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  • HOKA NO NIHON
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    Depuis les premières ères de l'Humanité, des esprits invisibles n'ont cessé de hanter les Hommes. Ces apparitions étranges, ces fantômes lancinants, ces créatures spirituelles, sont appelés « yōkai » – des âmes n'ayant pu rejoindre l'au-delà à cause des remords de leur vie passée, développant des attraits monstrueux pour combler le vide qui les définit. Les shinigami, émissaires à la solde de la Soul Society, une organisation dissimulée dans les coulisses du Nihon, ont pour but de purifier ces démons, mais aussi les âmes humaines ancrées au monde réel, par le biais de leur zanpakutō (斬魄刀, litt. : épée trancheuse d'âme). Hélas, les conflits des Hommes engendrent le drame, et le drame engendre les remords ; d'où le cercle vicieux qui donne tant de travail aux passeurs de l'au-delà. La récente guerre civile de 150 ans baptisée Sen'yuu Sensō (戦友戦争, litt. : la Guerre des Frères d’Armes), ayant opposé les parties méridionale et septentrionale de l'archipel, a été une période critique favorisant l'apparition des yōkai, réveillant de vieux débats sur le rôle de la Soul Society quant à la protection de l'Humanité. Faut-il abandonner toute idée d'intervention, comme il est de rigueur de faire depuis la création de l'organisation, ou est-il grand temps de réguler les âmes humaines pour couper le mal à la racine ? Même dans la sphère spirituelle, la politique est en proie au schisme. Malgré la volonté du Concile Blanc, quelques Divisions de son armée commencent à changer de cap. Entre les yōkai démoniaques, et les puissants shinigami en faveur du changement, qui seront les plus dangereux pour l'Humanité ?
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    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux
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    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux
    聞いて下さい
    Froler la mort, une expérience que Midori aurait préférer ne jamais réaliser son poids. Le sang battant dans les tempes s'arrêtait, le monde devenait noir, et au final, tu étais seul face à ta fin imminente. Elle entendait que lorsque ce moment arrivait, on revoyait sa vie défiler devant ses yeux.

    Pourtant, elle n'avait rien vu.

    Un instant, elle se pensait belle et bien morte. Ses jambes l'avaient lâchement abandonné, ses yeux étaient bien trop brouillés pour voir autre chose que des nuances de blanc et de noir, ses sens s'éteignaient doucement. C'était plus agréable que cela ne le paraissait à première vue. Tu ne souffrais plus, plus d'inquiétude à t'en ronger les ongles ...

    "Je ne manquerais pas à grand monde. Neiri s'en remettra, Segata trouvera bien quelqu'un pour me remplacer ... Et même à la fin, je ne me souviens que de deux prénoms. Et je sais que ma perte ne leur sera pas dramatique."


    C'était mieux ainsi, partir en sans causer de peine pour ceux qu'elle appréciait. C'était un peu triste pour elle, mais elle ne pouvait plus s'abattre sur son sort, elle était morte. "J'aurais aimé connaitre un peu plus ..."; "Si je pouvais je briserais ce Yokai sans considération !".

    Elle ne comprenait pas, pourquoi ces pensées, qu'elle évitait toujours, apparaissait maintenant ? Sa colère ou sa peine, elle n'a jamais cherché à les cultiver. Elle n'en avait pas besoin, pour s'améliorer, mais elle n'arrivait pas à s'empêcher de refaire ses derniers instants.

    "Est-ce que j'aurais du rester en retrait ..."


    Midori aurait du rester en retrait, c'était une certitude. Elle revoyait l'affrontement, comme au travers d'une vitre, qui se noircissait au fur et à mesure qu'elle cherchait à corriger ses erreurs.

    "Pourtant, tu n'as pas fait confiance à tes compagnons, non ?"

    "Ce n'est pas que je ne leur faisait pas confiance ... C'est que ..."


    Elle baissait le regard, même si cela paraissait stupide de le faire. Pourquoi avait-elle une telle envie de s'occuper du yokai ? Rien ne l'avait forcé à le faire, elle avait même l'occasion de rester en retrait et favoriser sa vie à celle des autres. Ce n'était pas la colère, ce n'était pas l'égo ou le devoir.

    "Qu'est-ce qui t'y as poussé alors ?"

    Elle marmonnait, n'arrivant pas à le dire clairement, mais ne provoquant que plus la colère de son interlocutrice.

    "Qu'est-ce qui t'as poussé à le faire Midori Oto !"

    "J'avais peur !"


    Elle l'avait presque hurlé, non, elle l'avait fait et à plein poumon, faisant résonner cette phrase dans l'espace qu'elle occupait.

    "Qu'est-ce qui t'as fait peur, un simple yokai ? Tu es une trouillarde Midori ?"

    "Bien sûr que non ! J'avais peur qu'ils soient blessés si je n'agissais pas !"


    "Qu'ils soient blessés ? Incapable de nommer les personnes pour qui tu te sacrifies ? Des blessures tu en soignes tout les jours. Tu aurais pu jouer ce combat sur l'endurance et épuiser ce yokai pour un minimum de répercussion sur ton équipe."

    Elle avait raison, elle avait entièrement raison, mais elle ne pouvait se résoudre à l'accepter.

    "Et s'ils étaient victime d'une blessure que je ne pouvais soigner, qu'aurais-je fais ?!"


    "Et donc, motivée par la peur, tu as préféré prendre tout les risques."

    La jeune shinigami voyait son reflet dans la vitre lui servant d'observatoire, sa parfaite réflexion, telle qu'elle le voyait lorsqu'elle était consciente et comme elle se l'imaginait.

