pouvait servir à quelque chose entre les murs protégés de Jûbantai, sur le terrain ou en situation réelle, elle manquait cruellement de capacités. Que se soit pour se défendre elle-même – bien que cette partie-là elle n’en avait que faire n’ayant de toute façon pas le cœur à blesser une autre créature vivante (ou déjà morte) – ou même pour protéger ce qui lui était cher – ce second point étant celui qui l’embêtait le plus – l’alchimiste de la Panacée ne servait à rien. Bien sûr, elle connaissait quelques kido plutôt pratique, mais elle n’avait aucunement les capacités attendu de n’importe qui allant sur le terrain. C’était un problème. Majeur, même. Elle avait passé son dernier contrat à se réfugier derrière Sojiro et les autres membres de l’escouade, car elle n’avait aucune façon de se défendre.

Il en était assez.

L’un de ses partenaires lors de ce contrat avait justement prouver être capable d’employer moults kidos et ses capacités semblaient presque illimitées. Si Kameko n’aspirait pas nécessairement à connaître tout ce qu’il savait, elle désirait pouvoir être aussi utile qu’au moins une fraction de cet homme sur le terrain. Elle avait donc décidé de lui rendre visite au quartier général des Mandes-Tempêtes. Si elle ne s’attendait pas à grand-chose de cette rencontre, elle espérait simplement savoir comment il avait fait pour accumuler un tel savoir.

Elle ne prit guère longtemps avant de se rendre au quartier général des Mande-Tempêtes, idée en tête. Évidemment, trouver un homme dans toute la division lui prit un temps conséquent, mais il lorsqu’enfin quelqu’un eut l’amabilité de la guider, le visage de la femme s’illumina, alors qu’elle s’inclina poliment devant son interlocuteur. Elle commença ensuite d’une voix calme, mais définitivement joyeuse :


Elle marqua une pause cherchant ses mots.


Sa voix se tue dans sa gorge, aux prises avec de nouvelle interrogation. Il était évident que se ne serait pas elle qui dirigerait cette conversation et qu’elle n’avait, visiblement, aucune idée de ce dont elle parlait.

Plusieurs allaient et venaient pour parfaire leurs attraits et développer leurs méthodes et Kioshi, terré calmement dans une quelconque salle d’étude, comprennait et appuyait l’entièreté de ce mouvement commun. Ceux qui cherchent finissent toujours par trouver, et son travail tacite a toujours été de faciliter quiconque souhaitant se découvrir une nouvelle voie.

Malheureusement, il est le seul à chercher, sans jamais trouver… évidence à laquelle il s’est rendue, acceptant de se plier au caprice du monde des esprits – ou des morts, mais certains n’aiment pas voir la réalité en face –, se disant que peut-être une place viendrait le trouver – et non l’inverse.

C’était le cas, aujourd’hui. Sûrement le temps d’un après-midi, mais il ne s’en priverait pas. Quelqu’un vint à sa rencontre; quelqu’un qu’il attendait avec impatience depuis la fameuse lettre. À dire vrai, Kioshi était intrigué par cette dame au nom partagé par un autre. Il lui avait semblé qu’entre les deux gens, il y avait une certaine distance mais, en même temps, une vague proximité.

«Il me fait aussi plaisir de vous revoir, dame Kameko. Venez vous asseoir et dîtes-moi ce que je peux faire pour vous être utile.» dit le jeune – c’est relatif – homme en indiquant à mademoiselle une place devant lui. Il était entouré d’ouvrages et de parchemins, un quelconque couple de tasses de thé l’accompagnant – intouchées, signe que quelqu’un était déjà bien absorbé dans sa lecture.

Une fois assise en sa compagnie, Kaneko fit part à monsieur de sa requête et de la raison de sa visite. «C’est normal; on ne sait pas parler de ce qu’on ne connaît pas, non?» asséna-t-il à sa façon, un peu froidement sans trop le vouloir. L’homme se reprit bien rapidement, en continuant d’un ton plus chaleureux et bien plus familier: «Si tu veux en découvrir plus sur le Kidō, je peux bien te parler de quelques sortilèges qui pourraient t’intéresser, et j’aurai peut-être quelques pistes pour te guider. Il faut seulement savoir que ton apprentissage part de toi-même; si tu ne te sens pas prête, il est toujours possible de ralentir le rythme.»

