien chaton qu'il n'avait jusqu'alors vu que la pointe de l'iceberg.
Pendant un moment il se demanda quoi faire si jamais leur hôte attaquait sa nouvelle alliée. Il ne pouvait décemment pas l'abandonner, mais intervenir… à quel prix ? L'énergie dégagée par Kagai ne mentait pas. Il le surpassait, mais l'écart n'était pas aussi abyssale qu'avec les Exarchi. Heureusement, ils n'en viendraient pas aux mains, pas tout de suite.

Si on pouvait lui reprocher sa rudesse, sa mise en scène était impeccable. Petit tour de magie, Shin'ichi crut reconnaître les lueurs du Kido, mais sans la moindre incantation, serait-ce la manipulation d'Anima ancestrale démontrée par Ǒcŭlus ?
Trois pierres, trois cercles, et la promesse d'un jeu. L'ami de Fābŭla ne put s'empêcher de sourire. Son oncle ne serait donc pas le seul afficionado de ce genre de divertissement ? Bien trop simple et direct pour les goûts de l'Exarchus masqué, cet égayement appartenait à un esprit plus simple.



Il parlait à voix basses tout en observant les cercles, pour personne d'autre que lui-même, mais cela n'empêchait pas curieux de saisir ses pensées. Le Gardien enrobé posa ensuite ses iris écarlates sur le maître de cérémonie. S'il s'agissait d'une épreuve, il y avait peu de chance que le résultat soit laissé à la chance. Il devait forcément y avoir un indice.
L'arène offerte. Désert de roche et de lave, absence totale de vie, même la racine menant à l'endroit semblait consumée par les flammes. Cet endroit n'était pas fait simplement pour combattre. Le cercle de l'Egide était dédié au combat, un champs de bataille où se chamaillait la mort et la vie. Ici, il n'y avait plus de bataille, toute étincelle de vie avait depuis longtemps été consumée.
Exception faite de cet hôte. Un corps taillé pour le combat, il était sans aucun doute d'ascendance guerrière, pourtant quel fut son titre autoproclamé ? Destructeur d'insecte, ce n'était pas là le nom d'un soldat. De la même façon que Shin'ichi partageait la sagacité de son père, et la vivacité du maître de Kabuki, cet être devait transpirer quelques traits de son maître.

Expiration, l'ancien félin s'abaissa, ses jambes jointes, son poids réparti sur l'avant de son pieds, il démontrait sa souplesse. Sa main droite lentement déployée toucha le sol, la pointe des doits plus précisément. Un cercle répondit immédiatement, magie runique déployée, une lueur violette rayonna timidement, se cristallisant en trois êtres chimériques. Trois chats aux rebords floutés, créations de l'esprit ils n'en restaient pas moins diablement réels.
Se frottant brièvement sur la main du créateur, ils se saisirent ensuite chacun d'une pierre. Autrefois Shin'ichi aurait joué la prudence, seulement il en avait fini avec l'indécision. Et puis n'était ce pas drôle de prendre un peu de risque ? Protecteurs du Nihon, tous les Exarchi pouvaient combattre pour leur monde, seulement seul l'un d'entre eux incarnait la Lutte, celui pourtant le titre d'Egide. Ainsi donc, pour le maître de ce monde ardent, il n'y avait qu'une seule solution face aux insectes : L'extermination.
Mouvement commun des trois félins, les pierres d'obsidiennes tombèrent à l'unisson dans le troisième cercle.

Elle avait trop parlé. Elle s’était faite réprimandée. Encore une fois, tu peinais à réprimer le sourire satisfait caché derrière ton masque. Satisfait, tu profitais quand même de ses explications. Démonstration de puissance terminée, celui-ci nous expliquait ce que tu savais déjà. Établir qui était le plus fort. La seule chose que tu savais faire.

Exterminer des insectes. Magistral. Céans, tu allais bien te plaire.

Cependant, ton excitation redescendait plutôt vivement lorsque votre hôte du jour s’avançait, esquissant des cercles devant vous tout en vous lançant à chacun trois pierres d’obsidiennes qu’il avait récupérée il y a quelques secondes. Un jeu ? Rictus insatisfait dissimulé, tu écoutais ce que Kagai avait à vous dire… Des questions.

Était-ce une blague ? Une mascarade ? Sanguĭs serait responsable de ça ou uniquement le Goyuu ?

