ette soudaine signature spirituelle fit trembler les senseurs délicats du Concile Blanc. Terrés derrière leurs hauts remparts d'ivoire, les Pères Fondateurs étaient, malgré la distance, aux premières loges de cette apparition. De toute évidence, cet appât leur était adressé. Il aurait été facile pour eux d'ignorer cette menace, et de s'occuper de leurs affaires, mais un petit taon nommé « ego » avait déjà aiguillonné le San'in. Qu'importe la source de ce pic d'énergie, les vaillants soldats de l'Armée Invisible allaient devoir enquêter là-dessus – à leurs risques et périls.


Il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour qu'un plan d'action soit mis en place. En à peine une heure, vous avez été dépêchés sur le terrain pour en apprendre plus sur cette entité, et éventuellement la neutraliser. Pour mener à bien cette mission, trois éléments prometteurs composent ton escouade, @Kusanagi Seigen. Récemment affecté de tes nouvelles responsabilités, tu devines facilement qu'il s'agit là de ton baptême du feu en tant qu'Officier : soit tu arrives à guider tes troupes d'une poigne de fer, soit tu n'es pas fait pour cette tâche ardue. Une épreuve basique, pourtant révélatrice. De plus, ta nature de Marche-Failles semble avoir été choisie spécifiquement pour cette mission. D'après le mot d'ordre, la menace que vous vous apprêtez à rencontrer aurait un lien avec le Dangai, et les voix qui s'y prélassent.

À tes côtés, tu disposes des membres @Soejima Nobunaga, @Ashura Kamui, et @Aizome Usui, venant respectivement des dixième, troisième, et septième divisions. Lors de votre déplacement jusqu'à la source d'énergie, vous avez pu vous briefer mutuellement sur vos compétences. Ils n'en savent pas plus que toi sur cette affaire, et tu devines un certain amateurisme de leur part.

Hélas, il vous faut accomplir vos obligations de soldat. L'inexpérience est une chose ; la désertion en est une autre bien plus grave. Bien que votre instinct puisse vous hurler de rebrousser chemin, la voix de la raison vous implore de continuer votre périple jusqu'à cet étrange temple de Kantō, dans le province de Shimotsuke. À mesure que vous progressez sur les lieux, l'aura pesante des environs se conforte, se confirme. Un savant mélange d'énergie spirituelle et de présence occulte, bien loin de l'image que l'on peut se faire du Dangai et de ses influences imperceptibles. Vous pouvez jurer que vous êtes observés, ici bas, par des paires d'yeux invisibles.

Alors, vous posez les yeux sur une pierre tombale de fortune : deux planches de bois clouées.


Derrière elle, nimbé dans un épais brouillard à ras du sol, davantage de stèles savourent le silence du repos éternel, dévoilant un cimetière entier, dont le périmètre semble se confondre avec la cour du temple. Çà et là, des breloques occultes sont pendues à des branches, représentant tantôt une silhouette féminine, tantôt un soleil à cinq pointes. Les plus connaisseurs d'entre vous – dont @Ashura Kamui, disposant d'une étoile semblable sur une fiole d'argent – peuvent faire le lien avec le culte de la Nuit, et sa divinité incontestée, Amaterasu, la Déesse du Soleil.

Mais cette fumée, omniprésente, ne vous inspire aucune confiance. Les portes du temple grandes ouvertes, celles-ci semble vomir ce nuage spectral, subrepticement, avalant déjà vos pieds, alors que vous piétinez le sol impie du sanctuaire. Ça empeste l'énergie spirituelle.


La voix d'outre-tombe émane de l'intérieur. Elle vibre d'un timbre sombre – inhumain. Mais, selon toute vraisemblance, son auteur ne semble pas vouloir intenter à votre vie. Pas encore.


Vous écartez davantage les portes battantes du temple ; un filet de lumière vient percuter les lueurs spectrales du responsable de vos maux. Assis sur un trône improvisé, l'air nonchalant, une arme de Reishi démesurée installée à portée de poigne, il vous contemple sans grande conviction, tous les quatre. @Aizome Usui, ton sixième sens te susurre quelque chose à l'oreille : l'âme pourrait être en train de vous analyser spirituellement. Lorsque tu le sondes à ton tour, tu remarques sans problème qu'il n'a pas la moindre envie de cacher son potentiel – bien au contraire. Il a ouvert ses valves, et comptait bien attirer quelque chose jusqu'à lui. Vous ?

Illustration :

Des silhouettes étranges se dessinent depuis les ombres, et surtout cette fumée spectrale à raz du sol. Vous y devinez des paires d'yeux. Des membres. Des consciences abîmées, contrôlées par un puissant joug dont l'âme est sans doute responsable. Une ambiance oppressante qui s'impose.


L'être n'a pas de zanpakutō à la ceinture, mais son aspect humanoïde en dit long sur sa nature. Usui, au fond de toi, tu sais qu'il est une âme relevée, comme vous l'êtes tous les quatre. Mais pas seulement. @Soejima Nobunaga, quelque chose en lui te rappelle ce personnage énigmatique t'ayant ponctuellement offert cette couronne en or. Dispose-t-il de réponses pour toi ?

Ardente était la douleur animant mon être depuis ce jour fatidique qui m'a coûté bien plus que ce que je ne pouvais imaginer. Des semaines et des semaines de traitement pour me stabiliser, le souvenir du baiser passionné de l'émanation de Kagutsuchi en échange d'une promotion. Une simple promotion pour avoir défendu leurs idéaux au prix cher récompensé par un nouveau déploiement au plus près de l'étreinte de cette psychopompe n'ayant pas eu les droits sur nos destins lors de notre première tombée. Tandis que ces êtres immémoriaux au supposé potentiel débridé préfèrent se terrer derrières leurs remparts d'ivoire, pff...

Me voilà ainsi de retour dans le Kantō à la tête d'une escouade de trois Kaiin. Soejima Nobunaga de la dixième division, rencontré lors de mon alitement à Kyushu. Jeune, très jeune, trop jeune pour ce genre de missions où les portes du Havre s'entrouvrent. Ashura Kamui,  dont le faciès m'était, lui aussi, familier. Ancien membre de la Yonbantai, le torturé semblait avoir perdu l'esprit suite à sa rencontre avec Elle avant d'être envoyé dans la caverne de l'Araignée de l'Empire Invisible. Mutation plus que suspecte en connaissant les tendances de la Sanbantai, sa présence ici n'était sans doute pas une coïncidence. Cependant, ses yeux plus que vides ne m'inspirait en rien la stabilité que tout participant à l'intervention d'aujourd'hui se devait de disposer ; il était une variable dangereusement aléatoire. Enfin, le dernier membre était un prénommé Aizome Usui, lui aussi survivant de la Lune Écarlate ce qui était déjà un très bon signe. Néanmoins, son affiliation à l'Ordre en faisait un simple outil de surveillance à la botte du Concile Blanc et donc quelqu'un à traiter avec extrême prudence.

Une escouade puant la politique à plein nez en somme, bien loin des véritables compagnons auxquels je m'attendais lorsque la missive me parvînt. Faire avec était tout ce qu'il me restait à faire tout en m'assurant que le maximum d'entre nous reviennent en vie avec les informations nécessaires.

Notre marche silencieuse dans la région de Shimotsuke nous mena ainsi aux abords d'un temple délaissé aux affres du temps. Je ressentis alors une sensation devenue familière, les yeux du Chœur... non, cela était beaucoup moins flagrant que cette influence stellaire, une sensation presque insolite comparée à celle du Dangai. Je fis alors halte avant de me tourner vers mes acolytes le regard froid et le ton ferme et autoritaire.

– Vous vous en êtes sans doute déjà rendus comptes, mais à partir de maintenant, ce qui va se passer à partir de maintenant demandera le meilleur de vous-même. Restez groupés et avisez de la situation avant d'entreprendre toute action. Soejima, tu es aussi vulnérable qu'utile, la cible parfaite, je te veux hors de danger aussi longtemps qu'il te soit possible de le faire. Tu as l'interdiction formelle d'engager qui que ce soit sauf en cas de force majeure. Les deux autres, faites attention à vous et suivez mes ordres.

Instructions enfin distribuées, le lieu lugubre se dévoila petit à petit sous nos yeux. Une nécropole décorée de symboles dont l'appartenance était plus que claire. Des talismans en forme d'astre solaire aux idoles d'une Déesse parfaite, l'endroit Lui était sans doute dédié jadis et peut-être même encore aujourd'hui. La Mater Noctis était passée par là.

Portes du temple franchies, le smog presque ésotérique embrassa nos pas alors qu'une voix venue d'Ailleurs nous accueillit tout en hérissant le peu de poils qu'il me restait, angoisse et instinct primitif de survie me criant le plus fort possible de m'éloigner. Là, assis tel un roi déchu d'une contrée depuis longtemps engloutie par l'entropie, se tenait un homme nous observant sans intérêt particulier. Sa présence même semblait aspirer l'oxygène de la pièce, en faire un Dangai personnel. À ses côtés, fait de Reishi pur reposait une arme plus qu'impressionnante, trop grande pour être un katana et trop large pour espérer être un nodachi.

Ma main se porta par réflexe sur le tsuba de mon arme que je tenais fermement, prêt à réagir à la moindre offensive. Mais je me devais de me rendre à l'évidence, cet homme n'était pas un danger pour l'instant et j'espérais que cela dure encore longtemps. Loin de ressembler à la description du fameux voyageur stellaire rencontré par mes confrères, son influence dans Son temple témoignait de leur lien étroit.

Le regard farouche, mais sans animosité, je le posais dans celui de l'inconnu puis j'assumais mon rôle de Joukan en prenant la parole.

– Kusanagi Seigen, Joukan de la Yonbantai. Avant toute chose, j'aimerai placer un nom sur le visage d'un potentiel allié. Si comme vous dites nous serons très vite sous l'assaut de votre réel invité, votre identité et la raison de votre présence en ces lieux sont des informations plus que bien venues, tout comme l'identité de l'être impur que vous abhorrez.

J’ai à peine le temps de profiter d’être de retour dans mon premier chez-moi que je suis rapidement dépêché à partir en mission, représentant la sanbantai. Je fais le pari qu’un gars de l’ordre sera présent, sûrement sous ordre de transmettre mes faits et gestes, un faux pas et le sokyoku m’attends en fin de course. Je me suis fait balader toute ma vie et une mission suicide de plus ne changera pas le fait que je reviendrai en vie. Ma préparation est brève, je prie de pouvoir promettre à Mei que je reviendrai en vie, mais je ne le dis pas, je n’aime pas mettre en lumière le fait qu’il y a de grandes chances que je ne revienne pas. Le silence est mieux dans ce genre de situation, tout comme la marche qui suit jusqu’au lieu de la mission. Cette mission sera encore un de ces doigts d’honneur que je fais aux croûtons sur leur tour d’ivoire. Cela fait tant de temps qu’il s’enracine sur leurs trônes de diamant et de platine qu’il ne savent plus se lever pour aller régler eux même des problèmes.