En fait, Kioshi craignait que la jeune femme ne se révèle pas prête; il avait bien vu son comportement lors de leur contrat commun, et il se dit que Kameko n’aurait pas d’affinité pour les sortilèges plus destructeurs. Il lui restait quelques idées pour l’aiguiller, mais avant il souhaitait en savoir plus sur ses capacités.

«Je me souviens que tu as déjà développé quelques affinités avec le Kaidō. Peux-tu me parler de ce que tu sais faire? M’expliquer dans tes mots, sommairement, les sortilèges que tu connais? Est-ce que tu t’y connais en Bakudō? Si ce n’est pas le cas, je suis certain que tu pourrais apprendre quelque chose d’intéressant.»

Kioshi était une puissance calme, parfaitement maître de son environnement, aux sortilèges pratiques en toute situation. Il était, sans nul doute, exactement ce qu’on s’attendait d’un maître du codex. Sage, il était un puit de savoir, mais plus encore, il comprenait. Il comprenait la situation, lisait le ton, répondait avec les bons mots. Chose qu’appréciait Kameko, il en allait de soi.

Après un court échange poli, déjà, il apportait ses conseils sur la table, présentant ce qu’il avait su comprendre de la demande de la représentante de la dixième. Évidemment, il avait raison. Elle cherchait bel et bien à approfondir ses connaissances du codex. Elle prit donc place devant lui comme indiqué par son interlocuteur, le remerciant toujours sur le même ton formel et poli qu’elle tenait depuis son arrivée.


Il semblait d’un naturel chaleureux et pourtant détaché. Ses propos dégageaient une certaine gentillesse, une envie de proximité, mais il semblait ériger des murs infranchissables avec chaque déclaration, chaque fait qu’il présentait. Il y avait autour lui une atmosphère difficile à lire qui n’incitait pourtant ni la peur, ni la haine, mais plutôt une admiration tacite. Il était le genre d’homme qu’on admirait et aspirait à devenir sans pour autant réellement le vouloir. Aux yeux de Kameko, il était une contradiction qui faisait constance.

Il l’invita à partager ce qu’elle savait faire avant de commencer à la conseiller. Décision éclairée, il fallait dire. Elle hocha lentement la tête alors qu’elle préparait mentalement sa courte liste.


Elle avait particulièrement insisté sur le mot «du» voulant dénoter qu’elle n’avait aucune réelle expertise dans le domaine, malgré qu’elle connaissait un sort. Après tout, dans son discours, il semblait plus apparent que son unique sortilège lié au Bakudo était une exception dans ses habiletés magiques.

C’était après tout, la base du métier de shinigami, enfin, si l’on se fiait à la définition que se faisait Kameko. Ses sortilèges suivants, par contre, étaient, exactement comme elle l’avait annoncé, totalement liés à sa tâche au sein de la dixième division :


Il fallait le dire, les connaissances en kido de Kameko se résumaient qu’à six sortilèges, le minimum syndical pour un bon shinigami. Malheureusement, elle savait que de connaître que le minimum était trop risqué, pour elle, ou pour ses partenaires. Elle se devait de ne plus être un fardeau pour ceux qui l’accompagneraient dans le futur et qu’elle n’ai plus à compter que sur les autres pour se défendre, qu’on ait pas à lui attribuer un ‘’garde’’ de peur qu’elle tombe au combat.

Il n’a pas la science infuse, Kioshi le sait bien. Certains des secrets de Kameko n’en sont pas pour lui, alors que d’autres se révèlent plus qu’intéressants; si elle ne s’y connaît que trop peu dans l’art du bakudō, on ne peut pas lui enlever le fait que ses bases en kidō sont plus que satisfaisantes. Certaines des méthodes décrites par la jeune femme lui reviennent, et même s’il n’en connaît pas la formule ou ne saurait l’employer, il en comprend le sens. L’arpenteur silencieux des champs de glycine est sans doute le mieux placé pour en apprécier toute la symbolique.

Néanmoins, alors qu’il tendait l’oreille en farfouillant dans l’un de ses documents, l’érudit ne put s’empêcher de croiser le fer avec cette idée farfelue; du bakudō, comme si elle ne savait pas ce que c’était vraiment. Si Kameko était capable de tirer profit de l’un de ces sortilèges, il était persuadé qu’un peu de dévotion dans cette voie déjà à moitié empruntée mènerait l’enfant de la tortue à quelque chose de grand. On avance lentement, mais on avance solidement.