Renfrognant ta déception, tu allais rentrer dans le rang. Déçu, tu espérais avoir à combattre aujourd’hui. Rien ne vaut les poings lors d’un combat. Absolument rien. Surtout pas une interprétation d’un but d’une personne.

L’ancien chat peureux se tenait fièrement debout, invoquant trois félins qui se rendaient dans le troisième cercle. Décidément, plus le temps passait et plus tu décelais des points positifs chez Shin’ichi. Il avait profondément changé depuis les épreuves, cela se voyait dans ses choix. Et pas seulement… Tu étais davantage déstabilisé par son changement physique.

À ton tour maintenant de poser ta pierre dans son cercle. Sans hésiter une seule seconde et parce que c’était la réponse qui te parlait le plus. Tu te saisissais d'une de tes pierres afin de la lancer nonchalamment dans le troisième cercle. Éradiquer. Combattre et lutter te parlaient aussi, mais éradiquer te correspondait beaucoup plus que les deux autres.

D’une posture titanesque, tu attendais la suite avec une vive impatience, surtout le changement de « jeu » pour laisser place à quelque chose de vraiment intéressant.

Donc... pas de familiarité avec le maître du jeu. Contrairement à la shinigami, ce dernier semble considérer le tutoiement comme une grave marque d'irrespect. Pourtant, c'est tout le contraire aux yeux d'Akoru. En lui parlant ainsi, elle estimait lui faire honneur en tant qu'invitée. Quoi de plus désagréable que d'inviter des gens qui n'osent pas vous adresser la parole sans formalité ? Bonjour l'ambiance... Et puis, le vouvoiement, à son sens, n'est qu'une forme d'hypocrisie parmi tant d'autres.

Toutefois, étant donné sa réaction, il est évident qu'établir une relation de confiance avec ses invités n'est pas au programme de l'homme aux yeux d'or. Sans parler de ses priorités, il paraît légèrement impulsif aussi. Ce Kido n'a même pas été incanté et pourtant, le rocher qu'il a touché n'est plus qu'un amas de cailloux. Une chose est sûre : ce type est dangereux.

A contre cœur, la scientifique se retient donc de justifier ses intentions à voix haute. Face à quelqu'un comme Kagai, présenter des excuses ou se justifier ne serait rien de plus qu'une perte de temps. Ce pourquoi elle se contente d'hocher la tête pour l'instant. Le message est bien reçu. Cependant, il pourrait interpréter son silence comme une moquerie ou un autre manque de respect... Quelle que soient la difficulté des épreuves à venir, il semblerait que communiquer avec l'arbitre sans se faire tuer relève déjà d'une épreuve en soi pour Akoru. La politesse d'usage n'est absolument pas son domaine de prédilection.

"Très bien, partons sur le vouvoiement dans ce cas. Merci d'accepter de répondre malgré tout !"

Face à quelqu'un comme lui, l'ingénieure a parfaitement conscience que le moindre mot de travers et c'est sa gorge qui sera de travers la seconde suivante. La vitesse avec laquelle il a bougé ne fait que confirmer ses craintes. Il est rapide. Très rapide. Pour ceux qui ne se sont pas exercés à suivre de tels mouvements, ce déplacement doit paraître instantané.

D'un regard attentif, la proie observe le prédateur répondre à sa question avant d'expliquer les règles du jeu. Un questionnaire ? Voilà qui est plutôt rassurant comme première épreuve. Certes, la shinigami manque encore cruellement d'informations sur les Cercles et les hiérarchies qui les régissent. Néanmoins, elle a confiance en sa logique et son esprit de déduction.

Le but de son maître ? Elle n'a aucune idée de qui peut bien être ce maître. Cependant, si un homme comme Kagai a été choisi pour mener cette compétition à bien, cela signifie que son maître doit lui accorder sa confiance, que leurs visions des choses sont similaires. Ainsi, en relevant les propos antérieurs de l'exterminateur, la réponse est limpide dans la tête d'Akoru. Ce sadisme non dissimulé, ce regard de vautour et cette absence totale de pitié envers les faibles dont parlait Sanguĭs ne laissent aucune place au doute.

D'une part, la troisième réponse est la plus logique et d'autre part, la plus rocambolesque. Contrairement à la lutte ou au combat, l'éradication ne laisse pas place à la pitié et suppose un avantage dans le rapport de force.

