Épisode 30 : Mélopée

@Sanzu Utsuro, mots ont été entendu - et alors que tes doigts s'apprêtent à entrer en contact avec ceux tendus dans ta direction, la voix lointaine ajoute.


Alors que tu accepte cette main offerte, tu réalises que ta maigre prise peut à peine enlacer l’index de la Créature, qui te cueille dans sa titanesque paume. Sa taille avoisine celle des plus grands démons dont tu aies pu entendre parler - et sa peau constellée d’étoiles te donne le sentiment que l’Univers lui même se tord pour te happer dans le vide entre les étoiles. Soudain, le noir total.

Tes sens te reviennent alors que ton dos repose sur une pierre froide et sans vie. Irréel, le ciel constellé d’étoiles est digne des plus magnifiques que tu ais pu observer sur le Nihon. L’air est respirable, bien que son froid mordant t’agresse les poumons sans pour autant t'étouffer. Rien ici n’est agréable et les alentours ne dégage rien. Tout n’est pas simplement mort - tout est vide.

Une brume éparse et givrée nimbe les lieux surnaturels alors que se dessinent devant toi des structures gargantuesques bâties en pierre noire. Tout autour de la plateforme de quelques dizaines de mètres de diamètre où tu te trouve - le néant. Seule issue, une série de marche taillées pour des créatures bien plus grandes que toi - véritables épreuves pour un être de ta taille incapable de voler.

Éclairant les lieux, deux immenses piliers encadrent la voie à emprunter. Chargés d’une épaisse et luisante brume bleu où tu crois deviner des êtres se déplaçant avec lenteur, ils semblent être la seule source lumière de cet endroit hors du temps.


Les lieux sont d’un calme absolu et même le vent semble avoir déserté l’endroit. Pourtant, à tes oreilles, une mélopée chantante se met à envouter les lieux - aucun doute sur ta destination, ton avenir sera tracé en haut des marches gigantesque de cet édifice stellaire.

Épisode 30 : Mélopée

Alors que je me sens partir, j’entends une dernière citation qui viendra me marquer. Alors que la voix se tait et me transporte, je sens des frissons me parcourir et mes yeux s’ouvrent grands, s'écarquillent. J’entends et je comprends. J’écoute et je traduis, je transfère et digère les informations. Je vois. Mais ai-je réellement le temps de penser ? D’encaisser telle vérité ? Je ne peux encore entièrement réalisé à quel point cette phrase a de sens que je me rends compte d’autre chose. Je ne suis que nouveau né, que dis-je, une pauvre fourmi face à une telle main. Je ne suis à peine plus grand que le pauvre impact que je n’avais sur moi même et ma piètre vie jusqu’à maintenant. Mais alors que je m’éveille à nouveau, tout cela va changer.

Mégalithes et constructions dantesques sous la nappe céleste et je contemple le travail d’une civilisation qui m’était jusqu’à maintenant inconnue. Les mots me sont enlevés, ne me restant que mon souffle, qui lui aussi m’est happé. L’air froid et mordant me réveille une seconde fois et me fait prendre compte. Je suis en vie. Je ne rêvais pas et je n’étais pas en transe. Ce n’est pas ce que produisait mon cerveau sous les effets de l’arrivée imminente de ma fin. Je ne suis d’ailleurs plus blessé.



Dis-je tout haut, laissant mes paroles tenter de rejoindre le point de résonance de ce lieu qui ne finit par renvoyer aucun son. Mais je ne crois pas avoir besoin d’une réponse. Je le vois, je le ressens, je le respire, je le vis, je le deviens. Le vide, pas d’air, mes battements de coeurs et mes pensées pour seul écho. Ou était il vraiment le seul son que je pouvais entendre ? Je tends l’oreille et semble remarquer, une douce mélopée enchanteresse. Une brise, une caresse. Mais d’ici elle est bien faible et je n’ai que bien de mal à pouvoir entièrement en profiter.