Il ne put s’empêcher de ricaner – sans grande méchanceté, du moins – alors que la dame admit à sa piètre expérience sur le terrain. Il n’irait pas jusqu’à dire médiocre, car on ne peut juger ainsi quelqu’un qui n’a pas développé l’habitude. Les habitudes et les réflèxes peuvent être médiocres, la nouveauté ne l’est jamais. «Tu seras peut-être étonnée, mais sache que la plupart de ces sorts me sont inconnus – le nom me revient, mais je ne les pratique pas. Il y a dans ça que si tu sens que tu peux apprendre et que tu peux mieux faire, même si c’est factuellement le cas, tu peux te targuer d’une utilité qui t’appartient déjà. Tu as su faire de certains de ces sortilèges une marque à ton nom.»

Alignant quelques tomes, Kioshi tonna de nouveau, teint d’une méthode certaine : «Je ne compte pas t’enseigner. Tu ne peux apprendre qu’en solitaire; bien sûr, je pourrais essayer de te bourrer le crâne avec des sorts de mon cru, ceux que j’affectionne particulièrement, mais tu n’es pas Kioshi Fujiwara. Tu te souviens de Kyoka? Quel sort avait-elle mentionné en premier sitôt que nous avions entâmé notre contrat? De tête, si tu avais à me dire, que fait-il factuellement, et que ferait-il pour toi?»

Alors qu’elle chercherait à répondre, monsieur glisserait sur la table un parchemin; des notes communes sur l’utilisation des papillons de l’enfer, sans nul doute. Un cadeau pour l’apprentie, qu’elle sache maîtriser la base un jour où une équipe future devra composer avec elle pour cette tâche.

Comme l’avait prédit l’érudit des Mandes-Tempêtes, Kameko ne pu qu’être surprise par sa déclaration. La plupart des sortilèges qu’elle avait mentionnés, il ne les connaissait pas. Pourtant, après réflexions, cela faisait du sens, ils avaient des rôles entièrement différents et, donc, il était sous-entendu que leurs habiletés soient tout autant différente pour accompagner ses tâches. Donc, la surprise de Kameko ne fut que de courte durée alors que son esprit venait à cette conclusion par lui-même.

Il enchaîna donc devant une Kameko pendue à ses lèvres, curieuse de découvrir ce qu’il pouvait faire pour elle en sa position d’expert. Les paroles qu’il dit étaient cryptiques, en un sens. Il allait lui montrer, sans lui enseigner, mais comment était-ce même possible factuellement ? Kioshi semblait avoir la réponse, car il n’hésita pas dans la suite de ses explications, enchaînant d’abord avec un exemple concret d’une des lacune apparente de Kameko, le kido numéro cinq, Jigokucho. Évidemment, le nom ne lui revint pas, mais l’utilité et la demande de l’officière de la troisième étaient encore frais dans sa mémoire.


Ce n’était pas comme s’il y avait vraiment beaucoup plus à ce sortilège mentionné par Kioshi. Puis, il fallait répondre à la seconde partie de cette question. En quoi se sortilège lui serait utile ? Question à peine posée que la réponse s’imposait. Ce n’était pas un sort difficile à exploiter à sa juste valeur, après tout.


Le kido numéro cinq était à la base de tout, au final, et était essentiel à tout bon shinigami. Non que c’était nécessaire pour emprunter la voie des arcanes, mais que c’était une capacité nécessaire, comme l’avait prouvé Kyoka.


Question honnête et ton perplexe, qui moururent dans sa gorge. Ils étaient dans une bibliothèque et il devait y avoir ici, tout ce qu’elle pouvait chercher et comment l’obtenir, n’est-ce pas ? Rire bête s’ensuivit et elle répondit elle-même à sa question :

Le travail fut vite accompli.

D’instinct, dame Sagara put comprendre l’avantage conféré par même le sortilège le plus basique; c’est ce que Kioshi désirait en la questionnant. Il n’est pas nécessaire de tout savoir, mais il faut s’approprier ce que l’on connaît – un expert au maniement du couteau peut facilement défaire un practicien moyen capable de faire danser mille lames de manière passable.

Autrement, il avait bien fait d’avancer vers elle ces quelques notes suivant son discours; il sourit.