S'abaissant pour attraper les trois pierres jonchant le sol devant elle, la jeune femme suit l'exemple des félins invoqués par le gardien et du garde du corps taciturne avec un sourire suffisant ornant son visage. Sans poudre aux yeux, elle lance ensuite les pierres une par une vers le centre du troisième cercle avec adresse et précision, de sorte à ce qu'elles soient parfaitement alignées.

Bien sûr, elle aurait pu se contenter de miser une seule pierre mais... le but de toute cette mise en scène n'est-il pas de montrer qui est le plus fort ? Autant commencer fort ou perdre immédiatement.

Modèle de patience, l'ingénieure se tourne alors vers l'exterminateur en attendant le verdict. A en croire son sourire jubilant, ce dernier semble presque impatient de voir une mauvaise réponse. Maintenant que les dés sont jetés, plus qu'à espérer que ce jeu respecte un minimum de logique.

Résumé:

Posture droite et élégante, les bras croisés et le menton relevé, Ashara tourne la tête pour écouter la pipelette du groupe. Arcane du sourcil rehaussée, la shinigami l’observe d’un air étonné. Un petit sourire lui tire le coin des lèvres alors que son regard se pose sur son maître. Il a le visage qui crépite comme le gravier qui saute avec toute cette chaleur. Il faut l’admettre, elle a du courage. La réponse de Kagai fait rougir la sorcière qui baisse la tête pour se mordre la lèvre afin de retenir un petit rire mesquin. Une fois le silence revenu, la dame regarde leur hôte. Il est accroupi, caresse la pierre en utilisant son énergie spirituelle sous forme de kido pour récolter quelques fragments d’obsidiennes. À peine elle eut le temps de le voir disparaître de son perchoir, l’homme apparaît devant eux suivit d’un coup de vent qui repoussa la chevelure blonde et noir de la shinigami.

Elle ferme les yeux une seconde pour profiter de ce semblant de fraîcheur dans cet enfer insoutenable. Il y a 3 cercles devant eux, un petit jeu dit-il. La noble baisse les yeux vers les fragments d’obsidiennes qu’il envoie à ses pieds. Un questionnaire, c’est donc pour cela qu’il l’a ramené ici ? Non, impossible qu’il se soit déplacé pour si peu. Convaincue que cela cache quelque chose, Ashara reste silencieuse et se contente d’écouter, d’observer. Il explique les règles et les trois cercles semblent devenir plus mystiques. Elle n’a ni sourire, ni émotion sur son visage, la sorcière attend et réfléchit, quoi qu’en voyant les réponses, il y a une évidence quant à la réponse à donner. Lutter, non, c’est à eux de le faire. Comme il l’a même si bien dit, il aime voir ses proies se débattre. Combattre ? Encore une fois, il doit leur réserver une surprise.

La seule bonne réponse, tous les participants l’ont trouvé avec évidence. Certains misent même tous leurs jetons dans le cercle ce qui lui fait froncer les sourcils. « S’ils misent tous leurs jetons, avec quoi comptent-ils répondre aux autres questions ? » Peut-être qu’Ashara a mal compris les règles, mais quoi qu’il en soit, ce ne sera qu’un jeton pour elle dans le troisième cercle. Éradiquer, il aime écraser les insectes, alors cela lui convient parfaitement. Après tous les participants, la femme fléchie donc gracieusement les genoux pour récolter ses fragments encore chauds pour un lancer un dans le troisième cercle pour répondre à sa question. La sorcière relève son regard glacé vers son maître en attendant la prochaine question. Pas de prouesse, ni de frivolité comme l’homme aux félins, celle-ci se contente de participer et d’écouter.  

Finalement, la bêtise de certain aura été récompensé pour le risque qu’ils ont pris en misant tout sur la même case. Pas mal, ça rend le tout un peu plus imprévisible, quoi que c’était déjà le cas. Comme tout le monde a misés sur la bonne réponse, ils récupèrent tous leurs jetons et peuvent donc continuer de jouer… Mais ces deux-là ont deux points d’avance sur le groupe ce qui a pour effet d'énerver la shinigami qui a pour habitude d’être la première… Tant pis, elle prendra sur elle ou se rattrapera sur la prochaine question. Enfin, les prochaines… Trois questions à choix multiple, alors impossible de tout miser sur le même… Asahara regarde les cercles en écoutant les questions. Encore une fois, les réponses sont basées sur la vision de Kagai, pas la leur… Il faut donc être prudent.