Je partage plusieurs sentiments bien visibles, le dégoût de devoir encore servir ce maudit concile, l’acceptation de ma mort future et l’attitude froide et glaciale que je dégageais en sachant que j’avais gagné mon pari. Ils m’observent indirectement. Je ne connaissais vraiment de mon équipe qu’une seule personne ;mis à part les capacités de la troupe; je n’ai pas eu le temps de me renseigner, mais le retour de mission de Seigen s'est fait entendre et le pauvre a survécu sous paiement d’un lourd tribut. On a tous appris les capacités de chacun et j’ai livré les secrets de mon shikai suicidaire à contre-coeur. Seigen en première ligne, Usui en combattant à mes côtés et moi qui ai décidé de devenir la première ligne de défense du soigneur, une très jeune âme tout comme moi. Nous venions à peine d’arriver dans ce monde que nous étions déjà envoyé au suicide. J’étais déjà âprement dégouté des hautes instances, mais cela ne faisait que rajouter au vase qui débordait déjà.


Alors que l’on passe la pierre tombale de fortune, un nom qui ne me dit rien. Seigen nous arrête pour un dernier brief avant que l’on entre vraiment dans le vif du sujet. Ayant déjà abandonné ma propre vie dans ma tête, je ne ressens aucune pression, la seule chose que je ressens est cette fiole qui m’accompagne depuis ces années, accrochée à mon cou sous mes vêtements, cachée du regard des déchus parce que sans elle, je ne serais plus moi même. Je l’écoute, le transperçant de mon regard vairon, un œil du jugement, l’autre ne voyant que ce qui pourrait mal se passer. Je sais que l’officier sait. J’ai vu son regard, je ne suis vu que comme un paria instable, un pauvre chien fou que l’on essaie d’envoyer à la mort sans vraiment le faire. Un pauvre sujet d’expérience à qui l’on teste les limites tant physiques que mentales. Mais ils ne savent pas, les voix qui m’influencent, ils ne peuvent pas les entendre, cette voix enjôleuse me voulant comme un pion. On nous ordonne de rester grouper et de faire attention, avec de telles ordres auxquelles personne ne s’attendait autant se taire. Seulement il fait mention d’un détail auquel j’avais pensé, Nobunaga. Il était vulnérable mais extrêmement utile. Après que l’officier de la Yonbantai se prononce, je termine en me plaçant à côté du soigneur.



Après cette pauvre interaction, nous nous remettons à marcher et c’est là que je reconnais quelque chose, ce lien avec elle. Il était partout, mon visage se crispe à la vue des étoiles et me demande si ma venue dans ce groupe est vraiment aléatoire. Alors que l’on entre dans le temple et que je me calme, passant ma main droite sur la garde de mon zanpakuto en guise de sûreté, la pression de ce qui est à l’intérieur ne me dit rien qui vaille. De l’ambiance, l’air pesant sur nos épaules et le smog venant directement en pipeline du purgatoire, même si je n’ai pas peur pour ma propre vie, je me demande si je serai assez vif que pour aider à la protection du groupe. Je ne suis pas le seul à être alerte, Seigen avait lui aussi la main prête à dégainer. Seulement la pression du combat s’affaiblit rapidement et son aura prouve qu’il pourrait se défaire de nous d’une simple respiration. Il ne nous a pas en ennemis et cela est préférable pour l’instant. Alors qu’il prend la parole, je saisis par réflexe, sans vraiment comprendre pourquoi, mon tube comme si ma main avait besoin de le sentir. Je remarque après coup pourquoi mon corps à ainsi agit, de réflexe, nous sommes observés par d’autres paires d’yeux.

C’est après que Seigen ait placé son barratin agaçant classique de haut placé shinigami que je m’exprime, j’ai l’impression de ne pas avoir eu l’envie de le faire, mais encore une fois j’agis comme esclave d’une de mes pulsions. Cela ne rassure pas une partie de moi, mais en soulage une autre qui a pu s’exprimer. Je parle d’un ton froid et d’un regard fasciné sur mon tube et son étoile, des voix à ce pendentif, ce culte était vraiment partout et je n’en savais que trop peu.



Mes paroles pourraient me coûter la vie, mais ce n’est pas comme si je voyais tous les jours quelqu’un d’une telle présence. Je me devais de demander, espérant une réponse à tous mes maux comme si elle allait me tomber dessus comme un cadeau divin.

L’ombre-portée d’un géant et de l'ancre posée sur son épaule noie le quatuor.  Le porteur d'une puissance à même de vous faire courber l'échine... Une puissance qui n'attend que d'être libérée pour tout dévorer, sans exception.


L’affrontement du majeur contre son pouce rythme ses pas ; le groove, lui, il l’a dans la peau. Rire communicatif, le géant en armure se tient les côtes. Mouvement de hanches d’avant en arrière, l’ancien Shinigami slide sur la vie comme il slide sur les Enfants-Nuits.


Nanbu Iekuni, égide de l’Ordre du Soleil Levant, s’invite dans la discussion. Lié par les sentiments négatifs de son ancien frère d’armes, l’ancien Fukutaicho ne lui laisse aucun répit : là où son rival de toujours apparait, le chevalier bedonnant l’y retrouve. Une apparition soudaine, improbable, qui n’a de sens, ni de logique. En somme, une apparition qui sied à l’état d’esprit de l’ancien guerrier du Seireitei : aussi funky que théâtrale.



Solaire, les épaules de la boule de roche vivante s’adonnent à un ballet dont lui seul à le secret. Une individualité qui jure avec sa condition atypique : mi-homme, mi-yokai. Malgré l’apparente corruption de son corps, aucune animosité ne s’échappe de son âme : avant d’être de la pierre, son petit cœur est doux comme le coton. Gouzi gouzi.


Menton relevé, Iekuni se sait avoir raison. Cet être vil, infamie parmi les infamies, son ancien frère de sang et de fer, Saigou Tadaari… L’hurluberlu ne le reconnaît plus. Dévoré par les ténèbres de son anima, l’Enfant-Nuit s’est abandonné aux affres du Dangai. Une personnalité cryptique à la puissance absconce. Avatar du Vide dont la maîtrise du Reishi ne connaît plus de limite ; fossoyeur personnel de la Mère-Nuit. Cette allégorie de la Mort n’est, hélas, pas à son coup d’essai. Ses nombreux faits d’armes le précédent, lui, le seul à avoir tenu tête et blessé le précédent Taicho de l’Etoile du Nihon - un combat d'anthologie connu par de rare initié.

Décontractée, l’alliance parfaite entre Suzaku et Shinigami n’en oublie pas sa mission : chasser les influences extérieures de sa portion de territoire. Ce groupe, ce groupe le fait sourire. Il y voit bien la marque du Concile Blanc, mais surtout de ces Pères Fondateurs préférant se cacher derrière le mutisme et l’inaction, plutôt que de se rallier à l’un des plateaux de la balance.

Si le premier binôme pue le cosmos, le second s’entoure d’une fragrance plus… Tellurique. L’odeur du bon terroir Nihonjin. Inutile de sortir du premier cercle de Désolation venu pour s’en rendre compte. Non vraiment, même un Genbu le verrait, cette manière hautaine, supérieure, froide, vraiment un comportement de fils du vide.


Rire gras, poings ceinturant sa taille, l’air fier, le yōkaimorphé se pense tirer d'affaires ; candeur absolue. Le pire dans tout ça ? Sa déclaration est sérieuse et transpire la sincérité.

Voyage insolite, l’air est pesant parmi nous. Hier nous étions quasiment des inconnus entre nous, aujourd’hui on nous force à remettre nos vies entre les mains des autres. Et le poids des vies de mes compagnons est plus lourd sur mes épaules, puisque je suis le soigneur de cette expédition. Je n’ai pas le droit à l’erreur, car si je foire ce n’est pas simplement mon dernier souffle que je gâche, mais celui de mes camarades. J’étais habitué à ce genre de pression, que ce soit sur le terrain ou devant la table d’opération je savais garder mon sang-froid et ma concentration. Mais quelque chose ne tournait pas rond dans cette soudaine mission, il y avait des mouvements suspects dans l’air. Le calme avant l’imminente tempête.

Sans aucune once de patience nous nous rendons sur les lieux, un temple aussi lugubre que le cimetière qui côtoie cette bâtisse délaissée. Abandonnée ? Certainement pas, même sans s’en assurer l’appel continué d’être lancé : une énergie négative se dégageait des entrailles du temple. Notre officier en tête de groupe, je restais derrière la fierté du Seireitei, ces soldats qui partaient au combat l’arme au clair. Je n’étais pas un combattant, et pourtant je me devais de participer à ce combat, puisque chacun avait son rôle à jouer. Tout comme l’hôte des lieux avait sa propre mission. Je ne cachais pas ma surprise, fronçant les sourcils alors que je détaillais du regard la posture de cet être sortant d’un conte malfaisant. Il avait tout d’un homme maudit, l’origine de l’influence qui le possédait n’étant même plus à prouver.

Cependant, j’y voyais une familiarité, un sentiment de déjà-vu. Sur le visage de cet inconnu se superposait le regard froid de cet être qui disposait d’une couronne en or. Je me souviens encore de la sensation froide au toucher, avant de perdre conscience. Cette même froideur que dégageait cette âme perdue au milieu de la Nuit, face à nous. Je me pince les lèvres, ne trouvant pas les mots justes, tandis que deux de mes compagnons s’adressent à lui. Kamui semble affecté par la situation, son côté influencé n’était un secret pour personne, mais j’avais l’impression d’être le seul à avoir vu son combat constant avec ce pouvoir extérieur sur lui. Pouvions-nous abandonner un camarade en difficulté ? Certains diront que cela dépend vers où sa lame est dirigée. Néanmoins, avais-je le luxe de m’inquiéter du bien-être de quelqu’un d’autre, lorsque je sens la sueur froide couler le long de ma nuque face à ce qui s’approche dans notre dos ?