En regardant l’escalier, je saute de toutes mes forces et enchaîne les marches comme je peux. Un exercice pour moi, une routine pour les titans de ces lieux. Qui allait-je bien rencontrer ? Qui m’avait donc sauvé de cet enfer, de ce qui aurait été mon cercueil ? Je n’aurais la réponse qu’en arrivant tout en haut. C’est après quelques efforts que je peux entièrement contempler la beauté inestimable des lieux. Même dans mes rêves les plus fous, je ne m’imaginais tel édifice cosmique. Empire stellaire et nation du vide ? J’entends enfin clairement ce doux chant, la calme brise venant me caresser les oreilles. Alors j’avance vers mon destin, vers ma renaissance. Ma rédemption.

Épisode 30 : Mélopée

L’Ascension te semble sans fin, d’autres gigantesques piliers ornant les abords de ces escaliers cyclopéens - folie des grandeurs d’un empire que tu ne peux que t’imaginer millénaire. Le temps te semble différent ici, comme si tu te trouvais hors de la réalité - sensation instillée par le Dangai ou réalité ? Impossible d’en être sûr à ton échelle. Tout ici te semble si… Différent.

Au terme de tes efforts se dessine enfin ton but, un palais. Un gigantesque palais à la démesure de ces lieux. Au premier regard, tu estimes sans peine que l’on pourrait y loger le Seireitei tout entier, si ce n’est plus. Alors que tes pas décidés te mènent toujours plus en avant, vers l’origine de cette entêtante mélopée ambiante, deux monstrueuses statues d’acier te toisent de leurs vingt mètres de haut. Armées d’épée sur lesquelles elles reposent leurs puissantes mains, les gardiennes te guettent, inquisitrices. Ce n’est qu’après une longue marche te permettant de les dépasser que tu comprends, alors que leur regard ne t’a pas quitté, qu’il ne s’agit guère de statues.

Les portes du bâtiment sont ouvertes, accueillantes. Si la structure t’écrase de sa taille, l’énorme couloir qui s’offre à toi, orné d’un tapis ayant perdu toutes ses couleurs, te laisse tout loisir d’évoluer à souhait. Les lieux sont sobres, aucune décoration, simplement ces murs de pierre noire qui donnent au lieu un côté austère, dépourvu de vie.

Un léger tremblement dans les entrailles de l'édifice, quelque chose s’éveille sous tes pieds pour rapidement s’endormir de nouveau - quelle créature titanesque peut bien reposer sous ce palais d’onyx ? Est-ce un château pour la protéger, ou une prison pour la retenir ?

De longues minutes de marche te conduisent à une arche, qui s’ouvre alors sur une salle sans bords. Ici, guère de pierre. En dehors de la porte que tu viens de franchir, sol comme murs sont tapissés d’étoiles, te donnant l’impression de marcher au coeur du Dangai. Installé au centre de la pièce sur un trône obscur, une impératrice - tu reconnais ses mains, et le chant qui caressait jusqu’ici les lieux cesse alors qu’elle dépose son regard luisant sur toi. Une secousse. La géante clos les yeux un bref instant, la bête s'apaise à nouveau. Malgré sa position, tu devines la divinité qui te toise au moins aussi grande que ses serviteurs à l’extérieur. Elle se fend d’un maigre sourire avant de t’indiquer, paume ouverte, un côté de la pièce.

Avec clarté, tu peux apercevoir une partie du reste de ton équipe sur un chemin de faille - rescapés sur le chemin du retour. Tu comprends alors que cette immense pièce est un observatoire permettant de projeter son regard au travers du cosmos. Brisant le silence contemplatif des lieux, une voix que tu serais maintenant capable de reconnaitre entre mille, plus puissante et imposante que dans tes souvenirs.


Son ton est doux et sa voix envoûtante, probablement travaillée dans ce sens. Bien qu’elle ne dégage aucune énergie, la géante te semble bienveillante et sa curiosité, sincère - serais-tu en train de rêver ?