«Exactement; les tomes. Je te laisse ce parchemin, que tu puisses travailler sur le sort de communication.» À dire vrai, Kioshi gardait avec lui lors de ses propres études ce document depuis la fameuse lettre; si une chose était attendue de Kameko, c’est bien cet apprentissage.

«Celui-là ne te prendra que peu de temps à maîtriser, alors j’ai quelques idées de sorts qui te seraient utiles et qui peuvent s’apprendre assez rapidement. D’abord, si l’atout premier d’un guérisseur est de remettre sur pieds ses alliés, quel est l’impératif pour pouvoir accomplir son devoir?»

Rien de plus facile; être encore sur pieds quand viendra le moment de réparer les pots cassés. Kioshi ne voulait pas lui révéler tout de suite, ainsi il attendit une réponse. Si la réponse allait en ce sens, le tuteur ne se priverait plus de lui décrire une méthode de son cru.

«Tu ne peux normalement pas te permettre d’être mise hors d’état; tu possèdes des qualités d’enchanteresse de première catégorie et tu saurais sans problème dévier une quelconque magie, je te le concède. Mais si on t’agresse physiquement? À part sortir ta propre arme, qu’est-ce que tu pourrais faire?»

Les arcanes sont, selon Kioshi, mal organisées mais bien découpées. Les sorts de soin ont ça qu’ils ressemblent dans leur utilisation aux sorts de protection et aux barrières; on peut facilement passer d’une sorte à l’autre. Les branches sont bien découpées, mais le codex sait rendre la tâche d’apprentissage compliquée, sautant d’un type à l’autre selon une liste numérotée.

Un nouveau document s’aligne sur la table, ouvert cette fois; nul doute que la jeune femme sortirait d’ici avec beaucoup de lecture du soir. «Le huitième sortilège; Répulsion. Il s’incante rapidement et la formule est assez facile à retenir; on applique notre énergie sur une partie du corps pour repousser une attaque – souvent, on l’applique sur l’avant bras et on s’en sert comme bouclier. Si tu veux te protéger d’un danger imminent, c’est ce qu’il te faut.»

Kioshi partageait sa sagesse sans hésitation avec la novice. Il ne se présentait en rien comme un pédagogue, mais il possédait un savoir du codex que très peu pouvait se targuer de posséder, connaissances qui allaient servir, sans aucun doute à la shinigami, qui maintenant avait enfin décidé d’étendre son savoir à la source. Et les paroles du Mandes-tempêtes avaient trouvé chez Kameko une oreille attentive. Il confirma qu’il comptait sur le fait qu’elle étudie les nouveaux sortilèges d’elle-même dans les écrits ancestraux qu’il allait lui confier. Intérieurement, Kameko ne put s’empêcher de remercier les dieux de l’existence de l’école de de son officier, cadre idéal pour pratiquer ce dont Kioshi lui parlait à l’instant.

Une fois qu’il eu confirmer ce qu’il comptait faire pour l’aider, il enchaîna quelques mots au sujet du sortilège du papillon messager avant de poursuivre, cette fois-ci il poursuivit en engageant un nouveau questionnement. Une méthode qui forçait l’interlocuteur à raisonner de lui-même pour répondre, à trouver une solution qui le satisfaisait.


Novice et ignare dans l’art de magie, certes, mais Kameko savait ce qu’elle faisait mieux que qui que se fut. Elle savait ce qu’elle avait étudié – même si la plupart des détails s’étaient allégrement perdus entre deux souvenirs plus pertinents aux yeux et au cœur de la fille de la tortue. Il allait de soi qu’elle comprenait exactement ce que lui disait son interlocuteur, mais qu’elle ne savait pas ce dont précisément il s’agissait. Sans attendre elle expliqua le sortilège qu’il avait en tête : le sortilège de répulsion. Il avait raison c’était de plus pratique pour repousser une attaque. Du moins, si elle se fiait au nom et à ce que lui disait l’érudit.

Elle saisit le nouveau document alors que ses yeux survolaient les mots inscrits avidement. Le vieux parchemin à l’odeur distinctive de d’ancienneté ouvrait la porte sur les secrets qu’il contenait, mais plus encore, sur de nouvelles possibilités, sur une nouvelle façon d’être et d’appliquer son rôle devant ses équipiers et amis.