Je me retourne, remarquant la silhouette dansante qui venait de faire son apparition. Mi-homme, mi-créature, il dégageait une aura contrastant avec son apparence. Sa bonne humeur allait de pair avec sa confiance, assuré d’avoir le contrôle de la situation. Néanmoins, il nous proposait à son tour de lui taper dans la main, d’affronter l’avatar de la Nuit. Quand je disais que c’était un voyage insolite… Mais avions-nous réellement le luxe de choisir notre camp dans cette histoire ? Ces créatures étaient assez puissantes pour représenter une menace unique, alors pourquoi prendre la peine de nous tendre leur main à leur tour ?...

... Est-ce que la Nuit et les démons ont décidés d’avancer leurs pièces ?

Ces mots échappaient mes lèvres comme une pensée, l’image d’un plateau de shogi immense remplaçant les régions, les deux mondes, avec des soldats qui partaient à la chasse. Leur mission ? Pas juste éliminer leur concurrence, mais renforcer leurs rangs. Théorie sur le moment, je restais à l’affût du moindre mouvement des âmes perdues. Au même titre que les shinigamis qui m’accompagnaient. Je pondérais le pour et le contre de la situation, de voir ça sous tous les angles. D’un côté, je n’étais pas certain que fricoter avec un champion de la Nuit était réellement sain, je ne pouvais pas protéger mes camarades de cette influence cosmique. De l’autre, je ne connaissais pas assez les capacités d’une âme corrompue par la malice de la terre. Un véritable dilemme, mais impossible de faire marche arrière, nous étions littéralement pris entre deux feux.

Et comment comptes-tu ‘nous mettre bien’, créature que nous ne connaissons pas ? Si tu souhaites te faciliter la tâche, alors il va falloir allier le geste à la parole.

Puisque nous sommes dans l’incapacité d’engager l’un des deux ennemis sans prendre le risque de recevoir un retour de flamme dans notre dos, il fallait tempérer la discussion et voir ce qu’une négociation pourrait nous apporter. Il y a trop de questions sans réponses.

Une caresse familière balaie le temple de la Nuit, dont la seule présence, autorité naturelle confiée par une puissance abusive, repousse la fumée noirâtre des alentours. La chose est géante, tyrannique, repoussante, à des lieues de votre carrure familière. Pris en étau par deux forces implacables, vous demandez à vos dieux pourquoi le sort s'acharne-t-il autant sur vos nuques, tandis que se déroulent les retrouvailles bien huilées de deux frères d'armes nostalgiques.

Dangai. Nihon. Nuit. Jour. Froid. Chaud. Ces deux extrêmes vous bousculent, vous repoussent, vous attirent, mais ne vous laissent pas indifférents. Que faire, alors ? Rejoindre une faction ? Combattre pour l'autre ? S'écarter du champ de bataille en espérant éviter les balles perdues ?

@Kusanagi Seigen, tu te dresses face à ce vicaire sur son champ d'ossements, et en appelles aux vertus du Bushido, malgré toi, pour demander des présentations dignes de ce nom. Tu as donné le tien ; la coutume exige que ton homologue te rende la pareille. Assis dans son trône de fortune, il vous dévisage tous les deux, et insiste de plus bel alors qu'il repère quelque chose.


L'Enfant-Nuit annihile toute trace d'énergie spirituelle en un claquement de doigts. Le gouffre est tel que votre sensorialité inexistante flaire tout de même une différence palpable.


Son regard est rivé vers toi, @Ashura Kamui. Aucune pudeur innocente. Aucun secret à ne jamais rompre. Une seule vérité te figeant sur place, dévoilant à tes collègues ta sombre histoire. Cet oiseau de mauvais augure se relève soudain de son perchoir, et tu verrais presque des ailes dans son dos, si tu ne remettais pas ton imagination en question. Ta carrière vrille. Ton sort est jeté.


À l'autre bout du temple, votre compagnon @Aizome Usui engage les hostilités. Exit les présentations ; le représentant de l'Ordre Mnémonique a déjà fait son choix, et souhaite l'imposer en faisant couler le premier sang. Un comportement qui peut paraître normal aux yeux des émissaires de la septième division, au vu des dernières rumeurs, mais qui vous laisse tous les trois de marbre. La hache de guerre est déterrée. Les deux amis d'antan ont reçu le signal pour reprendre leur escarmouche. Et vous n'avez pas eu le temps de réfléchir à votre décision.


Mort tend sa main vers le colosse de métal. Son arme de Reishi gigantesque, démesurée, de la taille de son idiot de Némésis, fuse subitement vers Lui. La trajectoire se veut rapide, efficace, sans artifice, profitant de l'initiative d'Usui afin de marquer le coup. Un usage avéré de la télékinésie propre aux guerriers émérites de la Voie du Fer, qui vous confirme partiellement la véracité des propos de cet « ancien Lieutenant ». Pourtant, cette manœuvre n'est que la figure de proue d'un navire en marche. Tout autour de vous, dans les ombres fumeuses qui tapissent le sol, des formes se mettent en mouvement. Vous les aviez repérées, plus tôt, sous la forme de paires d'yeux,  de membres, de consciences abîmées. Toutes les tombes avaient été creusées.

Alors que j'attendais la réponse de cet être, cet ex-shinigami qui, tout comme une partie grandissante de la Yonbantai, était vraisemblablement éveillé à la vérité cosmique de la Nuit, une voix grave, à mi-chemin entre familier et monstrueuse retentit dans le temple. Celle-ci annonçait l'arrivée d'un être qui chamboulait ma compréhension de ce monde.

Titan à l'épiderme métallique, le dénommé Iekuni était une abomination pour n'importe quel shinigami, fidèle ou non au conclave des Pères Fondateurs. Fusion impure d'une bête corrompue et de son pourfendeur, la vision de l'ancien shinigami m'emplit de dégoût pour ce qu'il était devenu, sentiment sublimé lorsque le souvenir du sympathique Fukutaicho de la Gobantai me revînt en mémoire. Toujours de bonne humeur, sa perte fut un coup dur pour une grande partie de la division lorsque j'en faisais toujours partie. C'était donc que cela son destin ? Finir par devenir ce qu'il avait pour devoir d'occire ? Quelle condition indigne pour un homme de son acabit…

Extrême méfiance était donc de mise pour ce géant de fer qui, dans son phrasé et son comportement semblait plus inoffensif qu'autre chose. Méfiance qui fut totalement ignorée par le Kaiin de l'Ordre qui ne perdit pas son temps à la diplomatie et préféra directement nous impliquer dans ce conflit aux tenants et aboutissants totalement inconnus. Si ma peau était encore intacte, elle aurait déjà atteint la même teinte que mes pupilles carmin. Ire terrible prenant de plus en plus de place dans ma psyché, je me devais de me contrôler. Ce genre d'initiatives était la chose à éviter sous mes ordres. Ainsi, autrefois possibles spectateurs, voire médiateurs même si notre influence était moindre devant ces êtres transcendant nos connaissances, nous devenions encore plus pions que nous n'étions déjà.

Lui aussi pris de court par l'offensive du survivant de la Lune de Sang, l'identité du dénommé Mort ne faisait maintenant plus de doute alors que celui-ci reprenait son discours. Grand rival de ce qu'était l'hybride, l'ancien Lieutenant Saigou semblait être devenu une version hyperbolisée du souvenir que je me faisais de lui, le calme émanent de lui ayant atteint un paroxysme rarement égalé. Celui, au milieu de ses tirades glissa une information plutôt alarmante.

Le chien fou de la Sanbantai était beaucoup plus lié à la Mère cosmique que ce que je croyais, à tel point que la trace qu'elle a laissé sur l'âme du torturé soit détectable par l'ex-Fukutaicho. Obscur secret révélé aux yeux de tous les acteurs de la pièce en cours, mon intérêt pour le shinigami venait subitement de croître, sa condition pourrait en effet s'avérer intéressante à étudier pour percer Ses cabales nocturnes et impénétrables. De plus, les faits étaient très clairs : sa situation était dorénavant très précaire au sein du Goteijutai, le marteau impitoyable du Concile planant au-dessus. Cependant, tout ceci sera réglé lorsque le danger sera passé, celui-ci prenant les traits du mi-yokai métallique.  

– Vous ne me connaissez sans doute pas Fukutaicho mais je me souviens très bien de vous et du Lieutenant Nanbu. Si vous souhaitez vous faire appeler par ce sobriquet ainsi soit-il. Cependant, lorsque tout ceci sera terminé vous et moi aurons une discussion en privé, j'ai d'innombrables questions à vous poser, autant sur vous que cette... chose qui a rejoint ceux qu'il avait juré de purifier.

Pieds bien ancrés dans le sol et main droite sur le tsuba, je m'élançai en direction du géant, en faisant attention de m'écarter de l'attaque de Mort et d'essayer de me placer sur la gauche de l'ennemi avant de dégainer à une bonne distance de celui-ci. Un mouvement vif, précis, de l'intérieur vers l'extérieur prenant la forme d'une lame de vent horizontale. Puis je rengainai avant de refaire ce même mouvement, mais de haut en bas cette fois-ci pour obtenir une lame de vent verticale. La croix acérée créée alors se dirigeai vers la seconde jambe du géant.

– Engloutis, Kuzurichō !

La familière formule prononcée, je tissai puis lançai en vitesse un projectile conséquent à la suite des lames de vent  dans l'espoir de limiter la mobilité du titan métallique tout en restant sur mes gardes en cas de contre-offensive.

Résumé-baston:

Un démon apparaît derrière et repousse le smog à l’allure corruptrice. Des frissons me parcourent l’échine alors que je constate l’immonde amalgame mi yokai venant d’arriver. Sa présence me dégoûtait au plus profond de moi, ce brassage de tout ce qu’il y a de plus impur pouvant exister me faisait presque reconsidérer le sujet d’éradication humaine. Chose nonchalante, faisant presque paraître que son existence elle-même n’était pas ce qu’elle montrait, une fusion non contrôlée qui devait très certainement le ronger. Il deviendrait monstre un jour. Instinct de proie et de guerre, mes mains vinrent à machinalement se placer en position de combat alors que j’écoutais les paroles de celui qui disait s’appeler Mort. Je ne l’ai pas connu, enfin ce n’est pas comme si je cachais le fait que l’entité elle même sous le contrôle du concile blanc m’intéressait. Je n’ai aucun intérêt à ne connaître d’autres personnes que ceux qui seraient capitaine. Seuls les fukutaicho de ma division m'intéressent. Ils avaient donc tous deux quitté les ordres. La vision écoeurante du mi-Yokai me montrait ce que pouvait devenir quelqu'un qui s’allie à de tels monstres que sont ces animaux qui se mangent entre eux.