Épisode 30 : Mélopée

Une marche pour ceux dont la vie est commune, qui prendrait presque l’allure d’un pèlerinage de mon côté, des édifices intemporels ayant vu passer un nombre incalculable d’étoiles, on ne compterait pas cela en vies humaines, c’est ici même, une dimension au dessus. Cycles infinis ou les journées passent sans soleil, seul remplacement aux cieux un océan d’étoiles et de galaxies à perte de vue. Le palais se dessine devant moi, mêlé aux statues, ces architectures dantesques me regardent de haut, mais je ne me sens ni intimidé ni effrayé, je ne suis pas ici en ennemi ou perdu. J’ai été accueilli et je suis cette douce voix qui me trace un chemin invisible mais audible. Tout ici a été créé pour des êtres nés dans la démesure cosmique. Je ne suis ici réellement qu’un simple grain de sable, balayé jusqu’à cette porte par un zéphyr astral.

Je ne peux que m’arrêter pour contempler l’entrée, tout en me rendant compte que ces statues ne sont pas sans vie, ce sont des gardiens. Veilleurs et protecteurs de ce château immense qui pourrait abriter plusieurs fois la société shinigami. Me faisant de plus en plus à l'atmosphère générale, je me mets à nouveau en route, contemplant l’entrée impériale qui s’offre à moi.

La beauté n’est pas dans la décoration et le surplus, tout ici est démonstratif de ce qui entoure la titanesque demeure, le vide, l’espace infini du dangai. C’est traduire cela en un château. Je suis en admiration totale face à pareil structure. Je me sens minuscule, mais point misérable ou même dans un endroit qui n’est pas accueillant pour moi.

Mes pensées sont coupées alors que j’aperçois un trône et son impératrice cosmique. Géante parmi les géants, elle est celle qui m’a recueilli en cet endroit et sauvée de la mort dans le vide. Je reconnais ces mains instantanément. Bercé par cette mélopée inimitable. J’arrive enfin proche d’elle et regarde l’endroit qu’elle m’indique, ce sont mes coéquipiers de l’expédition. Ils sont sains et sauf, je soupire et c'est une peine qui se retire de mon cœur, un boulet à mes pieds qui se détache. Je n’avais beau pas être attaché à la soul society en général, mais je ne pouvais que m’inquiéter pour ceux qui formaient mon escouade. Je suis honoré de voir qu’elle avait pensé à moi et qu’elle me fasse remarquer, que je ne les quitte pas alors qu’ils sont en mauvaise posture.

Elle prend la parole et je pose un genou au sol et baisse ma tête par respect. C’est bien elle, il n'y a désormais plus aucun doute. Ses titres sont à la taille de ce qui l’entoure, sans mesure.



Un sourire se dessine sur mon visage alors que je peux enfin remercier de vive voix ma sauveuse. Je ne sais ce que l’on peut vouloir de moi ici, mais je serai ravi de pouvoir servir et me prouver.

Épisode 30 : Mélopée

Alors que tu mets genou à terre, un sourire étire les traits de la géante - tu imagine sans peine qu’une pareille Reine exige un tel comportement à son égard, souveraine parmi les astres.


L’Impératrice repose sa joue droite sur son poing, appuyée sur son trône, nonchalante.


Ses yeux brillants comme deux étoiles bleutées te toisent, un nouveau sourire déformant ses traits.


Sans attendre une réponse de ta part, Majesté pulvérise les barrières de ton esprit pour s’inviter dans ton monde intérieur. Tu te souviens alors de ta dérive, ta presque inconscience. Puis, une porte ouverte vers un chemin de faille - un long et pénible retour aux portes de la mort, soutenu par ta volonté hors du commun. Enfin, une faille te permet de retrouver ton cher Nihon - tu reconnais la région, les terres de la deuxième division : Tohoku. Épuisé, tu t’effondre - retrouvé peu de temps après par une patrouille de Shinigami explorant la région.

Tu n’as aucun souvenir de ce palais, de cette rencontre. Pourtant, un chant te reste en tête et s'impose à ton esprit : une lancinante Mélopée.