Car même en tant que sa disciple, Ashara ne connaît pas Kagai par cœur, mais elle peut tout de même avoir un avantage sur certains, bien que cela ne veut rien dire. Par exemple sur la question des cercles… Il y a déjà deux possibilités… Le 5ème pour le nombre de participants… Ou sixième comptant les participants et lui… Ou bien un multiple de deux sur les questions et réponses qui sont toujours en groupe de trois… La jeune femme fronce les sourcils… « Il y a forcément un indice quelque part, quelque chose de plus concret que des suppositions... » Pense-t-elle en relevant la tête pour croiser le regard de Kagai.

Il s’esclaffe après son dernier commentaire… Forcément, ils devront bouger et cette lueur de défi qu’il a dans les yeux, Ashara a du mal à s’en défaire. La femme se mord la lèvre en le regardant puis baisser les yeux pour reprendre la première pierre qui lui a jeté. La sortant de son décolleté, numéro 4… La pierre n’a pas de défaut, pas de coin… Aucun indice, c’est frustrant. La femme cherche au loin une indication, peut-être le nombre de piliers d’obsidiennes… Non rien à voir… Ils sont cinq concurrents, c’est un nombre impair… Kagai est plus animateur que joueur… Quelqu’un doit être éliminé… À ce tour-ci ? Ou le prochain ? La femme fronce les sourcils en regardant le vide devant elle. « Je pense trop... » La sorcière relève les yeux vers le regard perçant de son maître… « Ça n’a peut-être même rien à voir... » Pense-t-elle en regardant ses jetons. Pourquoi ne pas miser sur le seul qui n’a rien à voir… Le sept… « Pourquoi sept... »

Lorsque quelque chose ne suit pas une règle ou la moindre logique, Ashara se sent mal à l’aise, ça l’énerve au point qu’elle doit trouver le sens de tout… Mais lorsqu’il n’y en a pas, c’est de quoi la rendre folle et ça… Kagai le sait. Mais pourquoi aurait-il fait une question que pour la mettre hors d’elle ? « Non il n’aurait pas fait ça... Ou à moins que... » La shinigami fait rouler les jetons dans sa main, le grincement des obsdiennes qui se frottent entre elles rappelle les ongles sur une surface lisse et sèche, un bruit agressant. Ashara grogne un coup dans un court soupir. Devoir faire un choix illogique c’est tellement contre sa nature, mais en même temps est-ce que le manque de logique c’est la réponse logique ? La femme commence à avoir quelques tocs, la tête qui lui tique un peu et elle cligne les yeux un peu trop longtemps.

C’est les dents serrées et la posture un peu trop droite qu’elle envoie son jeton dans la case numéro 2 de cette question qui va sans doute la hanter jusqu’à la fin de l’épreuve. Elle est frustrée et Kagai peut le reconnaître et pour sûr, cela doit fortement l’amuser, il aime bien torturer ses proies, peu importe l’affection qu’il peut leur porter, c’est un sadique. Le goût du sang ? Encore une fois, Ashara hésite, envoûtant ou rien ? Ce n’est pas tant le goût du sang qui l’anime, plutôt l’excitation de la chasse, le défi… Mais en même temps… Rien, ce n’est pas une réponse assez convaincante non ? La femme se jette à l’eau en poussant son jeton dans le cercle numéro 1 de la première question. Envoûtant, c’est une jolie réponse… Puis la dernière. La shinigami ne se pose pas la question et mise dans le second cercle de la troisième question. « Chacun pour soi. » Ce n’est pas la première fois et ne sera pas la dernière qu’elle l’entendra sortir de sa bouche.

Elle a jeté tous ses jetons… Difficile de dire si elle a bien joué, mais c’est ce qu’elle a décidé. Ashara ne s’en contente pourtant pas. Ne pas être sûre d’une réponse ça la met hors d’elle. Mais bon, la shinigami tente de ne pas trop avoir l’air déstabilisée devant les autres participants de l’épreuve, eux aussi ils doivent voter… Mieux vaut se faire silencieuse et discrète. Il veut que leurs muscles soient bien échauffés, ce sera physique.