Mais leur titre ici, comme je m’en rendais compte, est oubliable quand l’on se rend rapidement compte de la différence, je ne fais pas partie de ceux qui s’entraînent à sentir, mais je peux dire avec facilité, qu’un gouffre nous sépare des deux anciens déchus. Alors que l’homme à l’épée digne d’un ultra espadon claque des doigts, celui-ci fait disparaître toute trace sensorielle. Il m’adresse alors la parole et place un poids immense sur ma personne. Mes yeux s'écarquillent et mes dents se serrent. Tch. Maintenant je serais chassé par deux camps en même temps. Le concile me maintenait sûrement en surveillance depuis tout ce temps, et cette info va ajouter la goutte qu’il fallait pour me faire occire par le puissant phénix exécuteur. Je le savais, que je survive ou non, ma mort au seireitei est programmée. Regarde-les tous, leur regard après ces paroles, les shinigamis ne sont frères entre eux que lorsque ça les arrange. Je le vois, dans leurs yeux, tout serait su après cette pièce digne d’une tragédie antique.

Tout cela me faisait me poser une question profonde sur ma survie et ma condition personnelle, qui suis-je donc et que dois-je faire pour atteindre mon objectif. Finir au dessus, en vainqueur, dans les derniers survivants sur l’immense tas de cadavre ? Devais-je revenir dans le sein du concile blanc et demander l’amnistie ? Je n’avais pas le temps de penser, ni d’écouter Seigen que…



… Que le combat commença et dirigea toute l’attention sur le membre de l’unité sous le concile blanc, en voilà un qui avait compris, malgré son affiliation qui pourrait le mettre sur mon chemin, qui était la menace en ces lieux. Seulement ce n’était pas une façon d’engager, on aurait pu encore gagner du temps et collecter des informations. On aurait pu établir une stratégie et penser à un plan d’action. Mais je ne suis pas étonné par les pensées égoïstes des membres de l’ordre. Et à côté, il n’y avait désormais aucun doute que Mort était un ancien shinigami, il maîtrisait la voie du fer et son arme à l’aura menaçant se dirigeait tel le châtiment divin qui allait s’abattre sur l’amalgame écoeurant.



Susurrais-je à la vue des morts sous les ordres de l’enfant-nuit, se dirigeant, à nouveau éveillés d’une étincelle douteuse de vie et de vengeance envers le yokai-morphé. Mon œil doré, non marqué par mes combats, scintillait alors que des marques sombres commencent à se dessiner sur mon corps. La première naît de ma cicatrice à l'œil gauche, s’étendant légèrement sur le reste de mon visage tel des stries creusant dans mon visage. Je prononce l’aria en m’ouvrant très légèrement l’épaule gauche pour m’offrir au moins le premier palier.



Je me retourne ensuite vers celui à qui j’avais fait la promesse de protection, le regard déterminé et le ton froid, mais ne se voulant pas menaçant pour autant.



Désormais en position de combat haute, j’attends de voir comment va avancer l’escarmouche, les sens en alerte totale. Si d’autres frères du Yokai arrivent, je serai prêt. Que le spectacle commence.

Résumé:

Shinigami, yokai, deux racines d’un même arbre ; hélas, ses frères d’armes omettent le fait que l’armée invisible et celle démoniaque aspirent aux mêmes desseins : la survie et protection du Nihon. Un cœur emplit de bonté ne suffit pas quand vos traits sont démoniaques - l’escouade le prouve une fois de plus. Plutôt que de saisir sa proposition, voire de l’écouter, les guerriers à l’arme possédée font front contre la haine : un bloc uni qui se rallie derrière l’engeance d’Amaterasu - quel pire pacte avec le diable que de s’associer avec une force étrangère invasive ?


Force est de constater que malgré son arrivée grandiloquente, malgré son charisme avéré et malgré sa proposition d’obtenir une ancre avec le Nihon, les Shinigami ont préféré l’aura de peur, d’effroi et de mort dégagé par l’androgyne. Brrr vraiment trop sombre - bande d’ingrats. Une goutte de sueur perle de sa peau rocailleuse. Son index gratte sa tempe, comment va-t-il pouvoir survivre en quatre contre un ? Aïe, aïe, aïe.


Tremblotant, cherchant à se faire tout petit, le colosse essaye d’inverser la tendance… Vous l’aurez compris, en vain. Aizome Usui, bras armé de la justice, ne tolère pas une parole de plus. Ruée véloce, dextre enserre le manche de son Asauchi et, dans un mouvement expert de dégainé-tranché-rengainé, aspire à cisailler la jambe de l’émissaire dévoyé. Giclée de sang noie le faciès de l’Assassin ; la jambe tient bon et reste ancrée au sol.

Hache de guerre déterrée, Sang-de-Lune et Charon affirment la prise de position du zélé : deux lames d’air et un pilum de reishi percutent de plein fouet le géant qui tient bon. Le projectile de reishi parvient à passer la couche de roche et gratifie son tronc d’une vilaine blessure ; les deux poursuites ébrèchent la roche, mordent sa chair, mais ne parviennent à sectionner le membre.


Nanbu Iekuni ne subit quasi aucun dégât.
Les pupilles de Kyokujitsu shō brasillent d’une lueur revancharde - la faute à l’entité avec qui il partage sa conscience. Potentiel libéré depuis son arrivée, les sévices accumulés par les trois offensives sont renvoyés quasi-automatiquement contre le premier moucheron à sa portée, celui à son corps-à-corps : Aizome Usui. Trois ondes, à la puissance identique, au potentiel de tranche égal aux capacités martiales des trois hommes, fustigent l’incarnation d’une justice aveugle.

L’avant-bras tenant Asobizoki choit au sol, la lame s’enfonce dans la terre et sa jambe opposée se désolidarise de son corps. Une punition pour la hardiesse d’un militaire face à une menace aux capacités inconnues.



Si sa condition le lui permettait, l’Insalubre aurait claqué sa meilleure cabriole pour briser le premier objet venu…  Quelle idée de restreindre ses mouvements par de la soie... Vraiment ces Enfant-Nuit, des tueurs de fun dans l'œuf.


L'Égide du Nihon se veut plus sérieux ; changement de ton drastique. Sa paume s’ouvre et un masque d’albâtre se révèle à tes yeux, @Soejima Nobunaga. L’artefact dégage une aura macabre, puissante, digne de la force d’un Suzaku mature, d’un Suzaku à même de rivaliser avec le fleuron de l’Humanité : vos supérieurs. Cette signature spirituelle, tu la reconnais. Elle fut partie de toi, jadis, dans un passé que ton esprit a préféré oublié.

Heureux est l’ignorant qui avait encore un soupçon d’espoir de régler ça par la parole, là où la témérité entre en scène et part dans un coup d’éclat. Il était à côté de moi quand c’est arrivé, j’avais à peine terminé de parler quand je l’ai vu s’élancer telle une flèche meurtrière, son instinct primaire prenant le dessus sur sa silhouette humaine, son regard aussi froid que sa lame. À quoi pensait-il lorsqu’il se trouvait face à cette montagne insalubre, son ombre planant sur nous tous alors que les dés de nos destins semblent être jetés. Et que chacune de nos actions réduisait de 1 la chance de faire un bon résultat.

Je sens la pression sur mes épaules se lever, l’une des deux créatures ayant embrassé leur potentiel se concentrant plutôt sur l’attaque tandis que l’autre se défendait. Une première attaque, puis une seconde, puis une troisième. Comme face à un bloc de métal froid, les assauts rebondissaient sans aucune difficulté, l’être à mi-chemin du démon ayant transformé son corps en une véritable arme. Au même titre que sa résolution, tranchante comme un fil de fer. Je vois dans son regard que la créature était peut-être immobile, mais pas inoffensive pour autant. Ce pressentiment, je le ressentais du fond de mes tripes, et je n’hésitais pas à dégainer mon sabre alors que je m’élançais moi-même en avant.

Annonce l’averse Giman-tekina mizu no miko !!

J’avais parlé extrêmement vite, ne faisant même pas attention si je parlais avec la langue commune ou en m’adressant à mon esprit directement dans son langage perdu. La lame à moitié dégainée fusionnait avec son fourreau, prenant une teinte dorée avec que plus tintements se fassent entendre. Serrant le Khakkhara entre mes mains, je balayais du regard la scène qui se déroulait, presque impuissant. La gargouille ne se laissa pas faire et renvoya plusieurs ondes en direction d’une seule et même cible : Usui. Je vois les secondes défiler comme des heures, mes actions extrêmement lentes. Je vois son bras se faire trancher sans aucune résistance, puis sa jambe. J’écarquille mon œil unique, serrant les dents jusqu’à en grincer alors que j’insufflais mon énergie spirituelle dans mon Shikai libéré, une grande quantité d’eau curative prenant naissance entre les anneaux alors que je réalisais un mouvement net du bras.

D’un geste, d’un ordre, toute l’eau s’échappait de mon bâton, se jetant sur le flanc du shinigami démembré alors qu’il recevait de plein fouet l’assaut du yokai, et le mien. De ce jet d’eau j’espérais le décaler, le déplacer, ne serait-ce pour lui épargner un destin funeste, tombé beaucoup trop tôt. Mais avais-je seulement le luxe de m’occuper du destin des autres, lorsqu’au moment où je stoppe mes pas, je sens son regard. Je relève la tête, déstabilisé par l’énergie que dégageait cet homme devenu monstre en apparence, et pourtant maître de son talent. Fini les blagues, fini de rigoler, il me dévisage comme s’il regardait au-delà de mon enveloppe corporelle. Sa voix, ses mots, son énergie faisaient écho à l’intérieur, alors que tout ce qu’il disait était voilé de mystères. Badum. Je sens mon cœur battre en retour, mes tympans chauffant alors que j’avais l’esprit confus. J’entendais aux alentours la malice de cet endroit, le râle des morts qui se relevaient…

Un masque. Pourquoi, alors que je ne me souviens pas en avoir un de la sorte, je me sens aussi bouleversé ? Je me pinçais les lèvres, les détails autour de moi s’effaçaient alors que je sentais mon cerveau travailler à plein régime. Un piège ? Une offre ? Une invitation ? Une blague ?... Je serre le poing une fois, sentant mon zanpakuto trembler un instant, comme un rappel du soutien éternel de Miko. J’inspire profondément avant de fixer la bête, plongeant mon oeil unique dans les fissures qui lui servaient de paupières.

Montre-moi cette soi-disante dinguerie, et je serais seul juge de mon destin.