    "Parce que tu es antipathique, tu ne voues aucune considération pour autrui ne te ressemblant pas. C'est ce que tu t'es convaincu. "Je n'ai pas besoin d'être invité à boire entre ami, je ne pourrais pas être amis avec eux, je peux devenir forte seule." Tu es sûre de pouvoir y arriver seule à chaque fois, en imitant ce que les autres font, parce que cela te donnes une excuse pour ne pas te prendre en considération, ni toi ni ta santé, car tu n'es jamais totalement toi avec eux."

    La déesse écarquillait les yeux, abasourdit par son reflet, semblant la connaître mieux qu'elle se connaissait. Ce miroir était le purgatoire ? Est-ce que cela existait ?

    "Je peux y arriver seule ! Cela n'est pas une excuse pour me faire du mal, je ne suis pas masochiste !"


    "Tu ne t'es jamais dit que l'échec était normale lorsque l'on pratiquait sans exemple ? Si tu as besoin d'exemple, tu ne progresses pas seule. Si tu prends plus soin d'objet en bois que de toi, c'est que tu n'as aucune considération pour ta personne."

    Si, elle se l'était dit à chaque fois qu'elle passait un cap de puissance, qu'elle apprenait quelque chose de nouveau, mais au final ce n'était pas si neuf. Sa maison en était un criant exemple de l'importance qu'elle accordait à ses possession plus qu'à soi.

    "Même ta personnalité, tu ne fais que la recopier des autres. J'irais même jusqu'à dire que ton apparence est fausse."

    L'âme artificielle secouait lentement de la tête, ouvrant la bouche, mais ne trouvant rien à dire. Elle essayait de prendre un pas de retrait, s'éloigner de cette langue de vipère, cependant son corps n'était pas du même avis. Il ne faisait que recopier le reflet.

    "Tu as pris ce qui te plaisait ci et là et tu t'es forgée une nouvelle toi, car tu avais peur de l'ancienne, tu savais qu'elle ne serait pas aussi bien acceptée que ton idéal. Au final, c'est toi qui est mon reflet, je devrais te laisser mourir ici et prendre ta place."

    Sur ces mots, la copie de Midori faisait volte-face, s'éloignant du miroir, forçant la vraie à s'en aller également, vers une noirceur insondable. Elle ne savait même plus si elle était vraiment elle, au final. Quelle partie de Yonjuni était encore Yonjuni, et non un mensonge qu'elle se racontait ? Qu'elle racontait à tout le monde ... Qu'est-ce qui n'était pas un mensonge, au final ?

    "Je ne veux pas mourir."


    La déesse de la mort s'arrêtait, de son propre chef, son reflet faisant volte-face, sans hausser un sourcil. Avec la distance qu'elle avait parcouru, l'infirmière de la panacée courait contre le miroir, rentrant dans le verre, ou plutôt, quittant sa prison.

    "Je ne mourrais pas."


    Elle était au dessus de son reflet, qui souriait aussi narquoisement que Midori avait l'habitude de faire, la regardant dans les yeux sans être  plus choquée que ça au final.

    "Si tu y retournes, tu vas souffrir."

    "Je sais me soigner."


    "Mais tu finiras toujours pas te blesser. C'est inévitable."

    "Alors je continuerais de me soigner, autant de fois qu'il le faudra, jusqu'à ce que cela ne me fasse plus mal."


    Un rire cristallin sortait des cordes vocales, le reflet de Midori la repoussant pour se relever, le regard braqué sur le miroir qui enfermait la déesse jusque là.

    Cette dernière s'y regardait. Noire. Informe. Elle n'avait que quelque courbe décrivant l'anatomie d'un humain, ainsi que deux yeux à la pupille d'un noir plus profond encore.

    "C'est ... Moi ?"


    "Bien sûr. C'est comment tu te vois. Je regardes ce miroir tout les jours, tu sais. Il n'était que noir avant, puis, petit à petit, tu prenais forme humaine. Et enfin, tu as ouvert les yeux."

    Midori détachait le regard pour le planter dans celui de son reflet.

    "Tout les jours ? Mais qui es-tu ?"


    "Même si je te le disais, tu ne comprendrais de mon nom qu'une déformation. Je ne peux avoir cette discussion avec toi uniquement parce que tu n'es pas loin de devenir un esprit."

    "Un esprit ... Bunkai ?"


    En clignant des yeux, la déesse voyait en les rouvrant l'apparence de son zanpakuto là où son reflet se trouvait. Elle voulait lui poser plus de question, mais commençait à ne plus la comprendre, et à disparaitre.

    "Ce n'est pas ça, mais tu es trop jeune pour comprendre mon nom. Tu ne vas pas tarder à te réveiller, serres les dents, je ne rigolais pas en disant que tu souffrirais."

    ...

    Midori émergeait, étrangement lucide, malgré l'état de son corps. Elle ressentait chacune de ses blessures avec une précision sadique, à défaut de pouvoir en dire autant de son environnement. Elle se savait porté, mais mit du temps à reconnaitre Araï. Elle sauvait ses premiers mots pour quelque chose de plus utile pour l'heure. Son reihatsu englobait minutieusement chacune de ses plaies, internes comme externes, dans un effort de concentration qui lui arrachait un grimacement de douleur.

    "Vague de sagesse, vortex torrentiel, ravage les batailles et engloutis les esprits maléfiques ... Kaidō n°60 : Shugotenshi"


    Sa petite voix suffisait à ce que son sort soit lancé, mais lui arrachait un cri sourd lorsqu'il se mettait à faire effet. La cicatrisation était loin des soins mineurs, et si déployer un sort avancé lui avait déjà couté beaucoup, sentir ses blessures se soigner par elle-même, parfois autour d'os fêlés, manquait de la renvoyer de force dans son monde intérieur et cela sans retour.

    "ah .. ah... raï..."