Sa voix portait un ton vaguement défaitiste, mais malgré tout, son regard disait qu’elle tenterait au moins de réussir au mieux de ses habiletés. Ses paroles n’étaient pas nécessairement dirigées à la maîtrise en elle-même, mais à la maîtrise de soi, deux choses bien différentes dont l’une manquait cruellement à la doctoresse. Elle avait la terreur facile, alors que ce sort demandait du courage – celui d’être prête à accepter de ne pas s’élancer directement hors du chemin lors de la pratique …

Elle avait l’air quelque peu découragée, ainsi son ainé tenta un léger détour, rendant ses paroles plus tempérées. Kioshi était passé maître dans l’art du mais, depuis le temps : «Certes, mais les sorts novices sont d’ordinaire faciles à développer en plus d’être simples d’utilisation. Puis je ne choisis pas celui-ci au hasard; étant assez bas dans la notation, en plus de faire partie d’un domaine que tu maîtrises déjà, le sortilège de répulsion devrait te venir naturellement.»

Il était évident que Kioshi n’avait pas saisi d’où l’hésitation de la jeune femme prenait racine, étant lui-même quelque peu – peut-être un peu trop – habitué au combat. On dira que ce sont les années d’expérience qui parlent, et qui ont su émousser cet affect – pourtant à la base de tout être.

Ainsi, il continua en tournant tranquillement quelques pages du livre devant Kameko.

«Un autre avantage de pratiquer le sortilège de Répulsion, c’est qu’il est de parenté avec d’autres; une fois que tu comprends comment fonctionne le premier, tu peux facilement t’habituer à utiliser les autres. Par exemple, celui-ci. Le trente-neuvième.»

En laissant l’autre lire ce qu’il y avait à ce sujet, monsieur se rendit vite compte que sa méthode ne convenait pas vraiment; les plans ont vite changé. «Voudrais-tu m’accompagner à l’extérieur? Je voudrais te montrer la différence entre les deux, que tu puisses avoir un visuel, mais je ne veux pas risquer tout ce qu’il y a aux alentours.»

Advenant qu’elle soit d’accord, Kameko se verra emmenée tranquillement à l’extérieur, à terrain ouvert. Kioshi, lui, aura trainé son arme – et sera prêt à lui prêter le temps d’un petit exercice simple.

«Je voudrais te faire une démonstration du sort de Répulsion; je suis prêt à te prêter mon arme pour la cause. Sache seulement que ça pourrait fortement te repousser, alors il te faut du tonus.» Il se tiendra prêt et lui dira de s’élancer quand elle le voudra.

Le commentaire du mage était relativement malaisant pour Kameko. Si elle n’avait pas peur de la complexité du sortilège, elle craignait autre chose entièrement et Kioshi ne l’avait pas, mais Kameko préféra garder sa crainte pour elle-même, se disant qu’elle aviserait le moment venu. Après tout, il n’allait pas lui demander de pratiquer ici, il n’était pas un enseignant, mais une porte sur le savoir qu’elle pouvait acquérir si elle s’y tentait.

Alors qu’il feuilletait les pages de l’ouvrage, il explique que le sortilège numéro huit et le trente-neuvième portaient des similitudes en même temps d’être entièrement différents. De la façon dont il parlait, il connaissait les deux sortilèges lui-même. Surtout qu’il l’invitait à l’extérieur … Il allait le lui montrer pour appuyer ce qu’il disait.

Docile la shinigami le suivit. Il fallait avouer qu’elle était curieuse. Du moins, elle l’était jusqu’à ce qu’il lui demande de participer à la démonstration. Son regard vint se planter dans celui de l’homme de savoir avec une confusion apparente. Il voulait la voir passer à l’offensive … Mais la fille de la tortue ne dégainait quasiment jamais son sabre …

Ses pupilles sombres dardèrent vers le manche, puis retournèrent sur le mage avant de se reposer sur le sabre, résignés. N’était-elle pas celle qui était venue demander son aide ? Elle n’avait pas le choix alors. Sa main se posa sur le manche et la lame chanta en quittant le fourreau, comme si elle était ravie d’être enfin dégainée.

Mordant sa lèvre inférieure, la shinigami n’hésita une seconde, prenant une position stable. Oui, même si Kameko ne s’en vantait pas, elle connaissait les bases du combat. Elle appartenait tout de même à une organisation militaire et était une shinigami … Elle n’était simplement pas particulièrement une adepte de cette voie.