Pas question de reculer, pas question de mettre mon destin entre les mains de quelqu’un d’autre. Pas question que quelqu’un me dise qui je dois attaquer, qui je dois protéger. Je ne suis peut-être qu’un poisson dans le grand océan que représente le Nihon, mais tant que je porterais cette marque sur mon corps, tant que je garde cette passion de m’affranchir des codes et du système, alors je resterai moi-même. Mes intentions claires, je saisis le masque maléfique, ayant fait mon choix.

Résumé :

La pierre avait été plus forte que les ciseaux. L'implacable amalgame, tout de roche vêtu, riait à pleine gorge en accusant les frappes cumulées de ses ennemis. Malheureusement, de son temps de shinigami, le Lieutenant n'avait jamais craint l'adversité d'une foule entière ; et le développement de ses compétences telluriques avait appuyé ce côté de la balance.

Jambe saignée, torse percuté, côtes lacérées, le colosse semblait pourtant aussi frais qu'à son réveil. Le golem de la montagne, par sa seule présence impérieuse, témoignait d'un triomphe bientôt sonné. Oh, qu'ils étaient insignifiants, ces frêles vers de terre d'un sol trop rêche, ces bêtes fourmis rouges au verbe acerbe, ces passeurs d'âmes confiant leur foi aveugle aux Saints-Pères. Entre les deux oxymores des forces cosmiques, et les quatre représentants d'un Concile Blanc vieillissant, l'on pouvait se demander où se trouver la folie et l'erreur. Ce yōkai, autrefois maillon du Seireitei, valait-il moins qu'un humain ? N'avait-il pas des yeux ? N'avait-il pas des mains, des organes, des sens, des dimensions, des affections, des passions ? N'était-il pas blessé par les mêmes armes, et sujets aux mêmes maladies ? Si on le piquait, n'allait-il pas saigner ? Si on le chatouillait, n'allait-il pas rire ? Si on l'empoisonnait, n'allait-il pas mourir ?


Un éclat de voix valant mille explications. L'ardeur de l'Enfant-Nuit transcenda la panique du premier sang coulé pour s'imposer en maître, au moins une fois, sur ce champ de bataille désacralisé. Les deux mains tendues vers son arme vorpale encore plantée dans l'armure naturelle de son Némésis, il l'émietta subitement en d'innombrables particules de Reishi. Alors que l'Insalubre allait condamner à jamais la vie du représentant de l'Ordre Mnémonique, un brusque torrent d'énergie vint habiller le pauvre homme, se mettant en travers de sa fin précoce.

La boule de Reishi s'éclata dans le décor. À l'intérieur, @Aizome Usui peinait à se remettre du traumatisme, sa vie ayant défilé devant ses yeux d'une vitesse folle. Sans aide extérieure, son corps aurait été retrouvé par petits bouts, façon puzzle. Sans aide extérieure, son esprit aurait été libéré, avant de rejoindre la plaine sacrée de l'Enfer. Sans aide extérieure, Mort aurait concédé la victoire à son Némésis ; car leur concurrence séculaire s'opérait sur tous les plans.

Les plaies badigeonnées du soldat de l'Ordre essayaient tant bien que mal de se refermer, mais ces amputations étaient telles qu'il brûlait sa vie par les deux bouts. Pourquoi l'avoir sauvé, alors ? Pourquoi ne pas l'avoir abandonné à son triste sort, inhérent à sa faiblesse de shinigami ? Encore une fois, les idéologies se confrontèrent. L'utopisme contre le pragmatisme.



La conscience absolument tournée vers la Nuit, Mort n'en restait pas moins humain. Lui aussi ressentait la peur, la colère, la tristesse, la joie. Et ce fut pour cela qu'il avait été choisi.

Une main se tendit vers toi, @Ashura Kamui. Et dans le creux de cette main apparut un drôle d'engin, semblable aux fameux fusils à mèche ayant commencé à briller l'an passé, mais d'une taille toute relative. De ton bon sens, tu arrives à comprendre, en faisant le parallèle avec les Hinawajū, qu'il faut empoigner le manche, viser avec le canon, et appuyer sur ce mécanisme nommé « gâchette ». Mais pourquoi ce parfait inconnu, si froid d'aura, te donnait-il cet objet ?





Ton ancien Lieutenant avance d'un pas, @Kusanagi Seigen, et s'arrête à ta hauteur. Sa conviction est dans l'ombre de son hardiesse ; rien de ce qu'il pourrait arriver n'ébranler sa Voie. Si près de lui, tu ressens les turbulences qui opèrent en ses flux spirituels, abîmant tout le sang froid qu'un samurai doit couver. Pour ce qu'il est en train d'accomplir, l'Enfant-Nuit doit ressentir.


Tu aurais presque entendu une voix ; une plainte ; une lamentation. Et dès lors que tu te retournes vers cette présence invisible, dans le dos de ton ancien supérieur, tu le vois de tes propres yeux.



Saigou Tadaari pose une main sur ton épaule et y dépose un sceau basique, que tu peux admirer sans le moindre mal : Ji (璽, Cachet impérial). Malgré le Froid qui commence à émaner de l'espace glacial, l'escarmouche est sur le point de s'embraser. Droit devant eux se dressait toujours le saltimbanque, haut-en-couleur, colossal ; mais un sbire semblait l'avoir rejoint en acceptant si ardemment son offrande. L'Enfant-Nuit en fut maintenant convaincu : il allait lui falloir employer les mêmes méthodes abjectes pour rivaliser avec son rival inhumain.

Enfin, la terre s'arracha – mais pas que. Par le sacro-saint Sternenstaub (litt. : Poussière d'étoile), faculté emblématique du Peuple-Nuit de s'accaparer des plus fines particules spirituelles contenues en toute chose, Mort annihila le décor. Sol, meubles, autel, murs, plante, terre, dalles, breloques, bancs, cadavres, candélabres : tout fut reconverti en cette matière élémentaire et parfaite qu'était le Reishi. Une opération de remise à plat du terrain, spectaculaire, n'ayant qu'un seul but dans l'esprit aveugle de l'augure stellaire : sauver l'âme de son ami.


Toute cette fabuleuse énergie te prit pour cible, @Kusanagi Seigen. Non : elle te lova. D'abord, les chevilles, puis les jambes, puis le tronc, puis le corps entier, tu recueillis rapidement un torrent de Reishi pour t'élever à la hauteur du Colosse, et plus encore. Enveloppé dans ton manteau d'invulnérabilité, pulsant d'une puissance que tu semblais déjà connaître, l'armure rocailleuse de cet obstacle, devant toi, te paraissait si ridicule désormais. Malgré toi, tu goûtais au nectar de la Mère-Nuit. Malgré toi, tu étais devenu un parangon du Dangai. Un Cavalier de la Fin.

Inertie phénoménale qu'était celle du golem de métal, l'amalgame d'entités ennemies  était presque insensible à l'assaut monumental dont il venait d'être la cible. Être-muraille à la défense infaillible, sa riposte fut aussi terrible que sanglante, le Kaiin presque aussi volcanique que l'ancien shinigami payant un tribut incommensurable pour y échapper, aidé au moment du baiser froid de la psychopompe suprême par le borgne archiatre de Kyushu. Une pluie, une averse sanguine accompagnait alors le membre de l'Ordre dans sa chute, celle-ci laissant très vite sa place à un torrent d'hémoglobine là où, il y a moins d'une minute, se trouvaient les membres désormais arrachés du nouvel estropié.

Misérable au futur compromis, le sort de l'Aizome était tout simplement la conséquence de sa férocité, certes justifiée, mais beaucoup trop intense là où prudence était de mise. Cependant, ce ne fut pas ce subalterne qui me poussa hors de moi. Répondant par une affirmative craintive à l'offre du titan, le borgne contre toute attente fut le Faust de notre représentation qui s'annonçait d'ores et déjà de plus en plus violente. Comme séduit par un esprit malin, le Kaiin Soejima se saisit d'une pièce d'albâtre, accessoire pernicieux décorant les enveloppes corporelles éthérées des âmes corrompues.

Pouvait-il s'agir d'une ruse contre l'ancien Lieutenant ? Ou alors une trahison de la pire sorte ? Quoiqu'il arrive, il fallait le neutraliser avant de se retrouver à trois contre deux. Je rengainai alors mon arme, puis, alors que je m'apprêtais à m'élancer vers le médecin, la voix de Mort retentit derrière moi, celui-ci glissant dans les mains du seul membre restant de mon escouade un artefact curieux rappelant vaguement les nouveaux prototypes d'armes à distance utilisées dans le monde tangible. Puis, après lui avoir confié le sort du Kaiin inconscient, l'ancien Fukutaicho en appelle à Celle en qui il a confié son existence.

Litanie plus proche d'une supplique faite à une mère aimante, les mots de l'Enfant-Nuit sont accueillis par chaleureusement par la Mère qui répondit à son appel. Là, derrière lui s'était ouvert un chemin vers l'Infini, vortex glacial donnant vers le Cosmos.




Soupir insaisissable, je crus entendre Sa voix l'espace d'un instant, sans doute assez fort pour que Son guerrier lui aussi puisse déchiffrer son message. Message partagé d'ailleurs par la Mère et son Fils qui, en posant sa main sur mon épaule, y déposa un simple sceau dont j'ignorais les conséquences. Cependant, celles-ci se manifestèrent bien assez tôt.

Alors que le trou cosmique influençait de plus en plus la température du temple qui chutait petit à petit, son créateur, véritable maître nocturne, fit disparaître en un instant une grande partie du décor, des pierres tombales alentours jusqu'au sol. Se montrant manipulateur des fibres composant notre monde lui-même, Mort dirigea les particules extraites de l'environnement vers moi, l'essence même de la réalité m'enveloppant d'une sorte de cocon qui se changea très vite, laissant à la place papillon mortel.


Corps autrefois meurtri devenu olympien, chassé devenant chasseur, je m'élevais pour surpasser cet ennemi autrefois intouchable. Revêtu d'une armure taillée par la puissance de la Reine Stellaire, je devenais alors le fléau des engeances telluriques, conquérant cosmique rendu presque euphorique par ce potentiel insoupçonné. Était-ce donc cela que d'être embrassé par la Nuit ? Cette sensation... je n'étais pas près de l'oublier, dans cette vie ou la prochaine, et il était enfin temps d'asseoir ma domination.

– Et par le Reishi je vaincrai mes adversaires....

Je prenais alors position pieds bien ancrés sur le sol et main porté au tsuba d'un sabre rangé. Sous mes pieds, le sol se fissurait déjà tant la prestance du Tengu annonciateur de la gloire nocturne était hors norme. D'une voix d'ici et d'ailleurs, je m'adressais à mes coéquipiers.