    Ses yeux papillonnèrent, reprenant petit à petit ses esprits au fur et à mesure que son corps se remettait de ses blessures grâce à son Kaido. Elle n'avait jamais expérimenter le supplice du martyr sur elle-même, pourtant elle pourrait très bien cataloguer ce pic de douleur qu'elle a ressentit comme s'en approchant dangereusement.

    "Où ... où sommes-nous ?.."


    Elle respirait lourdement, bien qu'elle n'en avait pas besoin, étant une âme, et peinait à s'adapter à la luminosité de la pièce, où à quoi que ce soit. Elle avait demandé, mais elle n'était pas sûre au final de pouvoir entendre la réponse. Pour le moment, le plus important, était qu'ils pouvaient vivre un peu plus longtemps.

    "Ne me lâche pas ... Je ne sens pas encore... Mes jambes."


    Elle maudissait le manque de tact de son reihatsu, mais ne pouvait pas se lamenter sur sa condition, étant la principale réponsable de cette dernière. Tournant la tête vers Araï, elle observait ses brûlures, tendant son bras droit vers son cou, prenant de longue et profonde inspiration.

    "Paix impossible. Utopie désirée. Les vagues mortelles dissuadent le passeur de s'arrêter. Kaidō n°24 : Kaihou"


    Midori essayait de soigner ce qu'elle pouvait des blessures causée par le cero locco du metteur en scène, ses propres soins la clouant sur place de toutes manières. Une question lui trottait dans la tête, en voyant que sa main ne tenait plus bunkai, mais en sentant petit à petit les doigts de sa main gauche lâcher leur prise sur un objet, elle comprenait qu'elle n'avait pas quitter son côté de toute l'action.

    "Désolé ..."



    [résumé]
    Spoiler:
    Midori Oto
    Source de l'avatar Grade : Officier
    Source de l'avatar Officier
    Midori Oto la Magelame

    Contrat de Troisième Cercle : Kabuki Montagneux

    Dans un mouvement habile et stratégique mêlant les pouvoirs de son zanpakutô à ses talents de nécromancienne, Midori Oto avait réussi à subtiliser son arme de la main du yôkaï par surprise. Elle avait ainsi poussé la colère de l’entité démoniaque à son paroxysme, et elle s’apprêtait alors à commettre un « massacre. » Mais c’était sans compter sur l’envol puis la morsure du dragon d’eau et de glace qui avait stoppé net le yôkaï dans son entreprise vindicative. Aveuglé par cette haine exacerbée par ses blessures, le bakemono n’avait rien vu venir et servit de festin à Seiryûrô. Malgré la beauté de la sculpture incrustée d’un yôkaï, le Jûkan Kamui n’attendit pas pour la trancher en deux sans pitié, faisant s’échapper des geysers de sang noîratre des fissures de la structure de glace. Le séraphin n’était plus.

    Une partie du Parle-Esprits était profondément triste. Sa compassion connaissait-elle seulement limite ? Il partageait la douleur de l’être qui avait blessé ses camarades, cela faisait-il de lui un monstre ou un sage ? Il regardait ses mains endolories par la force avec laquelle il avait maintenu son zanpakutô pour libérer Seiryûrô. Il doutait. Si c’était lui qui aurait dû ôter la vie à ce yôkaï, en aurait-il été capable ? Il avait déjà porté le coup de grâce à des Premier Cercle dépourvus de conscience et de volonté propre, pensant alors les libérer de leur souffrance. Mais ce Deuxième Cercle était un être bien conscient et intelligent, ainsi que doté d’un libre-arbitre. Aurait-il été possible de le raisonner ? À ce même moment, son oreille capta la conversation de son homologue Kaiin qui avait été blessé par l’attaque avec leur supérieur. Sévère et dédaigneux, celui-là fut aussi froid que le gel de Hyoutenka. Une sorte de vengeance froide envers la caste arrogante et hautaine de l’Ordre Mnémonique ?

    Fidèle à l’adage, le froid qui s’était installé avait répandu une atmosphère vengeresse. Un froid qui ne seyait point à la sérénité qu’incarnait l’ascète qu’il était. Ainsi donc, voyant le balafré démentir son hypothèse en ne répondant pas, il posa une main amicale sur son épaule, tentant de le réconforter. Il n’avait pas à se sentir mal, car il s’agissait avant tout d’un travail d’équipe. Peu importaient les réussites ou les échecs de chacun, seule la réussite du groupe comptait. De son côté, l’Officier avait certainement un problème d’égo à corriger.

    Voyons…

    Trop tard, il fut coupé dans son entreprise. Ou plutôt, il fut incapable de prononcer un mot de plus, tétanisé par une pression spirituelle foudroyante. La vengeance n’attendait pas, elle s’imposait comme un éclair. Alors, en un flash, Shijou Hachiman était de retour parmi eux. Le primate insufflé d’une haine nouvelle exigea un duel en combat singulier contre son supérieur. Non, il ne le défia pas ; il exigea. Et pour s’assurer de voir son exigence satisfaite, il osa prendre en otage la shinigami tombée là inconsciente. À peine ses mains surdimensionnées posées sur les tempes de Midori, celles de Shinka s’armaient de deux aiguilles, prêtes à venir se planter dans ses deux yeux, car il semblait impossible de transpercer le parpaing qui lui servait de cou.

    Finalement, il fut décidé d’avancer sans le Jûkan. Les mutineries du Premier-Né lui coûteraient la vie, et ce n’était pas une scène à laquelle Shinka souhaitait assister, malgré l’antipathie provoquée par son ultime coup bas sur une consœur shinigami incapacitée, c’était à se demander si l’être maléfique qu’ils venaient d’abattre était plus raisonné que ce sauvage défendant son territoire. C’est donc une unité réduite de moitié qui s’approchait du temple. Portée par le plus robuste des deux shinigamis, la blessée émergeait, et ses premiers efforts furent menés pour soigner ses blessures et celles de son porteur. Shinka reconnaissait bien là l’intelligence de l’infirmière. Un léger sourire apparut sur son visage, mais disparut bientôt. Arrivé aux portes du temple niché au sommet de la montagne, une pensée mortifère traversa son esprit.