Une fois certaine que son partenaire était prêt, elle chargea, sabre levé, une offensive simple que même les moins expérimentés pouvaient exécuter sans s’humilier. La panacéene pensa à retenir son coup, mais … cela serait contre-productif, elle le savait.

Heureusement pour sa conscience, jamais la lame ne touche le mage et elle finit, le derrière sur le sol, l’air confus. Si elle savait ce qui c’était passé, elle n’avait pas exactement compris comment. Voilà ce que voulait lui montrer Kioshi. Comme il avait explicité qu’il ne lui enseignerait pas le sortilège, Kameko décida de ne pas le questionner, mais d’enchaîner.


Implicitement, elle demandait de voir le trente-neuvième sortilège en action.

Elle était hésitante, et il s’en doutait. Néanmoins, la démonstration eut lieu, et Kioshi inclina la tête, signe de satisfaction. Content de voir que la dame avait choisi de prendre son apprentissage en main, il lui laissa le loisir d’employer Kaiko, certain de son affaire.

Une fois en place, il l’enjoint de s’élancer, tintant que «je suis prêt!»

Particulièrement content que Kameko embarque dans l’exercice, Kioshi restait malgré tout concentré sur son exercice; d’abord, le chant. «Âmes séculaires avalées. Espoir vital annihilé. Au bout du tunnel n’éclaire aucune lumière. Kaidō n°8 : Répulsion!»

Alors que les mots finissaient leur alignement, l’homme ferma doucement son poing. Une lueur bleue se mit à danser sur le revers de sa main droite, sur son poignet; s’aidant de son autre main, Kioshi avança ce petit bouclier vers sa lame, en un seul bond. Tout dans un seul but; renforcer la force en sens contraire pour renvoyer l’offensive.

Son katana ainsi repoussé, il vit la petite retrouver le sol. Comme il l’avait dit, c’était facile et particulièrement rapide. Elle ne semblait pas avoir mal, mais sa surprise était plus que lisible. Proposant sa main pour aider la dame à se relever, il reprit sa petite leçon : «ça, c’était le sort de répulsion; il est rapide d’utilisation puisqu’on s’en sert pour bloquer des coups en combat rapproché.»

La petite ne perd pas le nord, ainsi il se permit de continuer : «La différence entre les deux vient de là, en fait. Répulsion sert pour le combat rapproché et permet une certaine riposte… mais ne protège qu’une petite partie de son propre corps. J’ai utilisé un peu de force pour mieux repousser, avec un peu d’élan. Avec l’autre, qui prend un peu plus de temps, on bloque des attaques de portée, et on se protège en entier.»

Kioshi invitera ainsi sa protégée à ranger l’épée. Sachant qu’elle ne disposait d’aucun sort offensif, il se dit qu’il serait plus simple de lui montrer le prochain sortilège directement, qu’elle puisse analyser et s’imaginer la différence.

À la suite e son attaque et de l’incantation de Kioshi, Kameko était au sol, l’air confuse. Pourtant elle ne se remit pas immédiatement sur pied. À la place, elle se concentra sur le discours de l’érudit qui expliquait en quoi le huitième sort était pratique.  Prenant un peu d’initiative, elle questionna l’homme sur l’autre sortilège dont il lui avait parlé.

L’homme à la chevelure bleu ciel d’été avait alors expliqué la différence critique entre les deux différents kido avec un professionnalisme qui ne pouvait que laisser admiratif. Kameko hocha la tête réfléchissant aux propos de son compagnon du jour. Ce n’était pas bête de s’entraîner à maîtriser les deux, surtout pour quelqu’un ayant son rôle. Peut-être même pouvait-elle apprendre à changer la forme de ses sorts ?

Une chose à la fois, si dans son esprit une idée folle s’était installée, elle devait tout de même commencer par maitriser le kido son sa forme élémentaire d’abord.


Son regard vint chercher celui du sage et la différance de hauteur la frappa. Oh, oui … Elle était encore au sol. Se relevant promptement elle épousseta ses vêtements dans un petit rire nerveux et rapidement elle reporta son attention sur Kioshi.


Elle réfléchissait, tenait au mieux de ses habileté de visualisé le sort don l’était question, mais la femme ne pouvait réellement voir la différence dans son esprit, tout était bien trop intangible, théorique en ce qui concernait le trente-neuvième sortilège. Au moins … elle ne manquait pas d’intérêt, c’était un bon début.