– Vous venez de faire de moi le Roi de ce champ de bataille, ne vous inquiétez pas, nous vaincrons. Ashura ! Je te laisse te charger de ce traître de Panacéen. Fukutaicho Nanbu, préparez-vous, votre fin est proche...

Ces mots prononcés, je m'élançai d'une vitesse nouvelle en direction du colosse, animé d'un mélange particulier de calme glacial et d'exaltation des sens. À son niveau, je dégainai d'un mouvement fluide mais puissant ma lame de Reishi en tentant d'atteindre la marque laissée par Mort, mon assaut étant suivi d'une lame d'air monumentale à bout portant dans l'espoir de faire voler en éclat la carapace métallique. Et ce n'était pas fini.



Trancheuse d'âme dégainée et sublimée, je tentai alors un enchaînement rapide et puissant d'une multitude de frappes dans l'espoir de briser ci et là l'armure du colosse, tel les rayons de l'astre qui provoque un éclaircissement du ciel nocturne juste avant le lever de la lune. Cependant, même si cette puissance était enivrante, je préférai toujours agir avec prudence surtout après avoir vu ce pauvre shinigami se faire démembrer. Ainsi, je décidai de créer de la distance avec l'hybride en reculant d'un bond en arrière.

Résumé-baston:

Tout action à ses répercussions et l’enfant de l’ordre pu rapidement apprendre sa leçon. Le risque est une épée de damoclès pouvant reprendre tout ce qu’elle vous a donné, dans ce cas, une jambe et un bras. Le destin reste impartial et toute erreur est punie, une analyse de l’adversaire aurait sûrement été requise alors qu’Usui avait choisi le chemin de la surprise. Sa vie semblait déjà s’éteindre aussi rapidement qu’une bougie sous un vent de tempête, une troisième onde prenait le chemin de la décapitation et personne n’était assez rapide que pour l’en empêcher. Si ce n’est l’enfant-nuit, qui en l’honneur de sa tentative, lui offre le choix de ne pas mourir des coups d’un shinigami corrompu. Sa vie est sauf, mais pour combien de temps ? Ses blessures ne font que refléter ce que l’on mérite lorsque l’on réfléchit pas. Seulement ici n’est pas l’endroit ni l’heure ou je laisserai parler ma colère sur un allié.

Parce que la situation venait d’escalader à un nouveau niveau, à contrario de ma condition, Nobunaga possédait un lien avec les Yokai. Lui qui fut béni par les Exarchi. Mon sang se met à bouillir dans mes veines alors que j’entends la proposition de les rejoindre. Le mi-démon proposait à un allié de les rejoindre. Très bien, fais ton choix et assume. Mains sur le manche et le fourreau de mon zanpakuto, je me retiens de lui mettre la lame sous le cou. En tant que proche, je ne serai pas celui qui t'empêchera d’agir… Mais je ferai partie de ceux qui te puniront si ton erreur nous met en danger. Ce qu’il fait en acceptant l’offre du monstre, me heurte personnellement, moi qui avait promis de le protéger. Je n’avais donc pas sa propre confiance, à tel point que pactiser avec l’ennemi l’intéressait plus ? Mon ton est froid, sur mon visage se dessine la colère, sur ma lame coulera du sang.



Mais je n’avais pas le temps de me mettre à attaquer, je n’avais pas le temps de décider d’un plan d’attaque, parce que j’avais moi aussi choisi mon camp, et celui-là même m’offrait l’une des armes de notre victoire. Je reconnais la forme, le feeling de l’arme ne m’est que très peu familier, mais je l’ai connu. C’est un peu un Hinawajū taille réduite. Son utilisation est assez intuitive, appuyer sur la gâchette mise en valeur, pour faire sortir à pleine vitesse le contenu de l’arme de destruction.



Mais le vrai mécanisme s’active alors que j’accepte de prendre en main l’arme. Pourquoi je le faisais ? Pourquoi ne pouvais-je réfléchir ? J’avais accepté comme aspiré par une aura qui m’était familière. Je me sentirais presque plus léger à son contact. Alors que des frissons parcourent mon échine, je contemple l’arme. Son aura me rappelle ardemment celle d’un objet que je considère comme une partie de moi. Alors que mon visage s’illumine, comme si je me réveillait, j’en perds mes mots et acquiesce à l’ordre de Mort. Je suis galvanisé, j’avais oublié qu’en fait, je ne suis pas qu’un pauvre corps dirigé par ses instincts.

C’est dans un élan de confiance totale envers l’arme que m’a donné l’enfant-nuit, que je m’approche du pauvre amputé, je n’ai pas de pitié pour ce qui lui est arrivé, lui-même se doute qu’il aurait dû agir différemment. Mais je ne veux pas qu’il meurt ici, je ne suis pas un bourreau et ne pointe pas l’arme vers sa tête. Je la dirige machinalement, d’un geste simple, le canon de l’arme faisant avidement face aux blessures sanglantes. La vue n’était pas belle, mais elle ne m’affecte pas d’un iota, il y a bien longtemps que le sang s’est ancré dans mon quotidien. Mes mots sont tranchants et froids, je prépare Usui à sa future souffrance.




Plaçant un pied sur son torse pour le maintenir contre le mur, ses spasmes de douleur pourraient le blesser plus que ce qu’il ne mérite. Et dès lors que j’appuie sur la gâchette, c’est comme si je ressentais une partie de moi s’en aller du fusil, l’énergie se libère rapidement et brûle en plusieurs salves le moignon. Je m’arrête et vise ensuite la jambe. Moi qui n’avait d’habitude pas de considération pour ceux qui ne m’étaient pas proches, je me sens mal de lui infliger cela. C’est nécessaire. Je regagne un peu d’humanité alors que j’en apprends un peu plus sur moi et mon appartenance. Son bras s’était arrêté de saigner grace à l’énergie qu’envoyait le fusil par salves. Mécanisme satisfaisant, la suite approche alors que je prends une grande inspiration.



Je vide ce qu’il reste dans le fusil en faisant le contour de la blessure. Je ne savais si je l’avais sauvé, mais c’était bien la première fois que j’aidais quelqu’un d’autre que moi en m’inquiétant, me disant que je ne pouvais pas me permettre de rater cette action. Repose toi soldat, nous prenons le relai au combat.




Un spectacle de puissance brute se jouait autour de moi, tout autour de nous disparaît au profit d’une tenue impériale, armure de chevalier de la fin habille l’officier Seigen et mon échine tremble à nouveau, mes yeux s'écarquillent de surprise et j’attrape mon arme. Elle est vide, je le sens. Alors que je sors la munition qui se trouvait dans le fusil, je remarque que sa forme est la même que le tube en argent que je possède. Instinctivement et dans la hâte, j’enlève mon tube pour le placer dans l’arme. Je connais. Je sais ce que je dois faire. Toujours galvanisé par l’immense armure et la faille changeant l’espace autour de nous, j’entends les paroles de Seigen. Je me bats en mon sein pour me résoudre à le combattre. Excuse-moi. Mais nous sommes ennemis en ce jour. Parce que tu as décidé de rejoindre les nuisibles.



Mon arme est pointée et je hurle, sans me retenir, parce que mes tripes me forcent à le faire, je me prépare à tirer. Le bras armé de la nuit est en joue.

Résumé:

Fabrique de la réalité brisée, Mort hèle sa génitrice ; au diable les conventions tacites, la force supérieure nimbe ses apôtres. Contaminé par les vicissitudes des colons, le Sang-de-Lune arbore une nouvelle peau. Témoin des rixes passées, le sial tremble ; anamnèse de la première guerre ébranle la lithosphère. Iekuni comprend qu’il ne peut plus amuser la galerie, d’autres forces, supérieures en nombre, approchent : lien de causalité entre la faille, le golem de Reishi et les cercles de désolations qui éructent leurs légions.

L'égide du Nihon aurait aimé s’attarder sur le regain d’humanité de son ancien frère d’armes, lui qui ne voyait, en temps normal, aucun inconvénient à tuer ses propres frères, venait tout juste de sauver une vie. Sourire compatissant marque la roche. Dans l'amitié comme dans l’inimitié, cet homme reste son frère avant tout et, intérieurement, il se sait rassurer d’être incapable de le pourfendre. Candide, le yokaimorphé croit dur comme fer qu’il pourra, un jour, ouvrir les yeux à son ancienne âme-liée. Pire, il craint pour sa vie.


Le contact de sa dextre contre l’ivoire nimbe Nobunaga d’un halo noirâtre. Contaminé, son système sanguin vire du bleu au rouge, ses veines, turgescentes, doublent de volume à l’instar de muscles gonflés par la matière albâtre. Le Suzaku, prisonnier de la relique, se nourrit de l’énergie spirituelle du borgne pour éveiller ses pleines capacités. Les réserves de Reiryoku du Panacéen, brûlées par les deux bouts, permettent l’apparition forcée de l'avatar du Troisième Cercle dans son esprit.


Déclic. Les membres inférieurs du médecin flagellent, avant de ne plus être capable de retenir son propre poids. Genoux contre le sol, mains enracinées dans la terre, les pupilles révulsées, Il arrive. Son ombre, humaine, se tord dans tous les sens, à l’instar de son corps secoué par les spasmes, puis se transfigure en une créature démoniaque, titanesque.

Cet avatar d’un Mononoke devenu phénix, censé être sous le joug de son porteur - une fois la visite de Noctifer reçue -, réveil, de par son empreinte spirituelle et son avide ponction, une entité archaïque, aussi ancienne que le Nihon lui-même ; l’un des Généraux ayant tenu tête aux colonies ailées.

Tu te revois chuter dans les profondeurs de la terre, toi, l’un des Dix Aspects de l’Âme-Monde, toi, qui, de par ta puissance, régnais sur l’un des Cercles inférieurs. Impossible de ferrer ta présence dans ce microcosme d'entités plurielles ; vous étiez un et plusieurs, vous étiez autant unique qu’identique.
Une Ruche effervescente de haine et de puissance : un Pandémonium.

Simurgh n’aurait jamais dû s'approcher de ce miel exquis, terré au fond de ta psyché. Écrasé sous le Reiatsu de l’ancien Exarchus, le parasite supplie le feu Seiryū de l'épargner - en vain. La chape de plomb annihile le parasite qui se décompose dans l'éther. Nul ne peut souiller son être. Place est laissée au véritable démon, le Champion que les Cercles méritent.