    Shinka… Tu n’as cessé de te moquer de moi malgré mes avertissements. Je sens encore le froid mordant jusque dans mes entrailles… Tu en connais la conséquence. Sans mon aide, ce n’est qu’une question de temps avant que tu ne me rejoignes… Sache que je te hanterai pour l’éternité, maudit shinigami…

    Des menaces du dragon qui habite l’eau qui dort. Derrière ces portes se trouvait le mystère de la disparition des moines guerriers, sûrement due à un puissant yôkaï, et les forces shinigamis étaient considérablement réduites. Peut-être le mystère restera-t-il entier malgré leur passage en ce temple qui deviendra leur tombeau. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à déserter les rangs qui l’avaient fait naître. Non, il ne laisserait pas gagner les voix de la Nuit. Il était prêt à affronter à nouveau son destin et, cette fois-ci, en se battant jusqu’à la fin.

    Ouvrant la voie pour ses confrères, le Parle-Esprits s’enfonça dans les ténèbres qui contrastaient avec la lumière rouge que procurait le grand braséro. Malgré l’atmosphère cérémonieuse, la mort se pressentait ; elle avait envahi ce lieu spirituel et sacré. Une voix s’adressa à eux : on les attendait. Shinka, lui, n’attendrait pas. Ainsi, il avança de plusieurs grands pas au milieu de la marée humaine, semblant danser entre eux. Lorsqu’il finit sa marche coordonnée, sa main posée sur le fourreau de son wakizashi dégaina l’arme pour pointer l’origine de la voix, et le temps sembla se figer sur cette pose magistrale et impérieuse ; le Mie.

    Méfie-toi, esprit malin. Je ne te laisserai pas souiller l’art qui est le mien !

    Théâtralement, il rompit son silence clérical.

    Résumé:
    Kō Shinka
    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux  - Page 2 8NGK0 Grade : Membre
    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux  - Page 2 8NGK0 Membre
    Kō Shinka le Clairvoyant
    Kabuki infernal
    聞いて下さい
    Dans sa sordide torpeur, la courageuse Dame Midori trouva la force d’incanter de nouveaux sortilèges ... Elle démontra alors ses formidables talents de guérisseuse, en se soignant elle-même, et en tentant d’accélérer la cicatrisation de mes propres stigmates. Elle demanda où nous étions, les yeux papillonnants, et la respiration saccadée. Mais mine de rien, elle retrouvait peu à peu ses forces. Puis elle s’excusa.


    Gardez la foi, Dame Midori. Reprenez doucement vos forces avec ménagement. Nous voici dans l’antre du démon. Nous sommes au coeur de l’Enryaku-Ji.


    Ces chuchotements avaient précédé l’odieuse invitation prononcée par notre infâme hôte. Juste après, ce fut les cordes vocales de Shinka qui se manifestèrent à ma grande surprise. Le Parle-Esprit n’était donc pas muet. Il avait déjà fait preuve de soutien moral lors des réprimandes de Kamui, mais maintenant je savais qu’il était un guerrier sur lequel compter. Restait à savoir ce qui nous attendait dans ce guêpier. Religieusement, l’assistance s’installa à même le sol, sans un bruit. Peu à peu, une lumière tamisée, celle de dizaines de bougies se mit à crépiter de concert avec les flammes du brasero situé au milieu de l’immense pièce. L’horreur nous fut révélée. Des dizaines de cadavres jonchaient le sol. Des corps de moines-guerriers. Hérésie. Encore des victimes de la furie des Yôkais …



    Alors que quelques percussions et des clochettes se mettaient à entonner une mélodie, une silhouette semblait se distinguer de l’ombre. Elle avança doucement, légèrement, et se révéla être une créature frêle, ne dépassant guère la taille d’un adolescent. Une fois son visage révélé à la lumière, je fus partagé entre l’épouvante et le charme. Le démon était une très jeune femme, enveloppée de parures inestimables, d’étoffes dignes des épouses des aristocrates du Nihon. Sa peau était blanche comme le lait, sa coiffe complexe était celle d’une impératrice … Par myriades, ses ornements semblaient avoir été confectionnés par les meilleurs artisans du monde. On devinait que ses bras étaient des ailes noires gigantesques, et ses oreilles faites elles aussi de longues plumes couleur bleu-abysse. Son ample kimono blanc-rouge et or lui donnait un rang de déesse. A son passage, tous les humains s’inclinèrent profondément, comme à la manière des vassaux qui venaient rendre hommage à un seigneur de guerre. Son visage angélique sourit, visiblement sensible à la flatterie.

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    Elle se retira, laissant le centre de l’immense pièce où le brasero culminait sur une petite estrade, accompagnée par deux moines-guerriers inexpressifs qui tenaient des chandeliers. Elle s’installa sur une chaise de bois, sans nous quitter des yeux. Bien que je ne pouvais ressentir l’énergie spirituelle des entités d’outre-tombe, je palpai néanmoins la tension qui régnait en ces lieux. J’avais l’impression d’être un agneau dans une tanière de loups affamés. La démone rumina avant de parler clairement.


    Je suis Ada. Bienvenue dans ce qui est ma demeure. Je suis confuse de ne pas vous accueillir dans de meilleures conditions, mais ces pauvres cadavres que vous voyez au sol ne sont pas de mon fait. Vous serez navrés d’apprendre qu’il s’agit de l’oeuvre d’un barbare qui porte le titre de shinigami. Un primate argenté dominé par ses instincts. De mon point de vue, il ne diffère guère de la plupart des Yokai qui portent encore leur masque.



    Tes mensonges ne trompent que toi.



    Je ne mens pas. Je ne mens jamais. Mon art, shinigamis, est celui qui a vocation à énoncer la vérité. La vérité que vous autres, pourfendeurs d’âmes, refusez de voir. Connaissant votre nature de bête sauvage, je vous interdit de vous servir de vos Zanpakuto. Surtout toi, l’homme masqué. Je n’ai pas perdu une miette du combat que vous avez mené contre mon Premier rôle, Yutani. Je l’avais prévenu … Voilà ce qu’il advient lorsque son esprit ne s’exerce pas assez. Pourquoi tout régler par le conflit ? Peu importe, il n’avait pas la force de participer à mon grand projet. Vous m’obligez à passer par des moyens de pression que je suis loin d’apprécier.


    Trois moines-guerriers se déplacèrent au fond de la pièce révélant à la lueur de leurs cierges cinq femmes pendues part d’épaisses cordes attachées à la charpente. Ces dernières étaient encore maintenues en vie car leurs pieds reposaient sur des tabourets. D’ailleurs, leurs visages n’exprimaient rien. Il n’y avait plus qu’à dégager les tabourets et l’agonie des humaines pouvait commencer. Le message était clair. Si nous utilisions nos Zanpakuto, ce serait la mort pour elles. Je tournai la tête vers Shinka.


    Parle-Esprit ! Il est important qu’il ne soit fait aucun mal aux mortels. En tant que représentant de la Septième Division, j’y veillerai.



    Je précise que votre camarade a ignoré cet avertissement. J’ai été contrainte de mettre à mort cinq autres femelles. J’ai dû également me défendre, ce qui explique le carnage causé par votre frère d’armes, que vous constatez dans ce temple. Car moi aussi, je veille.


    A ces mots, tous les humains de la pièce tournèrent leur tête vers nous, d’un mouvement bref et unanime. Leurs yeux nous scrutaient. Mais je comprenais qu’à travers eux, c’était Ada qui nous observait. C’était un tout autre pouvoir auquel nous avions affaire, beaucoup plus sérieux que les simples illusions de Yutani. Je commençais à douter de la dangerosité de la Yôkai. Il était bien possible qu’elle surpasse le Deuxième Cercle. Elle frappa des mains.


    Commençons, Shinigamis. Voyez mon œuvre.


    Une fillette vêtu d’un habit de paysan s’avança au milieu des corps inanimés. Pieds-nus, elle laissait des empreintes de sang dans son sillage. Toujours confortablement installée, Ada prit une grande inspiration avant de déclamer un long monologue. Pendant qu’elle parlait, l’enfant se mit à danser de façon anarchique, et sa rouler dans le sang. La chorégraphie morbide accompagnait le récit d’Ada.

    « Voici la petite histoire. La petite histoire de la Petite Fille. La petite histoire vraie de la Petite Fille. Elevée dans la famine et la guerre, Petite Fille a faim. Petite Fille est orpheline. Petite Fille veut sa maman. Petite Fille souffre. Mais Petite Fille sourit lorsqu’elle assiste au Kabuki qu les prostituées offrent au peuple opprimé. Il lui arrive même de rire. Petite Fille admire ces dames maquillées qui jouent et se moquent des hommes. Des hommes qui amènent la guerre et l’horreur. Petite Fille grandit au sein de ces mères en demande. Mais Petite Fille meurt. Car l’homme l’a tué de désir impur. Petite Fille entre dans la mort. Son trou dans la poitrine grandit, alors que les vivants lui sont devenus étrangers. Petite Fille devient alors une bête. Elle s’oublie dans la douleur et les regrets. Son hyperphagie l’apaise. Mais c’est la guerre. Des guerriers la chassent. Son seul crime est d’avoir mangé. Sa seule volonté est d’exister. Les chasseurs veulent sa peau. Alors Petite Fille doit se battre. Elle doit manger et encore manger. Elle enlève enfin son masque. La lumière. La raison est de retour. Elle tente de parler. De dialoguer. Mais les dieux de la mort n’entendent rien. De leur lame à la soif inextinguible, ils continuent de massacrer les semblables de la Petite Fille. Ils continuent de la pourchasser sans relâche. Jamais ils ne veulent la laisser en paix. Pas de répit. Petite Fille continue de manger. Petite fille devient puissante. Petite Fille trouve l’Enryaku-Ji, en fait son palais. Avec sa cour elle se protège. Avec sa cour, elle veut parcourir le monde. Faire de chaque humain un membre de sa cour. Le monde serait sa cour. Et les dieux de la mort, écouteraient les paroles de la Yôkai. »


    Que veux-tu dire par, « écouter les paroles de la Yôkai » ?



    Les shinigamis n’écoutent pas ce que nous avons à dire. Je veux juste entamer le dialogue par tous les moyens possibles. Même si jusqu’à présent, tout me force à penser qu’il serait plus judicieux de vous occire jusqu’au dernier. Mais je n’aime pas la guerre. Je préfère l’art. Ne me prenez pas pour ce que je ne suis pas. J’ai dévoré des shinigamis par centaines. J’en ai fait des martyrs, je les ai tant tourmentés qu’ils m’ont supplié de les achever. Tout ça parce qu’ils refusent de parler. Je suis un monstre, pour eux. Est-ce qu’un monstre est capable de ça ?


    A cet instant, la musique s’accéléra, et une dizaines de villageois se précipitèrent autour du brasero pour faire une danse tout à fait exceptionnelle. Leurs gestes assurés étaient ceux de véritables professionnels. Mais quelque chose ne tournait pas rond. Malgré leurs expressions froides, leurs corps ruisselaient de transpiration. Leurs yeux semblaient s’agiter dans leurs orbites. Nous assistions à un spectacle de contorsionnistes, où les artistes improvisés se déboitaient les articulations pour parfaire des mouvements ahurissants. Ada, elle, était subjuguée par le spectacle qu’elle donnait.


    Je doute que ces humains soient rodé pour ce genre de prouesse au naturel. Je pense qu’ils souffrent et qu’ils ne peuvent pas l’exprimer. De toute évidence, elle a un pouvoir de contrôle sur eux … Dame Midori, messire Shinka … Que devons-nous faire ? J’avoue que son numéro me trouble un peu … Devrions-nous accéder à ses exigences pour l’instant ? Ou tenter une percée pour l’empêcher de faire davantage de mal à ces mortels qu’elle prend pour de vulgaires pantins … Quel est votre sentiment ?




    HRP:
    Araï Migiwa
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    Araï Migiwa
    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux
    聞いて下さい
    Midori écoutait ce que disait la yokai, dont elle soupçonnait l'apparence n'être qu'une mascarade. Après avoir vu le premier rôle se transformer ainsi pour lui broyer les os, elle ne se fiait plus aux apparences. C'était innatendu, qu'un yokai cherche à parler aux dieux de la mort, mais au final, pas tant que cela. Elle regardait le membre du conseil mnémonique, puis lui faisait signe de la déposer. Ses jambes tremblait légèrement, mais ses capacités physiques lui revenaient petit à petit.

    "Bonjour Ada. Je me fais Midori Oto ..."


    L'infirmière tâtait son cou, sa voix n'ayant pas été endommagée, elle pourrait incanter de nouveau si on lui en laissait le temps, elle n'était pas dénouée entièrement de ses armes ainsi. Cela la rassurait, dans un sens, mais les démonstrations successives de la mangeuse d'âme la faisait douter sur l'utilité de ses talents pour la combattre. Puis, en temps que curieuse, elle était ravie de pouvoir continuer une conversation trottant dans sa tête.

    "Monsieur Araï, cela n'est pas la première fois que nous rencontrons un yokai doué de conscience, tout les deux. Vous devez vous souvenir du village spectral et de son yokai particulièrement bavard, non ?"


    Elle tournait maintenant sa tête vers Shinka, le shinigami qui devrait ici être celui le plus raisonnable et sensible au récit du yokai devant eux. C'était lui après tout qui avait insisté sur la souffrance de ces êtres lorsqu'ils étaient annihilés au kido. L'âme artificielle était en tout cas bien heureuse de se retrouver avec deux personnes dont elle pouvait assurer leur santé mental, si jamais elle s'éloignait trop de la décence dans cette conversation, elle s'en remettra à leur avis.

    ""Sans croire aveuglement ses avances. Pourquoi perdre son temps à nous mentir ? Si elle était la supérieure, d'une quelconque manière, à l'ange, nous ne ferions pas le poids. De ça j'appuies que nous avons tous eu un aperçu du comportement du primate."


    Garder les idées claires lui demandé un effort surhumain, si bien qu'elle avait besoin de s'appuyer sur son sabre pour rester plus ou moins stable quelques instants, avant que son sort n'ai fini ses soins d'urgence. Peut-être était-ce parce qu'aux yeux de la shinigami, les yokais et les âmes n'avaient aucune différence, de même avec les humains. Certes sa mission était de se débarrasser du c3, mais de toutes évidence elle y laisserait la vie en essayant. Autant chercher un autre moyen de rentrer sans être accusée de trahison et entière, avec ses deux partenaires.

    "Je suis partisante qu'on l'écoute. Bien que nous sommes parti du postulat que le monastère était un dégât collatéral acceptable, je refuses qu'un sursaut d'égo ou de fermeture nous prive à tout les trois la vie . Un shinigami ne vous a jamais écouté, j'imagine qu'aucun ne vous a donc parlé non plus ?"



    Simple conjecture, à part l'âme ne ressentant ni empathie ni dégouts initiaux pour les deux espèces, qui prendrait la peine de demander la météo à une mangeuse d'âme ? Cela serait comme un lion demandant la vie de famille d'une hyène lorgnant sur sa gazelle. Bien que son exemple ne tenait pas, la hyène et le lion ne descendait pas tout deux de la gazelle et ne parlait pas la même langue.

    Midori regardait tout particulièrement Shinka, celui qui était le plus agressif en entrant dans cette pièce avec son petit discours après l'annonce de l'hôtesse. Elle lui faisait suffisamment conscience pour ne pas laisser sa colère dicter ses actes, mais on ne pouvait jamais savoir comment un homme sous pression pouvait réagir.

    Même l'âme artificielle ne savait pas pourquoi elle agissait avec tant de considération, plus que de prudence. Elle ne pouvait s'en empêcher de ricaner, masquant bien vite sa bouche de ses mains. "La douleur m'a rendu folle ça y est, je rigoles devant un yokai du troisième cercle.".

    "Pour ce que ça vaut, et pour le peu de chance que j'ai de ressortir vivante de tout ça, je considères difficilement un prédateur mangeant pour se nourrir un monstre. Les humains pullulent comme des herbivores et, si mes cours sont encore frais dans ma mémoire, exterminer l'intégralité de votre espèce mènerait à un déséquilibre de la balance des âmes désastreux."


    Elle tendait la main vers le yokai, mais la gardant assez proche tout de même de son corps. Ouverte, oui, inconsciente, pas totalement.

    "J'ai envie d'avoir un autre point de vue pour changer. Je n'ai jamais était faite pour suivre les traditions."