«Tu peux le voir comme ça, un seul vaut mieux que rien, en effet.» concède-t-il, ne le croyant pourtant qu’à moitié. Pour un être se targuant de polyvalence et d’une intelligence à même d’apprécier la nuance entre ces méthodes, il était primordial de posséder une parfaite maîtrise des deux.

Il ne pouvait cependant pas en mettre autant sur les épaules de la demoiselle, et il se savait bien; elle n’est pas Kioshi, et il n’est pas Kameko – à chacun sa tâche. Quand bien même il aurait voulu lui montrer ses sortilèges favoris, il n’aurait pu cacher que c’était par envie de se prouver une certaine supériorité – toxique, il en était conscient – alors il se forca de ne pas admettre à cette obsession sur le savoir, dans le seul but de préserver son respect.

Kioshi n’est pas professeur. Raison simple : s’il sait par où commencer, il ne sait pas vraiment quand s’arrêter, et il ne saurait s’empêcher de remettre en question les intérêts de ceux à qui il enseignerait – et pas seulement leurs opinions. Ceci explique cela; il n’enseigne pas et ne se considère pas comme un enseignant – il n’est pas prêt, alors il préfère aider et guider les gens dans leurs propres apprentissages plutôt que d’essayer de bourrer le crâne d’une pauvre âme qui n’avait rien demandé. «Dans ce cas, je vais te montrer la différence. Je sais que comme ça, en parole, ce n’est pas évident à saisir.» Les démonstrations, à contrario des enseignements, ne lui posaient aucun problème.

Il s’installa donc devant elle, à quelques pas de distance, puis se mit à incanter. «Cloche de verre posée sur le festin des rois. Les restes du charnier survivent aux charognards. Kaidō n°39, Bouclier de mille arcs!» entonna le savant, écartant devant lui ses deux mains pour relâcher son énergie.

Devant Kameko, un large cercle jaune et terne se déployait; si elle ne pouvait plus voir son camarade, elle pouvait l’entendre malgré tout. «… Tu comprends ce que je voulais dire, maintenant? La formule est plus longue, mais on forme un véritable bouclier qui protège plus qu’un bras ou une jambe. Le huitième Kaidō est plus efficace au corps à corps, car il est plus rapide. Le bouclier de mille arcs est une plus grosse protection pour des attaques d’ampleur, mais il ne repousse pas et manque de rapidité pour servir au corps à corps.»

Une fois son halo jaune défait, il salua Kameko et tendit ses mains pour récupérer son sabre. «J’aurais sûrement autre chose à te montrer, mais je ne veux t’en mettre trop sur les épaules.  Je pense qu’il vaut mieux ne pas trop s’éparpiller: je peux te laisser mon tome le temps que tu développes tout ça par toi-même, et te montrer d’autres choses en temps et lieu.»

Elle était plutôt heureuse de voir que l’érudit était d’accord avec elle, et encore plus qu’il obtempérait avec sa demande démontrant non seulement ce qu’il disait, mais en plus ce qu’elle n’arrivait pas à comprendre. C’était un parfait disque jaune terne entre elle et Kioshi. Elle l’observa avec attention pour toute la durée du sortilège.

C’était un mur qui gardait en entier le corps de celui qui avait incanté et pas que le bras. Il ne repoussait pas l’assaillant, mais il était évident qu’elle se sentait plus en sécurité derrière ça qu’avec le bras levé. Pourtant en regardant ce qu’il faisait, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu moins impressionné que lorsqu’elle avait été sauvage – c’est relatif, hein – repoussée au sol


La fin de sa phrase était pensive alors que ses sourcils tentaient de se rejoindre dans un froncement peu élégant. Il était clair qu’elle réfléchissait profondément. Après quelques secondes, elle tapa son poing dans la paume de son autre main alors qu’elle porta sur l’homme un regard déterminé.


Son ton portait la même détermination que ses yeux. Elle était prête. Les paroles qu’il prononça ensuite la ramenèrent sur terre alors que ses iris sombres trouvèrent l’érudit une fois de plus. Elle sourit un peu embarrassée de s’être laissée emporter ainsi, mais lui répondit tout de même, passant une main derrière son coup dans un geste timide.


Kameko s’inclina donc poliment devant lui, un peu plus confiante que quelque seconde plus tôt.