Le Roi-Déchu ressuscite.
@Soejima Nobunaga, ton Hakusui est en proie à une douleur indicible. Dans ton for intérieur, ton palais mental est ébranlé par deux pupilles démoniaques. Une masse informe composée d’un millier d’ombres et d’un millier de cris. Tu comprends, à demi-mot, que vous ne faites qu’un, ou du moins, vous n’avez fait qu’un, auparavant.

Il est toi et tu es Lui. Tu es la Justice et il est Ton bras armé. Tu es son vassal et il est Ton Seigneur.

Le fragment ivoirin dévore ta peau qu’Il réarrange selon ses desseins : une fine membrane nivéenne recouvre ton épiderme, deux cornes, longues et effilées perforent ton crâne ; Shinigami devenu squelette. Écartelée, ton âme subit les tribulations corporelles que tu éprouves. Phagocyté par le baisé spirituel du fragment, ton anima se dévore et se régénère pour former l’alliage parfait. L'infime partie du Seiryū qui t’habite fusionne avec ton essence spirituelle : deux faces d’une même pièce.



En retrait, Kyokujitsu shō se recouvre d'une chitine hermétique - acquis de conscience.

Lien coupé, le Zanpakuto redevient Asauchi. Pantin désarticulé se réveille de sa torpeur millénaire. Bouche ouverte, silencieux, le fragment d’Aspect savoure son immortalité revenue. La caresse de l’astre solaire, masquée par le voile de ténèbres, berce sa peau albinos. Ô Nihon, tu as tant manqué à ton fils.

Seigen fuse à toute vitesse vers l’Insalubre en armure - et par extension lui. David contre Goliath. Léger mouvement de poignet et le sol devient cratère. Une puissance surprenante, mais loin de son plein potentiel - bientôt, une fois ses fragments récupérés, le Déchu pourra prétendre au titre d’Exarque.

Une faille, trois proies.

Quel est le prix à payer lorsqu’on transcende toutes les barrières morales du monde spirituel ? Malgré ma conviction, un doute naissait en moi. Comme quand la lumière du soleil faisait naître une ombre à mes pieds, un rappel du principe de cause à effet, l’idée de m’associer avec une créature insalubre m’évoquait les conséquences évidentes : on me traitera de traître, on souhaitera m’exécuter à vue, on bannira mon existence. Tel est le prix à payer pour quiconque ose se détourner du Concile Blanc, et du Seireitei. Pourtant, je balayais les doutes de mon esprit, mon regard se posant sur ce masque macabre. Aussi magnifique que sauvage, tel un bijou de la nature, la création du Nihon. Aussi repoussant qu’attirant, une part de moi souhaitant autant le fuir que le saisir. Il n’était plus question de faire marche arrière, des forces supérieures commençant à prendre leurs dispositions. À mon tour, de prendre les miennes.



Un frisson ardent traversait mon corps alors que je fixais avec choc les paroles du golem, ne cachant pas ma surprise mélangée à de la terreur, mais aussi de l’exaltation. Sensation qui sera vite écrasée par un poids immense sur mes épaules, sentant mes veines sur le point d’exploser alors que mes dents grinçaient, provoquant un son désagréable. Je crois entendre dans le fond la voix de Kamui qui crie mon nom, comme un appel à la raison… Pardonne-moi mon ami, mais mon existence toute entière avait ses raisons que la raison ignore. Tout comme j’ignorais mon attirance pour cet artefact maudit, et que je sentais ma conscience aspirée dans un trou sans fond. Un puits sombre, ésotérique. Je ne fais plus la distinction entre la réalité et l’imaginaire. Mais je le sens, Il est là. Il me dévisage, Il me commande.


Une voix, non… Une influence si forte que je sens l’air évacuer mes poumons, une douleur sans pareille traversant ma gorge alors que le masque posé contre mon visage fusionnait avec ma peau. Je me sentais brûlé, déchiré, détruit puis reconstruit. Le corps lourd je me laissais tomber à terre, les craquements dérangeant de ma colonne vertébrale démarrant une véritable cacophonie tandis que je sens mon épiderme s’étirer et se résorber, la structure totale de mon corps évoluant pour accueillir quelque chose. Pour accueillir ce que je suis réellement, ou ce que je ressens avoir été. Mon esprit mis à mal, je me sens transpercé de pensées qui ne sont pas les miennes, ou qui finissent par le devenir alors que des flashs d’une vie oubliée s’imposaient d’eux-mêmes, mettant à mal les fondements même de ma personne. Il ne fallait pas chercher à comprendre qui j’étais, mais combien nous étions. Peu importe depuis quand j’existe, contrairement à d’où je viens.

Quelque chose en moi crie, hurle, se démène pour survivre. Je pensais que c’était une part d’humanité, mais je le sens gesticuler, il est plus qu’un sentiment : c’est un être vivant qui s’était installée en moi. L’image de deux pupilles écarlate me fixent, me glacent le sang, puis me galvanisent. Je sens sa puissance, sa présence, sa prestance. Il est moi, et je suis Lui. Je suis notre Justice, il est Mon bras armé. Je suis son vassal, il est Mon Seigneur… Le cœur prêt à exploser, je fixe cet être éternel depuis mon for intérieur. Il était trop tard pour faire marche arrière…

Il était temps que le Roi Déchu renaisse.

La douleur disparaît. À sa place, une plénitude sans précédent. Je me redresse, lentement, inspirant profondément. Face à moi, un de mes semblables, une existence familière. Je le fixe froidement, mon regard contrastant avec la chaleur des rayons qui arrivent à percer le voile des ténèbres. Aaaah. Qu’il était bon de se sentir chez soi. Je sens tomber à mes pieds quelque chose : un cache-oeil. Lame à l’esprit silencieux dans la main, je ressens la présence d’êtres pernicieux dans mon dos. Leur odeur me dégoûte, la présence d’une déchirure dans l’espace ne m’aidant pas à profiter de l’instant présent. Je frappe dans le vide, le coup détruisant la terre à côté. Je me sens faible… Divisé. Mais lorsque je fixe le géant de Reishi fondre sur moi, je comprends…



… cette puissance sera amplement suffisante pour bannir ces insectes éphémères.

Une épée à la taille démesurée me fait de l’ombre, sifflant avec le vent tandis que l’air prenait la forme d’une lame tempête qui grondait. Une lueur dans le regard, je fais un pas en avant, mon pied déchirant la terre tandis que mon sabre tranchait le vent. Même si mon mouvement paraissait lent, il y avait une fluidité sans nom qui guidait ma lame, le métal rencontrant la rafale de vent du guerrier de Reishi, dissipant son attaque comme si on découpait une feuille de papier. Faisant un nouveau pas en avant, je tournais mon épée face à la lame d’énergie, frôlant la surface de cette dernière pour la dévier, épargnant le golem de pierre d’une touche malencontreuse. Un sourire déformé sur mon visage d’argile, je déploie ces mouvements si familier à l’épée pour accompagner la danse métallique et étincelante du pion de la Nuit.


Un festival de lumières fugaces naissait entre nos coups, mon Asauchi faisant barrage à son Reishi, au même titre que ma présence barrait la route au cosmos. À chaque attaque je sens mon cœur battre, le bruit des lames frappées chantant à mes oreilles tandis que j’embrasse cette redécouverte des sensations que je pensais perdues. Mon âme riait, mon être jubilait, plus, il m’en fallait plus ! Encore ! Réveille cette bestialité endormie en moi, et subis le courroux des défenseurs du Nihon, sale envahisseur ! Hahahahaha ! Je frappe avec force, assez pour l’inciter à reculer… Je sens mon coeur battre, la preuve de ma renaissance, aussi infime soit-elle ! L’air autour de moi se met à vibrer au même titre que mon énergie spirituelle s’échappait par les pores de ma peau, un hurlement strident et démoniaque faisant trembler le monde à mes pieds.


Mon instinct prenant le dessus, je serrais fermement mon sabre dans ma main avant de disparaître sous les yeux de mes ennemis. À ma place, une série d’entailles profondes dans la terre comme dans l’air se suivaient, créant une tornade de lames tranchantes qui fonçaient en direction du géant luminescent, ma haine déversée sur sa personne alors que je ne comptais pas le laisser s’échapper aussi facilement. Telle une ombre qui manipulait la tornade de lames, je réapparaissais au-dessus de l’armure vivante après l’avoir rattrapé, ayant frappé à plusieurs reprises le bras désarmé du titan pour essayer de le découper en morceaux.


Atterrissant lourdement, je sentais mes pieds s'enfoncer dans la pierre sans aucune résistance, avant que je ne me retourne pour faire face aux envahisseurs. Un râle traversant mes crocs d’argiles, je dévisageais chacun des hommes qui avaient fini par m’éveiller en ces lieux, tandis que je laissais mon regard se poser sur le plus puissant d’entre eux. Il était fort, c’était un fait… Mais j’allais prouver aujourd’hui que même la Mort peut mourir. De ma main droite je faisais tournoyer mon Asauchi, y insufflant mon énergie spirituelle alors qu’un tourbillon tranchant prenait naissance entre mes doigts, grandissant au fil des secondes.


Je suis la Justice qui assure la protection du Nihon, l’annihilation de mes ennemis sera le point de départ de ma résurrection. Ô Enfants de la Nuit, repentez-vous pour vos péchés. Ô valeureux guerriers, faites face une dernière fois à mon Épée.

Résumé :

Carcasse d'ivoire rejoint le domaine des hommes. Fragment infernal ; humanité déchue ; gardien tellurique évincé qui gratte à la porte du Nihon. Vecteur de toute-puissance n'ayant cure de l'intégrité de ses compagnons d'arme. Le parfait pantin d'un Némésis tout aussi surpris que Mort lors du réveil de son maître, même s'il voile le heurt derrière un châle d'humilité. Un hurlement ; une pression spirituelle déconcertante ; le sacro-saint Reishi qui vibre sous la force d'un tel déferlement d'énergie ; la vie des trois shinigami soudainement menacée.

L'ancien Lieutenant contemplait ce débâcle chaotique avec la boule au ventre, commençant à prendre conscience que cette escarmouche n'allait pas se terminer en parfaite égalité, comme à leur habitude. Était-ce lié au gain de puissance du Colosse ? Non. Était-ce lié au champ de bataille ? Impossible – Mort avait spécifiquement sélectionné ce cimetière afin de prendre l'ascendant sur son rival. Mais alors, pourquoi cette crainte de tout perdre, après tant de lutte ?