    Midori Oto
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    Midori Oto la Magelame

    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux

    Il s’était trompé. Ce tombeau ne serait pas le leur, car il était déjà celui de tant d’autres. Les cadavres des moines-soldats jonchaient le sol, sacrifices divins. L’oreille avisée de Shinka ouït le son des clochettes, mélodie sacrant la déesse ailée, suivie d’une prosternation unanime. Des ombres elle naquit : allure juvénile, complexion immaculée, coiffe et parures impériales, habit divin et nombreuses touches d’or ; sa présence s’imposait.

    L’Ange aux ailes noires s’installa devant son assemblée composée de vivants, de morts, et de mort-vivants. Dans une lumière écarlate procurée par le feu du brasero et des cierges, l’atmosphère était malsaine, presque irrespirable pour le Parle-Esprits. Et pourtant, il ne pouvait détourner les yeux de leur hôte ; douée de conscience et non hostile, elle incarnait tout ce à quoi il croyait. Elle semblait dénuée d’instinct prédateur envers les humains qui la vénéraient. Pouvaient-ils la voir eux aussi ? Vénéraient-ils un yôkaï se faisant passer pour une divinité à leur insu ? Cette perspective dépeignait un tout autre portrait de la situation.

    Ada, du nom qu’elle se donne, dit vivre dans ce monastère aux allures de morgue et donne à ce sujet une explication qui peut sembler absurde mais qu’il est pourtant difficile de ne pas croire. Le primate s’était bien retourné contre les ordres et contre le Concile Blanc lui-même ; elle ne se trompait pas sur son cas. Mais voilà qu’elle se mit à affûter ses paroles acerbes à l’encontre des trois shinigami. La suite de son discours fut encore plus effrayante et révoltante. Elle menaça personnellement le pèlerin de ne pas user de son zanpakutô, au risque d’avoir du sang d’innocentes sur les mains. Il resta donc silencieux. Malgré les apparences, ce yôkaï n’était pas complètement lucide, il allait falloir marcher sur des œufs.

    Elle finit par leur conter d’elle-même son histoire, accompagnée d’une performance sanglante ; l’histoire tragique d’une petite fille qui vécut dans le sang et mourut dans l’indifférence. C’était la première fois qu’il écoutait le récit d’un yôkaï capable de communiquer, une vive douleur serra son cœur. Elle disait simplement vouloir discuter, mais qu’elle avait dû faire face à une hostilité automatique des shinigami à chaque occasion. Elle disait ne pas avoir le choix de tuer et de torturer l’humanité. Mais, pourtant, les humains qu’elle utilisait pour son spectacle — qui était bel et bien spectaculaire — semblaient manipulés. Lorsque le rythme de l’accompagnement musical accéléra, il fut empli d’une fascination douloureuse, il ressentit une peine immense pour tous les êtres impliqués dans cette scène prodigieusement sordide.

    Le regard livide, il resta immobile un long moment, observant les mouvements des danseurs contorsionnistes. Cet art insoutanable n’était pas du kabuki, c’était… de la torture. Puis, ayant été séparés de leur supérieur par la trahison du primate, vint le temps de se concerter. Shinka reprit ses esprits pour répondre à son confrère.

    Dans la mesure où notre but est d’épargner le plus de vies humaines possible, la réponse me semble toute trouvée.

    Le lien avec son zanpakutô coupé, il semblait s’exprimer librement, mais se retourna sans ajouter un mot de plus et sans attendre l’avis du Kaiin. Ainsi, la colère, puis l’effroi, avaient laissé place au calme. Comme le pensait Oto, il ne laisserait pas ses émotions passagères le submerger. Shinka s’approcha de l’infirmière qui s’était auto-guérie et prit la parole la première ; il prit la main qu’elle tendait vers leur interlocutrice pour la baisser doucement.

    Laissez-moi faire, Midori-san.

    Pas qu’elle avait de mauvais arguments, mais si la shinigami de la Panacée était la plus apte à guérir, le Parle-Esprits était le plus apte à parler aux esprits. Ses lames rengainées pour céder aux doléances de l’âme tourmentée, le sage s’avança sans la moindre once d’hostilité. Sur son passage s’entendait un tintement qui n’était pas sans rappeler celui des clochettes de la tenue d’Ada ; les siennes se trouvaient attachées à son masque. Son autre unique point commun avec la princesse ailée étaient ses talismans, comparables aux bijoux luxueux qui lui conféraient son aura royale. Arrivé devant elle, il s’inclina en posant un genou à terre.

    Je suis Shinka, Kaiin de la division des Parle-Esprits. Je suis profondément désolé de ce qui vous est arrivé, je ne peux qu’imaginer la peine qui vous habite…

    Se relevant, il ôta son masque pour plonger son regard dans celui de son interlocutrice. Il se mit à nu devant elle pour prouver sa sincérité, et l’on put alors remarquer que des larmes coulaient sur son visage. Il ne pouvait que partager la douleur dont cet être leur avait fait part, aussi horrifique en soit le moyen d’expression.

    Sachez que je n’ai jamais dégainé mon sabre-esprit devant un yôkaï inoffensif et que cela me fend le cœur de voir s’éteindre la moindre forme de vie. Seiryûrô est dangereux, mais je m’efforce de limiter ses pouvoirs afin de me contenter d’immobiliser toute menace. C’est ce que j’ai fait naguère, mais nous avons dû riposter, vous m’en voyez navré.

    Malgré ses larmes, ses mots étaient exempts de sanglots ; une tristesse lucide. Il prit son masque à cornes dans ses mains pour le présenter à la princesse yôkaï. C’était sa seule possession, et un objet cher à son cœur.

    Plus qu’un accessoire, je considère ce masque d’albâtre comme une fenêtre entre nos deux mondes. Je le porte en permanence, pensant qu’il m’aidera à communiquer avec les yokaï sauvages, mais je n’en ai pourtant pas besoin pour vous parler présentement. Vous voyez, nous autres Parle-Esprits, cherchons à vous comprendre avant tout. Certains d’entre nous croient fermement en un monde de paix et d’harmonie entre yôkaï, humains et shinigami. Je le crois aussi, et pourtant…

    Son regard fut accablé d’un ton sévère, puis d’une profonde tristesse lorsqu’il se tourna pour regarder les âmes humaines en peine qui peuplaient le lieu ou y reposaient. Cet instant de silence en disait plus que tous les mots qui pourraient le remplacer.

    Je sais qu’en une infime partie de vous réside un fragment de votre âme humaine. C’est une vérité que je m’efforce d’inculquer à tous à travers l’art du kabuki afin qu’elle ne soit pas oubliée. J’ai appris avec le temps l’existence d’une entité maléfique. Est-ce donc la Nuit qui vous dicte de dévorer les humains ?

    Il pensait à ce qu’il avait vécu dans la grotte enchantée, la manipulation des moines-soldats n’étant pas sans lui rappeler celle de l’un de ses confrères par cette entité jadis. Mais s’agissait-il de la même méthode ? Cela semblait peu probable que les mouvements de tous ces humains soient contrôlés par des fils. Et si c’était le cas, sa sensibilité spirituelle lui permettrait de les voir.

    Si vous avez tant souffert, pourquoi torturer des humains innocents ? N’avez-vous pas de compassion pour cette Humanité à laquelle vous apparteniez ? L’Enryaku-ji a été construit de leurs mains pour qu’ils puissent y pratiquer la foi dans la paix, nul n’a le droit de profaner un tel sanctuaire. Votre nouvelle forme ne vous fait pas déesse. Vous restez, après tout, la même petite fille qu’auparavant…

    Par précaution, il se garda de donner son avis sur le spectacle sordide et le mauvais goût du onna kabuki qu’elle avait admiré pendant sa vie humaine et avait tenté de reproduire ici de manière anarchique et dystopique dans une tristesse frénésique.

    Résumé:
    Kō Shinka
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    Kō Shinka le Clairvoyant
    Troisième Cercle : Kabuki Montagneux
    聞いて下さい
    La jeune âme déglutissait, l'atmosphère avait changé encore plus vite que le primate argenté se déplaçait. Si le doute n'était déjà pas permis, cet aura autour du suzaku ne faisait que marteler sa dangerosité dans l'esprit de la panacéenne. Il n'y avait pas de stratégie miracle, de technique sortie des buissons. S'ils devaient l'affronter, ils mourraient, tout simplement.


    "Qu'est-ce qu'un faucheur pourrait connaitre à la grandeur du Kabuki, et encore plus sur la proie qu'il chasse inlassablement ?"

    Sa présence se faisait presque asphyxiante, tout les nerfs de la blonde lui hurlait de déguerpir sans se retourner, ce qu'elle ferait, si elle ne s'accrochait pas au bras de Shinka pour garder son corps debout. Elle lui demandait d'une voix bien trop basse pour qu'il puisse le remarquer, "allons nous en vite" qu'elle marmonnait, à elle même plus qu'à son partenaire. Que pouvaient-ils faire seuls face à une telle puissance.

    "Allez vous-en."


    La phrase était si sec que les mots manquait à Midori, pourtant elle ne voulait qu'approuver cette phrase et la mettre en exécution sur le champ, quiet à trainer par la peau des os la carcasse de Shinka. Ce dernier n'était pas sot, il ressentait également l'envie sans bornes du yokai de corriger les jugements du pacifique par des actes ne pouvant décemment pas être qualifiés comme tel.

    "Parce que la petite shinigami ne mentait pas, je vous laiss repartir. Pas ceux que j'ai sous mon aile. Que vous viviez ou non, cela ne changera rien, alors autant que vous deveniez des spectateurs de mon kabuki."


    Elle déployait les bras, des orbes d'une lumière plus rouge que le sang apparaissant dans les mains de ses pantins, visant à détruire les pilliers du temple se chargeaient. Elle répétait une dernière fois son ordre, sa clémence, alors que les deux shinigamis s'éxécutaient déjà, courant avec une force qu'ils ne soupçonnaient plus avoir.

    "Fuyez"


    Cette mission était clairement un échec, et Midori le comprennait que trop bien malgré l'alarme sonnant dans un coin de sa tête pour lui rappeller sa pittoresque condition physique suite à toutes ces blessures. Le yokai ne manquerait pas de retrouver un nouvel acteur "principal" à son kabuki sinistre. Peut-être même qu'il sera plus puissant encore que le premier, si c'était le premier ?

    Ce n'était qu'en étant bien éloignée du temple que l'infirmière perdait de nouveau le contrôle de son corps, tombant sur le dos de Shinka, ayant vu le coup venir et la soulevant du sol. Elle serrait les dents avec une telle force qu'elle pourrait se les briser. Quelle humiliation, d'avoir été aussi inutile aussi longtemps ! Si des yokais aussi fort existait, à quoi servait toutes ces babioles qu'elle appelait ses "talents" ?!

    "Si je m'endors réveille moi aussi tôt, dans mon état il ne faut pas que mon coeur ralentisse..."


    Elle n'allait pas se laisser mourir pour si peu, elle avait bien trop de chose à demander à ce yokai pour le laisser filer comme ça. Elle le prenait à coeur d'exorciser ce yokai, par vengeance ? Par pitié. Un médecin doit pouvoir relancer les dés de l'infortune de n'importe qui, si la vie de cette fille était aussi terrible qu'elle l'avait narrée, elle méritait d'avoir une après vie tranquille.
    Midori Oto
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