Erreur de compréhension ou profession de foi, l'hôte apprécia néanmoins l'excès de confiance. En même temps lui-même n'avait montré jusqu'ici que de l'assurance, la dominance du prédateur, le tigre jouant avec ses proies. Shin'ichi commençait à cerner sa personnalité, ou du moins ce qu'il voulait bien en laisser paraître. Fils du Corbeau, il devait cultiver l'observation et l'analyse de son père.



Mots expirés après l'intervention du Goyuu. Bien entendu il n'était pas juste de le comparer à un Exarchus, seulement un autre invité connaissait le Maître des Jeux, et cet indice pourrait peut-être l'aider. En attendant les chats éthérés ramenèrent les pierres à leur maître. Toujours accroupi prêt du sol, l'Animus posa ses iris sanguins sur Kagai. Pas de peur, mais pas de défi, il ne s'attarderait pas à le provoquer sur son territoire.
Neuf cercles, trois questions, leur hôte serait-il pris d'impatience ? Avec seulement trois pierres, adieu les choix multiples. Se placer derrière ses idées, au delà de la perspicacité, leur détermination était également inspectée.

Quel est le but de mon maître ? Si la première question concernait clairement le propriétaire des lieux, les autres se faisaient plus directes. S'agissait il encore de deviner l'esprit derrière le masque, où voulait on cette fois connaître l'âme des participants ? Doute justifié, doute inutile. Sans aucune indication, autant répondre de façon sincère. Au moins donnerait il quelques informations au Maître de jeu.
Quand au goût du sang, tout prédateur l'appréciait, mais pouvait on le qualifier d'enivrant ? Même avec sa nouvelle forme, le Gardien se souvenait encore des instincts Félins. Il appréciait à l'époque le jeu de la chasse, la morsure fatale. Toutefois la traque l'intéressait alors bien d'avantage que le meurtre, car après tout après l'acte funeste, le jeu s'arrêtait. Ne pas tomber dans les fausses prétentions, l'odeur du sang pouvait parfois exciter, mais quand à son goût, il restait celui d'un vin ferreux, agréable peut-être, mais définitivement amer.

Son regard se posant sur le deuxième cercle, un chaton y emmena tranquillement une pierre, tandis que l'esprit vogua vers la suite.

Ici il n'y avait guère à tergiverser. Avec autant de chances de réussir que de se tromper, Shin'ichi se rattacha à l'unique indice qu'il pouvait avoir. Jusqu'alors il avait fréquenté trois Cercle, le Dixième, le Neuvième, et le Huitième. Il descendait l'échelle un barreau après l'autre, pourquoi briser la règle ?

Son regard se posant sur le deuxième cercle, un chaton y emmena prestement une pierre. L'attention se déploya vers l'apex.

Voici une demande plus épineuse. Malgré l'éducation reçut ces derniers mois, notre Gardien n'avait pas encore tranché sur le sort du Monde. Il avait certes choisi un camps, mais il comprenait à peine qu'à l'intérieur de ce dernier, plusieurs chemins s'offraient à lui. Le Nihon ne partageait pas l'unité de l'Armée invisible. Ǒcŭlus l'avait si bien précisé : plusieurs personnalités, plusieurs méthodes. Cette fois il marqua un temps d'hésitation.
Autrefois il aurait choisi l'anarchie, sans une once d'hésitation. Seulement après l'invasion du Sereitei, pouvait il réellement en être ainsi ? Si le Nihon devait à son tour être ainsi meurtri, la revanche semblerait alors bien douce. De même, enfant d'Ǒcŭlus, il n'ignorait pas l'emprise de ce dernier sur sa progéniture. Il avait gagné son indépendance, mais les Hybrides énivrés par l'allégresse forcée du Père étaient ils réellement à plaindre ? Les Exarchi eux-même n'étaient ils pas esclaves de ce Nihon dont ils gardaient les murs ?

Soupir. Shin'ichi récupéra la pierre dans la gueule du félin. Ce dernier se mit alors à tousser, relevant la tête, il cracha violemment. Objet à trois face expulsé, un simple dés qui rebondit quatre fois sur l'obsidienne. Le chiffre un s'imposait à la vue.



Des tons joueurs animaient sa voix. D'un geste enfantin, l'Animus lança sa pierre, celle-ci atterrissant en plein milieu du premier cercle. Décider du destin aux dés, il y avait au moins un des Exarchi qui serait fier de lui !