Malgré des montagnes d'effort, d'entraînement, de sacrifice, de conviction, il suffisait d'un grain de sable de Dame Fortune pour faire tomber des empires. Et ce jour-là, il fallut, parmi les deux milles shinigami que composaient l'Armée Invisible, que l'un des dix avatars du Roi-Déchu se manifeste en ce lieu de culte de la Nuit. Quelle ironie... Rassembler toutes ses forces pour libérer l'esprit malade de son ami, pour qu'au final, le piège se referme sur lui-même.


Sous les coups implacables de la brute, l'armure d'azur se brisa, se sectionna, perdit au jeu de la pierre et des ciseaux. Malgré la concentration parfaite de Mort, @Kusanagi Seigen combattait un être sublime, créé pour défendre son territoire, et rien de ce qu'il pouvait accomplir n'allait peser sur la balance de sa vie. Par chance, l'amas de Reishi accumulé était tel que le Marche-Faille ne perdit pas le bras – seulement sa divine protection, qui peinait déjà à se reformer.

Et puis, la bête bondit ; contourna le géant de Reishi ; atterrit dans son dos dans un fracas tellurique. Ce rempart naturel ignoré, il ne restait plus rien pour défendre Mort, sinon sa propre résistance. Mais la différence de puissance entre lui et la chose dépassait tout entendement.




L'affrontement durait depuis des jours. Une bataille effroyable, fratricide, où les effusions de sang irriguaient les champs à tout va, hélas piétinés par les foules de soldats. Azur connaissait le drame quotidien de bien des mondes : un conflit à l'échelle planétaire causé des puissances obscures, considérant la plèbe comme de simples unités sur un livre de compte sanglant.


Soumise aux arcanes de l'Enfant-Nuit, la terre elle-même se souleva pour donner vie à un golem tellurique étrange, aux proportions chaotiques, dénué de tête ou de point faible. Ça n'était qu'une chose, une aberration, un amalgame de terre et de roche investi d'énergie spirituelle. À ses côtés, des soldats de tout horizon, aux couleurs d'un soleil doré aux huit branches sur fond noir.


Le symbole de tout une faction ; de toute une coalition. Celle du Bien face au Mal. Celle de la Lumière face au Vide. Celle d'Amaterasu face à la Folle. Un peuple d'autochtones ayant vécu sur ce continent depuis la nuit des temps, à l'image du peuple originel du Nihon. Des proto-yōkai. Des gardiens telluriques n'ayant pas tourné le dos au cycle des âmes.


La garde impériale de la cité de Valdargent avait été surprise par l'apparition d'une brèche dans ses ghetto. L'ancre n'avait toujours pas été identifiée, du fait de la propagation éclair du Mal Noir, et les péages avaient été écrasés les uns après les autres par les forces du Vide. En quelques minutes, les créatures horribles de l'au-delà avait conquis la place forte du Temple Solaire, annihilant la seule chance de survie d'Azur : une relique datant de l'Ancienne Ère, alimentée par la puissance du Soleil, capable de cautériser n'importe quelle plaie de la planète.


La créature de roche et de boue du Lieutenant vint écraser son poing difforme sur la gueule d'une abomination noirâtre, poisseuse, le cuir véreux d'une myriade de tentacules dégoûtantes. Comme un seul homme, l'escouade de Saigou Tadaari s'engouffra dans la brèche pour revendiquer cette terre sacrée, panacée de tout un monde en péril. À l'horizon, une cohorte de sbires sans-visage dégueulait sur son chemin. Son précieux temps était compté. S'il voulait véritablement mener cette mission à bien et libérer le Temple Solaire, le Cavalier de la Fin allait devoir se surpasser.




Cuir déchiré. Peau maculée. Souffle haletant. Son corps artificiel peinait à tenir encore en un seul morceau, tant ces forces de la nature l'avaient abîmé. Sa tunique déchirée, l'âme seule, le pas boitant, il finit par tomber à genoux. L'homme était bon senseur : et il avait compris, depuis une demi-heure déjà, qu'il puisait dans ses réserves. Pourtant, le jeu en valait la chandelle.

Face à lui, le Héraut des Ténèbres disparaissait. Ce sang noir, poisseux, en pleine ébullition, relâchait un drôle de miasme dans l'enceinte du temple. Mais il disparaissait.

D'une ultime force venue de nulle part, l'Enfant-Nuit se hissa jusqu'à la Prêtresse inconsciente, l'échine rompue sur son autel. Elle avait été l'une des dernières victimes de cette invasion. En s'approchant de la bâtisse, à quelques mètres de l'entrée principale, Saigou Tadaari avait bel et bien entendu son râle d'agonie, tandis que les agents du Mal désacralisaient l'endroit. Une étoile s'était éteinte. Et bientôt, un monde. Là-dehors, les armées des Ténèbres continuaient leur expansion. Le ciel se déchirait, d'immenses tentacules éthérées perforant les nuages pour gratter la croûte terrestre. La Lumière avait perdu. Et d'un symbole absolu, il se mit à pleuvoir, occultant à jamais les derniers rayons du soleil pour condamner Azur à la Fin.



Saigou Tadaari avait perdu la volonté de rester conscient. Peu à peu, son corps factice s'émietta, dévoilant sa véritable apparence aux yeux du néant. Sous l'influence directe du pouvoir de la Nuit, son teint pâlit. Et, tel le prince qu'il était après avoir été choisi en tant qu'élu, une couronne de Reishi apparut sur son front, dont la seule existence pouvait repousser les soldats de Valdargent.


L'Enfant-Nuit scella ses paupières à jamais, avant de se plonger dans une méditation dangereuse. Si son corps meurtri décidait de passer l'arme à gauche, son âme allait le quitter sans aucun mal, déjà si près du Havre des Esprits. Mais il se fichait éperdument de cette conséquence. Ça n'était qu'une deuxième mort, avant le repos éternel. Et il était persuadé d'avoir accompli les bonnes choses durant sa longue existence, de quoi alléger son âme avant le Purgatoire.

Ses bras se relâchèrent. La silhouette de la Prêtresse accusa le sol trop dur, tandis que la statue qui la portait jusqu'alors se figea. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la première chose qu'elle remarqua fut le faciès apaisé de son sauveur. Il avait respecté ses vœux jusqu'à son dernier souffle.





L'Enfant fit exploser son énergie spirituelle – la sienne. D'un revers de la main, les deux bras tendus vers la créature abominable que ses amis avaient un jour baptisé @Soejima Nobunaga, Mort comptait gagner suffisamment de temps pour permettre à ses alliés de fuir ce combat perdu d'avance. À vue d'œil, en plein pic d'ascension, l'engeance du Roi-Démon était presque deux fois plus puissant que lui. Une anomalie contre qui les marqués de la Nuit n'avait aucune chance.


Deux armes à feu, semblables à celle qu'avait hérité tantôt @Ashura Kamui, apparurent dans le creux des mains de Mort. Cette ruine d'Exarchus n'allait pas approcher – il allait s'en garantir.


Le Reishi de l'armure de Seigen répondit inconsciemment à l'envie de son maître. Telle une nuée d'insectes luisants, ces millions d'infimes particules convergèrent vers les deux armes du feu Lieutenant. Son rival de Colosse connaissait déjà cette technique, éprouvé des dizaines de fois ; mais il n'avait jamais vu à l'œuvre autant d'énergie brute disponible à un seul endroit.

Tout simplement terrifiant. Tel était le seul sentiment occupant mes pensées lorsque du Panacéen inoffensif surgit une bête, aussi féroce que le plus bouillant des Onis, aussi bestial que le plus sauvage des yokais. Colosse se croyant couronné par la Nuit, je perdis vite toute revendication au trône lorsque le véritable Roi se saisit de sa couronne d'albâtre. Souverain du Pandemonium nous avait grâcié de sa présence éliminant en moi toute trace de courage. De par sa simple présence, je sentis l'entièreté de mes cellules hurler à l'unison : fuis.

L'être encore plus grotesque que le sujet l'ayant couronné remplit alors ses fonctions de suzerain. S'interposant entre l'ancien Fukutaicho et mon assaut, il le repoussa d'une aisance terrifiante, chaque coup sublimé d'une maîtrise du Kenjutsu hors normes se voyant déviées telles de vulgaires piqûres de parasite. Était-ce donc cela la véritable puissance des Yokais des cercles de désolations avancés ? Petit à petit, entre ripostes et montées d'adrénaline, une nouvelle hypothèse sur le désastre que fut la Journée Sanglante me vînt en tête. S'il existait des créatures capables de venir à bout de façon aussi efficace du Sotaicho et de ses subalternes les plus puissants, la chose qu'était devenu Soejima Nobunaga devait être ce qui s'en approchait le plus. Voilà un combat que je ne pouvais espérer de gagner.

Protégé par l'armure du héraut de la Nuit, je fis de mon mieux pour résister au déferlement bestial dont j'étais la cible, mon aisance au sabre m'épargnant de coups qui autrement aurait pu m'être fatals, je me voyais repoussé en direction de mes confrères alors que mon bras de colosse se voyait happé par la folie destructrice du Roi. Puis, tel un fauve se désintéressant de sa proie, celui-ci se glissa dans mon dos alors que le Reishi m'entourant retournait à son véritable maître.

Mon instinct de survie activa presque immédiatement mon esprit, il fallait que je trouve un moyen de m'en sortir. Vite, réfléchis. Je me trouvais actuellement pris en étau : devant moi se tenait le géant métallique, derrière, son Roi s'apprêtant à affronter l'avatar de la Nuit. Avancer et risquer un combat contre l'ancien Fukutaicho ? Impossible. Reculer et risquer de me faire dévorer  ou toucher par inadvertance par les tirs de Reishi ? Impensable. Ainsi, une seule option se présentait à moi.

– Engloutis, Kuzurichō !

Main sur mon tsuba,  je dégainai d'un mouvement fluide ma trancheuse d'âme libérée afin de projeter de la soie au plafond, à mi-chemin entre les deux belligérants. Ceci fait, j'ancrai solidement mes pieds au sol puis, le poids allégé, je me propulsais en direction de la tâche de soie en utilisant mon poids modulable de sorte à arriver les pieds dessus. La propriété collante de ma soie entrait alors en action en m'empêchant de chuter puis je répétais la manœuvre m'ayant conduit aux cieux pour retourner sur la terre ferme, mon point d'atterrissage se situant normalement derrière Mort.

– Ashura ! Faille ! Maintenant !

Glissade à la retombée, j'alertais le dernier shinigami sous ma responsabilité de déguerpir avant de tenter de me propulser de mes muscles surhumains vers la faille d'un sprint phénoménal, le corps léger et véloce.

Résumé-baston: